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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 10:33
Photo : Flickr JasonRogersFooDogGiraff eBee Photo : Flickr JasonRogersFooDogGiraff eBee

 


Cette lettre a été adressée à trois quotidiens importants…



Monsieur le Rédacteur en chef

Je fais partie d’un groupe de scientifiques, répartis dans 24 Pays, qui s’est engagé à convaincre les médias de faire cesser le tabou qui s’oppose à toute discussion relative aux problèmes posés par la taille et la croissance de la population humaine en relation notamment avec la dégradation de l’environnement. Nous maintenons ce tabou à notre péril et à celui de millions d’autres espèces.

La surpopulation est étroitement liée à toutes les formes de dégradation de l’environnement dont nous prenons conscience maintenant : disparition d’espèces, modifications du climat, pollutions, désertifications, diminution des réserves aquatiques, déforestations, etc., or la croissance démographique mondiale est préoccupante. Rappelons quelques chiffres, ils sont éloquents. Il a fallu attendre longtemps pour que la population humaine franchisse le cap du milliard d’individus. C’était en 1800. Cent ans après environ, en 1930, nous étions deux milliards. Tout s’est accéléré ensuite : en 30 ans le troisième milliard a été atteint, 15 ans après le quatrième. Nous sommes actuellement six milliards sept cents millions d’êtres humains avec, en projection, deux milliards supplémentaires d’ici 2050.

Pour nourrir ces deux milliards supplémentaires, on estime qu’il faudra augmenter les surfaces agricoles de 18%. Faire de l’agriculture c’est « affecter un espace à une espèce animale ou végétale utile à l’homme et exclure de cet espace toute autre espèce concurrente » à cet effet d’exclusion il faut ajouter toutes les pollutions liées aux pratiques agricoles. Il faudra aussi loger cette population c’est-à-dire recouvrir d’importantes surfaces nouvelles avec des matériaux inertes incompatibles avec la vie qui y préexistait. Il faudra développer les voies de transport et de communication, les échanges, les industries, les moyens d’élimination des déchets, il faudra accroître la fourniture d’énergie.

Il est illusoire de penser qu’en réduisant notre consommation (même s’il est bon de le faire) nous arriverons à corriger les excès dus à la croissance ininterrompue de la population humaine; personne ne peut réduire ses besoins organiques à zéro, il faut pour cela ne pas exister. Il est temps de réfléchir à ces problèmes démographiques et de préparer l’opinion à une perception nouvelle de leur évolution.

Le problème de la limitation des naissances est difficile dans les pays en voie de développement où de grossières erreurs ont été commises dans le passé. Mais les erreurs doivent être utiles pour progresser.
Il faudra dans ces pays, par recours aux médias sans doute, mieux y éduquer les femmes en exposant de nouvelles options concernant la taille des familles ; il faudra mieux protéger l’enfance pour qu’une forte mortalité ne soit plus la justification des familles nombreuses; il faudra enfin rendre les moyens de contraception facilement accessibles à tous.

Le projet d’aboutir rapidement à un palier de croissance de la population humaine et, par la suite, à sa décroissance est une option dont dépend l’avenir de notre espèce et du reste du monde vivant.

En espérant que vous voudrez vous intéresser au sujet que je vous expose et que, convaincu de son importance, vous voudrez bien nous aider à en faire prendre conscience (en publiant cette lettre par exemple), veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, etc.

Via BlogHardi

http://www.centpapiers.com/parlons-de-surpopulation/8680/



Et quand parlera-t-on des projets eugénistes de l'oligarchie financière ????  Eva R-sistons à l'intolérable

Voyez mes articles sur http://sos-crise.over-blog.com, rubrique catégories (eugénisme), par ex celui-ci :



Jeudi 13 août 2009

 

Eugénisme et agenda mondial de dépopulation

 

«Dans l’éventualité où je serais réincarné, je voudrais revenir comme un virus mortel, afin de contribuer en quelque chose pour résoudre la surpopulation» – Extrait de la préface de la biographie «Si j’étais un animal» du Prince Philip

 

Différentes personnes à différents moments ont été attirées par différents aspects de l’eugénisme – et ont aussi souvent rejeté d’autres. Il n’y a pas d’emballage parfait, pas de quartier général ni de maitre guide. L’eugénisme est plutôt une collection d’idées et de projets à propos de l’amélioration de la race humaine par le contrôle social de la reproduction humaine. Le mouvement eugénique s’est répandu à travers le monde et affecte toutes les facettes de la vie sociale. Personne n’a besoin de chercher bien loin pour trouver l’eugénisme. C’est dans les livres d’école, dans les journaux et tous les médias, dans la science-fiction, dans les gouvernements et ainsi de suite. C’est une manière de penser à propos de la vie que des personnes très intelligentes ont fait la promotion depuis un siècle, avec peu ou pas de résistance les cinquante dernières années. (Source)

Il existe encore un grand nombre de personnes parmi le public en général, les universitaires et spécialement ceux qui travaillent pour les médias corporatifs, qui sont toujours en déni face à l’agenda de réduction de la population mondial pourtant bien documenté, ainsi que des conséquences de ce programme que nous voyons déjà prendre forme. Cet article, qui fait suite à Eugénisme & darwinisme social qui lui jetait les bases historiques de cette idéologie, se veut une compilation d’évidences en vue de prouver que l’élite a été obsédée par l’eugénisme et son incarnation moderne, le contrôle de la population, depuis plus d’une centaine d’années, et que ce but de réduction de la population globale est toujours en pleine force jusqu’à ce jour.

1• Des philanthropes milliardaires qui ont assisté au sommet organisé par l’initiative de Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft, ont discutés de joindre leur force pour vaincre les obstacles politiques et religieux qui s’opposent au changement concernant la surpopulation mondiale. Ce club, nommé le «Good Club», discute de dépopulation mondiale.

Sous le titre « Le Club des milliardaires tente de juguler la croissance démographique », le Sunday Times du 24 mai a révélé la tenue d’une réunion secrète qui en dit long sur la volonté politique de l’oligarchie financière.

La rencontre, qui s’est tenue à New York le 5 mai dernier, a été organisée à l’initiative de Bill Gates, fondateur du monopole Microsoft, grand promoteur des simulateurs de meurtres sur ordinateur et parrain de Facebook, de Warren Buffet, spéculateur milliardaire et financier de la Fondation Gates, et de David Rockefeller. Au-delà de ces trois là, la petite sauterie a réuni Michael Bloomberg, maire de New York et fondateur de l’agence d’information financière du même nom ; George Soros, spéculateur et parrain du lobby de la drogue ; Peter Peterson, fondateur du groupe financier Blackstone et grand avocat de l’austérité budgétaire ; Julian Robertson, patron du fond Tiger Management ; John Morgridge, ancien pdg de Cisco Systems ; Eli Broad, spéculateur immobilier ; David Rockefeller Jr, fils du premier ; Ted Turner, fondateur de CNN ; et Oprah Winfrey, animatrice phare de la télé américaine.

La réunion a débuté par une présentation de chacun des participants sur la cause qu’il défend, mais très vite, nous apprend le Times, la discussion s’est transformée, sous l’impulsion de Bill Gates, en un consensus sur la « surpopulation », comme la cause supérieure qui englobe les autres. Un autre participant a confié qu’ils étaient aussi parvenus à un consensus pour mettre en place une stratégie « dans laquelle la croissance démographique serait attaquée comme menace écologique, sociale et industrielle ». Les participants ont souligné leur « besoin d’être indépendant des agences gouvernementales qui se révèlent incapables d’affronter le désastre que tous nous voyons venir ». De prochaines réunions sont d’ores et déjà prévues pour organiser la mise en œuvre de cette stratégie. (Source)

2• Ted Turner, l’un des participant et riche propriétaire d’un empire médiatique, est fermement imprégné d’eugénisme et de réduction de la population mondiale qu’il voudrait voir baisser de 95% pour être idéale, selon un interview qu’il a accordé à Audubon Magazine en 1996: «Une population totale de 250-300 millions de personnes, un déclin de 95% par rapport aux présents niveaux, serait idéal». Turner a donné un milliard de dollars à une organisation nommée Fondation des Nations Unies. Cette organisation créé par Turner et la Turner Fondation, sont dévouées au contrôle de la population par la distribution de condoms, la promotion de l’avortement et autres méthodes pour promouvoir l’agenda eugénique, tout comme d’autres tels que Bill et Melinda Gates qui ont aussi donné de larges sommes d’argents à des «organisations charitables» qui servent réellement à promouvoir le mouvement eugénique. Turner a même reçu un prix de l’ONU pour son travail en développement durable, qui n’est qu’un autre nom code pour la réduction de la population. (Source)

3• La Fondation Bill & Melinda Gates, le géant américain de l’agrobusiness DuPont/Pioneer Hi-Bred, l’un des plus grands propriétaires de fabriques de semences brevetés et génétiquement modifiés (OGM) et de produits agrochimiques apparentés; Syngenta, une compagnie de semences OGM et de produits agrochimiques basée en Suisse par l’intermédiaire de sa Fondation Syngenta; la Fondation Rockefeller, ce groupe privé qui a créé la «révolution génétique», avec plus de 100 millions de dollars d’argent des semences depuis les années 1970; le CGIAR, réseau mondial créé par la Fondation Rockefeller afin de promouvoir son idéal de pureté génétique à travers un changement de l’agriculture, travaillent ensemble à des projets communs, dont la Réserve mondiale de semence à Svalbard.

Le CGIAR a été façonné lors d’une série de conférences privées tenues au centre de conférence de la Fondation Rockefeller à Bellagio, en Italie. Les principaux participants aux débats de Bellagio étaient George Harrar, de la Fondation Rockefeller ; Forrest Hill, de la Fondation Ford ; Robert McNamara, de la Banque mondiale, et Maurice Strong, l’organisateur international de la famille Rockefeller au niveau de l’environnement et qui, en tant que fiduciaire de la Fondation Rockefeller, organisa Sommet de la Terre (Earth Summit) de l’ONU, à Stockholm, en 1972. Cela faisait partie de l’objectif de la fondation depuis des décennies afin de mettre la science au service de l’eugénisme, une hideuse version de la pureté raciale, et qui a été appelé Le Projet.

Pour assurer un impact maximum, le CGIAR a appelé l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies, le Programme de développement des Nations Unies et la Banque mondiale. Ainsi, par le biais d’une levée soigneusement planifiée de son premier appel de fonds, la Fondation Rockefeller, à partir du début des années 1970, était en mesure de façonner la politique agricole mondiale. Et elle l’a façonnée, en effet.

Financé par de généreuses bourses d’étude de Rockefeller et de la Fondation Ford, le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (CGIAR) a veillé à ce que les scientifiques et agronomes principaux de l’agriculture du Tiers-Monde soient amenés aux États-Unis afin de «maitriser» les concepts de production de l’agro-industrie moderne, et afin de les ramener dans leur patrie. Durant ce processus, ils ont créé un réseau d’influence inestimable pour la promotion de l’agro-industrie américaine dans ces pays, et plus particulièrement la promotion de la «Révolution génétique» des OGM dans les pays en voie de développement, et tout cela au nom de la science et d’un marché agricole efficace et libre.

Créer génétiquement une race de maitres ?

«Le Projet» est le projet de la Fondation Rockefeller et de puissants intérêts financiers depuis les années 1920 afin d’utiliser l’eugénisme, plus tard rebaptisé génétique, pour justifier la création d’une race de maitres créée par génie génétique. Hitler et les Nazis l’appelaient la race des maitres Aryens.

L’eugénisme d’Hitler fut financé dans une large mesure par la même Fondation Rockefeller qui construit aujourd’hui une «réserve de semences du jugement dernier» afin de préserver des échantillons de chaque semence présente sur notre planète. A présent, ceci devient vraiment intriguant. La même Fondation Rockefeller créa la pseudo-science de la discipline de la biologie moléculaire dans leur poursuite incessante visant à réduire la vie humaine à la «définition d’une séquence génique» qui, espéraient-ils, pourrait alors être modifiée dans le but de modifier les caractéristiques humaines à volonté. Les scientifiques de l’eugénisme d’Hitler, dont beaucoup ont été tranquillement amenés aux États-Unis après la guerre afin de poursuivre leurs recherches biologiques eugénistes, ont jeté une grande partie des bases du génie génétique des diverses formes de vie, soutenues ouvertement en grande partie jusqu’au sein du troisième Reich par les généreuses bourses de la Fondation Rockefeller.

La même Fondation Rockefeller créa ce que l’on appelle la révolution verte, durant un voyage au Mexique effectué en 1946 par Nelson Rockefeller et l’ancien Secrétaire à l’agriculture du New Deal et fondateur de la compagnie Pioneer Hi-Bred Seed, Henry Wallace.

La Révolution verte visait à résoudre le problème de la faim dans le monde à un haut degré, au Mexique, en Inde et dans d’autres pays choisis où Rockefeller travaillait. L’agronome de la Fondation Rockefeller, Norman Borlaug, remporta un prix Nobel de la paix pour son travail, une chose dont il n’y a pas de quoi se vanter lorsque des gens tels que Henry Kissinger ont partagé le même prix.

En réalité, comme cela est apparu des années plus tard, la révolution verte était une brillante idée de la famille Rockefeller pour développer une agro-industrie mondialisée dont ils pourraient ensuite prendre le monopole tout comme ils l’avaient fait dans le monde de l’industrie pétrolière et qui avait commencé un demi-siècle auparavant. Comme Henry Kissinger l’a déclaré dans les années 1970 : «Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays ; si vous contrôlez l’alimentation, vous contrôlez la population.» (Source)

4• L’idéologie d’eugénisme et de réduction de la population est bien intégrée dans le mouvement environnementaliste et celui de la théorie du réchauffement climatique causé par l’homme. Que ce soit correctement attribué à l’homme ou pas, les mêmes idées de réduire le nombre de population mondiale, de contrôler les naissances en adoptant des mesures eugéniques imitant la politique de l’enfant unique de la Chine et autres mesures dont l’avortement et la taxation d’enfants supplémentaires, sont présentes. L’humain et même les enfants sont le problème qu’il faut éliminer.

Alors que la planète subit une chute drastique de la production de biens indispensables au maintien de sa population, le Fonds mondial pour la nature (anciennement World Wildlife Fund) a publié le 29 octobre son Rapport Planète vivante (Living Planet Report 2008), affirmant que, puisque «les besoins des hommes en nourriture, eau, énergie et matériaux» représentent la plus grande menace pour la biodiversité, la consommation humaine devrait être réduite d’au moins 30% — pour commencer.

Selon ce rapport, plus des trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays dont la consommation dépasse leur bio-capacité (exprimée sous forme d’«empreinte écologique»). Les auteurs en viennent à demander la «réduction de la population, de la consommation individuelle et des ressources utilisées ou des déchets émis pour produire des biens et des services». Pour la première fois, le WWF s’en prend même à la consommation d’eau.

Ce rapport, dont les recommandations, si elles étaient appliquées, conduiraient à la mort de centaines de milliers d’hommes, a été co-rédigé par des membres de la Société zoologique de Londres. A l’origine du WWF, on trouve le prince Bernard des Pays-Bas et son co-penseur, le Prince Philip d’Edimbourg, le prince consort de la Reine Elisabeth II d’Angleterre. Le prince Bernard était un nazi, membre des SS, qui, contraint de démissionner du parti en vue de sa fonction royale, signa sa lettre de démission par un «Heil Hitler !».

Le critère d’«empreinte écologique» dont se sert le WWF fut élaboré par une fondation britannique, l’Optimum Population Trust, qui fait ouvertement campagne pour réduire des deux tiers la population mondiale afin de la ramener à deux ou trois milliards d’individus. (Source)

5• Dans une des rares sortie publique par les médias, Jonathon Porritt, un des principaux conseillers environnemental de Gordon Brown, a averti que la Grande Bretagne doit réduire radicalement sa population si elle désire construire une société durable. L’annonce a été faite à la conférence annuelle du groupe Optimum Population Trust (OPT), duquel il est le patron. Selon leur recherche, la population britannique devrait être réduite à 30 millions, soit la moitié de ce qu’elle est présentement. (Source)

En Australie, un groupe de lobby environnemental, le Sustainable Population Australia, soutient que nous devons réduire drastiquement la population mondiale ainsi que d’adopter une politique d’un enfant unique pour sauver la planète. Selon ce groupe de 1300 activistes, c’est le seul moyen d’éviter un «suicide environnemental». La présidente du groupe, Sandra Kanck, suggère que la population australienne soit réduite de 22 à 7 millions de personnes pour s’attaquer aux changements climatiques. (Source)

De même, la BBC publiait un article de John Feeney, déclarant que la croissance non contrôlée de la population mine les efforts pour la sauver la planète. Il demande au mouvement environnemental de cesser de fuir ce sujet controversé. On y mentionne une autre organisation qui lutte en ce sens: Global Population Speak Out. (Source)

6• Des scientifiques qui se joignent en groupes tels que le Global Population Speak Out (GPSO) font pressions sur les médias pour briser le tabou de la surpopulation mondiale:

Je fais partie d’un groupe de scientifiques, répartis dans 24 Pays, qui s’est engagé à convaincre les médias de faire cesser le tabou qui s’oppose à toute discussion relative aux problèmes posés par la taille et la croissance de la population humaine en relation notamment avec la dégradation de l’environnement. Nous maintenons ce tabou à notre péril et à celui de millions d’autres espèces.

La surpopulation est étroitement liée à toutes les formes de dégradation de l’environnement dont nous prenons conscience maintenant : disparition d’espèces, modifications du climat, pollutions, désertifications, diminution des réserves aquatiques, déforestations, etc., or la croissance démographique mondiale est préoccupante.

Il est illusoire de penser qu’en réduisant notre consommation (même s’il est bon de le faire) nous arriverons à corriger les excès dus à la croissance ininterrompue de la population humaine; personne ne peut réduire ses besoins organiques à zéro, il faut pour cela ne pas exister. Il est temps de réfléchir à ces problèmes démographiques et de préparer l’opinion à une perception nouvelle de leur évolution.

Le problème de la limitation des naissances est difficile dans les pays en voie de développement où de grossières erreurs ont été commises dans le passé. Mais les erreurs doivent être utiles pour progresser.
Il faudra dans ces pays, par recours aux médias sans doute, mieux y éduquer les femmes en exposant de nouvelles options concernant la taille des familles ; il faudra mieux protéger l’enfance pour qu’une forte mortalité ne soit plus la justification des familles nombreuses; il faudra enfin rendre les moyens de contraception facilement accessibles à tous.

Le projet d’aboutir rapidement à un palier de croissance de la population humaine et, par la suite, à sa décroissance est une option dont dépend l’avenir de notre espèce et du reste du monde vivant. (Source)

D’autre, comme le Dr Eric R. Pianka, un biologiste américain basé à l’Université du Texas à Austin qui prononce des discours au niveau international, fait la promotion d’un génocide de masse de 90% de la race humaine pour sauver la planète et est applaudit chaudement par ses pairs. Durant un discours à l’Académie des sciences du Texas en 2006, Pianka proposait d’exterminer 90% de la population mondiale à l’aide du virus Ebola. (Source)

En 2002, le Melbourne Age rapportait que des documents nouvellement découverts détaillaient le plan de l’éminent immunologiste Sir Macfarlane Burnet pour aider le gouvernement australien à développer des armes biologiques qui pourraient être utilisées contre l’Indonésie et autres pays «surpeuplés» de l’Asie du Sud-Est. Sir Macfarlane recommandait dans ce rapport secret de 1947 que des armes chimiques et biologiques pouvaient être développées pour détruire les cultures de pays asiatiques surpeuplés et répandre des maladies infectieuses qui affecteraient que ces pays tropicaux et non pas l’Australie. Cet homme a notamment été le directeur du Walter and Eliza Hall Institute of Medical Research et il reçu un prix Nobel de médecine en 1960. Il est décédé en 1985, mais ses théories sur l’immunité et la «sélection de clonage» ont servi à établir la base de la biotechnologie moderne et de l’ingénierie génétique. (Source)

La controverse entourant les commentaires d’un autre favori du milieu scientifique, le généticien James Watson, qui a déclaré au journal le Sunday Times que les noirs sont moins intelligents que les blancs de façon inhérente, ne devrait pas surprendre personne qui sait que Watson a rempli un important rôle en promouvant la pseudo-science de l’eugénisme. Watson fut le directeur du Projet génome humain jusqu’en 1992 et reconnu pour avoir été le co-découvreur de la structure de la double-hélice d’ADN, une réussite qui lui méritera un prix Nobel en 1962. Mais ce que la plupart ignore, c’est que Watson a joué un rôle crucial dans l’avancement de la légitimité de l’eugénisme/réduction de la population depuis des décennies.

James Watson est un important promoteur du dépistage génétique, un test qui détermine si un couple est plus à risque d’avoir un bébé ayant un désordre génétique héréditaire. Puisque le dépistage a évidemment augmenté le nombre d’avortement d’enfants considérés «imparfaits», plusieurs ont dénoncé son introduction comme étant rien de moins qu’un camouflage pour l’eugénisme ou «eugénisme volontaire». (Source)

7• Dans un document que Henry Kissinger rédigea en avril 1974 alors qu’il était Conseiller à la Sécurité Nationale américaine, le National Security Study Memorandum 200, il conclut : «Le dépeuplement est l’axe prioritaire de la politique étrangère américaine dans les pays du Tiers-monde». Le document, qui visait treize pays en particulier pour une réduction massive de leur population, suggérait d’employer la famine, la stérilisation et la guerre pour y parvenir.  Ce document gouvernemental fut rendu public en 1989 et identifiait ces pays comme étant d’un intérêt spécial pour les objectifs géopolitiques des États-Unis et expliquait ce pourquoi la croissance de la population, particulièrement celle des jeunes personnes, était vue comme une menace révolutionnaire contre les corporations américaines. Les pays nommés étaient l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan, le Nigeria, le Mexique, l’Indonésie, le Brésil, les Philippines, la Thaïlande, l’Égypte, la Turquie, l’Éthiopie et la Colombie.

8• Lord Bertrand Russell écrivait dans son livre «The Impact of Science on Society»: «Présentement, la population du monde augmente… La guerre jusqu’à maintenant n’a pas eu de grands effets sur cette augmentation… Je ne prétends pas que le contrôle des naissances est le seul moyen par lequel une population peut être empêchée d’augmenter. Il y en a d’autres… La guerre a été plutôt décevante à cet égard, mais peut-être qu’une guerre bactériologique pourrait s’avérer efficace. Si une Mort Noire pouvait se répandre à travers le monde à chaque génération, les survivants pourraient procréer librement sans trop remplir le monde…» (Source)

9• «…des formes avancées de guerre biologique qui peuvent cibler des génotypes spécifiques peuvent transformer la guerre biologique d’un royaume de la terreur en un outil politiquement pratique.»

Qui a écrit ces mots dans leur propre document de stratégie? Les nazis? Le régime de Pol Pot?

Non, c’était Paul Wolfowitz, Dick Cheney, William Kristol, Donald Rumsfeld et le reste des collaborateurs néo-con qui ont formé ce qui était nommé le Project For a New American Century – qui constituait le cadre idéologique de l’ancienne administration Bush. (Source)

Il existe aujourd’hui des armes biologiques qui ont la capacité d’affecter et de tuer seulement certains génotypes particuliers, comme les africains, asiatiques, etc.

 

10• Le Georgia Guidestones a été érigé le 22 mars 1980 aux États-Unis, en Géorgie, près d’Elberton. Il est surnommé le «Stonehenge américain».

Dix «nouveaux» commandements sont gravés sur les deux faces de 4 pierres érigées verticalement et écrits en 8 langues différentes qui sont: l’anglais, le russe, l’hébreu, l’arabe, l’hindou, le chinois, l’espagnol et le swahili. (Source)

Voici trois des dix commandements inscrits:

1. Maintenir l’humanité en dessous de 500 000 000 individus en perpétuel équilibre avec la nature

2. Guider la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité

3. Ne pas être un cancer sur la terre, laisser une place à la nature

11• De 1932 à 1972, le Tuskegee Study Group a délibérément infecté des pauvres de communautés noires en Alabama avec la syphilis sans leur consentement et ils ont même refusé de les soigner alors que les malades faisaient des dégâts à travers la ville tuant des familles. Des expériences sur des sujets humains non-consentants et à leur insu, par des autorités qui disaient vouloir «observer» ce qu’il adviendrait de ces gens.

François Marginean: Tech. en Architecture, chercheur indépendant, animateur de radio à l'émission L'Autre Monde sur CHOQ FM de l'UQAM, éditeur du blog Les Nouvelles Internationales et collaborateur chez Les 7 du Québec.


François Marginean est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de François Marginean publiés par Mondialisation.ca

 

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=14750


http://sos-crise.over-blog.com/article-34851126.html


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Commentaire reçu, complétant ces analyses:


Tissu de conneries le discours de ces scientifiques. Pauvre science. Il ne s'agit pas de réduire la consommation mais de changer les modes de production et les manières d'habiter la planète. Croissance qualitative. Tourner le dos aux modes de vie imposés par l'oligarchie...et là, nous ne sommes pas en surnombre.
Dangereux ce genre de texte...n'oublions tout de même pas que la formation des scientifiques est aujourd'hui presque entièrement programmée par l'oligarchie ! ! !
Le vrai problème c'est une production industrialisée généralisée.
Et c'est donc la responsabilité de chacun de savoir s'il préfère changer son mode de vie pour que nous puissions vivre tous dans le confort et la paix ou que continue le meurtre lent et volontaire d'une partie de l'humanité. Le génocide eugéniste, ce n'est que pour les occidentaux qu'il s'exprime comme avenir, pour beaucoup d'autres peuples cela fait un moment qu'il est à l'oeuvre. Le génocide en  Irak...
Il existe des formes d'habitat en parfaite intégration avec l'environnement, les Occidentaux l'ont pour la plupart oublié mais pas ces peuples en "surnombre" qui ne gagnent les mégalopoles que parce que l'industrialisation de l'agriculture les chassent les privant de leurs terres et de leurs moyens d'existence. Eux le modèle occidental, il crachent dessus et là des témoignages j'en ai tous les jours...ils n'en veulent pas pour l'immense majorité...ils nous trouvent décadents.
Des petites entreprises en majorité artisanales et le minimum nécessaire de production industrielle un maximum robotisé pour permettre à chacun ce se consacrer à des modes de production qui permettent l'épanouissement des potentiels polyvalents caractéristiques de l'humanité...homme-machine dans les chaînes de monsieur Ford après tout cela n'avait rien de drôle...
Si on permettait à tous les 'inemployés" du système de mettre dès aujourd'hui leur talent au service de la construction d'une nouvelle civilisation, nous serions vite sortis de la crise.
Mais cela demande l'invention d'une nouvelle économie, d'une nouvelle fiscalité, d'une nouvelle approche de la propriété et de l'habiter...tout cela existe déjà, il suffirait de le mettre en pratique...arrêter de lutter contre...et se mettre à travailler pour la construction d'une nouvelle civilisation
Utopiste, vous avez dit utopiste ! J'assume avec joie.
Commentaire n° 1 posté par Anne Wolff
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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 09:25


Le traitement de l'affaire Clotilde,
par Eva R-sistons

Scandaleux traitement de l'affaire Clotilde,
médiamensonges sur la jeune fille
qui n'est pas l'ange annoncé,
et prétexte à faire de la propagande contre l'Iran diabolisé.
Une abjection bien française.
Bravo les Médias sionistes !
Jamais un partisan de l'Iran n'est invité,
seulement ses détracteurs.
La palme de la désinformation à C dans l'Air,
comme d'habitude, faux débat qui atteint des sommets,
et encore ce jour, à Télé-Matin sur FR2,
M. Hourcade du CNRS est l'invité des 4 Vérités
(ça ne s'invente pas ! Emission de mensonges !!)
de M. Jeff Wittenberg.

Vous imaginez un journaleux sioniste
qui parle de l'Iran ???
L'horreur absolue ! On est en plein grotesque !!!
Tout est fait pour discréditer l'Iran,
chaque mot, chaque question, chaque remarque,
et l'Invité est bien choisi,
on atteint un sommet de la désinformation
avec évidemment le sempiternel
"L'Iran veut rayer Israël de la carte",
qui n'a jamais été dit ainsi, d'ailleurs,
au moment même où c'est Israël qui songe
à rayer l'Iran de la carte !
Enorme, sordide, scandaleux, assassin !

Nos Médias sont une honte pour la France,
lanterne rouge de la désinformation en Europe,
et un contre exemple pour le monde.
Merci les néo-sionistes, vous avilissez la France,
vous ruinez son crédit dans le monde,
et si vous rayez l'Iran de la carte comme vous en rêvez,

soyez sûr que ce pays se vengera sur vous, et à cause de vous,

sur la France, au premier rang du conflit à vos côtés.

Vous êtes le cancer de la France,
c'est une Gaullienne de Gauche qui vous le dit,
et pour beaucoup, également pour l'ensemble de l'humanité.
La journaliste que je suis est en colère,
car vous détruisez la démocratie française
en tuant la liberté de l'information,
et vous assassinez l'image de notre pays, notre crédibilité,
et vous allez nous entraîner au premier rang de conflits crapuleux,
au premier rang d'une guerre mondiale
qui ne laissera dans le monde qu'un champ de ruines.
Et vous cassez le plan du Dieu de la Bible pour vous,
la Mission sainte qu'il vous a confiée pour le monde,
en adorant le Veau d'Or et en voulant tout dominer.
Vous aurez l'éternité pour vous en repentir...

Vous êtes immondes, j'ai mal à la France,
j'ai mal à l'humanité.

Eva R-sistons aux Néo-Sionistes qui détruisent la France,
son indépendance nationale,
sa Liberté de la presse, sa Démocratie,
ses traditions, notamment sociales,
son Image dans le monde, son Honneur.


 

 

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L'extermination Nucléaire
rendue respectable par le NEW-YORK TIMES.

 

Merci a Anita pour cet article! Sly

par James PETRAS.

Mondialisation.ca, Le 5 Août 2008.

Le 18 Juillet 2008, le New-York Times a publié un article de l'historien Juif Israélien, le Professeur Benny MORRIS, recommandant une attaque Israélienne Nucléaire génocidaire contre l'IRAN avec la possibilité de tuer 70 Millions d'Iraniens – 12 fois le Nombre de victimes Juives de l'Holocauste Nazi.  (NB  Eva: Lieberman rêve de la même chose, et beaucoup d'Israéliens. Qu'on ne vienne plus me parler de la Shoah, c'est une imposture !!! On a vraiment du mal à imaginer que le peuple victime de la Shoah soit prêt à les multiplier dans le monde par cupidité, convoitise, et orgueil ! C'est une terrible ironie de l' Histoire, un sinistre retournement !)



« Les Dirigeants de l'IRAN feraient bien de repenser leur jeu et de suspendre leur programme Nucléaire. S'ils ne le font pas, le mieux qu'ils puissent espérer c'est que l'attaque d'Israël contre leurs installations Nucléaires avec des armes conventionnelles détruira celles-ci. Cela voudrait dire sûrement des Milliers de victimes Iraniennes et une humiliation Internationale. Mais l'alternative, c'est un IRAN transformé en désert Nucléaire ».


MORRIS fait régulièrement des Conférences, il est aussi Consultant auprès des Institutions Politiques et Militaires Israéliennes et a, de ce fait, un accès unique auprès des planificateurs Militaires stratégiques Israéliens.

 
La Recommandation de MORRIS et son soutien public à une expulsion massive et brutale de tous les Palestiniens est de notoriété publique. Malgré ses prises de position génocidaires, cela ne l'a pas empêché de recevoir de nombreuses récompenses Universitaires. Ses écrits et points de vue sont publiés en ISRAEL dans les journaux et magazines les plus importants. Les positions de MORRIS ne sont pas de vaines rodomontades d'un psychopathe marginal, comme en témoigne son article d'opinion récemment publié dans le NEW- YORK Times.


Que nous révèle la publication par le NEW-YORK Times d'un article qui appelle à l'incinération Nucléaire de 70 Millions d'Iraniens et à la contamination d'environ un billion de personnes du MOYEN-ORIENT à l'ASIE et l'EUROPE, sur la politique et culture U.S. ? Car c'est le NYT qui informe les « classes éduquées » des U.S., publie des suppléments du dimanche, des pages littéraires et éditoriales et qui sert de « conscience Morale » pour d'importants Secteurs de l'élite culturelle, économique et politique.

Le NYT offre une certaine Respectabilité au Meurtre de Masse, exprimé par les points de vue de MORRIS et dont ils ne pourraient pas bénéficier si, disons, ils étaient publiés dans des hebdomadaires ou mensuels néo cons.

Le fait que le NYT considère la perspective d'une extermination Israélienne de Millions d'Iraniens comme faisant partie du débat politique au MOYEN-ORIENT révèle à quel point le Zionisme-Fascisme a infecté les « Hauts « Cercles Culturels et journalistiques des Etats-Unis.


Il est vrai que c'est le développement logique de l'acceptation publique par le NYT du blocus économique par ISRAEL pour affamer 1.4 Millions de Palestiniens à GAZA ; la dissimulation par le TIMES de l'influence de l'Organisation Israélo- Sioniste AIPAC sur l'attaque lancée par les U.S. contre l'IRAK conduisant au Meurtre de plus d'un Million d'IRAKIENS.


Le TIMES donne le ton pour toute la scène culturelle de NEW-YORK, qui privilégie les intérêts Israéliens, au point de les assimiler au discours politique U.S. NON-seulement dans leurs violations routinières des Lois Internationales, mais leurs menaces, en fait promesses de dévaster d'immenses zones de la terre dans leur poursuite de suprématie régionale.


La volonté du NYT de publier un article recommandant un génocide ethnocide, nous montre la force des liens entre un journal pro-Israélien « Institutionnel Libéral » et la Droite totalitaire Israélienne. C'est comme si en publiant cela, le NYT considérait que les points de vue des nazis NON-Juifs étaient inacceptables, mais que les points de vue et politiques Judéo- Fascistes nécessitaient un examen attentif et une possible Mise en application.


L'article de MORRIS « d'extermination Nucléaire » dans le NEW-YORK Times n'a provoqué aucune opposition des 52 Présidents des plus importantes Organisations Juives Américaines (P.M.A.J.O.) car, dans leur Bulletin Quotidien, Daily Report, elles ont fréquemment publié des articles par des Israéliens et des Sionistes Américains, préconisant une attaque Nucléaire Israélienne et ou U.S. contre l'IRAN

.

En d'autres termes, les points de vue totalitaires de MORRIS font partie de la Matrix culturelle profondément enracinée dans les réseaux organisationnels Sionistes et leurs « influence » étendue dans les Cercles Culturels et politiques U.S. Ce que le Times a fait en publiant l'article démentiel de MORRIS a sorti le discours génocidaire des Cercles d'influence limités Sionistes, et l'a placé dans le champ traditionnel de lecture de Millions de lecteurs Américains.


Mis à part une poignée d'écrivains (NON-Juifs et Juifs) qui publient sur des Sites marginaux, il n'y a aucune condamnation Politique ou Morale émanant de tout le monde littéraire, politique et journalistique, à cet affront à notre Humanité. Aucune tentative n'a été faite de lier les politiques totalitaires génocidaires de MORRIS aux menaces publiques officielles d'ISRAEL et aux Préparations pour une GUERRE NUCLEAIRE.


Il n'y a aucune campagne anti-Nucléaire menée par nos intellectuels ayant le plus d'influence sur l'opinion publique pour dénoncer l'ETAT (ISRAEL) et ses intellectuels connus qui préparent une GUERRE NUCLEAIRE qui peut potentiellement exterminer plus de DIX FOIS le Nombre de Juifs massacrés par les NAZIS.


Une incinération Nucléaire de la Nation Iranienne est l'équivalent Israélien des chambres à Gaz et fours crématoires d'HITLER, écrit en grosses lettres.


L'extermination est la dernière étape du Sionisme *sur la base de la doctrine :
- dominer le MOYEN-ORIENT ou ruiner l'air et la terre de la planète. 


C'est le Message clair de Benny MORRIS (et de ses sponsors officiels Israéliens) qui, comme HITLER, lancent des ultimatums aux Iraniens, « Rendez-vous ou vous serez détruits » et qui menacent les U.S., joignez-vous dans le bombardement de l'IRAN ou sinon, vous devrez affronter une catastrophe écologique et économique Mondiales.


Que MORRIS soit complètement, carrément et cliniquement FOU ne fait aucun doute.


Le NEW-YORK Times, en publiant ses divagations génocidaires fournit de Nouveaux signes prouvant comment la puissance et la richesse ont contribué à la dégénérescence de la Vie intellectuelle et culturelle JUIVE aux Etats Unis.
Pour comprendre les dimensions de cette décadence, nous avons seulement besoin de comparer le brillant écrivain Juif Allemand tragi-romantique : Walter BENJAMIN, fuyant désespérément l'avancée de la terreur totalitaire Nazie, à la Recommandation criminelle de l'écrivain Juif Israélien, Benny MORRIS, d'une terreur Nucléaire Sioniste, publié dans le NEW- YORK Times.


La question de la puissance Sioniste en AMERIQUE n'est pas seulement une question d'influence du « lobbying », sur les Décisions du Congrès et de la Maison-Blanche concernant l'Aide étrangère fournie à ISRAEL. Ce qui est en jeu actuellement, ce sont les Questions liées, celle de la Recommandation d'une GUERRE NUCLEAIRE par laquelle 70 Millions d'Iraniens sont menacés d'extermination et la complicité des Médias de Masse U.S. qui fournissent une plateforme, voire une certaine Respectabilité politique pour un Meurtre de Masse et une contamination Mondiale. Contrairement au passé Nazi, nous ne pouvons pas affirmer, comme l'ont fait les Bons Allemands « Que nous ne savions pas « OU « Qu'on ne nous a pas prévenus », parce-que cela a été écrit par un Universitaire Israélien notoirement connu et cela a été publié dans le NEW-YORK Times.

Article original en Anglais, The NEW-YORK Times : Making Nuclear Extermination Respectable, 30 Juillet 2008.
Traduction Mireille DELAMARRE pour www.planetenonviolence.org.

James PETRAS est l'Auteur du livre « Zionism, Militarism And the Decline of U.S Power (Clarity Press Atlanta )" publié en Août 2008.
Articles de James PETRAS publiés par Mondialisation.ca

 

Posté par citoyen_sly
Iran/procès:"pas d'intervention étrangère"

 

AFP
10/08/2009 | Mise à jour : 08:10 |

 

L'Iran a affirmé aujourd'hui qu'il n'accepterait pas d'"intervention" étrangère dans ses affaires intérieures, après des critiques formulées par des pays occidentaux sur le procès des personnes arrêtées pour leur participation dans des manifestations post-électorales.

Le procès se déroule conformément "aux lois internationales" et la réaction des pays occidentaux est "illégale et surprenante", a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, cité par l'agence officielle Irna.
"Nous résisterons fermement face à toute intervention" étrangère, a-t-il ajouté.
"Leur prise de position n'a rien à voir avec leurs responsabilités légales et représente une sorte de capitulation", a déclaré M. Ghashghavi.

Le procès d'une centaine de personnes s'est ouvert le 1er août devant le tribunal révolutionnaire qui les juge pour leur participation aux manifestations de protestation contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin.
Parmi les accusés qui ont comparu samedi, figurait une jeune Française Clotilde Reiss, un employé local de l'ambassade britannique, Hossein Rassam, et une employée locale de l'ambassade de France, Nazak Afshar.

 

Posté par citoyen_sly-



Iran/procès:"pas d'intervention étrangère"

 

AFP
10/08/2009 | Mise à jour : 08:10 |

 

L'Iran a affirmé aujourd'hui qu'il n'accepterait pas d'"intervention" étrangère dans ses affaires intérieures, après des critiques formulées par des pays occidentaux sur le procès des personnes arrêtées pour leur participation dans des manifestations post-électorales.

Le procès se déroule conformément "aux lois internationales" et la réaction des pays occidentaux est "illégale et surprenante", a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, cité par l'agence officielle Irna.
"Nous résisterons fermement face à toute intervention" étrangère, a-t-il ajouté.
"Leur prise de position n'a rien à voir avec leurs responsabilités légales et représente une sorte de capitulation", a déclaré M. Ghashghavi.

Le procès d'une centaine de personnes s'est ouvert le 1er août devant le tribunal révolutionnaire qui les juge pour leur participation aux manifestations de protestation contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin.
Parmi les accusés qui ont comparu samedi, figurait une jeune Française Clotilde Reiss, un employé local de l'ambassade britannique, Hossein Rassam, et une employée locale de l'ambassade de France, Nazak Afshar.

 

Posté par citoyen_sly



Un classique! Clotilde Reiss a bien été utilisée, à son insu de son plein gré, comme intérimaire de la DGSE dans le cadre d'une tentative de déstabilisation soutenue par les Usraéliens, et donc Sarkozy.


Un classique! Clotilde Reiss a bien été utilisée, à son insu de son plein gré, comme intérimaire de la DGSE dans le cadre d'une tentative de déstabilisation soutenue par les Usraéliens, et donc Sarkozy.
inv
Les spécialistes du farsi et de l'Iran se comptant sur les doigts d'une seule main à la DGSE, il lui faut bien, comme dans bien d'autres pays, utiliser la main d'oeuvre disponible sur place, étudiants, chercheurs et ONG francophones. La procédure est banale. Chaque ONG française a son correspondant à la DGSE. Cela a commencé en Afghanistan, à l'époque de l'occupation soviétique, n'est-ce-pas AB?...


La petite Clotilde Reiss, de part son milieu social, sa connaissance de la langue et ses fréquentations sur place était une proie toute désignée, à la fois pour le résident de la DGSE via le service culturel de l'ambassade, mais aussi pour les services iraniens qui l'avaient donc à l'oeil.


Bonne pioche, puisqu'oubliant le "devoir de réserve" qui aurait dû être le sien, comme celui de tout étranger au pays, sa participation à des manifestations, officiellement interdites, constituait, comme dans n'importe quel autre pays, un délit parfaitement répréhensible. De plus, elle s'était métamorphosée en reporter photographe, prenant des centaines de clichés. Bien imprudente la gamine, car si ses films et clichés ont pu donner au résident de la DGSE un aperçu des manifestations et du type de manifestants (une majorité d'enfants de la moyenne et haute bourgeoisie iraniennes avides de jouissances "à l'occidentale"), cette "iconographie" se trouve également aujourd'hui entre les mains des services iraniens qui en feront le meilleur usage!


Elle participait donc aux manifestations contre le régime légal d'Iran, elle photographiait, elle filmait, mais aussi elle écrivait, deux courriels en fait: un anecdotique, sans intérêt, c'est celui auquel il a d'abord été fait allusion pour déclarer qu'elle était blanche comme neige, et un autre, plus détaillé, dans lequel elle rend compte de ce qu'elle a vu et entendu en tant que participante. Ce courriel destiné au directeur de l'Institut Français de Recherche en Iran, sous tutelle de l'ambassade.


Tous ces faits sont aujourd'hui établis, comme il est clair que Melle Reiss est une "occasionnelle", pas une professionnelle du renseignement, ce qui explique la mansuétude des autorités iraniennes à son égard qui, dès le début, ont conseillé à la France de ne pas envenimer une affaire au demeurant modeste.
Mais c'était oublier la méthode Kouchmerde-Sarkozy, toute de criailleries et de rodomontades.


Il faut se féliciter de la juste libération de Nazak Afshar qui a beaucoup parlé, et qui n'était apparemment que la "concierge" de l'ambassade, chargée d'ouvrir les portes de celle-ci aux manifestants! Ce que le politicien véreux Kouchmerde a donc été obligé de reconnaître, toute honte bue.


Melle Reiss regagnera sous peu l'ambassade, mise en "liberté surveillée", et devra s'expliquer avec le résident de la DGSE, ce que les services d'écoutes iraniens attendent avec gourmandise. Il faut en effet savoir que notre ambassade est parfaitement "sonorisée", et depuis de longues années...(ne pas confondre "sonorisée" et "sécurisée"!).

http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article02/EkVppAVpEVTYtUIxuj.shtml





13 août 2009

L'Iran appelle à l'interdiction de frappes militaires sur des installations nucléaires

 

il y a 11 heures 20 min

AP



 

L'Iran souhaite une conférence internationale pour interdire toute frappe militaire sur des installations nucléaires.


Téhéran a fait cette proposition mercredi à l'approche de la conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui doit se tenir au mois de septembre, a appris l'Associated Press de sources diplomatiques. Une information confirmée par Ali Asghar Soltanieh, le représentant de l'Iran à l'AIEA.

 

D'après des diplomates, cette initiative vise à faire pression sur Israël, qui n'a pas exclu de mener des raids aériens pour paralyser le programme nucléaire iranien.


M. Soltanieh a cependant déclaré que l'Iran n'avait pas peur d'Israël et cherchait simplement à obtenir un soutien en faveur d'une résolution interdisant toutes les attaques armées contre des installations nucléaires n'importe où à travers le monde. AP

 

 

Posté par citoyen_sly à 10:03 -


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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 07:25

Clotilde Reiss a fêté ses 24 ans en prison, le 31 juillet dernier.



Clotilde Reiss,
une ingénue en Iran,
par Eva R-sistons



http://www.lefigaro.fr/international/2009/08/10/01003-20090810ARTFIG00148-clotilde-reiss-une-passionnee-d-iran-.php


Clotilde Reiss. N'est pas un agent, évidemment,
puisqu'on se tue à nous le dire..
"Son discours serait dicté par les Mollahs", 
proclament  les Médias à l'unisson.
Son  crime ? Elle s'intéresse à l'Iran !
"Son visage d'ange est diabolisé".
La pôvrette !

La propagande atteint des sommets !
Le visage d'ange ? On lui donnerait le bon Dieu
sans confession...
C'est pour ça qu'on l'a choisie, d'ailleurs !
Simple étudiante ?
Mais elle se promène beaucoup !
Elle fouine partout !
Elle est très curieuse !
Elle prend des photos !
(Que dirait-on en France,
si les forces de l'ordre en action
étaient photographiées par des touristes?)
Elle s'y connaît, en industrie nucléaire, la petite ingénue !
Ca tombe bien, c'est le "problème N°1 iranien".
Son papa aussi, d'ailleurs, est un spécialiste du nucléaire.
Et puis, non contente d'envoyer des mails sur les événements,
 elle envoie un "rapport".
Et à qui ? A du personnel d'Ambassade.
Enfin, il paraît qu'elle serait sioniste.
Ah bon ! Et elle aimerait l' Iran nucléaire ????

Alors, oui, croyons nos médias menteurs !
Cette fois, ils disent la vérité.
Comme Kouchner, ce très saint homme
devant l'Eternel de l'ingérence humanitaire.

Ce n'est pas une espionne,
pas un agent de l'Occident, surtout pas.

Vous croyez toujours en la bonne foi des Médias, vous ?
Moi non, et c'est ce qui fait toute la différence.

Eva R-sistons aux mensonges permanents des Médias

TAGS: Médias, Clotilde Reiss, Iran, nucléaire,
Kouchner, Occident, France, mollahs, sioniste..




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Clotilde Reiss, Salah Hamouri : deux poids deux mesures

publié par
babelouest (crisonnier) le 08/07/2009 13H12
Par Jean-Claude Lefort | Député honoraire | 08/07/2009 | 12H44

Clotilde Reiss, âgée de 23 ans, a été arrêtée en Iran le 1er juillet au motif d'espionnage. De toute évidence, il s'agit d'une grossière manœuvre et d'une provocation des autorités de ce pays dont il est peu de dire qu'elles ne sont guère crédibles en matière de droits de l'homme.

Aussitôt, et à juste titre, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, puis le Président Nicolas Sarkozy, sont montés au créneau et ont exigé sa libération immédiate.

Quelques jours avant, le 26 juin exactement, à l'occasion du troisième « anniversaire » de la détention du caporal Gilad Shalit, prisonnier de guerre, le même Bernard Kouchner publiait une déclaration officielle toute aussi nette :

« Nous ne cesserons de le répéter : la libération immédiate et inconditionnelle de Gilad est une priorité pour la France. »

Libérations immédiates et sans conditions de Clothilde Reiss et de Gilad Shalit, telles sont les exigences de la France.

S'il est en prison, c'est qu'il devait et doit l'être

Et pendant ce temps-là, un jeune franco-palestinien, qui ne portait pas l'uniforme d'une armée d'occupation, est, tout comme Clothilde Reiss, l'objet d'un emprisonnement totalement illégal. Il s'agit de Salah Hamouri, qui a été jugé par un tribunal militaire israélien d'occupation installé en Cisjordanie, un tribunal illégitime en son principe, sur la base d'un dossier vide bien que préparé par les services spéciaux israéliens.

Salah Hamouri, lui, est laissé dans l'ombre. Pour lui, ainsi que le demande son Comité national de soutien, pas la moindre exigence de libération formulée par les autorités françaises. Pour lui : silence ! Pour lui : sentence ! Pour lui : prison ! Pour lui : rien !

Et pourquoi ? Tout « simplement » parce que l'Elysée, tout comme le Quai d'Orsay, estiment qu'Israël est un Etat de droit et donc que, s'il est en prison, c'est qu'il devait et doit l'être.

Circulez, il n'y a rien à voir ! On doit fermer les yeux sur l'attitude de cet Etat quand il occupe, et il occupe et colonise, des territoires qui ne lui appartiennent pas. On n'est pas dans le territoire israélien, là. On est dans une partie de la Palestine historique occupée depuis des années et des années par l'Etat d'Israël qui, de ce fait, est condamné régulièrement par les instances internationales.

Uen audience pour sa libération le 28 juillet

Salah Hamouri n'a pas tué quelqu'un ni dans ces Territoires ni à Tel-Aviv, par exemple, pas plus qu'à Jérusalem-Est occupée. Il n'a rien volé. Rien fait d'autre que de passer, de nuit en voiture, devant le domicile d'un rabbin extrémiste notoire. C'est tout. Et pour cela il a écopé de sept ans de prison par un tribunal militaire d'occupation. Il a aujourd'hui 24 ans.

Cela fait quatre ans qu'il est en prison. Quatre ans sans que la France ne lève le petit doigt pour lui. Il est né du mauvais côté du mur - c'est le cas de le dire - et il présente un défaut majeur : il est français mais aussi palestinien. Et tout Palestinien, s'il n'est pas terroriste, est considéré comme potentiellement terroriste. De même ne dit-on pas que si tous les Arabes ne sont pas des terroristes, tous les terroristes sont des Arabes ?

C'est ainsi que le fait d'être passé devant le domicile dudit rabbin a conduit les militaires à considérer qu'il avait l'intention de le tuer. Il ne l'a pas fait -ce rabbin est bien en vie et son parti Shas participe au gouvernement d'extrême droite de Netanyahu- mais il aurait pu le faire. C'est gros, non ? Eh bien la France ne demande pourtant pas sa libération.

J'ai accompagné sa mère, Denise Hamouri, à l'Elysée, où un conseiller du Président - pas le Président qui était occupé - l'a reçue. Même son de cloche.

Mais un véritable « os » se présente devant eux : outre la mobilisation qui entraîne des milliers de citoyens et d'élus, il se trouve que la loi, israélienne cette fois, stipule qu'aux deux tiers de sa peine exécutée, tout prisonnier politique palestinien peut « bénéficier » d'une remise de peine (une libération anticipée).

Peu en bénéficient en vérité car « terroriste tu es, terroriste tu resteras ».

Pour Salah Hamouri l'audience est fixée le 28 juillet. Il peut recouvrer la liberté au terme de la loi israélienne cette fois. Pour cela, il faut bien sûr une forte exigence de la France.

La France va-t-elle continuer à dire : « Libération pour Clothilde ! », « Libération pour Gilad ! » Et dire aussi dans le même temps :

« Salah Hamouri doit rester en prison car même s'il n'a rien fait, il aurait pu le faire et de toute façon il est Palestinien ! »

Le « deux poids, deux mesures » n'est pas la justice. C'est la haine érigée en loi. C'est la loi du Talion qui est le contraire du droit.

Et puis, au-delà de Salah, c'est aussi la cohésion nationale qu'on met à mal. Car c'est toujours du même côté que ça tombe. Tandis qu'« il pleut toujours où c'est mouillé ! ».

Lu sur Rue89 :

http://www.rue89.com/2009/07/08/clotilde-reiss-salah-hamouri-deux-poids-deux-mesures

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=4826


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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:20

L’échec de la première « révolution colorée »
Tienanmen, 20 ans après


par Domenico Losurdo
*


Il y a 20 ans, Zhao Ziyang tentait de prendre le pouvoir en Chine avec l’appui de la CIA. Ce qui devait être la première « révolution colorée » de l’Histoire échoua. Dans une présentation totalement tronquée, la propagande atlantiste a imposé l’image d’un soulèvement populaire écrasé dans le sang par la cruelle dictature communiste. La presse occidentale en célèbre aujourd’hui l’anniversaire en grande pompe pour mieux dénigrer la Chine populaire, devenue seconde puissance économique du monde. Domenico Losurdo revient sur cette grande manipulation.




9 juin 2009

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Chine

Thèmes
Action secrète
 Renaissance de l’Asie

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Cette photo symbolise les événements de Tienanmen. Pour la presse atlantiste, elle représente un homme défiant les chars de la dictature communiste. Pour les Chinois, elle illustre la maîtrise des forces de l’ordre qui réussirent à empêcher le coup d’État pro-US de Zhao Ziyang en évitant un bain de sang.

Ces jours-ci la grande presse d’ « information » s’emploie à rappeler le vingtième anniversaire du « massacre » de la place Tienanmen. Les évocations « émues » des événements, les interviews des « dissidents » et les éditoriaux « indignés », les multiples articles qui se succèdent et se préparent visent à recouvrir d’infamie perpétuelle la République Populaire de Chine, et à rendre un hommage solennel à la civilisation supérieure de l’Occident libéral. Mais qu’est-il réellement advenu il y a vingt ans ?

En 2001 furent publiés, puis traduits, dans les principales langues du monde ce qu’on a appelé les Tienanmen Papers [1] qui, si l’on croit les déclarations de ceux qui les ont présentés, reproduisent des rapports secrets et des procès-verbaux réservés, du processus décisionnel qui a débouché sur la répression du mouvement de contestation. Livre qui, toujours selon les intentions de ses promoteurs et éditeurs, devrait montrer l’extrême brutalité d’une direction (communiste) qui n’hésite pas à réprimer une protestation « pacifique » dans un bain de sang. Si ce n’est qu’une lecture attentive du livre en question finit par faire émerger un tableau bien différent de la tragédie qui se joua à Pékin entre mai et juin 1989.

Lisons quelques pages ça et là :
« Plus de cinq cents camions de l’armée ont été incendiés au même moment à des dizaines de carrefours […] Sur le boulevard Chang’an un camion de l’armée s’est arrêté à cause d’un problème de moteur et deux cents révoltés ont assailli le conducteur en le tabassant à mort […] Au carrefour Cuiwei, un camion qui transportait six soldats a ralenti pour éviter d’heurter la foule. Un groupe de manifestants a alors commencé à lancer des pierres, des cocktails Molotov et des torches contre celui-ci, qui à un moment a commencé à s’incliner du côté gauche car un de ses pneus avait été crevé par des clous que les révoltés avaient répandus. Les manifestants ont alors mis le feu à des objets qu’ils ont lancé contre le véhicule, dont le réservoir a explosé. Les six soldats sont tous morts dans les flammes » [
2].

Non seulement l’on a eu recours à la violence mais parfois ce sont des armes surprenantes qui sont utilisées :
« Une fumée vert-jaune s’est élevée de façon subite à une extrémité d’un pont. Elle provenait d’un blindé endommagé qui était ensuite lui-même devenu un élément du blocus routier […] Les blindés et les chars d’assaut qui étaient venus déblayer la route n’ont rien pu faire d’autre que de se retrouver en file à la tête du pont. Tout d’un coup un jeune est arrivé en courant, a jeté quelque chose sur un blindé et a pris la fuite. Quelques secondes après on a vu sortir la même fumée vert-jaune du véhicule, tandis que les soldats se traînaient dehors, se couchaient par terre sur la route, et se tenaient la gorge en agonisant. Quelqu’un a dit qu’ils avaient inhalé du gaz toxique. Mais les officiers et les soldats, malgré leur rage sont arrivés à garder le contrôle d’eux-mêmes » [
3].

Ces actes de guerre, avec recours répété à des armes interdites par les conventions internationales, croisent des initiatives qui laissent encore plus penseurs : comme la « contrefaçon de la couverture du Quotidien du peuple [4]. Du côté opposé, voyons les directives imparties par les dirigeants du Parti communiste et du gouvernement chinois aux forces militaires chargées de la répression :
« S’il devait arriver que les troupes subissent des coups et blessures jusqu’à la mort de la part des masses obscurantistes, ou si elles devaient subir l’attaque d’éléments hors-la-loi avec des barres de fer, des pierres ou des cocktails Molotov, elles doivent garder leur contrôle et se défendre sans utiliser les armes. Les matraques seront leurs armes d’autodéfense et les troupes ne doivent pas ouvrir le feu contre les masses. Les transgressions seront immédiatement punies » [
5].

S’il faut en croire le tableau tracé dans un livre publié et promu par l’Occident, ceux qui donnent des preuves de prudence et de modération ne sont pas les manifestants mais plutôt l’Armée Populaire de Libération !

Le caractère armé de la révolte devient plus évident les jours suivants. Un dirigeant de premier plan du Parti communiste va attirer l’attention sur un fait extrêmement alarmant : « Les insurgés ont capturé des blindés et y ont monté des mitrailleuses, dans le seul but de les exhiber ». Se limiteront-ils à une exhibition menaçante ? Et, cependant, les directives imparties par l’armée ne subissent pas de changement substantiel : « Le Commandement de la loi martiale tient à ce qu’il soit clair pour toutes les unités qu’il est nécessaire de n’ouvrir le feu qu’en dernière instance » [6].

Même l’épisode du jeune manifestant qui bloque un char d’assaut avec son corps, célébré en Occident comme un symbole de l’héroïsme non-violent en lutte contre une violence aveugle et sans discrimination, est perçu par les dirigeants chinois, toujours à en croire le livre maintes fois cité, dans une grille de lecture bien diverse et opposée :
« Nous avons tous vu les images du jeune homme qui bloque le char d’assaut. Notre char a cédé le pas de nombreuses fois, mais le jeune restait toujours là au milieu de la route, et même quand il a tenté d’y grimper dessus, les soldats se sont retenus et ne lui ont pas tiré dessus. Ce qui en dit long ! Si les militaires avaient fait feu, les répercussions auraient été très différentes. Nos soldats ont suivi à la perfection les ordres du Parti central. Il est stupéfiant qu’ils soient arrivés à maintenir le calme dans une situation de ce genre ! » [
7].

Le recours de la part des manifestants à des gaz asphyxiants ou toxiques, et surtout l’édition pirate du Quotidien du peuple démontrent clairement que les incidents de la Place Tienanmen ne sont pas une affaire exclusivement interne à la Chine. D’autres détails ressortent du livre célébré en Occident : « ‘Voice of America’ a eu un rôle proprement peu glorieux dans sa façon de jeter de l’huile sur le feu » ; de façon incessante, elle « diffuse des nouvelles sans fondements et pousse aux désordres ». De plus : « D’Amérique, de Grande-Bretagne et de Hong Kong sont arrivés plus d’un million de dollars de Hong Kong. Une partie des fonds a été utilisée pour l’achat de tentes, nourritures, ordinateurs, imprimantes rapides et matériel sophistiqué pour les communications » [8].

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Comme l’a révélé Thierry Meyssan, le soulèvement de Tienanmen était la première tentative de la CIA d’organisation d’une « révolution colorée ». Le théoricien de ce mode de subversion, Gene Sharp, et son assistant Bruce Jenkins, dirigeaient personnellement à Pékin les manifestations. Lire « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA ».

Ce que visaient l’Occident et les États-Unis nous pouvons le déduire d’un autre livre, écrit par deux auteurs états-uniens fièrement anti-communistes. Ceux-ci rappellent comment à cette période Winston Lord, ex-ambassadeur à Pékin et conseiller de premier plan du futur président Clinton, n’avait de cesse de répéter que la chute du régime communiste en Chine était « une question de semaines ou de mois ». Cette prévision apparaissait d’autant plus fondée que se détachait, au sommet du gouvernement et du Parti, la figure de Zhao Ziyang, qui —soulignent les deux auteurs états-uniens— est à considérer « probablement comme le leader chinois le plus pro-américain de l’histoire récente » [9].

Ces jours ci, dans un entretien avec le Financial Times, l’ex-secrétaire de Zhao Ziyang, Bao Tong, aux arrêts domiciliaires à Pékin, semble regretter le coup d’État manqué auquel aspiraient des personnalités et des cercles importants en Chine et aux USA, en 1989, tandis que le « socialisme réel » tombait en morceaux : malheureusement, « pas un seul soldat n’aurait prêté attention à Zhao » ; les soldats « écoutaient leurs officiers, les officiers leurs généraux et les généraux écoutaient Den Xiaoping » [10].

Vus rétrospectivement, les événements qui se sont passés il y a vingt ans Place Tienanmen se présentent comme un coup d’État manqué, et une tentative échouée d’instauration d’un Empire mondial prêt à défier les siècles…

D’ici peu va arriver un autre anniversaire. En décembre 1989, sans même avoir été précédés d’une déclaration de guerre, les bombardiers états-uniens se déchaînaient sur Panama et sa capitale. Comme il en résulte de la reconstruction d’un auteur —encore une fois— états-unien, des quartiers densément peuplés furent surpris en pleine nuit par les bombes et les flammes ; en très grande partie, ce furent des « civils, pauvres et à la peau foncée » qui perdirent la vie ; plus de 15 000 personnes se retrouvèrent sans toit ; il s’agit en tout cas de l’ « épisode le plus sanglant » de l’histoire du petit pays [11]. On peut prévoir facilement que les journaux engagés à répandre leurs larmes sur la Place Tienanmen voleront très au dessus de l’anniversaire de Panama, comme d’ailleurs cela s’est produit toutes ces dernières années. Les grands organes d’ « information » sont les grands organes de sélection des informations, et d’orientation et de contrôle de la mémoire.

 Domenico Losurdo

Philosophe et historien communiste, professeur à l’université d’Urbin (Italie). Dernier ouvrage traduit en français : Nietzsche philosophe réactionnaire : Pour une biographie politique.


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Traduction Marie-Ange Patrizio
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Article original paru le lundi 1er juin 2009 sur le blog de l’auteur.



 

[1] The Tiananmen Papers, présentés par Andrew J. Nathan, Perry Link, Orville Schell et Liang Zhang, PublicAffairs, 2000, 513 pp. Version française Les Archives de Tiananmen, présentée par Liang Zhang, éditions du Félin, 2004, 652 pp.

[2] Op cit, p. 444-45.

[3] Op cit, p. 435.

[4] Op cit., p. 324.

[5] Op cit., p. 293.

[6] Op cit., p. 428-29.

[7] Op cit, p.486.

[8] Op cit., p. 391.

[9] The coming Conflict with China, par Richard Bernstein et Ross H. Munro, Atlantic Books, 1997 (245 pp.), p. 95 et 39.

[10] « Tea with the FT : Bao Tong », par Jamil Anderlini, in Financial Times, 29 mai 2009.

[11] Panama. The Whole Story, par Kevin Buckley, Simon & Schuster, 1991 (304 pp.).


http://www.voltairenet.org/article160446.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:18

« Révolution safran »
Birmanie : la sollicitude intéressée
des États-Unis
par Thierry Meyssan
*



Les médias atlantistes manipulent la sympathie de leurs lecteurs pour les Birmans qui tentent de s’affranchir du régime le plus oppressif de notre époque. En jouant avec nos émotions, ils nous vendent comme une évidence l’idée selon laquelle des sanctions économiques sont légitimes et peuvent venir à bout d’une dictature. Et ils nous préparent à soutenir le régime qui suivra, quel qu’il soit. Attention, cet enthousiasme soudain masque d’autres formes d’intervention et des ambitions inavouables.




5 novembre 2007

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Birmanie

Thèmes
Action secrète
 Renaissance de l’Asie

La presse atlantiste se passionne pour la révolution safran qui agite le Myanmar. Chacun espère —et nous aussi bien sûr— que la junte militaire qui écrase les Birmans depuis des décennies sera enfin renversée et laissera la place à une démocratie prospère. Cependant ce soudain intérêt de nos « confrères » pour ce pays qu’ils ignoraient jusque-là, de même que l’expérience des pseudo-« révolutions colorées » et de leurs réveils douloureux de la Géorgie au Liban devraient aiguiser notre sens critique. Ce que l’on nous montre à voir et à interpréter est-il fidèle à la réalité ?

À l’évidence, si pour les Birmans, l’enjeu est leur liberté, pour les « Occidentaux », il est tout autre.

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La presse ne cesse de nous répéter que la junte est soutenue économiquement et militairement par la Chine, et dans une moindre mesure par la Russie, les deux puissances qui ont fait obstacle en janvier dernier à une condamnation du Myanmar par le Conseil de sécurité de l’ONU et à la mise en place de sanctions économiques [1].
Or, la Chine et la Russie ne sont pas des soutiens économiques et politiques de la junte, pas plus que l’Afrique du Sud qui a également voté « non » au Conseil de sécurité. Ce sont simplement des États respectueux du droit international. Ils ont fait valoir que le Myanmar ne représentait pas un danger pour ses voisins et que, donc, ce projet de résolution outrepassait la Charte des Nations unies : la « communauté internationale » n’est pas légitime à user de la force pour régler un conflit intérieur, aussi cruel soit-il. À l’inverse, la pensée révolutionnaire des néo-conservateurs, qui s’est aujourd’hui étendue aux médias occidentaux, prône « l’ingérence démocratique », avec les résultats éloquents que l’on observe en Afghanistan et en Irak.
En outre, la Chine et la Russie sont deux puissances régionales qui se doivent d’avoir de bons rapports de voisinage avec le Myanmar. La Chine y trouve ses intérêts, mais sur un tout autre plan, comme nous le verrons. De très loin, le principal soutien économique provient du Japon, pays satellite de l’empire états-unien. Pourtant, la presse occidentale ne réclame pas la rupture des relations économiques entre Tokyo et Rangoon. Au demeurant, le Japon s’y refuserait, comme la Chine et la Russie, car c’est une constante des diplomaties asiatiques de considérer que cette méthode est contre-productive : elle affame les peuples au lieu de sanctionner les dirigeants et ferme toute possibilité de négociation.

Notons au passage que si les États asiatiques, dans leur ensemble, condamnent comme barbare le principe des sanctions économiques, la presse occidentale ne se pose pas la question de la légitimité de cette forme moderne du siège antique. Pourtant, l’idée d’affamer ses adversaires a été critiquée par les principaux philosphes européens durant des siècles et condamnée par l’Église catholique depuis Thomas d’Aquin. Emportée par l’idéologie néo-conservatrice de « l’ingérence démocratique », les journalistes européens sont-ils revenus aux temps barbares ?

La « révolution safran » n’a pas débuté pour renverser la dictature, mais en réaction au doublement des prix des carburants et à des violences faites à des moines bouddhistes, lesquels sont partisans d’une théocratie. Son objectif n’est pas d’instaurer la démocratie, au sens athénien du terme. Toutefois, par derrière, le mouvement a été préparé et est soutenu par Washington, qui entend imposer la « démocratie de marché », c’est-à-dire ouvrir le pays aux investissements de ses propres multinationales. Il est donc bien normal que la presse atlantiste exige d’abord le retrait des investisseurs rivaux, quelles qu’en soient les conséquences pour le niveau de vie des Birmans.

Depuis deux ans, une opposition politique structurée, à caractère réellement démocratique, s’est constituée sous le nom de « Génération 88 », à la fois par référence à la « Génération 386 » de Corée du Sud et au fait que ses membres ont été actifs lors de la révolte de 1988. Les principales personnalités de ce mouvement forcent l’admiration par leur courage et leur détermination, mais comment ne pas voir que « Génération 88 » est devenu un paravent de l’action clandestine de Washington ? Le groupe a reçu en deux ans plus de 2,5 millions de dollars de la National Endowment for Democracy (NED) [2], c’est-à-dire du département d’État des États-Unis, sans parler des subventions du spéculateur George Soros [3]et celles du gouvernement norvégien.
Des membres du groupe ont été impliqués dans plusieurs attentats terroristes qui ont ensanglanté le pays, mais qu’on ne comptabilise jamais dans les rapports internationaux parce que le gouvernement birman est classé du mauvais côté.
À ce stade, on ignore si ces attentats ont été commandités par les dirigeants de « Génération 88 » comme le prétend la junte ; ou s’ils l’ont été par des provocateurs. Et dans ce cas, ces individus travaillaient-ils pour le compte de la junte afin de discréditer le mouvement ou pour celui des États-Unis afin de déstabiliser le régime ? Une hypothèse plausible lorsqu’on se souvient de la campagne d’attentats financés par la CIA au Kosovo visant à provoquer une répression massive par le gouvernement Milosevic et à déstabiliser la zone jusqu’à la guerre.

Quoi qu’il en soit, le mouvement politique que les communicants de la Maison-Blanche ont déjà appelé la « révolution safran », par référence à la couleur des robes des moines bouddhistes, n’est pas sans rappeler les autres « révolution colorées » organisées par l’Albert Einstein Institution [4]. Un pseudopode de la CIA et de l’OTAN dont le directeur, le colonel Robert Helvey, est précisément l’ancien attaché militaire de l’ambassade des États-Unis à Rangoun.

Revenons-en au bras de fer qui oppose la Chine et les États-Unis dans cette région et qui constitue l’enjeu véritable du traitement médiatique actuel et des conséquences possibles de cette révolution.
En application de la « doctrine Wolfowitz » de 1992, Washington entend empêcher l’émergence de puissances capables de contester la suprématie de « l’empire américain ». Si l’Union européenne et la Russie sont les premiers compétiteurs éventuels dont il convient de rogner les ailes, la Chine vient en troisième position.
Washington a mis au point une stratégie de « containment » dont l’axe central est le contrôle des approvisionnements énergétiques de l’économie chinoise. Les principaux contrats pétroliers chinois passent par des joint-venture nord-américaines et sont visés directement par la secrétaire d’État des Etats-Unis. Le système se maintient grâce à une corruption généralisée des négociateurs chinois auxquels Washington garantit des rentes en rétro-commissions et qui s’engagent eux-mêmes à placer leurs avoirs en bons du Trésor US. Sur le long terme, Washington entend également contrôler les pipe-lines et les routes maritimes utilisées par les pétroliers et méthaniers chinois, d’où la Proliferation Security Initiative (PSI) [
5]de John Bolton et l’élargissement des mission de l’OTAN dans cette zone [6].
Or, la junte birmane a su se rendre utile à la Chine d’une part en construisant sur son territoire un pipe-line reliant le Yunnan au Golfe du Bengale, d’autre part en installant des stations de surveillance électronique des voies navales qui passent au large de ses côtes. C’est dans ce but, et non pour accentuer la répression, que Pékin a livré des armes à Rangoun. D’ailleurs, il s’agit de matériels de surveillance et d’interception et non de maintien de l’ordre, au total pour 1,5 milliards de dollars en radars et en patrouilleurs de la classe Hainan. Ce n’est que depuis ces accords que les États-Unis se « préoccupent » de la situation des Birmans.

Contrairement à ce qu’affirme la propagande atlantique, la Chine n’a aucun intérêt à soutenir la dictature birmane, mais veille à préserver ses intérêts stratégiques en Birmanie, ce qui n’est pas du tout pareil. Pékin est très gêné par un conflit qui peut toujours faire tache d’huile. Sa diplomatie s’efforce de débloquer la situation et offrant une porte de sortie aux généraux birmans. Lors de la séance du Conseil de sécurité de janvier dernier sur le Myanmar, Pékin a demandé que le secrétaire général de l’ONU nomme un envoyé spécial permanent sur cette question et s’est proposé pour faciliter son travail. Et là, ce sont les États-Unis qui ont fait blocage en affirmant que cet envoyé ne servirait à rien s’il n’était pas appuyé par des sanctions économiques.
En définitive, c’est la crise actuelle qui a permis de nommer à ce poste l’ambassadeur nigérian Ibrahim Gambari, qui a eu l’occasion par le passé d’intervenir en Birmanie en qualité de sous-secrétaire général de l’Onu pour les affaires politiques. Et c’est l’ambassadeur de Chine à Rangoun qui l’a accueilli à l’aéroport pour le soutenir dans sa mission, bien que Gambari soit connu pour son tropisme pro-US.

Sous nos yeux, un peuple lutte pour sa liberté. Mais le soutien que lui apportent les États-Unis et les médias atlantistes n’a aucunement pour but d’y parvenir. Washington veut couper le pipe-line chinois, démanteler les bases militaires de surveillance électronique pour prendre le contrôle des voies maritimes, et ouvrir le marché à ses multinationales. Il ne suffira pas aux Birmans de renverser les généraux pour être libres.

 Thierry Meyssan

Analyste politique, fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage paru : L’Effroyable imposture 2 (le remodelage du Proche-Orient et la guerre israélienne contre le Liban).


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[1] « Le Conseil de sécurité rejette le projet de résolution sur le Myanmar à la suite d’un double vote négatif de la Chine et de la Fédération de Russie », ONU, référence CS/8939, 12 janvier 2007.

[2] « La NED, nébuleuse de l’ingérence démocratique », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 janvier 2004.

[3] « George Soros, spéculateur et philanthrope », Réseau Voltaire, 15 janvier 2004.

[4] « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juin 2007. Nota : on trouvera sur le site internet de cette organisation une lettre ouverte à Thierry Meyssan pour démentir en bloc le contenu de cet article.

[5] « Le gendarme du monde veut contrôler les océans » Réseau Voltaire, 4 décembre 2003.

[6] « L’OTAN et le réseau plus vaste d’alliances militaires sous l’égide des Etats-Unis », par Mahdi Darius Nazemroaya, Horizons et débats, 9 juillet 2007.



http://www.voltairenet.org/article151836.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:17
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:15
publié par roland (Dazibaouebmaster) le 09/08/2009 14H48

PinocchioPar Maxime VIVAS (Le Grand Soir)



« La patrie de Bolívar, dont on sait le rôle historique qu’elle a joué dans les guerres d’indépendance des peuples américains, est aujourd’hui le pays qui inquiète le plus l’Empire ». Fidel Castro, 5 août 2009.

Tel qui inquiète l’Empire excite RSF. Laquelle parie sur notre amnésie. Démonstration rapide par la comparaison de trois communiqués :

1- RSF, le 31 mai 2007 : « Après la fermeture de RCTV, Hugo Chávez s’attaque à Globovisión, seule chaîne privée d’opposition… »

2- RSF, le 5 juin 2007 : « Fermeture de Radio Caracas Televisión : la consolidation d’une hégémonie médiatique. Le 27 mai 2007 à minuit, Radio Caracas Televisión (RCTV), la chaîne la plus regardée du Venezuela, a cessé d’émettre après cinquante-trois ans d’existence ».

3- RSF, le 21 juillet 2009 : « Si la concession venait à lui être retirée, Globovisión pourrait néanmoins poursuivre sa programmation sur le câble, tout comme Radio Caracas Televisión (RCTV) dont la fréquence hertzienne n’a pas été renouvelée en mai 2007. »

RSF avoue ainsi en 2009 ce que nous disions en 2007 : RCTV n´a jamais été fermée par les autorités, elle a pu continuer à transmettre sa programmation habituelle.

Alors, pourquoi Robert Ménard essaya-t-il de faire voter une motion anti-Chavez par le Parlement européen en mai 2007 ? Pourquoi dénonça-t-il la « Fermeture de la chaîne » ? Pourquoi coordonna-t-il une tournée européenne des dirigeants de RCTV ? Pourquoi donna-t-il depuis l’hôtel Hilton de Caracas, le 28 mai 2007, une conférence de presse où il dénonça « l’atteinte à la liberté d´expression de la part du gouvernement Chávez » ? Pourquoi Jean-François Julliard, nouveau patron de RSF, ne pratique-t-il aucun « droit d’inventaire » sur un proche passé épicé de mensonges ? Pourquoi son organisation s’acharne-t-elle plus sur le Venezuela que sur les pays voisins (Colombie…) où les journalistes sont assassinées ? Combien d’années faudra-t-il à RSF avant de démentir son affirmation d’aujourd’hui : « Globovisión, seule chaîne privée d’opposition … » ?

En cette période estivale, une réponse peut être suggéré dans le ton ludique de l’émission « Questions pour un champion » : « Je suis un rectangle de papier de couleur verte utilisé pour les transactions internationales, je parviens en France dans les caisses d’une épicerie compassionnelle déguisée en ONG, via des organisations dont l’une, nommée National Endowment for Democracy (NED) est un paravent de la CIA, je suis, je suis… OUIIII : le dollar ! (qui rime avec Ménard) ».

Autre question amusante : « Je suis un petit pays gorgé de pétrole et de gaz, immensément riche, où se pratiquent la polygamie, la misogynie, la torture, la peine de mort, où les travailleurs étrangers sont traités comme des esclaves, où les médias n’ont pas le droit de critiquer l’émir, ses épouses, son clan, sa politique. Le Chevalier Blanc de la liberté de la presse, le metteur en scène des spectacles médiatiques, l’alpiniste de Notre-Dame de Paris, a prétendu créer là-bas un centre pour la liberté de la presse arabe. Couvert d’honneurs et d’argent, il entendait gérer seul le centre et son budget. Un proche parent de l’émir, président d’Al Jazeera et membre du Conseil d’Administration du centre s’y est opposé. Robert Ménard s’est alors soudainement aperçu que ce pays n’était pas une démocratie et il est parti. Quelques médias ont salué cette sortie sans avoir regretté son entrée. Je suis, je suis, OUIII : le Qatar ! (qui rime avec dollar) ».

Une dernière pour la route (des vacances) ? « Je suis une succession de chiffres dont la loi oblige la publication. Pour l’exercice 2007 j’ai été rendue publique en juin 2008. Pour l’exercice 2008, je continue à rester secrète à la date du 7 août 2009. Je suis connue pour ne pas avoir été sincère dans le passé. Je suis, je suis, OUIII : la comptabilité de Reporters sans frontières (qui rime avec bannière*) ».

Maxime Vivas

(*) Etoilée, of course.


Source: Le Grand Soir


http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5380

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:09

Les nouveaux escadrons de la mort irakiens

Nation Arabe :: Lundi, 6 juillet 2009 :: Shane Bauer ::  
Les nouveaux escadrons de la mort irakiens

Les Forces Spéciales d’Opérations Irakiennes (ISOF ou FSOI) sont certainement les Forces spéciales les plus importantes jamais constituées dans le monde par les Américains. Elles échappent aux contrôles que la plupart des gouvernements imposent à de telles unités.

Leur constitution a débuté dans les déserts de Jordanie, peu après la prise de Bagdad, en avril 2003. Là, les Forces Spéciales – les Bérets Verts – ont entraîné de jeunes Irakiens de 18 ans qui n’avaient aucune formation militaire. La brigade formée a été le couronnement de leur rêve : c’était une unité d’élite, implacable, clandestine, entièrement équipée par les Etats-Unis, ne répondant qu’aux ordres américains, sans attache avec aucun ministère irakien.

Selon les rapports du Congrès, l’ISOF comprend neuf bataillons, répartis dans quatre « bases de commandos » dispersées à travers l’Irak. En décembre, cette force comprendra une « cellule de renseignements » fonctionnant indépendamment des réseaux de renseignements étatiques. Avec 4564 membres, l’ISOF a la même taille que les Forces Spéciales US en Irak. Toujours selon le Congrès, il est prévu de doubler ce nombre dans les « prochaines années ».

Pour le Lt. Colonel Roger Carstens, les Forces Spéciales US sont « en train de mettre sur pied la force la plus puissante de la région ». En 2008, Carstens, alors officier supérieur au Centre pour la Nouvelle Sécurité américaine, était conseiller de la Force Antiterroriste Nationale Irakienne, où il a aidé les Irakiens à élaborer les règles du contre-terrorisme en vigueur pour l’ISOF. « Tout ce que ces gars veulent », dit-il, «c’est sortir et tuer des sales type toute la journée… Ils sont aussi efficaces que nous. Nous les avons entraînés. Ils sont comme nous. Ils utilisent les mêmes armes. Ils marchent comme des Américains ».

Une branche occulte de l’armée US

Quand les Forces Spéciales US ont commencé à transférer petit à petit l’ISOF aux Irakiens en avril 2007, elles ne l’ont pas placée sous la tutelle du Ministère de la Défense ou du Ministère de l’Intérieur, institutions qui, de par le monde, contrôlent de telles unités. Les Américains ont, en revanche, forcé les Irakiens à créer un Bureau de niveau ministériel appelé le Bureau du Contre-Terrorisme. Institué par une directive du premier ministre Nouri al-Maliki, le BCT qui commande l’ISOF, sans aucune intervention de la police ou de l’armée, est sous son autorité directe. Selon les termes de la directive, le Parlement n’a aucune influence sur l’ISOF dont il ignore les missions. Des individus comme Carstens voient ce bureau comme « la structure idéale pour le contre-terrorisme dans le monde ».

Pour les Irakiens, l’ISOF – surnommée La sale brigade – même si elle se trouve sous le contrôle officiel du gouvernement, est une branche occulte de l’armée US. Ce n’est pas loin de la vérité. Les Forces Spéciales US sont étroitement associées à chaque niveau de l’ISOF, de la planification à la réalisation des missions pour décider de la tactique et de la politique à suivre car « elles disposent de conseillers à chaque échelon de la chaîne de commandement » selon le général Simeon Trombitas, véritable fondateur du projet ISOF alors qu’il dirigeait l’Equipe de Transition de la Force Nationale Irakienne de Contre terrorisme. Trombitas a passé sept des ses trente années de service à former des forces spéciales en Colombie, El Salvador, entre autres. Le 23 février, il m’a fait faire le tour de AREA IV, une base irako-américaine près de l’aéroport de Bagdad où a lieu l’entraînement de l’ISOF. Il me confie qu’il est fier de ce qui a été fait au Salvador mais il oublie de mentionner que ces forces modelées par les Etats-Unis sont responsables de la mort, dans les années 1980, de 50 000 civils, sympathisants de la guérilla de gauche. Au Guatemala, cas similaire : les escadrons de la mort ont tué 140 000 personnes. Au début des années 1990, une unité d’élite de la police colombienne, Los Pepes, formée par les Etats-Unis, accusée de nombreux meurtres, constitue l’élément central de l’organisation paramilitaire actuelle.

Sur le blog du Département de la Défense, Trombitas affirme que les campagnes d’entraînement en Amérique Latine peuvent « facilement être transposées » en Irak. Les forces spéciales salvadoriennes ont même aidé l’ISOF, me dit-il. « C’est un monde de coalition. Plus nous travaillons ensemble, plus nous nous ressemblons. Quand nous partageons nos valeurs et nos expériences avec d’autres armées, ils deviennent nous ». En le quittant, je lui demande combien de temps les Etats-Unis seront engagés auprès de l’ISOF. « Les forces spéciales sont spéciales parce que nous conservons des relations avec des forces étrangères. Une partie de notre stratégie d’engagement sur le terrain est de maintenir des liens avec les unités qui sont importantes pour la sécurité de la région et du monde… Nous allons avoir des relations de travail pour un certain temps » m’assure-t-il.

La milice d’al-Maliki

C’est ce que craint un membre du Parlement irakien, Hassan al-Rubaie qui les voit d’un mauvais œil. « Si les Etats-Unis quittent l’Irak, ce sera la dernière force qui y restera ». Il s’inquiète qu’une force aussi puissante et secrète, étroitement liée aux Américains, puisse transformer l’Irak en « une base militaire dans la région » leur permettant ainsi de continuer à conduire des missions en Irak sous couvert de l’ISOF. Ce n’est d’ailleurs pas la seule cause de méfiance des parlementaires. En août dernier, les bâtiments du gouvernorat de Diyala furent l’objet d’un raid de la part de l’ISOF appuyée par des hélicoptères Apaches US au cours duquel des membres du Parti islamique sunnite furent arrêtés. En réponse à la levée de boucliers du Parlement, Maliki, qui doit approuver chaque opération de l’ISOF, a démenti avoir eu connaissance de l’affaire. D’où la question : qui a donné l’ordre ? Les Américains ? Maliki a-t-il menti pour cacher que l’ISOF a été utilisée à des fins politiques ? Depuis, d’autres opérations du même type ont eu lieu : en décembre, 35 fonctionnaires, opposants au Parti Dawa de Maliki, furent arrêtés à Sadr City. Dans ce quartier, où les Américains ne s’aventurent pas, l’ISOF conduit des opérations de châtiment collectif pour intimider la population. Certains parlementaires craignent que l’ISOF devienne l’escadron de la mort personnel du Premier ministre. Pour le député Abdul Karim al-Samarrai, entre autres, le démantèlement du BCT doit être effectif car « il n’existe aucune base légale pour l’existence d’une brigade armée hors du contrôle du ministère de la Défense ou de l’Intérieur ».

Or, Obama a indiqué qu’il s’appuiera davantage sur les forces spéciales US. La nomination par Robert Gates et de Stanley McChrystal en Afghanistan montre qu’il tient sa parole. De 2003 à 2008, ce dernier a été à la tête de Commandement Conjoint des Forces Spéciales qui supervise les forces les plus secrètes de l’armée et est responsable de la formation des forces spéciales à l’extérieur. McChrystal a également été le commandant des Forces Spéciales d’Opérations US en Irak pendant cinq ans. Selon le Wall Street Journal, il y « commandait des unités qui se spécialisaient dans la contre – guérilla, y compris la formation d’unités locales ». Pour certains, les unités locales sont utilisées pour des opérations clandestines. « Le commandement des Forces Spéciales d’Opérations des Etats-Unis cultive des relations avec les forces spéciales d’autres pays parce cela permet aux Etats-Unis d’intervenir militairement de manière anonyme. L’opération clandestine idéale est celle qui est conduite par des forces locales».

*Article résumé par Xavière Jardez – Texte intégral : www.thenation.com

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:01
10 août 2009

Le Honduras n’est que la partie visible
La contre-offensive conservatrice en Amérique latine (Counterpunch)
 


Miguel Tinker Salas


Les événements au Honduras ne sont pas isolés mais font partie d’une contre-offensive conservatrice qui se met en place en Amérique latine. Depuis quelques temps, la droite se reconstruit en Amérique latine ; organisant des conférences, partageant leurs expériences, affinant leur message, travaillant avec les médias et nouant des liens avec leurs alliés aux Etats-Unis. Il ne s’agit pas de la frange fanatique mais plutôt de la droite classique avec de puissants alliés dans les classes moyennes et qui se considéraient comme centristes, mais qui ont été effrayées par les récentes victoires électorales de la gauche et la montée de mouvements sociaux. Avec Obama à la Maison Blanche et Clinton au Département d’Etat, ils ont décidé de passer à l’action. Bush, Cheney et compagnie ne leur accordaient pas d’attention et leur étaient inutiles. Mais avec un « libéral » (progressiste, NdT) à la Maison Blanche, les forces conservatrices ont désormais la couverture qu’ils espéraient. Ce n’est pas une coïncidence si l’opposition au Venezuela a applaudi à la nomination de Clinton au Département d’Etat en déclarant qu’ils avaient désormais un allié dans l’administration. L’ancien axiome de la Guerre Froide selon lequel il n’y a pas de meilleur antidote à la gauche qu’un gouvernement libéral à Washington prend une nouvelle signification sous Obama avec Clinton au Département d’Etat.

Les dirigeants du coup d’état au Honduras et leurs alliés cherchent à gagner du temps. Les valses hésitations de Washington leur permet d’épuiser les options, de même que les gouvernements de droite en Colombie, au Mexique, au Panama et au Pérou. Après tout, ce coup d’état ne concerne pas le Honduras mais le succès de la gauche en Amérique latine, dont le Honduras était le maillon le plus faible. Il devient de plus en plus évident qu’il n’y a aucune chance que les élites du Honduras acceptent le retour de Zelaya. Je ne pense pas qu’ils aient de plan « B » et cela en dit long sur les conseils qu’ils reçoivent des forces US dans la région. Si Zelaya revenait, la Cour Suprême, le Congrès, l’armée et l’église perdraient toute crédibilité et son retour ouvrirait la porte aux mouvements sociaux et politiques au Honduras qui feraient pression en faveur d’un changement radical que les forces conservatrices auraient du mal à résister.

Mais le Honduras ne forme qu’une partie de l’équation. La décision de la Colombie d’accepter l’installation d’au moins sept nouvelles bases militaires US (3 bases aériennes, y compris Palanquero, 2 bases navales dont une sur le Pacifique et l’autre sur les Caraïbes, et deux bases de l’armée de terre), étend de manière dramatique l’influence militaire des Etats-Unis dans le pays et dans toute la région. Le Pentagone lorgnait depuis longtemps sur la base de Palanquero qui possède une infrastructure complexe et de longues pistes d’atterrissage. Il s’agit d’un signe trés troublant qui va modifier l’équilibre des forces dans la région et en dit long sur la manière avec laquelle l’administration Obama prévoit de réagir au changements en Amérique latine. Une éventuelle base militaire sur la côte caribéenne de la Colombie offrirait aussi un mouillage commode sur le continent latino-américain à la 4eme Flotte des Etats-Unis qui a été réactivée récemment. En d’autres termes, le Venezuela serait littéralement encerclé. Cependant, le Venezuela n’est pas l’unique objectif. L’Amazonie brésilienne et toutes ses richesses se retrouveraient à portée de l’armée US, de même que les très convoitées chutes de Guarani. Après les critiques publiques de Bachalet au Chili, de Lula au Brésil et de Chavez eu Venezuela, Uribe a refusé de participer le 10 août à la réunion de l’UNASUR, l’Union Sud Américaine, où il aurait eu à s’expliquer sur la présence des bases militaires US. La réunion du Conseil de Sécurité de l’UNASUR devait examiner la question des bases ainsi qu’une proposition de la Bolivie de coordonner la lutte sud-américaine contre le trafic de drogue. Uribe a choisi de se lancer dans une tournée diplomatique personnelle en visitant cinq pays dans la région pour expliquer ses actions. De plus, le Conseiller à la Sécurité Nationale d’Obama, James Jones, se trouve au Brésil pour justifier la position des Etats-Unis sur les bases.

La récente guerre médiatique déclenchée par Uribe contre l’Equateur et Correa, les accusant une fois de plus de financer les FARC et la encore plus récente offensive contre le Venezuela au sujet de missiles suédois vieux de trente ans (il s’agit plutôt de lance roquettes – NdT) qui, tout comme les ordinateurs de Raul Reyes, ne peuvent être éxaminés par un organisme indépendant, ont encombré les ondes au Venezuela, en Colombie et dans la région. La campagne médiatique colombienne actuelle a été précédée par les efforts de Washington de faire condamner le Venezuela pour sa supposée mauvaise volonté à lutter contre le trafic de drogue. De plus, le ministre Israélien des Affaires Etrangères, Avigdor Liberman, a visité l’Amérique latine au mois de juillet en déclarant que le Venezuela constituait une force déstabilisatrice dans la région et au Moyen Orient.

Perdu au milieu de tout ça se trouve le fait qu’Uribe cherche un troisième mandat et son parti a déjà confirmé qu’il militerait pour une réforme constitutionnelle. Ainsi, les conflits avec l’Equateur et le Venezuela servent à réduire au silence les critiques et à maintenir les adversaires politiques d’Uribe à distance. Tout ce qu’il manque c’est qu’Uribe demande à Interpol de vérifier les origines des missiles et au directeur Ron Noble de donner une autre conférence de presse à Bogota. Encore du « déjà vu » !

La droite et ses alliés aux US se sentent aussi enhardis par la victoire électorale au Panama et les réelles possibilités d’une défaite de la gauche cette année au Chili et même en Uruguay. A l’évidence, ils sont encouragés aussi par la défaite humiliante de Fernández / Kirchner en Argentine. Ces développements pourraient redessiner la carte politique de la région. Le président de l’Equateur, Correa, s’est déjà déclaré préoccupé par la possibilité d’un coup d’état contre lui et la Bolivie sera certainement soumise à une forte pression à l’approche de nouvelles élections cette année. Tout ceci alors que les Etats-Unis augmentent leur engagement militaire au Mexique avec le Plan Merida qui cherche à profiter des leçons de la Colombie ; maintenir au pouvoir un président dont la politique économique et sociale est très impopulaire mais qui peut compter sur un conflit, dans ce cas la soi-disant guerre contre les cartels, pour préserver une popularité. Des régions du Mexique sont littéralement sous un état de siège, dont Michoacán, Ciudad Juarez, et Tijuana. Le résultat est une gauche divisée, le PRD fut le plus grand perdant des récentes élections à mi-mandat, et les mouvements sociaux demeurent localisés et incapables de se développer au niveau national.

Il n’y a rien d’irréversible dans ces événements, mais ils indiquent néanmoins que les forces conservatrices en Amérique latine et leur alliés aux Etats-Unis sont en train de mener une contre-offensive concertée qui pourrait augmenter les risques de conflits dans la régiona.

Miguel Tinker Salas

Professeur d’histoire à Pomona College, auteur de The Enduring Legacy : Oil, Culture and Society in Venezuela.

ARTICLE ORIGINAL
http://www.counterpunch.org/salas08...

Traduction VD pour le Grand Soir

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 06:00

publié par
roland (Dazibaouebmaster) le 09/08/2009 17H22



Poing levéPar Yves Barraud

Avec les chômeurs, les précaires, les CDD non renouvelés et les intérimaires sans mission, la classe ouvrière paie le plus lourd tribut à LEUR crise, prétexte à restructurations, délocalisations et plans massifs de licenciements. La résistance tente de s’organiser.

Depuis plus de deux ans, nous assistons impuissants à un profond séisme qui ébranle et ruine des acquis sociaux gagnés au fil des décennies et même des siècles. Cette casse sociale motivée par l’idéologie ultralibérale dominante, a trouvé depuis un an un prétexte imparable à sa poursuite et à son amplification : la CRISE.

Une crise provoquée par cette idéologie rétrograde qui gangrène le monde, dont le principal postulat consiste à laisser aux marchés le soin de s’autoréguler, rendant inopportune et malvenue toute intervention du pouvoir politique dans la bonne marche de l’économie. C’est ainsi que Ronald Reagan, Président des États-Unis dans les années 80, déclarait : «Le Gouvernement n’est pas la solution, c’est le problème !», résumant en une phrase l’idéologie qui allait dorénavant dicter les règles de l’économie mondiale.

On a pu en mesurer depuis tous les bienfaits. Les marchés ne s’autorégulent pas, ils déréglementent. Ils distillent le poison du dumping financier, économique et social à court terme, avec pour conséquence la mise en concurrence déloyale des travailleurs entre eux, qui conduit invariablement au nivellement par le bas des salaires et des protections sociales. Le cas des «Continental» est de ce point de vue malheureusement exemplaire, eux qui avaient accepté de revenir aux 40 heures de travail hebdomadaire pour préserver leur emploi en France, avant qu’on ne leur annonce la fermeture de leur usine… sur fond de crise dans le secteur automobile et donc, par ricochet, dans l’industrie du pneumatique.

Face à ce forcing ultralibéral visant à produire au coût le plus bas (quelles qu’en soient les conditions et les conséquences), les ouvriers n’ont pas d’autre choix que de se battre pour obtenir des indemnités de licenciement les plus «avantageuses», par l’occupation de leurs usines, par la menace de les faire sauter ou la séquestration de leurs patrons. On peut comprendre ces
sursauts de désespoir !

Leurs emplois sont condamnés, leurs perspectives de reclassement sont quasiment inexistantes dans des bassins industriels sinistrés. Le seul moyen de tenir, d’assurer un peu son avenir et celui de ses enfants, c’est de partir avec 20.000 ou 30.000 €, avant de toucher le chômage, puis au bout de deux ans, le RMI pour ceux qui y auront droit.

Des dizaines de milliers d’ouvriers sont aujourd’hui condamnés à cette perspective. Chaque jour apporte son lot de plans de licenciements un peu partout en France. Après les chômeurs qui ont peu de chance de retrouver du travail, les intérimaires en panne de missions et les CDD non renouvelés, les ouvriers vont, ces prochains mois et toute l’année 2010, remplir les charrettes à destination de Pôle (sans) Emploi. Nous en mesurerons l’hécatombe dès septembre…

Pendant ce temps, on assiste à une véritable débâcle syndicale, une piteuse retraite sur le front de la casse généralisée du tissu industriel français. Les ouvriers sont abandonnés à leur sort par des centrales résignées qui, en 2009, n’ont rien fait d’autre que d’organiser de grands défilés improductifs.

Quand mettrons-nous enfin des visages sur les centaines, les milliers de drames qui se jouent en province, souvent dans des villes isolées ? Quand, dans une grande convergence de mobilisations, toutes celles et tous ceux qui voient leur emploi menacé (ou qui l’ont déjà perdu) vont marcher sur Paris pour montrer à la population que derrière les chiffres des licenciements actuels et à venir se cachent autant de drames professionnels, personnels et familiaux ?

La riposte tente de s’organiser, notamment dans l’est de la France où l’on annonce la création d’un Collectif de Résistance Ouvrière. Vous trouverez ci-dessous un premier communiqué, en espérant que cette initiative ne reste pas sans lendemain.

Verrons-nous à l’automne plusieurs centaines de milliers d’ouvriers manifester leur mécontentement dans les rues de Paris ?

Avec nos petits moyens, nous soutenons cette volonté de RÉSISTER !

Yves Barraud pour
Actuchomage.org et Rénovation-démocratique.

==> Plus forts (et poignants) que les mots :
LES IMAGES ET LE SON.

COLLECTIF DE RÉSISTANCE OUVRIÈRE
Face à la gravité de la situation sociale et aux licenciements, face au culot et au mépris du gouvernement et de la classe politique, il faut une réaction puissante et massive.

Ce n’est pas avec quelques manifestations ponctuelles que nous aurons une chance de les faire fléchir, mais bien en recherchant le blocage général.
C’est pourquoi il faut nous rassembler et ne plus rester chacun dans son usine ou dans sa ville : Ce n’est qu’en nous fédérant et en organisant nous-mêmes la riposte que nous pouvons espérer gagner !

NOUS, salariés d’entreprises qui allons être licenciés ou le sommes déjà, révoltés par l’injustice qui nous est faite et par l’absence de morale de nos patrons comme de nos dirigeants politiques, avons décidé de nous rassembler pour AGIR.

Nous lançons donc un Collectif de Résistance qui vise à rassembler tous ceux qui veulent lutter : Ouvriers d’usines qui ferment, restructurent ou délocalisent, salariés du public et du privé qui subissent leur prétendue crise, exclus, précaires, chômeurs, étudiants et exploités de toutes sortes.

Notre but : Organiser des actions fortes et visibles qui redonnent confiance aux travailleurs de ce pays, et leur donnent envie de rejoindre le mouvement, de l’amplifier et de le généraliser.

Le pire serait de ne rien faire !

C’est malheureusement ce que nous proposent aujourd’hui nos directions syndicales, engluées dans leurs discussions, bilans et négociations à la même table que le gouvernement et le patronat, alors qu’on sait très bien que ce sont nos adversaires et qu’ils ne comprennent qu’un seul langage : Celui du rapport de force !

Notre collectif, nous le voulons donc indépendant afin de décider nous-mêmes de nos actions et de la façon de les mener.

Même si nous accepterons bien entendu tous les soutiens, qu’ils émanent des unions syndicales locales, des syndicats isolés ou des partis politiques qui sont pour que la lutte se construise et s’organise au plus vite, sans attendre les échéances électorales.

Que ce soit à titre individuel, en tant que groupes de salariés ou en tant que sections syndicales, REJOIGNEZ NOUS !

Prochaine réunion d’information :

• Vendredi 4 septembre 2009 à 20h00 à Saint-Dizier. Maison des Syndicats.

• Prochaine action possible : le 17 septembre 2009 à la Bourse de Paris.
Les fédérations CGT de la Chimie et de la Métallurgie (par le biais de son collectif auto) ont lancé l'idée de cette mobilisation. Ne laissons pas cette initiative devenir une énième date sans lendemain. Faisons-en une véritable mobilisation combative de nos entreprises, tremplin à la mobilisation générale.

D’ores et déjà nous ont rejoint des salariés de SODETAL (55), MC CORMICK (52), ELLAT (55), EBREX (55), ROCAMAT (55)…

Né en Meuse et Haute-Marne, notre collectif a vocation à s’étendre régionalement et nationalement. Nous sommes notamment en contact avec les PSA de Mulhouse, les Conti de Compiègne, les Goodyear d’Amiens, les TTBM d’Epernay et les Michelin de Clermont. Nous avons déjà participé à des manifestations communes et étudions les moyens d’amplifier et de faire converger nos luttes.

Contact : 03.29.78.84.90 ou 06.22.05.09.24

Rénovation-démocratique


Source:

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5405
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:58



 
 

Fort avec le faible, faible avec le fort, 
l'anticonformisme de la revue Médias

Dans son dernier numéro (été 2009, n° 21), la revue Médias [
1] propose – en collaboration avec HEC [2] – un « manifeste pour la liberté de dire » sous la forme de débats entre des « personnalités de tous bords ». Un tel appel ne pouvait que retenir notre attention. Pourtant, à la lecture, cette liberté semble se réduire à celle du « renard libre dans le poulailler libre », c’est-à-dire à la liberté des journalistes dominants de s’exprimer, comme ils l’entendent, selon le principe simple : fort avec le faible, faible avec le fort. Rien à voir, en somme, avec une critique radicale des médias et une lutte conséquente pour une presse indépendante et pluraliste.


Les tenanciers des médias dominants aiment à penser d’eux-mêmes qu’ils vont à rebours des idées dominantes, et les barons du journalisme semblent prendre d’autant plus volontiers des poses de libres-penseurs et d’anticonformistes qu’ils se plient à la défense des intérêts dominants [3]. Comme l’actuel président de la République, il leur plaît d’alterner l’appel à « briser les tabous » et le rappel au « bon sens », la critique de l’« idéologie dominante » (bien entendu de gauche) et l’affirmation du cela-va-de-soi (évidemment de droite). Il serait pourtant peu judicieux d’y voir une contradiction, car ce n’est là qu’un va-et-vient entre deux usages différents d’une même force, de deux formes que prend la vulgate médiatique. Celle-ci ne peut en effet atteindre sa pleine efficacité sans que le discours critique (ou apparemment critique) soit lui-même accaparé par les porte-voix des médias dominants et, notamment, par les intellectuels médiatiques et autres « doxosophes » dont parlait Pierre Bourdieu. Ces derniers ne se contentent donc pas de produire du consensus sur l’organisation (capitaliste) de l’économie, le fonctionnement (antidémocratique) de l’Union européenne ou la diplomatie (néocolonialiste) française ; il leur faut encore délimiter les cibles et les frontières de ce qu’il est légitime de critiquer. Or le principe dont procède ce type de critique – interne au champ médiatique – demeure inexorablement le suivant : faible avec les forts, fort avec les faibles.


I. Inventer de « nouveaux maîtres »


Le dernier numéro de la revue Médias relève de cette catégorie en proposant à des gens de médias aussi contestataires que Sébastien Cauet ou Bernard Pivot de nous expliquer comment « cultiver son ambiguïté » ou « savoir dire non », et en se présentant sous la forme – volontairement tapageuse – d’une Marianne bâillonnée :
La stratégie rhétorique employée ici est bien connue, puisque la revue ne fait guère que plagier un journaliste-intellectuel lui-même condamné pour plagiat il y a quelques années [4] : Alain Minc. Cet anticonformiste de cour avait en effet fondé l’une de ses livraisons annuelles, dont on sait qu’elles lui valent immanquablement et instantanément une invitation dans toutes les émissions de « débat » [5], sur le même type de stratégie, sous le titre pompeux : Epître à nos nouveaux maîtres (2002).
Cette stratégie rhétorique repose sur une inversion de la réalité et des apparences et consiste, en quelque sorte, à faire apparaître les rapports de domination la tête en bas. Vous vous imaginez que les dominants sont plutôt riches, hommes, blancs, hétérosexuels, bien-portants ; vous avez tout faux, car ces derniers subissent quotidiennement les foudres des pauvres, des femmes, des Noirs, des Arabes, des Juifs, des homosexuels et des handicapés. Si les médias sont ainsi muselés, c’est que ces « nouveaux maîtres » empêchent les journalistes de s’exprimer comme ils l’entendent et de faire, en toute « liberté », l’éloge des privilèges et des privilégiés. Convenez-en : le monde est mal fait, et cela suffit à justifier les pleurnicheries d’enfants gâtés d’Alain Minc et de la revue Médias. La vérité de cet anticonformisme de pacotille est d’ailleurs énoncée très clairement dans la revue par une journaliste qui a accumulé une grande partie de son capital médiatique en cultivant une apparence de critique des médias et une apparente impertinence dans des journaux aussi corrosifs que le Figaro et Le Point, et dans des émissions aussi décapantes que « Culture et dépendances » (du très subversif Franz-Olivier Giesbert) ou « Le premier pouvoir » [
6] : Elisabeth Lévy. Celle-ci affirme donc : « Nous sommes plombés par un terrible esprit de sérieux. Défense de rire ! Les handicapés, les homosexuels, les Juifs, les jeunes à capuche et les ouvriers licenciés ont aussi le droit qu’on se foute de leur gueule  » (p. 31). Derrière la nécessité et l’urgence de se « foutre de la gueule » des handicapés ou des ouvriers licenciés, ne reconnaît-on pas là le principe évoqué plus haut : fort avec le faible, faible avec le fort ?


II. Inventer une « idéologie dominante »


Cet anticonformisme d’apparat revient à retourner le célèbre constat formulé en 1847 par Marx et Engels, et d’affirmer : les idées dominantes d’une époque [en l’occurrence la nôtre] sont les idées des dominés. L’avant-propos de ce numéro de la revue Médias évoque d’ailleurs avec familiarité « le camarade Marx » et tente de placer sa propre critique sous l’aile subversive du concept marxiste d’ « idéologie dominante » : « Ainsi faudrait-il toujours se couler dans le moule de pensées correctes, labellisées, agréées, non par le pouvoir […] mais par cette “idéologie dominante’’, dont parlait le camarade Marx et qui n’est rien d’autre qu’un fatras de convenances, de morale à quatre sous, d’idées communes à tous, qui tient lieu de références inconsciente, et pèse de tout son poids sur les rédactions comme dans l’édition » (p. 7). C’est là retirer à ce concept toute la contestation politique qu’il recèle car, pour Marx et Engels, l’« idéologie dominante » désigne bien autre chose : « les pensées de la classe dominante [l’« idéologie dominante »] sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle » [
7].


L’origine des idées dominantes – pour Marx, la classe capitaliste et sa domination matérielle – est ainsi passée sous silence, noyée sous « un fatras de convenances, de morale à quatre sous, d’idées communes à tous ». Si cette idéologie est d’autant plus dominante qu’elle est partagée par tous, elle n’est pas sans servir des « clans » et des « groupes de pression » qu’on préfère ne pas nommer, comme nous en avertit l’auteur de cet éditorial (assez prudent toutefois pour ne pas les nommer) : « Pire que d’une censure en bonne et due forme, nous pourrions bien être victimes d’un air du temps, de réactions de clans [lesquels ?], de groupes de pression de toutes sortes [lesquels ?]  ». De même, voilà qu’apparaissent ces « directeurs de conscience [lesquels ?] qui disent du haut de leur chair ce qui est décent et ce qui ne l’est pas, ce qui est convenable ou non ». Rien n’est plus commode que de s’inventer des ennemis imaginaires (ces « clans », ces « groupes de pression », ces « directeurs de conscience »), sans les nommer : chacun pourra choisir ceux qui lui conviennent ; et rien n’est moins critique que de s’abstenir de les désigner précisément alors qu’on se targue de briser les tabous. Cette critique à la cantonade ne convainc guère, tant l’auteur de ce texte semble coincé entre deux conceptions de l’idéologie : comme « air du temps » commun à tous ou comme venin inoculé par d’innommables « groupes de pression » et d’invisibles « directeurs de conscience ».


III. Inventer des « parias à vie »


On ne peut d’ailleurs que s’étonner de voir autant de résistants à « l’air du temps » (qui prétendent refuser les « convenances médiatiques »), ou de « parias à vie » comme les désigne la revue Médias, parader et bouffonner régulièrement dans les médias. Outre Elisabeth Lévy, on compte notamment dans ces « personnalités de tout bord » le journaliste et animateur Henri Chapier, le député UMP Christian Vanneste, le dessinateur du Monde (depuis 1985) Plantu, l’avocat général Philippe Bilger, le comédien Guy Bedos, l’écrivain d’extrême droite Alain Soral et le professeur d’islamologie Tariq Ramadan (tous deux habitués des plateaux télé). On comprend qu’il était urgent de réunir – « en partenariat avec HEC » – de telles sommités et de tendre enfin un micro à tant de « parias ».
Mais ne soyons pas avares de compassion pour ces courageux contempteurs de l’idéologie dominante, victimes de toutes les infamies : « qui ose faire fi de ces nouvelles prescriptions est montré du doigt. Utilisez-vous un vocabulaire trop cru, refusez-vous les non-dits imposés  ? Vous voilà affublé d’un de ces qualificatifs qui font de vous un paria à vie  : homophobie, raciste, antisémite ». Des exemples d’accusations gratuites existent, il est vrai [
8]. Mais la revue Médias n’en fournit guère. A défaut, mais à charge, il suffit peut-être de puiser dans le répertoire d’un des invités de ce dossier : Alain Soral. Celui-ci, présenté sommairement comme « écrivain », était jusqu’en février 2009 membre du comité central du Front national et s’est présenté aux élections européennes sur la liste d’extrême droite de Dieudonné. On aurait apprécié que la revue Médias fasse preuve de cette précision dont elle parle avec tant de véhémence quand elle critique (à raison) « des médias peu soucieux de vérifications et de précisions » (p. 7). Soral s’était illustré en 2004 dans une émission de France 2 (« Complément d’enquête »), par des propos qui lui valurent en 2007 une condamnation pour antisémitisme [9]. Est-ce là ce « vocabulaire trop cru » ou ce refus des « non-dits imposés » vantés par la revue Médias ? Quand on souhaite critiquer les censures et les autocensures médiatiques (vœu louable), sans pour autant « cautionner les déclarations de personnes ou de groupes prônant la haine de l’autre » (p. 7), ne vaut-il pas mieux choisir soigneusement ses interlocuteurs, c’est-à-dire les choisir hors du périmètre de l’extrême droite ?


IV. Faire diversion


En quoi consiste, somme toute, l’imposture principale de ce dossier ? Dans l’idée exprimée dans cet avant-propos que ce serait « braver une sorte d’interdit » que de « débattre de tout, avec tout le monde ». « Avec tout le monde ? » Mais quels sont réellement, socialement et idéologiquement, ceux qui sont interdits de débat ? Ceux qui s’expriment dans la revue Médias et eux seulement ? « Débattre de tout » ? Mais quels sont les thèmes effectivement minorés dans les débats ? Et quelles sont les conditions requises pour qu’un débat ait effectivement lieu ? En effet, s’il est un principe qui va à l’encontre des logiques qui régissent le « débat public » dans les médias dominants, c’est bien celui qui impose de sélectionner rigoureusement ses interventions médiatiques, et notamment dans les « débats » qui y sont organisés. Comme l’explique avec force l’économiste Frédéric Lordon [
10], et Pierre Bourdieu avant lui [11], on ne peut débattre correctement sans s’interroger sur le dispositif médiatique qui encadre la prise de parole. En effet, les conditions de cette prise de parole, de même que la composition du plateau et la répartition du temps alloué aux protagonistes, définissent en partie les limites de ce qui pourra, ou non, être dit.


Cette critique du « politiquement correct », qui se donne comme une critique des médias, ne saurait être la nôtre. La mystification (à peine sophistiquée) sur laquelle elle s’appuie – le prétendu renversement des dominations présidant à l’avènement d’une nouvelle « idéologie dominante » – n’a d’autre fonction que de faire oublier la perpétuation de ces dominations, et précisément de certaines d’entre elles : sexisme, racisme, homophobie. Elle tend en outre à disqualifier préventivement les mobilisations qui visent à les faire reculer. De surcroît, inventer de « nouveaux maîtres » (si puissants qu’ils se rendraient invisibles) constitue un moyen confortable de passer sous silence l’emprise des forces économiques et du gouvernement actuel sur les grands médias. Enfin, élever au rang de résistants à cette « idéologie dominante » des « personnalités » qui ne doivent leur capital de contestation qu’à leurs apparitions répétées dans ces médias, n’est qu’une manière de manifester le pouvoir médiatique de consécration – y compris de ceux qui sont appelés à jouer, dans les médias, le rôle de « contestataires ».


Une telle « critique » – aussi imaginaire que les ennemis qu’elle désigne – n’est donc pas seulement insuffisante : parce qu’elle détourne l’attention des véritables dominations et appelle insidieusement à faire de la liberté d’expression un instrument de combat au service des plus conformistes des anticonformismes (quand ce n’est pas au service des préjugés les plus réactionnaires), elle consacre le statu quo qu’elle prétend contester et tourne le dos aux indispensables combats pour des médias pluralistes et indépendants des pouvoirs.
Ugo Palheta
Notes
[1] Sur cette revue, voir l’article : « Sacro-saint libéralisme : la revue Médias se prosterne ».
[
2] Une telle collaboration, avec une école dont la fonction tient tout entière dans la formation des futurs dirigeants et managers des grandes entreprises, en dit long sur l’orientation du dossier analysé ici.
[
3] Qu’on pense à l’inoxydable Jean-Michel Apathie, dont toutes les prétentions à l’anticonformisme reposent sur ses appels, vibrants et répétés, à la rigueur budgétaire ou à la défense des patrons « séquestrés ». Voir par exemple : « Cette violence de Besancenot que questionnent les questionneurs ».
[
4] Cf. l’article de PLPL à ce sujet : « Le PPA frappé en plein cœur ».
[
5] Voir « Connivences et complaisances : le marathon promotionnel d’Alain Minc ».
[
6] Sur cette émission et ses indignations sélectives, voir par exemple : « ’’Le Premier pouvoir’’ pris de compassion pour Hervé Gaymard et les “élites” » et « ’’Le Premier pouvoir’’ à l’assaut du mouvement social ». Sur la suppression arbitraire de cette émission, lire : « Fin de l’émission “Le Premier pouvoir” ».
[
7] K. Marx et F. Engels, L’idéologie allemande, Editions sociales, p. 87
[
8] Pour exemples, lire le dossier « Chavez antisémite ?… Le journalisme d’imputation », ou encore « Nouvelle insanité contre Bourdieu : Finkielkraut propose d’en débattre sur France Culture ».
[
9] « Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire : “Y a peut être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.” Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est-à-dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme sionisme qui confine à la maladie mentale. »

[
10] Voir « Accéder aux médias dominants ? A quelles conditions ? ».
[11] Dans son « Analyse d’un passage à l’antenne ».

http://www.acrimed.org/ http://www.acrimed.org/

 

http://www.alterinfo.net/Fort-avec-le-faible,-faible-avec-le-fort-l-anticonformisme-de-la-revue-Medias_a35601.html

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:49

Toutes les explications sur le fonctionnement des Alertes Médias ICI
* * *

Vous avez constaté une dérive dans les médias ? Choisissez votre rubrique en cliquant sur l'image, et racontez votre dérive !
=> Date, heure, chaîne, émission, nom du journaliste, récit de la dérive.

Merci !


Choix partial des invités qui traduit un parti-pris idéologique


Lors d'un débat, traitement différencié d'un camp par rapport à un autre qui traduit une préférence idéologique du journaliste


Agressivité du journaliste à l'égard d'un invité perçu comme un "ennemi" idéologique


Questions du journaliste qui traduisent un parti-pris idéologique


Affirmation par le journaliste d'une contre-vérité ou d'une approximation manifeste


Le journaliste sort de son devoir de neutralité et exprime une opinion répétée


Le journaliste fait passer pour une vérité générale ce qui n'est qu'une opinion

 

http://www.levraidebat.com/article-22977886.html

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:45

Lectures de vacances
Louis Massignon et les dessous de l’orientalisme français


par Gilles Munier
*


Au cours des vingt dernières années, Gilles Munier fut un homme de l’ombre, militant anti-impérialiste de la cause arabe en Palestine et en Irak. Il était alors le contact incontournable de bien des missions diplomatiques. Mais à la suite de la recolonisation de l’Irak par les armées anglo-saxonnes, en 2003, il a été mis en cause par la CIA et assigné à résidence en France pour l’empêcher de poursuivre son action. Mettant à profit ce repos forcé, il vient d’écrire
Les Espions de l’or noir, un ouvrage historique, à la fois érudit et romantique. Qui mieux que lui pouvait dénouer les mystères des espions occidentaux au Moyen-Orient dans les deux derniers siècles ? Dans l’extrait que nous publions, il relève une facette méconnue du « grand islamologue » français, Louis Massignon : celui-ci était avant tout un agent de renseignement français, rival de Lauwrence d’Arabie.




10 août 2009

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Contrôle du « Grand Moyen-Orient »

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Les espions de l’or noir, par Gilles Munier, éditions Koutoubia, 2009 (317 pages avec photos, cartes et index). Ouvrage recommandé par le Réseau Voltaire.

Il ne faisait pas bon laisser entendre à Louis Massignon [1] que ses recherches dans les pays arabes, pour le compte du Quai d’Orsay ou du ministère français des Colonies, s’apparentaient à du renseignement [2]. Le Maître entrait en fureur. Le soupçon d’espionnage pesait pourtant sur lui depuis 1907-1908, date de ses premiers séjours en Égypte et en Mésopotamie. En 1906, nommé à l’Institut français d’archéologie du Caire, il s’intéressait beaucoup plus aux activités de la secte islamique sénoussie [3], radicalement anticolonialiste et anti-occidentale, qu’aux fouilles antiques. Massignon passait son temps, comme il l’écrivit, dans des bars mal famés, déguisé en fellah. Il y fit ses premières expériences homosexuelles qui le conduiront, un an plus tard, en Mésopotamie, à retrouver la foi… Ayant entendu parler de Mansour al-Hallaj, un soufi d’origine persane, démembré et décapité pour hérésie en 922 à Bagdad [4], il le choisit comme sujet de thèse. Il partit pour Bagdad, grâce à une bourse accordée par le général de Beylié, connu pour sa mission d’espionnage - sous couvert de recherches d’archéologiques - dans le Caucase et en Asie centrale en 1888 [5].

Arrivé en Mésopotamie, le consul de France présenta à Massignon la famille Aloussi, très respectée dans le pays, qui le prit sous sa protection. Elle pensait avoir affaire à un Français en voie de conversion à l’islam. Il rencontra d’éminents lettrés, visita le cénotaphe d’al-Hallaj [6] et recueillit des informations nécessaires à la rédaction de sa thèse [7]. Sa propension à courir les souks, habillé couleur locale, sous prétexte d’améliorer son arabe, intriguait le wali (préfet) de la ville. Certes, le Sultan Abdul Hamid II avait approuvé son programme de déplacements, mais la police ottomane le filait, pour le cas où sa venue serait liée au Comité Union et Progrès, très actif à Bagdad. Massignon, se demandait-elle aussi, était peut-être un de ces géologues qui infestaient la Mésopotamie à la recherche de pétrole. Abdul Hamid II, en négociation avec le Kaiser, était attentif à toute découverte de nouveaux gisements. Un mois après son arrivée, les archéologues allemands Sarre et Herzfeld, spécialistes de Samarra [8], dénoncèrent aux autorités Massignon comme étant un agent secret. Ils craignaient qu’il ne vienne concurrencer leurs fouilles. La rumeur s’amplifia au point qu’on finit par le traiter d’espion, en pleine rue. La tenue qu’il mettait parfois pour parcourir les environs, sorte d’uniforme turc dépareillé, ne faisait qu’accroître les soupçons à son égard.

En mars 1908, Massignon décida d’aller visiter le château d’Al-Oukheidir, et d’en profiter pour passer quelques jours à Kerballa, Koufa et Nadjaf, villes saintes du chiisme. Il comptait également se rendre à Wasit, près de Kut, où la tribu Muntafiq s’était soulevée contre le pouvoir ottoman. Les questions qu’il posait aux notables laissaient penser qu’il était en mission pour savoir si les chiites étaient susceptibles de se révolter contre le sultan. Sur le chemin du retour, le kaimakam (sorte de sous-préfet) le fit arrêter, le 1er mai, pour espionnage et emprisonner sur la Burhaniyé, un vapeur remontant le Tigre. Massignon jeta par-dessus bord un questionnaire sur les familles nobles de Bagdad qu’on lui avait remis en France. Terrorisé, croyant être exécuté, il fut prit d’une crise de démence mystique et retrouva la foi chrétienne. Le 5 mai, à Bagdad, le consul de France décréta qu’il avait été victime d’une insolation suivie de délires. Il dut sa libération – et peut être la vie - à l’intervention de la famille Aloussi qui, l’ayant accepté comme hôte, considérait de son devoir de le protéger, comme le veut la tradition arabe.

(Pendant la Première Guerre mondiale…)

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Louis Massignon (1913)

(…) Plus le corps expéditionnaire d’Allenby et l’armée de Fayçal progressaient vers Damas, plus les Britanniques remettaient en question les Accords Sykes-Picot. Une commission franco-britannique avait été créée pour les faire respecter. En 1917, le sous-lieutenant général Allenby - connu à l’époque comme islamisant et arabisant – avait été nommé auprès de François-Georges Picot qui la co-dirigeait avec Mark Sykes. Le 8 août, Louis Massignon rencontra pour la première fois Lawrence [d’Arabie] qui lui rappela, pince sans rire, qu’ils avaient été tous les deux des archéologues masqués, pour ne pas dire des espions. Il comprit que ce dernier s’était renseigné sur son compte et le prenait pour un ennemi dangereux, craignant que Fayçal l’apprécie plus que lui. En octobre, quand le général Allenby approuva, à Gaza, la nomination de Massignon à l’état-major de Fayçal, Lawrence opposa son veto. Il menaça de démissionner.

Georges Picot demanda au Quai d’Orsay l’ouverture d’un crédit conséquent afin que Massignon puisse, par l’octroi de subventions, donner l’impression aux Arabes que la France participait bien aux combats ! Il fut promu capitaine, à titre temporaire, pour être à équivalence de grade avec Lawrence, mais ce dernier qui refusait déjà la présence trop voyante d’officiers anglais à ses côtés, ne voulait a fortiori pas d’un Français, surtout à portée de main de Damas.

Massignon fut alors envoyé conseiller l’état-major d’une éphémère Légion Arabe, d’obédience anglo-française. Il passa une partie de son temps - comme l’avait fait Lawrence au Bureau Arabe, en Égypte - à interroger les prisonniers arabes incorporés dans l’armée ottomane pour les faire changer de camp, si nécessaire moyennant finances. Fin octobre, dans un rapport au Quai d’Orsay, il nota la montée du nationalisme parmi les membres de la Légion, musulmans pour la plupart. Il fit remarquer que tous rêvaient de libérer les pays arabes, y compris ceux d’Afrique du nord… une revendication idéaliste, écrivit-il, difficile à appuyer [9].

 Gilles Munier

Secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes (AFI).


Les articles de cet auteur



Les Espions de l’or noir est vendu par correspondance par la Librairie du Réseau Voltaire. Il s’adresse aux lecteurs ayant déjà une connaissance du Proche-Orient contemporain. Ils y découvriront avec plaisir la face secrète de personnages célèbres.



 

[1] L’orientaliste Louis Massignon, mort en 1962, est considéré comme le plus grand islamologue français.

[2] L’accusation d’espionnage, plus ou moins étayée, poursuivit Massignon toute sa vie. En mars 1953, Majallat al-Ahzar, revue de l’université d’al-Azhar, au Caire, l’accusa de ne s’intéresser aux mystiques que pour détourner les musulmans de la vraie foi. Elle le dénonça comme agent des missionnaires chrétiens. Certains nationalistes arabes n’étaient pas en reste. Ils le tenaient, comme beaucoup d’orientalistes, pour un hypocrite au service du colonialisme.

[3] Confrérie soufie, fondée en 1837, par Muhammad ibn Ali al-Sénoussi, originaire de la région d’Oran, en Algérie.

[4] Mansour al-Hallaj affirmait, notamment, que Dieu parlait par sa bouche, qu’il devait être tué pour échapper à la condition humaine et rejoindre la totalité divine.

[5] Le général Léon de Beylié avait effectué des fouilles en Mésopotamie, à Samarra et au Kurdistan, en 1907. Il est l’auteur de : L’Inde sera-t-elle russe ou anglaise ? Berger-Levrault, Paris, 1889, et Mon journal de voyage, de Lorient à Samarcande, F. Allier père et fils, Grenoble, 1889.

[6] Le corps démembré d’al-Hallaj ayant été jeté dans le Tigre, ses fidèles lui élevèrent plus tard un cénotaphe, tombeau symbolique, vide.

[7] Louis Massignon soutiendra sa thèse en 1922. Il publiera : La Passion de Al-Hallaj, Gallimard, Paris, 1975, et Al-Hallaj, Recueil d’oraisons et d’exhortations du martyr mystique de l’Islam, J. Vrin, Paris, 1975.

[8] Samarra, située à 135 kilomètres au nord de Bagdad, était au IXème la capitale de l’Irak. Ses vestiges s’étendent sur trente kilomètres le long du Tigre. Ses monuments les plus connus sont la Malwiya, un minaret hélicoïdal, la Grande mosquée du Vendredi et la mosquée al-Askariya, recouverte de tuiles d’or, près de laquelle Muhammad, 12ème imam chiite – le Mahdi - a été occulté en 874.

[9] Keryell, Jacques (sous la direction de), Louis Massignon et ses contemporains, Karthala, Paris, 1997.


http://www.voltairenet.org/article160326.html

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:41

Hugo Chávez et les médias privés

par Salim Lamrani
*


La Commission nationale des télécommunications vénézuelienne a entrepris de récupérer les fréquences hertzienne illégalement occupées par les médias de quelques grandes familles pour les redistribuer. Immédiatement les oligarques ont dénoncé une « violation de la liberté d’expression » et ont reçu l’appui de leurs homologues occidentaux via les médias qu’ils détiennent et, bien sûr, de Reporters sans frontières, fidèle chien de garde de la sujétion de l’information aux intérêts de Washington.




9 août 2009

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Pays
Venezuela

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Guillermo Zuloaga Núñez, Pdg de Globovision, avait activement participé au coup d’État militaire avorté de 2002. Il vient d’apporter son soutien aux putschistes honduriens et a appelé à suivre leur exemple au Venezuela.

Le 2 août 2009, Reporters sans frontières (RSF) a publié un communiqué dénonçant la fermeture de « trente-quatre médias audiovisuels sacrifiés par caprice gouvernemental » au Venezuela. L’organisation parisienne « proteste avec vigueur contre la fermeture massive de médias audiovisuels privés » et s’interroge : « Est-il encore permis d’émettre publiquement la moindre critique envers le gouvernement bolivarien ? Cette fermeture massive de médias réputés d’opposition, dangereuse pour l’avenir du débat démocratique, n’obéit qu’à la volonté gouvernementale de faire taire les voix discordantes, et ne fera qu’aggraver les divisions au sein de la société vénézuélienne [1] ».

RSF fait référence à la décision prise le 1er août 2009 par la Commission nationale des Télécommunications (Conatel) de retirer la fréquence à trente-quatre stations de radio et télévision [2]. Selon RSF, la décision serait uniquement motivée par le fait que ces médias se soient montrés critiques à l’égard du gouvernement d’Hugo Chávez. En un mot, il s’agirait d’un acte politique pour museler la presse d’opposition. Cette version a été reprise par la grande majorité des médias occidentaux [3].

Or, la réalité est tout autre et a été soigneusement occultée par RSF et les transnationales de l’information dans le but de tromper l’opinion publique et de transformer le gouvernement le plus démocratique d’Amérique latine (Hugo Chávez s’est soumis à quinze processus électoraux depuis son accession au pouvoir en 1998 et en a remporté quatorze lors de scrutins salués par l’ensemble de la communauté internationale pour leur transparence) en un régime portant gravement à la liberté d’expression.

En effet, la décision de la Conatel aurait été prise dans n’importe quel pays du monde dans une situation similaire. Plusieurs radios ont délibérément ignoré une citation de la Commission destinée à vérifier l’état de la concession et à actualiser leur situation. Après enquête, la Conatel a découvert de nombreuses irrégularités telles que l’existence de concessionnaires décédés dont la concession était utilisée illégalement par une tierce personne, le non-renouvellement des démarches administratives obligatoires, ou tout simplement l’absence d’autorisation d’émettre. Or, la loi vénézuélienne, similaire à celles du reste du monde, stipule que les médias ne renouvelant pas leur concession dans le délai légal ou émettant sans autorisation perdent leur fréquence, et celle-ci revient dans le domaine public. Ainsi, trente-quatre stations qui émettaient de manière illégale ont perdu leur concession [4].

En réalité, la décision de la Conatel, loin de limiter la liberté d’expression, a mis fin à une situation illégale et a ouvert une politique de démocratisation du spectre radioélectrique vénézuélien afin de le mettre au service de la collectivité. En effet, au Venezuela, 80 % des radios et télévisions appartiennent au domaine privé, alors que seules 9 % d’entre elles se trouvent dans le domaine public, le reste étant dévolu aux secteurs associatif et communautaire. De plus, l’ensemble des médias privés vénézuéliens se trouvent concentrés entre les mains de 32 familles [5].

Ainsi, une mesure prise par la Conatel pour mettre fin à une situation illégale a été complètement manipulée par RSF et les médias occidentaux.

RSF a pris fait et cause pour l’opposition vénézuélienne, responsable d’un coup d’État contre Chávez en avril 2002, putsch immédiatement avalisée par l’organisation parisienne. RSF défend particulièrement la chaîne putschiste Globovisión, qu’elle considère comme le symbole de la liberté d’expression au Venezuela [6]. Néanmoins, elle omet de signaler qu’en plus de sa participation au putsch de 2002, Globovisión a soutenu le sabotage pétrolier la même année, a lancé un appel aux contribuables afin de ne pas s’acquitter de leurs impôts et a appelé à l’insurrection et à l’assassinat du Président Chávez [7].

Dernièrement, Globovisión a apporté son soutien à la junte putschiste du Honduras qui a renversé le Président démocratiquement élu José Manuel Zelaya, unanimement condamnée par la communauté internationale [8]. Le propriétaire de la chaîne Guillermo Zuloaga Núñez a ainsi reconnu le gouvernement illégal de Micheletti tout en lançant un appel au coup d’État : « Le gouvernement auto-proclamé de Micheletti respecte la Constitution et nous aimerions, nous aimerions vraiment qu’ici au Venezuela on respecte la Constitution comme on est en train de la respecter au Honduras [9] ».

RSF ne défend pas la liberté d’expression au Venezuela. Elle préfère se ranger aux côtés des ennemis de la démocratie.

 Salim Lamrani

Enseignant chargé de cours à l’Université Paris-Descartes et à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis. Auteur de Cuba face à l’empire : Propagande, guerre économique et terrorisme d’État, dernier ouvrage publié en français : Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme.


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[1] Reporters sans frontières, « Trente-quatre médias audiovisuels sacrifiés par caprice gouvernemental », 2 août 2009 (site consulté le 3 août 2009).

[2] Site officiel de la Conatel.

[3] Agencia Bolivariana de Noticias, « Productores independientes respaldan suspensión de emisoras radiales ilegales », MP3, 4 août 2009.

[4] Fabiola Sanchez, « Radios desafían a Chávez operando por internet », The Associated Press, 3 août 2009.

[5] Thierry Deronne, « Au Venezuela, la bataille populaire pour démocratiser le ‘latifundio’ des ondes », Vive-fr.org, 2 août 2009 ; Agencia Bolivariana de Noticias, « Medida de Conatel no afectará libertad de expresión e información en Venezuela », 4 août 2009.

[6] Reporters sans frontières, « Le gouvernement accélère sa croisade contre les médias privés en voulant modifier les lois et les règles », 21 juillet 2009.

[7] Salim Lamrani, « Reporters sans frontières contre la démocratie vénézuélienne », Réseau Voltaire, 2 juillet 2009.

[8] « Résolution de l’Assemblée générale de l’ONU sur la situation au Honduras » et « Résolution de l’Organisation des États américains (OEA) relative à la suspension du Honduras », 30 juin et 4 juillet 2009.

[9] Agencia Bolivariana de Noticias, « Goblovisión apoya marcha a favor de gobierno golpista en Honduras », 22 juillet 2009.



http://www.voltairenet.org/article161543.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:36
Samedi 09 Mai 2009



Guerre 1941-1945: une victoire qui a coûté cher

La Russie est le pays qui a perdu le plus de soldats et de civils lors de la dernière guerre. Mais malgré tout, Sarkozy ne parle que des Américains...

 

 

Guerre 1941-1945: une victoire qui a coûté cher

 

Par Dmitri Babitch, RIA Novosti

 

Pendant la perestroïka (réformes sociales et économiques de 1985 à 1991 en URSS), il a été admis de s'indigner: que dira-t-on de notre pays, si nous ne connaissons pas le nombre exact de pertes essuyées dans la Grande Guerre Patriotique? L'expérience mondiale est un bon médicament contre le complexe d'infériorité. De nombreux autres pays, y compris l'Allemagne, notre principal adversaire dans cette guerre, se heurtent aux mêmes problèmes. La RFA avait rendu public en 1953 le bilan "presque définitif" des pertes: 6.500.000 morts, dont 3.250.000 militaires. Il est vrai, les auteurs du rapport gouvernemental avaient ajouté que le "bilan réel serait plutôt plus élevé" que les chiffres cités en 1953. Selon des sources officielles, le bilan des pertes militaires allemandes est évalué aujourd'hui à 5.533.000 personnes, mais, évidemment, ce chiffre n'est pas non plus définitif.

En Russie, presque personne ne conteste le terrible bilan de 26,6 millions de pertes dites démographiques, établi en 1993 par un groupe de chercheurs avec à leur tête le conseiller du Centre historique des forces armées russes Grigori Krivocheïev. Le dilemme est ailleurs: comment déterminer les pertes au cours des combats dont la responsabilité n'incombe qu'aux chefs militaires? Les employés du ministère russe de la Défense qui accomplissent ces derniers temps, à la demande du président Dmitri Medvedev, les travaux visant à établir la base électronique des pertes militaires ont annoncé des chiffres sensationnels.

"D'après nos estimations, les pertes militaires générales de l'Armée Soviétique se sont chiffrées à 8.668.400 personnes, a déclaré Alexandre Kiriline, chef du Département du ministère de la Défense pour la commémoration des morts pour la Patrie. Bien entendu, ce chiffre n'est pas définitif. Il peut s'accroitre de 100, 200, voire 300.000 personnes, mais pas de millions".

L'historien militaire indépendant Alexeï Issaïev estime que le rapport entre les pertes soviétiques et allemandes de 1 à 2 fut le même durant la majeure partie de la guerre, bien qu'il ait atteint 1 à 3, même 1 à 4 aux moments les plus difficiles, surtout durant l'année tragique de 1941. D'ailleurs, à cause du chaos qui régnait lors du recul de l'armée soviétique au début de la guerre, les statistiques militaires de 1941 contiennent d'immenses "taches blanches": selon l'affirmation d'Alexandre Kiriline, les soldats de nombreuses unités qui se trouvaient dans l'encerclement furent considérés comme morts, alors que beaucoup d'entre eux gagnèrent ensuite les leurs et continuèrent à combattre. Les Allemands se heurtèrent aux mêmes difficultés en 1945, lorsque, selon Alexeï Issaïev, de nombreuses pertes ne furent pas prises en compte à cause de l'état déplorable des bureaux de statistiques du Reich qui tombait en ruines.

Alexandre Kiriline et d'autres employés de son département affirment que les prisonniers de guerre soviétiques péris dans la captivité nazie, ainsi que 103.000 personnes fusillées pour désertion, selon le verdict des tribunaux soviétiques, font également partie de ces pertes de 8,68 millions.

Il convient de signaler que la question relative aux prisonniers de guerre ne sera probablement pas élucidée entièrement. Selon les estimations du Département, il y avait environ 4,5 millions de prisonniers de guerre soviétiques, dont environ 2 millions sont retournés dans le pays. Il est difficile d'établir le sort des autres. La majeure partie d'entre eux sont certainement morts en captivité, mais 390.000 à 700.000 d'autres ont choisi de s'installer dans des Etats occidentaux ou de rester en Allemagne et dans d'autres pays de captivité. "Les Américains nous transmettent actuellement des données sur certains d'entre eux", a fait savoir Alexandre Kiriline.

La base électronique plus ou moins définitive des pertes essuyées dans la Grande Guerre Patriotique sera soumise à l'opinion publique en mai de l'année prochaine. D'immenses pertes non militaires essuyées par l'URSS, essentiellement parmi les civils (18 millions de personnes), selon les nouvelles estimations, suscitent déjà des doutes. Mais puisque 32,400 millions de personnes firent alors l'objet de la mobilisation (mis sous les drapeaux) en URSS dans des périodes différentes, il devient difficile de séparer les pertes militaires des pertes civiles.

D'ailleurs, il est clair dès aujourd'hui que la base des pertes militaires ne cessera d'augmenter. Il faut avouer que la Seconde Guerre mondiale fut une catastrophe aussi épouvantable que nous n'apprendrons jamais toute la vérité sur elle, y compris le nombre exact de morts. Par conséquent, les débats ne cesseront pas, entre autres, sur des sujets aussi délicats que le nombre de victimes, la responsabilité de tel ou tel chef militaire, la contribution apportée à la victoire par tel ou tel pays, etc.

Espérons donc que l'heure viendra où tous ceux qui participent à ces débats s'occuperont tout d'abord de la recherche de la vérité, au lieu de discuter qui a combattu plus habilement et qui a souffert le plus. On peut manifester autrement ses sentiments patriotiques tant dans le pays natal qu'à l'étranger. La plupart des monuments érigés à la mémoire des 600.000 soldats soviétiques morts en Pologne, ainsi qu'à 700.000 autres morts dans les pays baltes sont dans un état déplorable. Le monument au Soldat libérateur n'est revenu à sa place au Treptow Park après la restauration qu'il y a cinq ans. L'Allemagne a financé elle-même la restauration de ce monument érigé en 1949 en y allouant 7 millions d'euros.

"L'état des mémoriaux militaires érigés en Russie est encore pire", fait remarquer Alexandre Kiriline. Notre pays compte 26.000 tombes communes et quelque 28.000 mémoriaux. Faits de matériaux bon marché dans les années 1950, ils tombent rapidement en ruines. Le ministère de la Défense et le Comité Victoire ont proposé un projet de programme fédéral de rétablissement de ces monuments. Ce programme échelonné sur 5 ans prévoit l'octroi de 10 milliards de roubles (229,4 millions d'euros). La lutte pour cet argent du ministère des Finances promet d'être dure.

Sources Ria Novosti

http://vladimir-poutine.activblog.com/article-542878.html

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:23

Un an après l’agression géorgienne

 
par Sergueï V. Lavrov
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Il y a un an, le régime de Saakachvili, encadré et armé par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, bombardait l’Ossétie du Sud. Protégeant ses ressortissants, la Russie intervenait, détruisait les bases israéliennes et entrait en territoire géorgien. Décontenancé par l’efficacité d’une armée russe que l’on disait obsolète, Washington dépêchait Nicolas Sarkozy auprès de Dmitry Medvedev pour négocier un cessez-le-feu. Aujourd’hui, Sergey Lavrov rappelle que seul le respect du plan Medvedev-Sarkozy peut garantir la paix en Transcaucasie.




8 août 2009

Depuis
Moscou (Russie)

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Pays
Ossétie du Sud

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Sergey Lavrov

Le 8 août, un an aura passé depuis les événements tragiques en Ossétie du Sud. Cette nuit-là, le régime de M.Saakachvili a perpétré une attaque inhumaine en félonne contre ses civils, ainsi que contre les pacificateurs russes, qui pendant plusieurs années ont défendu la paix et la sécurité des peuples, qui vivent dans la fragile région transcaucasienne.

Au cours de l’agression géorgienne ont été utilisés en masse les types d’armes inhumaines, y compris les sous-munitions, les lance-roquettes multiples, les bombes de 500 kilos. En résultat, des centaines de civils de Tskhinval et des localités avoisinantes sont morts, tout comme des dizaines de militaires russes, y compris les pacificateurs, et le nombre de blessés et des sinistrés est incommensurablement plus élevé. Il est jusqu’à présent impossible d’identifier beaucoup de morts. L’échelle des destructions était vraiment horrible.

L’énorme quantité de victimes, l’apparition de milliers de réfugiés témoignent, qu’il ne s’agit pas d’une « erreur » ou d’un « hasard », mais des agissements criminels prémédités. Cela est clairement confirmé par les documents prises à l’armée géorgienne, y compris le fameux plan « Champ libre ».

Les citoyens russes ressentent de la colère et du mal, en se rappelant les événements d’août dernier. Nous pleurons avec le peuple sud-ossète, nous vénérons la mémoire des morts, nous promettons de continuer notre aide à tous les blessés au cours du conflit.

Les événements tragiques en Ossétie du Sud ont de nouveau montré à toute la communauté internationale l’absence d’alternative aux moyens de négociations pacifiques pour régler les différends et conflits. Malheureusement, au prix de la vie des innocents. Cela n’est ni ne sera jamais excusable : les criminels militaires doivent subit la punition appropriée. L’histoire actuelle de l’Europe connaît plusieurs exemples à ce propos.

L’agression barbare de la Géorgie contre l’ex-partie de son propre état a mis en lumière de façon parlante les profondes failles dans le système d’alors de la sécurité européenne. Elle s’est avérée incapable de prévenir les attaques surprises et à large échelle sur les territoires, qui se trouvent dans le collimateur des institutions internationales importantissimes.

La Fédération de Russie a de manière consécutive défendu les principes politiques du règlement pacifique en Transcaucasie, servi de médiateur impartial et de bonne foi aux négociations dans le cadre de l’ONU et de l’OSCE. Pendant 17 années, nous avons rempli les fonctions pacificatrices importantes, nous avons été prêts – en cas de l’obtention du règlement – à se charger du rôle de garant dans les accords des parties en conflit. Cependant, les autorités géorgiennes ont préféré fusiller l’intégrité territoriale de leur état à lance-roquettes multiples, en tirant la croix sur le rétablissement de la communauté interethnique avec les ethnies voisines. Qui plus est, dans les premiers jours après l’effusion du sang de Tskhinval, le régime de M.Saakachvili a aggravé encore plus la situation, essayant d’accuser la Russie du déclenchement du conflit et continuant de menacer ses voisins.

Dans ces conditions, nous n’avions pas d’autre voie pour garantir la paix et la sécurité des peuples de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie que de reconnaître leur indépendance, leur offrir le libre choix démocratique de leur propre développement étatique et national. La Russie a été la première à avoir le courage de prendre conscience de la réalité objective. C’était la décision la plus efficace, à laquelle tous ont gagné, même ceux, qui ne veulent pas le reconnaître.

La présence de nos militaires et gardes-frontière sur la base des accords bilatéraux, qui ont passé la ratification dans les parlements, est absolument légitime. Elle garantit la sécurité fiable des républiques, crée les conditions pour leur développement indépendant. La Russie poursuivra son aide socioéconomique d’envergure aux peuples frères de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, avant tout dans les problèmes du rétablissement des habitations et de l’infrastructure civile, ainsi que son assistance dans la défense de leurs états et de leurs frontières.

Un an après l’agression géorgienne, les peuples de la Transcaucasie font néanmoins toujours face à plusieurs défis et problèmes. Le principal en reste la politique de la revanche et la perspective de la récidive des actions de force de la part de la Géorgie. Malgré l’échec de l’aventure d’août, les autorités de Tbilissi, aussi loin que l’on comprenne, n’entendent pas abandonner leurs projets de rétablissement par la force de « l’intégrité de la Géorgie ». C’est pourquoi nous insistons sur la prise des obligations juridiques sur le non-usage de la force. Ceci dit, ces obligations ne doivent pas être inconditionnellement contractées par Géorgie en application à la Russie, mais concerner les républiques voisines – l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Ce n’est qu’ainsi que Tbilissi peut rétablir au moins la confiance minimale à son égard de la part des pays voisins et de la communauté internationale. Les accords sur le non-usage de la force doivent comprendre les nettes garanties de la sécurité des peuples de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Cela préviendra la répétition de la tragédie. Tous les états et peuples démocratique doivent être intéressés à éviter les nouvelles vagues de violence dans la région.

Il est aussi difficile de surestimer le besoin pour tous pays de s’abstenir pendant longtemps des livraisons en Géorgie d’armes offensives, et idéalement – de toute sorte d’armes et de matériel de guerre. Les livraisons en masse d’armes de l’étranger de ces dernières années ont créé chez les autorités géorgiennes l’illusion de l’impunité et de la permissivité, généré la tentation de régler leurs problèmes par voie militaire. Les conséquences néfastes de cela sont aujourd’hui évidentes. La communauté internationale doit faire preuve d’approche responsable dans ce problème et reconnaître les nouveaux changements géopolitiques, formés en Transcaucasie après les événements d’août.

Les tentatives d’agir comme si de rien n’était, le fait d’ignorer l’existence entièrement indépendante de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ont finalement fait fermer dans ces pays et en Géorgie des présences internationales, dont l’aide aux peuples de la région était en général utile. Ce n’était pas le choix que nous faisons. Ce n’est pas à la Russie qu’incombe la responsabilité pour le retrait des missions internationales, quelques tentatives que l’on fasse pour le faire croire.

Néanmoins, nous entendons, que si toutes les parties concernées tirent des leçons et des conclusions appropriées de la tragédie de l’août dernier, la communauté internationale sera capable d’établir l’interaction constructive en Transcaucasie. Les principales voies pour le faire résident dans le plan Medvédev-Sarkozy, dont la Russie applique entièrement et inconditionnellement les clauses et les appliquera dans l’avenir. Ce n’est que par les efforts conjoints que nous pouvons maintenir la paix sur notre continent européen.

Les événements d’août 2008 vont encore longtemps rester au centre de l’attention des politiques et des politologues. L’essentiel est que le processus de leur analyse ne devienne pas l’otage des approches idéologisées ou de blocs, mais contribue à la recherche des voies et des moyens adéquats de la garantie de la stabilité et de la sécurité en Transcaucasie.

 Sergueï V. Lavrov

Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

http://www.voltairenet.org/article161546.html

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liste complète (blog Chiron)




Samedi 09 Mai 2009 

 

Les complots en Géorgie:

de Gamsakhourdia à Saakachvili


Par Dmitri Babitch, RIA Novosti

 

 

Depuis que la Géorgie indépendante a ses propres présidents, ces malheureux font constamment l'objet d'attentats, de terribles complots auxquels participent les services secrets étrangers. Quant aux militaires géorgiens, ils ne font que tramer des coups d'Etat contre leur haut commandant. Il est à noter que la plupart du temps, le président échappe à ces attentats, complots et autres coups d'Etat, dont il ressort sain et sauf, tandis que ses adversaires politiques sont jetés en prison ou tués. Un bref rappel des souffrances endurées par les dirigeants géorgiens permettra peut-être au lecteur de mieux saisir le sens et les dessous de la récente mutinerie survenue dans la base militaire géorgienne de Moukhrovani. Celle-ci se trouve à 30 km de Tbilissi, et la mutinerie a été révélée par le vaillant président Mikhaïl Saakachvili et ses acolytes.

Le premier président de la Géorgie indépendante, Zviad Gamsakhourdia, fit exception à la règle, en étant la véritable victime du coup d'Etat militaire commis par Tenguiz Kitovani et Djaba Iosseliani en 1991. A vrai dire, ce coup d'Etat avait été davantage l'oeuvre d'éléments criminels que de militaires.

Edouard Chevardnadze, ancien ministre des Affaires étrangères de l'URSS, ramené de Moscou par ces mêmes Kitovani et Iosseliani au début de 1992, adopta dans un premier temps un comportement modeste, se faisant appeler non pas "président", mais tout simplement "chef de l'Etat". Tant qu'il s'en tint à ce statut, il ne fut pas l'objet d'attentats. Mais, à l'approche de l'élection présidentielle prévue pour l'automne 1995, la menace de putschs et d'attentats était littéralement en suspens dans l'air. Le 29 août 1995, une voiture piégée explosa près de la voiture blindée d'Edouard Chevardnadze. Quelques minutes après, le système politique de la Géorgie changea. Les principaux adversaires de Chevardnadze qui demeuraient en liberté furent considérés comme étant des conspirateurs et se retrouvèrent peu après derrière les barreaux. Quant à Chevardnadze, il apparut à la télévision quelques minutes après cette terrible explosion pour donner une interview télévisée en maillot de corps, blessé au visage par un éclat de verre. Et il remporta l'élection de novembre 1995 en recueillant 75% des voix "pour".

C'est à cette époque, en 1995, que prit corps cette formule classique du coup d'Etat militaire avorté en Géorgie, qui fut exploitée par la suite à maintes reprises tant par Chevardnadze que par Saakachvili. Cette "formule" doit comporter trois ingrédients. Premièrement, il doit y avoir une explosion ou des tirs, desquels le président ressort sain et sauf. Deuxièmement, le soir même, tous les conspirateurs sont identifiés et arrêtés, et des armes sont découvertes à leur domicile. Troisièmement, le complot est obligatoirement orchestré depuis la Russie. L'ancien ministre de la Sécurité, Igor Guiorgadze, fut accusé d'avoir fomenté l'attentat de 1995 et d'être un espion russe. Les attentats et les complots suivants ont étrangement coïncidé avec des élections ou autres situations complexes ayant vu la cote de popularité des présidents géorgiens chuter. Jugez-en vous-mêmes.

9 février 1998: la Mercedes de Chevardnadze est attaquée au lance-grenades "Moukha", mais le président, âgé de 70 ans, s'en sort sans contusions, alors même que la roquette tirée sur sa voiture aurait pu détruire un char. Le président accorde immédiatement toute une série d'interviews, qui font remonter sa cote de popularité à la veille de l'élection. Les traces des malfaiteurs conduisent en Ossétie du Nord où ils sont appréhendés, on ne sait trop pourquoi, par la police de la Russie "impériale".

Mai 1999: le Service de sécurité géorgien annonce avoir déjoué un complot contre Edouard Chevardnadze. Douze personnes sont arrêtées, dont le général Goudjar Kourachvili, ancien commandant des troupes terrestres géorgiennes. Ils sont tous emprisonnés, car ils se fixaient pour objectif d'éliminer physiquement le président du pays, le président du parlement et les responsables des "ministères de force". Les déclarations du général Kourachvili, selon lesquelles il n'avait jamais eu de telles intentions, ne sont pas prises en considération. L'attention de l'opinion publique est ainsi détournée des événements dans les gorges du Pankissi où sévissent les terroristes tchétchènes, qui enlèvent des personnes venues même de Tbilissi.

25 mai 2001: nouvelle tentative de coup d'Etat. Un bataillon de la garde nationale quitte son cantonnement pour envahir la base de Moukhrovani. Chevardnadze négocie avec les émeutiers, après quoi ceux-ci regagnent leur base.

Mai 2003: le président de l'Assemblée législative municipale de Tbilissi, Mikhaïl Saakachvili, révèle l'existence d'un plan de destitution anticipée d'Edouard Chevardnadze, élaboré avec l'aide des services secrets russes. Parmi les conspirateurs, figurent les ministres de l'Intérieur et de la Sécurité d'Etat, ainsi que le ministre d'Etat Djorbenadze, formellement le numéro deux du pays. Le but du complot est de prévenir l'éventuel transfert du pouvoir de Chevardnadze au président du parlement Zourab Jvania, que Saakachvili considère comme son allié.

23 novembre 2004: la "révolution des roses" qui a lieu en Géorgie place au pouvoir des personnalités présentées comme nouvelles. Cependant, les trois chefs de l'"insurrection" - Mikhaïl Saakachvili, Zourab Jvania et Nino Bourdjanadze - doivent leur carrière politique à Edouard Chevardnadze.

6 septembre 2006: Tbilissi annonce la découverte d'un complot organisé par le mouvement d'opposition Anti-Soros. Toute une série de militants de l'opposition sont arrêtés, et notamment la "walkyrie" du mouvement national-démocrate, Irina Sarichvili, ainsi que des membres du parti Justice d'Igor Guiorgadze.

Décembre 2007: l'ancien magnat de la télévision russe, Badri Patarkatsichvili, plus grosse fortune de Géorgie, est accusé de complot et de tentative de coup d'Etat. Ses partisans, semble-t-il, prévoyaient d'organiser des désordres massifs après l'élection présidentielle de janvier 2008 afin de destituer Mikhaïl Saakachvili. Peu après, Badri Patarkatsichvili meurt subitement en émigration.

Mars 2009: des militants du Mouvement démocratique pour la Géorgie unie, le parti de Nino Bourdjanadze, sont arrêtés pour recel d'armes et tentative de déstabiliser la situation dans le pays. Nino Bourdjanadze déclare qu'elle ne serait pas étonnée que l'on découvre chez elle "de la drogue, des armes nucléaires ou chimiques".

Après toute cette énumération, il apparaît clairement que la mutinerie intervenue récemment dans une base militaire n'est qu'un maillon d'une très longue chaîne de complots. On peut se prendre à soupçonner que les dirigeants géorgiens, qui luttent passionnément contre la "Russie stalinienne", n'ont pas perçu le stalinisme qui existe chez eux. Les derniers complots rappellent même de plus en plus non pas le "bloc trotskiste-zinoviéviste", mais le tunnel Bombay-Londres du célèbre film géorgien "Le Repentir", que le personnage principal était accusé - ce qui était vraiment le comble de l'absurdité - d'avoir voulu creuser.

Sources Ria Novosti

 
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:20

Le contentieux Paraguay-Brésil
Barrage d’Itaipu : accord historique ou impérialisme brésilien ?

par Cécile Lamarque
*


Après 10 mois d’âpres négociations, le président brésilien Lula da Silva et son homologue paraguayen Fernando Lugo ont annoncé samedi 25 juillet la conclusion d’une Déclaration qualifiée d’« historique » sur l’exploitation du barrage hydroélectrique d’Itaipu. Forte de 31 points qui recouvrent divers aspects des relations commerciales, énergétiques, migratoires et de l’intégration régionale, et avec des avancées concernant la libre disponibilité et le prix de l’énergie paraguayenne cédée au Brésil, cette Déclaration cache cependant mal la volonté hégémonique du géant brésilien. Si d’aucuns y voient la pleine satisfaction des revendications paraguayennes et une avancée majeure vers la récupération du contrôle de ses ressources naturelles, la Déclaration s’apparente davantage à une « feuille de route » mue par les visées impérialistes du Brésil et visant à calmer les velléités du gouvernement paraguayen de sortir du giron brésilien.




4 août 2009

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Brésil
 Paraguay

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Située sur le fleuve Paraná, à la frontière entre le Paraguay et le Brésil, la centrale hydro-électrique d’Itaïpu s’étend sur 7,2 km de long. Elle est la plus puissante au monde après celle des Trois gorges en Chine.

Le gouvernement paraguayen de Fernando Lugo qui est entré en fonction en août 2008 a entrepris des négociations avec celui de Lula au Brésil pour réviser le traité d’Itaipu, qui fixe l’usage des ressources hydroélectriques relevant de leur souveraineté commune au sein de l’entreprise binationale Itaipu [1]. En effet, ce traité largement déséquilibré au profit du Brésil, conclu à l’époque où les deux pays vivaient sous des dictatures militaires, ôte au Paraguay toute souveraineté sur ses ressources hydroélectriques. Après 10 mois de négociations, marquées fin 2008 par la reconnaissance des revendications paraguayennes les moins préjudiciables aux intérêts brésiliens [2], la Déclaration sur l’exploitation du barrage d’Itaipu conclue samedi 25 juillet entre le président brésilien Lula et son homologue paraguayen Lugo marque un pas en avant dans les négociations et vers la récupération de la souveraineté du Paraguay, aussi longtemps désirée qu’ajournée. Cependant, sous couvert de « respect strict des droits humains, de la souveraineté et de l’autodétermination de peuples », cette Déclaration confirme la volonté impérialiste du géant brésilien.

Maintenir jusqu’en 2023 l’énergie paraguayenne sous la tutelle brésilienne

L’avancée la plus concrète porte sur le prix de l’énergie cédée à Brasilia. En effet, le Traité d’Itaipu, tel qu’il est appliqué depuis 36 ans, viole le droit du peuple paraguayen à disposer librement de ses ressources naturelles [3]. Ses dispositions organisent le partage à part égale de l’énergie produite par les installations d’Itaipu entre les deux pays et donnent à chacune des parties le droit d’acquérir la part d’énergie non consommée par l’autre (article 13). Le Paraguay, qui ne consomme que 5 % de sa part d’énergie (il ne compte que 6 millions d’habitants contre 184 millions pour le Brésil), est contraint de céder son excédent de 95 % au Brésil, au prix de revient, ou presque. Au sein de la commission de renégociation d’Itaipu, l’État paraguayen revendique donc tout naturellement, dans les six points de la renégociation [4], l’exercice de son droit souverain et inaliénable à la libre disponibilité de ses ressources hydroélectriques, en refusant de vendre exclusivement son électricité au Brésil, et en demandant un prix juste pour l’énergie qu’il cède au Brésil afin de dégager plus de ressources financières.

Le 25 juillet, Lula a accepté de tripler le facteur multiplicateur sur base duquel est calculé le prix de l’énergie cédée au Brésil via la compagnie brésilienne Electrobras. Passant de 5,1 à 15,3, le Brésil versera ainsi annuellement environ 360 millions de dollars au Paraguay pour la vente d’électricité à son immense voisin, contre 120 millions actuellement. Cette mesure entrera en vigueur en 2010 et doit être au préalable soumise à l’approbation du Congrès brésilien, dont on connaît l’hostilité à l’égard des revendications paraguayennes...

Si cette avancée est à souligner, on est cependant loin du « prix juste » réclamé initialement par le Paraguay. Ricardo Canese, ingénieur spécialiste en énergie et expert au sein de la Commission de renégociation du traité, estime qu’au prix du marché, le Paraguay devrait retirer pas moins de 4 milliards de dollars pour l’énergie qu’il vend au Brésil [5].

La Déclaration prévoit la possibilité pour le Paraguay de vendre graduellement l’énergie produite sur le marché brésilien, sans passer obligatoirement par la compagnie nationale brésilienne Electrobras, mais non à un pays tiers comme le demandait Asunción, une perspective repoussée à 2023. Ce dernier point, dans lequel le Brésil reconnaît le droit du Paraguay de vendre son énergie à des pays tiers à partir de 2023, ne constitue pas une avancée mais témoigne de l’inflexibilité de l’administration brésilienne et de ses prétentions à préserver ses intérêts sur l’énergie paraguayenne. En effet, le Traité d’Itaipu —à supposer qu’il soit légitime— est en vigueur jusqu’en 2023, date à laquelle le Paraguay pourra de toute façon exercer librement ce droit. Une fois les infrastructures en place (lignes, transformateurs, etc), le Paraguay doit donc pouvoir vendre librement au plus offrant. Par exemple, le Chili propose actuellement de payer entre 120 et 150 US$/MWh pour l’énergie paraguayenne, tandis que sur le marché brésilien les prix fluctuent entre 60 et 70 US$/MWh [6]. De plus, certains analystes considèrent que la vente exclusive sur le marché brésilien jusqu’en 2023 est une victoire en demi-teinte puisque les Brésiliens seront alors encore en mesure d’influer sur la fixation des prix [7].

En outre, la Déclaration fait montre explicitement des visées brésiliennes sur les autres sources d’énergies hydroélectriques paraguayennes dans son point 8, qui prévoit la mise en place d’un groupe de travail composé des deux entreprises nationales d’électricité, l’Administración Nacional de Electricidad (ANDE, Paraguay) et Electrobras (Brésil), afin « d’examiner dans quelles conditions l’ANDE peut commercialiser sur le marché brésilien l’énergie de l’entreprise hydroélectrique d’Acaray et, ensuite, du barrage de Yguazú quand il sera opérationnel, ainsi que les excédents disponibles issues d’autres sources du Paraguay ». Alors qu’il réclame un prix du marché pour son énergie issue d’Itaipu, sans autre examen, le Paraguay devrait logiquement vendre l’énergie issue des autres barrages au prix du marché sans recourir à ce groupe de travail bi-national ! À défaut, on comprendrait mal la lutte historique pour la récupération de la souveraineté hydroélectrique si c’est pour reproduire les mêmes travers via de nouveaux accords favorables au Brésil !

L’annulation des dette illégitimes d’Itaipu vs les prêts de la BNDES

Dans la Déclaration, sans qu’il soit clairement fait mention du caractère illégitime des dettes dont le Paraguay réclame l’annulation [8], Fernando Lugo a toutefois « informé sur l’audit que la Contraloría Generale de la République du Paraguay réalise sur la dette de Itaipú Binacional, et son intention de transmettre ses conclusions à la partie brésilienne ». Le Brésil s’était jusqu’à lors refusé à aborder la problématique de la dette d’Itaipu, au cœur du mécanisme visant à dépouiller le Paraguay de sa souveraineté. Le fait que le Brésil accepte d’inclure expressément à la Déclaration le processus d’audit mené au Paraguay, est donc en soi un pas important.

Face à la juste revendication paraguayenne de procéder à l’annulation des dettes illégitimes au cours de négociations précédentes, le Brésil avait opposé à titre de compensations l’octroi de prêts liés aux entreprises brésiliennes pour financer des projets productifs au Paraguay, alors même que les présidents Lugo et Lula, réunis à l’occasion du Forum social mondial en janvier au Brésil, étaient convenus de ne pas inclure la question des prêts dans les négociations d’Itaipu [9]. Entre autres points de discordes, cette proposition, jugée à juste titre inacceptable par l’équipe paraguayenne de renégociation du Traité, avait fait échouer les négociations en janvier et avril 2009.

Dans la présente Déclaration, sans l’opposer ou la lier directement à l’annulation des dettes, Lula n’a cependant pas manqué de réitérer « l’offre de financements en des termes favorables, avec des ressources de la BNDES (Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social - Brésil) et de PROEX (Programme de Financement des Exportations), pour des ouvrages d’infrastructure d’intérêt pour le gouvernement paraguayen », alors qu’on croyait ce point définitivement exclu de l’agenda des négociations d’Itaipu. La BNDES est la Banque nationale de développement économique et social brésilienne, créée pour soutenir l’expansion des grandes entreprises brésiliennes.

En outre, des législateurs et grands industriels brésiliens n’ont pas tardé à réagir à la Déclaration commune. Déjà, les premières objections quant à la hausse du prix versé par le Brésil pour l’énergie cédée par son voisin pleuvent, et le ministre des Mines et de l’Énergie du cabinet de Lula, Edison Lobão, a corrigé le tir : le Brésil ne procéderait pas au paiement des 360 millions de dollars mais celui-ci se matérialiserait au travers d’une réduction des intérêts de la dette d’Itaipu payés par le Paraguay au Brésil ! [10]

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Un brin paternaliste, le président brésilien Lula da Silva félicite son homologue paraguayen Fernando Lugo.
Auprès de la BNDES tu t’endetteras. Les intérêts des firmes brésiliennes tu serviras

La Déclaration transpire de la volonté brésilienne de mettre le Paraguay au service des entreprises brésiliennes afin de leur garantir des contrats ou des investissements. Dans ses articles 21 à 24, la Déclaration met en évidence la nécessité d’avancer, dans le cadre du développement des couloirs bio-océaniques liés à l’Initiative d’intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA) [11], dans la construction d’une série de infrastructures, supposées bénéfiques à l’économie des deux pays et de la région (ponts entre les deux pays, interconnexions ferroviaires, etc), et qui bénéficieront des prêts de la BNDES et d’autres agences brésiliennes.

La BNDES dispose d’un portefeuille de prêts de 22 milliards de dollars (plus que la Banque mondiale) et apporte les principaux capitaux des méga projets de l’IIRSA. Les pays qui bénéficient de ces prêts « ne pourront pas employer leurs propres entreprises de construction pour ces travaux financés par la BNDES. Ils seront obligés d’engager des constructeurs brésiliens », parmi lesquels se distinguent Odebrecht, Andrade Gutierrez, Camargo Correa, Queiroz Galvao, etc. De plus, « la BNDES exige que tout le matériel pour les travaux soit importé du marché brésilien » [12].

Au début du XXIe siècle, la nation la plus puissante d’Amérique du Sud entend réaliser ses desseins géostratégiques, non par la conquête militaire —mentionnons la Guerre de la Triple Alliance contre le Paraguay qui a mis fin à l’expérience la plus aboutie de construction nationale anti-oligarchique, anti-impérialiste et anti-libérale en Amérique latine au cours du XIXème siècle [13]— mais par de grands travaux d’intégration régionale et l’expansion de ses principales entreprises. La stratégie brésilienne est on ne peut plus claire et les différends qui opposent ses entreprises aux pays voisins se multiplient. À titre d’exemple, en 2006, par décret présidentiel, la Bolivie a repris le contrôle du secteur des hydrocarbures, remis aux mains de compagnies privés étrangères au cours des années 1980 et 1990, dont la brésilienne Petrobras. Le président Lula a été mis sous pression par la droite brésilienne pour qu’il dénonce la décision bolivienne mais il n’a finalement pas eu d’autre choix que de reconnaître la validité et les effets juridiques de cet acte. Un autre exemple récent est l’expulsion d’Équateur par le président Rafael Correa de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht, qui bénéficie du soutien systématique de l’État brésilien, pour inefficacité et corruption dans le cadre de la construction d’une centrale hydroélectrique (la centrale San Francisco), financée grâce à un prêt de 243 millions de dollars accordé à l’Équateur par la banque brésilienne BNDES, dont le président équatorien a suspendu le paiement.

Entre diplomatie et démonstration de force. Touche pas aux « brasiguayos » !

Le président Lula a exprimé « sa reconnaissance pour l’hospitalité paraguayenne, qui accueille un nombre important de Brésiliens » dont Fernando Lugo convient qu’elle « se maintiendra imperturbable ». On peut y voir là une allusion aux « brasiguayos », ces entrepreneurs brésiliens, qui ont conquis les terres paraguayennes pour y implanter de grandes exploitations basées sur l’agriculture intensive dans un premier temps, et dernièrement le soja transgénique, et que le gouvernement brésilien craint de voir délogés par la réforme agraire au Paraguay, principal engagement lors de la campagne électorale qui a valu à Lugo un soutien populaire massif [14].

En octobre 2008, face aux occupations de plusieurs champs de soja de propriétaires brésiliens, notamment dans les régions de San Pedro et d’Alto Paraná, près de la frontière avec le Brésil, le gouvernement Lula n’a pas hésité à mobiliser des troupes pour défendre ses intérêts, après avoir émis début octobre 2008 le décret 6952, taillé sur mesure, par lequel il autorise des incursions militaires hors de ses frontières en cas d’une éventuelle « agression étrangère », définie dans l’article 2 comme suit : « des menaces ou des actes nuisibles vis-à-vis de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale, du peuple brésilien ou des institutions nationales, même si cela ne représente pas l’invasion du territoire national [15] ». A la mi-octobre et durant une semaine, 10 000 soldats brésiliens ont été dépêchés à la frontière du Paraguay dans le cadre de l’opération baptisée Frontera Sur II. Munis d’un lourd arsenal militaire (avions, tanks, munitions), cette opération a également mené un exercice au sein de l’entreprise Itaipu pour faire face à une éventuelle occupation par les mouvements sociaux ! Le gouvernement paraguayen n’a guère apprécié cette démonstration de force du Brésil et a dénoncé que le Brésil voulait négocier la paix des producteurs de soja en échange d’une petite augmentation du prix de l’énergie qu’il achète au Paraguay.

La révision des titres de propriétés des Brésiliens établis au Paraguay, acquis en grande partie illégalement sous la dictature du général Stroessner puis bradés sous les gouvernements successifs, est une mesure indispensable, au côté de celle des latifundistes nationaux, pour mettre fin à la scandaleuse concentration des terres et tendre vers la souveraineté alimentaire.

Ne pas céder face au géant brésilien

Les relations entre le Paraguay et le Brésil sont mises à l’épreuve sur le dossier énergétique. Du côté du Paraguay, les dirigeants pensent que Lula reste le meilleur interlocuteur sur le dossier Itaipu. Leur objectif stratégique est donc d’arriver à un accord sur Itaipu avant la fin du mandat de Lula en 2010. Les deux chefs d’État ont d’ailleurs convenu de se réunir trimestriellement afin d’apprécier l’application de la déclaration, ce qui laisse peu de temps pour traiter le litige. Du côté du Brésil, on peut percevoir à travers cette déclaration la double tentative de Lula en vue des élections : faire mine, d’une part, de répondre aux mouvements sociaux brésiliens qui soutiennent les revendications paraguayennes concernant l’injustice historique d’Itaipu et témoigner, d’autre part, à travers l’inclusion des points relatifs à la BNDES et aux grands projets de construction, de son soutien indéfectible aux capitalistes et aux entrepreneurs brésiliens.

À l’instar de la Bolivie et de l’Équateur, la posture du gouvernement paraguayen à l’égard du Brésil doit être ferme. Espérons que le Paraguay ne cédera pas face au géant brésilien, maintiendra ses revendications initiales pour la révision du Traité d’Itaipu et mènera un audit de la dette de l’entreprise binationbale Itaipu, qui a accumulé des milliards de dollars de dettes illégitimes, imputables en grande partie au Brésil et à ses entreprises, et dont la charge repose pour moitié sur la partie paraguayenne (soit 9,5 milliards de dollars). Cet audit reste en effet une mesure indispensable pour mettre en avant le poids de cette dette sur le peuple paraguayen [16] ainsi que le processus d’endettement illégitime d’Itaipu. Une des finalités de cet audit pourra alors être la répudiation de cette dette par le gouvernement paraguayen. Comme toujours, la réalisation de ces mesures progressistes dépendra de la pression des mouvements sociaux.

 Cécile Lamarque

Membre du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM).


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[1] Sur l’ancien évêque catholique Fernando Lugo, élu président du Paraguay, voir « Ex obispo es nombrado candidato presidencial en Paraguay », par Matías Mongan, et « Fernando Lugo, nuevo presidente de Paraguay », par TeleSUR, Red Voltaire, 1er et 22 avril 2008. On notera qu’il avait fait du réglement du contentieux Itaipu un de ses principaux thèmes de campagne électorale. Voir également « Fernando Lugo et les enjeux paraguayens », par Cécile Lamarque, CADTM, 23 mai 2008.

[2] La cogestion pleine pour l’administration de l’entreprise binationale ; la gestion commune des finances par la Contraloría du Paraguay et le Tribunal des comptes du Brésil ; terminer les travaux tel qu’il est prévu dans le Traité

[3] Article 1 commun aux deux Pactes de 1966 : “1. Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel. 2. Pour atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, sans préjudice des obligations qui découlent de la coopération économique internationale, fondée sur le principe de l’intérêt mutuel, et du droit international. En aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance. »

[4] Les experts paraguayens en charge du dossier ont remis à leurs homologues brésiliens un mémorandum qui contient les revendications du Paraguay, en six points : - disposer librement de l’énergie pour commercialiser l’excédent à d’autres pays qui offrent un meilleur prix - un prix juste pour l’énergie que le Paraguay cède au Brésil - la révision du passif d’Itaipú et la diminution du taux usurier (7,5%) appliqué par Electrobrás - la cogestion pleine ou alternance pour l’administration des directions techniques et financières - la gestion commune des finances par la Contraloría du Paraguay et le Tribunal des comptes du Brésil - terminer les travaux tel qu’il est prévu dans le Traité.

[5] Raul Zibechi, « Paraguay : el fin de la dictadura colorada », La Jornada, 25 avril 2008,

[6] Voir « Sostiene el ingeniero Ricardo Canese : El acuerdo con Brasil avanza hacia la soberanía energética », ABC digital, 26 juillet 2009.

[7] Voir entre autres « Focalizar venta solo al Brasil sería un error » et « Ségun Gonzalo Quintana, la soberanía sigue pendiente », ABC Digital, 26 juillet 2009.

[8] « Le traité d’Itaipu entre le Paraguay et le Brésil : un scandale qui a trop duré », par Cécile Lamarque, CADTM, 17 décembre 2008. 

[9] « Entrevista a Ricardo Canese : “ La defensa de la soberanía es irrenunciable para el Paraguay” », CADTM, 25 février 2009.

[10] « Brasil bajara los intereses de la deuda por Itaipú », Argenpress, 28 juillet 2009 ; « Paraguay es propietario del 50% de la energía de Itaipú », ABC digital, 28 juillet 2009.

[11] L’IIRSA est un vaste programme d’intégration, qui s’inspire du libre-échange, et comprend la construction de nouvelles routes, de ponts, de voies fluviales et de liaisons énergétiques et de communication spécialement dans les zones tropicales et andines. Ce projet est né à l’initiative du président brésilien Fernando Henrique Cardoso, lors du sommet des présidents d’Amérique du Sud (2000). Il peut compter sur le financement de la Banque interaméricaine de développement (BID), de la Corporation andine de financement (CAF), du Fonds financier du bassin de la Plata (FONPLATA) et d’agences gouvernementales brésiliennes.

[12] Istoé Dinheiro , juin 2004, cité in « Brasil y el difícil camino hacia el multilateralismo », par Raúl Zibechi, Programa de las Américas, 26 février 2006.

[13] Dès la fin de la colonisation espagnole en 1811, l’État paraguayen a pratiqué le protectionnisme pour défendre son industrie nationale et son marché intérieur. Il était alors l’État le plus progressiste de la région. De ce fait, il a été attaqué en 1865 par une coalition de ses trois voisins, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, soutenus et stimulés par la Grande-Bretagne, la puissance capitaliste dominante de l’époque, qui craignait la diffusion de l’exemple paraguayen. La guerre meurtrière qui a duré cinq ans n’a laissé en vie qu’un sixième de la population. En outre, le Paraguay s’est vu imposer des sanctions économiques : il a dû remettre des terres aux autres pays - le Brésil s’est retrouvé avec 90 000 kilomètres carrés du Paraguay - et payer des dettes de guerre. Il se retrouva endetté pour la première fois de son histoire, ayant connu de 1811 à 1870 un développement sans recourir à l’endettement extérieur.

[14] Depuis le début du mandat de Lugo, les manifestations et les occupations de terres par les paysans au côté d’autres mouvements sociaux se succèdent pour faire pression sur le gouvernement de Lugo pour la réforme agraire et pour réclamer l’expropriation des propriétés destinées à la culture agressive du soja, aux mains de grands producteurs, dont les brasiguayos.

[15] « Brasil hace una gratuita demostración de fuerza que afecta al Paraguay] », Ultima Hora, 15 octobre 2008,

[16] La charge de la dette est directement supportée par la population paraguayenne vu que son remboursement se fait par l’augmentation des tarifs de l’électricité pour les usagers ! En effet, d’après le Traité, le prix de vente doit être égal au coût de production de l’électricité. Le coût de production inclut le paiement du service de la dette, qui correspond aujourd’hui à 65% du coût.



http://www.voltairenet.org/article161489.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:09

Le « péril jaune » fait encore recette
Que se passe-t-il dans le Xinjiang ?

par Domenico Losurdo
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Une fois de plus la presse occidentale aborde la Chine qu’elle connaît mal au travers du prisme idéologique de la Guerre froide. Ainsi le conflit ethnico-social entre ouigours et hans donne lieu à une récitation sur l’oppression du « régime » de Pékin. Domenico Losurdo démonte ce préjugé.




12 juillet 2009

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Chine

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Affrontements à Urumqi.

Vous vous souvenez de ce qui arrivait pendant les années de Guerre froide, et surtout dans sa phase finale ? La presse occidentale n’avait de cesse d’agiter le thème des réfugiés qui fuyaient la dictature communiste pour conquérir leur liberté. Dans la seconde moitié des années 1970, après la défaite infligée au gouvernement fantoche de Saigon et aux troupes d’occupation états-uniennes, le Vietnam enfin réunifié était décrit comme une énorme prison, d’où s’enfuyaient désespérés les boat people, entassés sur des bateaux de fortune au péril de leur vie. Et, avec les variations dévolues à chaque cas, ce motif était récurrent à propos de Cuba, de la République démocratique allemande et de tout autre pays « excommunié » par le « monde libre ». Aujourd’hui, tout le monde peut constater à quel point, depuis les régions orientales de l’Allemagne, de la Pologne, de Roumanie, d’Albanie etc., malgré la liberté finalement conquise, le flux migratoire vers l’Occident continue voire s’accentue ultérieurement. Si ce n’est que ces migrants ne sont plus accueillis comme des combattants de la cause de la liberté, mais souvent repoussés comme des délinquants, du moins potentiels.

Les modalités de la grande manipulation se révèlent à présent claires et évidentes : la fuite du Sud vers le Nord de la planète, de la zone moins développée (où se situait aussi le « camp socialiste ») vers la zone plus riche et développée, ce processus économique a été transfiguré par les idéologues de la guerre froide comme une entreprise politique et morale épique, exclusivement inspirée par le désir sublime d’atteindre la terre promise, à savoir le « monde libre ».

Une manipulation analogue est encours sous nos yeux. Comment expliquer les graves incidents qui en mars 2008 se sont déroulés au Tibet et qui, à une plus grande échelle, éclatent ces jours-ci au Xinjiang ? En Occident, la « grande » presse d’ « information » mais aussi la « petite » presse de « gauche » n’ont pas de doute : tout s’explique par la politique liberticide du gouvernement de Pékin. Et pourtant, un fait devrait nous faire réfléchir : le fait que la fureur des manifestants, bien plus que les institutions d’État, prenne pour cible les Hans, et surtout les magasins des Hans. Et pourtant, on peut lire sur n’importe quel livre d’histoire que dans le Sud-Est asiatique (dans des pays comme l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie) la minorité chinoise, qui grâce souvent à son passé de culture d’entrepreneurs exerce un poids économique nettement supérieur à sa dimension démographique, est régulièrement « bouc émissaire et victime de véritables pogroms ». Oui, dans le Sud-Est asiatique « la réussite économique des Hua qiao (des Chinois d’outre-mer) s’est en effet accompagnée de jalousies, qui aboutissent régulièrement à des explosions de violence anti-chinoises qui viennent parfois troubler les relations diplomatiques. Ce fut le cas notamment en Malaisie, tout au long des années 1960, et en Indonésie en 1965, lorsque les troubles internes sont prétexte au massacre de plusieurs centaines de milliers de personnes. Trente ans plus tard, les émeutes qui entourent la chute du dictateur Suharto en Indonésie qui s’en prennent systématiquement à la communauté chinoise, viennent rappeler la fragilité de la situation ». Ce n’est pas un hasard si la haine contre les Chinois a souvent été comparée à la haine contre les juifs.

Avec le développement extraordinaire que sont en train de connaître le Tibet et le Xinjiang, dans ces régions aussi tendent à se reproduire les pogroms contre les Hans, qui sont attirés par les nouvelles opportunités économiques et qui voient souvent leurs efforts couronnés de succès. Le Tibet et le Xinjiang attirent les Hans de la même façon que Pékin, Shangai et les villes les plus avancées de la Chine attirent les entrepreneurs et les techniciens occidentaux (ou Chinois d’outre-mer) : ceux-ci jouent souvent un rôle important dans des secteurs où ils peuvent encore faire valoir leur spécialisation supérieure. Cela n’a pas de sens d’expliquer les graves incidents au Tibet et au Xinjiang par la théorie de l’ « invasion » han, théorie qui ne fonctionne certes pas pour le Sud-Est asiatique. Par ailleurs, même en Italie et en Europe, la lutte contre l’ »invasion » est le cheval de bataille des xénophobes.

Mais revenons maintenant au Xinjiang. Voilà comment est décrite la situation en cours, en 1999, sur la revue Limes du général italien Fabio Mini : un extraordinaire développement est en cours et le gouvernement central chinois est engagé à « « financer, presque sans se préoccuper du retour sur investissement, d’immenses travaux d’infrastructure ». À ce qu’il semble, le développement économique va de pair avec le respect de l’autonomie : « La police locale est composée pour la majeure partie de ouigurs ». Malgré cela, l’agitation séparatiste ne manque pas, « partiellement financée par des extrémistes islamistes, comme les talibans afghans ». Il s’agit d’un mouvement qui « se mêle à la délinquance commune », et qui se couvre d’« infamies ». Les attentats semblent prendre d’abord pour cible les « ouigours tolérants ou "collaborateurs" », ou les « postes de police », contrôlés, comme nous l’avons vu par les ouigours. Dans tous les cas, concluait le général Mini, qui ne cachait pourtant pas ses sympathies géopolitiques pour la perspective séparatiste, « si les habitants du Xinjiang étaient appelés aujourd’hui à un referendum sur l’indépendance, ils voteraient probablement en majorité contre » [1].

Et aujourd’hui ? Dans la Stampa Francesco Sisci écrit de Pékin : « De nombreux Hans d’Urumqi se plaignent des privilèges dont jouissent les ouigours. Ceux-ci, en effet, en tant que minorité nationale musulmane, à niveau égal, ont des conditions de travail et de vie bien meilleures que leurs collègues hans. Un ouigour a la permission, au bureau, d’interrompre plusieurs fois par jour son travail pour accomplir les cinq prières musulmanes traditionnelles quotidiennes […] Ils peuvent en outre ne pas travailler le vendredi, jour férié musulman. En théorie, ils devraient récupérer cette journée en travaillant le dimanche. Mais, de fait, le dimanche, les bureaux sont déserts […] Un autre aspect douloureux pour les Hans, soumis à la dure politique d’unification familiale qui impose encore l’enfant unique, est le fait que les ouigours peuvent avoir deux ou trois enfants. En tant que musulmans, ensuite, ils ont des allocations en plus de leur salaire « étant donné que, ne pouvant pas manger de porc, ils doivent se replier sur l’agneau, qui est plus cher » [2].
Cela n’a pas de sens, alors, comme le fait la propagande pro-impérialiste, d’accuser le gouvernement de Pékin de vouloir effacer l’identité nationale et religieuse des ouigours.

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Rebiya Kadeer, présidente du Congrés mondial ouigour (Washington).

Évidemment, outre, d’un côté, le danger représenté par des minorités empoisonnées, dans certains secteurs, par le fondamentalisme, et d’un autre côté excitées par l’Occident, il faut ne pas oublier le danger du chauvinisme han, qui se fait aussi sentir ces jours-ci : et c’est un problème sur lequel le Parti communiste chinois a toujours attiré l’attention, de Mao Tsé Toung à Hu Jintao. Ceux qui, à gauche, sont enclins à transfigurer le séparatisme des Ouigours feraient bien de lire l’interview donnée, quelques semaines avant les derniers événements, par Rebiya Kadeer, la leader du mouvement séparatiste ouigour. Depuis son exil états-unien, parlant avec une journaliste italienne, voici comment s’exprime la dame susnommée : « Tu le vois, tu te comportes comme moi, tu as la même peau blanche que moi : tu es indo-européenne, tu voudrais être opprimée par un communiste à la peau jaune ? » [3]. Comme on le voit, l’argument décisif n’est pas la condamnation de cette « invasion » han et n’est même pas l’anticommunisme. Plutôt, la mythologie aryenne, ou « indo-européenne », exprime-t-elle toute sa répugnance pour les barbares à la « peau jaune ».

 Domenico Losurdo

Philosophe et historien communiste, professeur à l’université d’Urbin (Italie). Dernier ouvrage traduit en français : Nietzsche philosophe réactionnaire : Pour une biographie politique.


Les articles de cet auteur


Traduction Marie-Ange Patrizio
Les articles de cet auteur



Références bibliographiques :
La Chine, une puissance encerclée ?, par Jean-Vincent Brisset, IRIS, Paris. (142 pp., 2002)
Géopolitique de la Chine, par Jean-François Dufour, Complexe, Bruxelles (143 pp., 1999).



http://www.voltairenet.org/article161018.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 05:00

Tueur en série
Robert McNamara, artisan de la mise au pas des peuples

par Damien Millet
*, Éric Toussaint*



Alors que l’administration Obama rend un hommage appuyé à Robert McNamara, décédé le 6 juillet 2009, Damien Millet et Éric Toussaint reviennent sur son bilan. L’homme ne fut pas seulement le secrétaire à la Défense qui théorisa la riposte nucléaire graduée et organisa la destruction du Vietnam en espérant l’empêcher de devenir communiste. Il fut aussi le directeur de la Banque mondiale qui utilisa les prêts bancaires pour étendre la zone d’influence états-unienne. À ce titre, il fut l’architecte de l’actuelle dette des pays du Sud.




8 juillet 2009

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Thèmes
Globalisation économique

Portraits
Robert McNamara

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Robert McNamara (1916-2009).

Robert McNamara, qui vient de s’éteindre à l’âge de 93 ans, est peu connu du grand public. Pourtant, son action entre le début des années 1960 et celui des années 1980 a contribué à façonner l’économie mondiale d’aujourd’hui. A côté des hommages qui lui seront rendus, il est essentiel de se placer du côté des peuples qui ont été confrontés à son action pour comprendre l’étendue des ravages causés par sa carrière, appuyée sur le triptyque « commerce, guerre, dette ».

Premier PDG de la multinationale automobile Ford à ne pas être membre de la famille Ford, McNamara ne le restera que cinq semaines avant de devenir secrétaire à la Défense des États-Unis sous la présidence de John F. Kennedy (1961-1963), poste qu’il a conservé sous le président Lyndon B. Johnson (1963-1968). McNamara est donc l’un des principaux artisans de l’agression militaire des États-Unis contre le Vietnam, guerre bien souvent surnommée « la guerre de McNamara »… Il a exercé des pressions incessantes pour y envoyer davantage de troupes militaires, au total plus de 500 000 soldats. Environ 1 million de combattants communistes vietnamiens et 4 millions de civils ont été tués entre 1961 et 1975. Des années plus tard, McNamara reconnaîtra ses torts : « Nous, membres des administrations Kennedy et Johnson parties prenantes aux décisions sur le Vietnam [...] avons eu tort, terriblement tort. » Il ajoutera même : « Je n’avais jamais visité l’Indochine et je ne comprenais rien à son histoire, à sa langue, à sa culture, à ses valeurs. Je n’y étais en rien sensible. […] Quand il s’agissait du Vietnam, nous nous trouvions en position de décider d’une politique pour une terra incognita. » [1]

En 1968, alors que la situation est devenue inextricable pour les États-Unis, McNamara est nommé président de la Banque mondiale [2]. Il va agir à la tête de cette institution comme un missionnaire poursuivant une campagne anticommuniste et vivra personnellement cette expérience comme une résurrection.

En 1968, alors qu’il était encore secrétaire à la Défense, il déclara : « La mort d’Ernesto Che Guevara en Bolivie à l’automne 1967 a porté un coup sévère aux espérances des révolutionnaires castristes. Mais la seule riposte est une réponse insuffisante à ce problème » [3]. Lors d’une réunion des gouverneurs de la Banque mondiale, McNamara expliqua quelques années plus tard en quoi la réduction de la pauvreté était une condition politique pour rester au pouvoir : « Trop peu, trop tard, tel est l’épitaphe la plus généralisée dans l’histoire pour les régimes qui sont tombés devant la clameur des hommes sans terre, sans travail, marginalisés et soumis, poussés vers le désespoir. Pour cette raison, l’application de politiques destinées spécifiquement à réduire la pauvreté des 40 % les plus pauvres de la population des pays en développement est recommandable non seulement pour une raison de principe, mais aussi par prudence. La justice sociale n’est pas seulement une obligation morale, mais aussi un impératif politique. » [4]

Son arrivée marque un réel tournant pour la Banque mondiale qui donne alors un coup d’accélérateur à la dette en l’utilisant comme une véritable arme géopolitique. De 1968 à 1973, la Banque mondiale accorde davantage de prêts que pendant la période 1945-1968, soit plus en 5 ans que pendant les 23 premières années de son existence. Elle incite également les pays du Sud à emprunter massivement afin de financer la modernisation de leur appareil d’exportation et de les connecter plus étroitement au marché mondial. En fait, McNamara pousse les pays du Sud à se soumettre aux conditions associées à ces prêts, à accepter des infrastructures inutiles, des budgets sociaux insuffisants, de grands barrages ruineux dans un environnement saccagé, des dettes colossales… L’appât utilisé : des liquidités mises à disposition des gouvernements en place sans aucun mécanisme de lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics. En échange de ces liquidités, les gouvernants acceptent la plupart des recommandations de la Banque mondiale.

À qui ces prêts sont-ils accordés ? En pleine Guerre froide, la Banque mondiale agit pour contrecarrer l’influence soviétique et les différentes tentatives nationalistes et anti-impérialistes. Comme l’a souligné un rapport de l’Assemblée nationale française, son « rôle était de fidéliser la clientèle du tiers-monde en faveur du monde occidental » [5]. La stratégie a été double : les prêts ont été utilisés aussi bien pour soutenir les alliés que pour asservir les récalcitrants. Joseph Stiglitz l’a dit franchement : « Dans de nombreux cas, les prêts étaient destinés à corrompre des gouvernements pendant la Guerre froide. Le problème n’était pas alors de savoir si l’argent favorisait le bien-être du pays, mais s’il conduisait à une situation stable, étant donné les réalités géopolitiques mondiales » [6]

Les choix de la Banque mondiale sous McNamara sont largement déterminés par les critères suivants :
- éviter le maintien de modèles de développement autocentrés ;
- soutenir financièrement de grands projets qui permettent d’augmenter les exportations des principaux pays industrialisés ;
- refuser d’aider des régimes considérés comme des menaces par le gouvernement des États-Unis et d’autres actionnaires importants ;
- tenter de modifier la politique de certains gouvernements des pays dits socialistes afin d’affaiblir la cohésion du bloc soviétique. C’est dans ce cadre qu’un soutien a été apporté à la Roumanie à partir des années 1970 au moment où Ceausescu exprimait des velléités d’éloignement à l’égard du Comecon et du Pacte de Varsovie ;
- soutenir des alliés stratégiques du bloc capitaliste occidental, des États-Unis en particulier (exemples : l’Indonésie de Suharto, le Zaïre de Mobutu, les Philippines sous Marcos, le Brésil de la dictature à partir de 1964) ;
- tenter d’éviter ou de limiter, autant que faire se peut, un rapprochement des gouvernements des pays en développement avec le bloc soviétique ou la Chine : essayer par exemple d’éloigner l’Inde et l’Indonésie du temps de Soekarno de l’URSS ;
- tenter, à partir de 1980, d’intégrer la Chine dans le jeu d’alliances des États-Unis.

Pour mener cette politique, la Banque mondiale applique une tactique généralisée : elle mène la vie dure à un gouvernement de gauche confronté à une opposition de droite de manière à l’affaiblir et à favoriser l’accession de la droite au pouvoir. Selon la même logique, McNamara est moins exigeant à l’égard d’un gouvernement de droite confronté à une opposition de gauche afin d’éviter de l’affaiblir et d’empêcher la gauche d’accéder au pouvoir. L’orthodoxie monétariste est à géométrie variable : les variations dépendent bien de facteurs politiques et géostratégiques.

Quelques cas concrets – le Chili, le Brésil, les Philippines, l’Indonésie et la Roumanie - illustrent ce qui vient d’être avancé.

1. Le Chili. Lorsque le gouvernement démocratique du socialiste Salvador Allende est élu en 1970, McNamara décide de retirer le financement de la Banque mondiale. Dès que le général Pinochet renverse Allende le 11 septembre 1973 et déclenche une répression massive autant que sanglante, McNamara intervient pour que la dictature reçoive un appui financier [7]. Car comme l’a dit Henry Kissinger à ce moment-là : « Je ne vois pas pourquoi nous laisserions un pays devenir marxiste simplement parce que son peuple est irresponsable. »

2. Le Brésil. Le régime démocratique du président Joao Goulart est renversé par les militaires en avril 1964. Le lendemain, les États-Unis reconnaissent le nouveau régime militaire, qui organise une forte répression, interdit les grèves, provoque une forte chute des salaires réels, supprime les élections au suffrage direct, décrète la dissolution des syndicats et recourt régulièrement à la torture.

À partir de 1968, McNamara se rend régulièrement au Brésil où il ne manque pas de rencontrer le gouvernement des militaires. Les rapports publics de la Banque font systématiquement les louanges de la politique de la dictature en ce qui concerne la réduction des inégalités [8]. En interne, cependant, les discussions peuvent tourner à l’aigre. Lorsque le sous-directeur du département Projet, Bernard Chadenet, déclare que l’image de la Banque va se dégrader suite au soutien qu’elle apporte au gouvernement répressif du Brésil, McNamara reconnaît qu’il y a une répression très forte (« a tremendous amount of repression »). Mais il ajoute que « ce n’était pas nécessairement très différent de ce qui avait lieu lors des gouvernements antérieurs et ça ne semblait pas bien pire que dans d’autres pays membres de la Banque. Est-ce que le Brésil était pire que la Thaïlande ? » [9] Quelques jours plus tard, McNamara poursuit : « Il ne semblait pas y avoir la possibilité d’une alternative viable au gouvernement des généraux. » [10]

3. Les Philippines. Robert McNamara considère que les Philippines, où se trouvent des bases militaires des États-Unis, tout comme l’Indonésie et la Turquie, représentent un tel enjeu stratégique qu’il faut à tout prix renforcer les liens entre la dictature de Ferdinand Marcos et la Banque mondiale. Prêter de l’argent est un moyen de pression. Les historiens de la Banque mondiale n’hésitent pas à écrire : « Les Philippines représentaient alors un cas où la loi martiale avait déclenché un grand volume de prêts de la Banque. Marcos a écarté le Parlement et a commencé à gouverner par décrets présidentiels en août 1972. McNamara et les fonctionnaires de la Banque ont salué ce changement » [11]. Un des premiers actes posés par Ferdinand Marcos après l’instauration de la dictature consiste à supprimer le plafond d’endettement public que le Parlement philippin a instauré en 1970. La réglementation abrogée fixait à un milliard de dollars la marge d’endettement du gouvernement avec un plafond annuel de 250 millions de dollars. Ferdinand Marcos fait sauter ce verrou, ce qui ravit la Banque mondiale [12]. Robert McNamara annonce que la Banque mondiale est disposée à multiplier au moins par deux les montants prêtés [13]. Il est trop tard pour augmenter les prêts pour 1973 au grand dam de Robert McNamara. Qu’à cela ne tienne : la Banque met les bouchées doubles et en 1974, elle multiplie par 5,5 le montant de 1973 (165 millions au lieu de 30) [14].

La Banque mondiale et le FMI sont à ce point publiquement derrière la dictature qu’ils organisent leur assemblée annuelle en 1976 à Manille. À noter également que la Banque mondiale, en collaboration avec les Fondations Ford et Rockfeller, a implanté aux Philippines un des trois centres de recherche de la révolution verte.

4. L’Indonésie. Le président nationaliste et progressiste Ahmed Soekarno nationalise toutes les entreprises privées étrangères (sauf les compagnies pétrolières). Il quitte le FMI et la Banque mondiale en août 1965 et décide de prendre en main le pays de manière indépendante. C’est alors qu’intervient militairement, le 30 septembre 1965, le général Mohamed Suharto, soutenu par Washington. À la tête de l’armée, il lance une répression massive contre les partis de gauche en prenant pour cible principale le PKI (le parti communiste indonésien) : entre cinq cents mille et un million de civils sont assassinés pour la seule raison d’appartenance au PKI ou de sympathies envers lui [15]. En mars 1966, Suharto obtient finalement de Soekarno que celui-ci lui transfère officiellement le pouvoir. Six jours plus tard, le gouvernement des États-Unis annonce qu’il ouvre une ligne de crédit à l’Indonésie pour un montant de 8,2 millions de dollars afin qu’elle achète du riz états-unien [16]. Le 13 avril 1966, l’Indonésie rejoint la Banque mondiale [17]. En 1966 toujours, Lyndon B. Johnson, président des États-Unis, se déplace pour visiter ses troupes au Vietnam et insiste, dans un de ses discours, sur le modèle indonésien [18].

Ce modèle, « l’Ordre Nouveau » de l’ère Suharto, utilise régulièrement la terreur et l’élimination physique, et aligne en fait sa politique sur celle des États-Unis. Quand Robert McNamara arrive à la présidence de la Banque en avril 1968, il constate que l’Indonésie (avec la Chine de Mao) est le seul pays très peuplé avec lequel la Banque n’a pas de relation importante. Il faut rattraper le retard et son premier déplacement en tant que président de la Banque mondiale est pour l’Indonésie, dès juin 1968. Il n’y est pas dépaysé : le dictateur Suharto s’est entouré d’économistes formés aux États-Unis grâce à la Fondation Ford [19].

Les relations entre eux sont idylliques : « McNamara et le président Suharto se portaient une admiration réciproque [20] » ; « Lorsqu’ils s’engageaient au quotidien dans des discussions politiques, la Banque et le gouvernement se comportaient comme un couple de vieux copains » [21] ; « Aux yeux du président, l’Indonésie était le joyau de la couronne des opérations de la Banque » [22].

5. La Roumanie. À partir de 1947, la Roumanie s’intègre au bloc soviétique. En 1972, la Roumanie est le premier pays du glacis soviétique à rejoindre la Banque.

La Banque entreprend dès 1973 de négocier avec Bucarest le début d’une politique de prêts qui atteint très vite un volume tout à fait appréciable. En 1980, la Roumanie devient le huitième en importance sur la liste des emprunteurs de la Banque. Un des historiens de la Banque, Aart van de Laar, raconte une anecdote significative qui remonte à 1973. Il assistait début 1973 à une réunion de la direction de la Banque qui avait à son agenda le début de l’octroi de prêts à la Roumanie. Devant l’incrédulité de certains dirigeants qui critiquaient l’absence de rapport fouillé sur la Roumanie, Robert McNamara aurait déclaré qu’il avait une grande confiance dans la moralité financière des pays socialistes en termes de remboursement de la dette. Ce à quoi un des vice-présidents de la Banque, présent à la réunion, aurait répondu que « le Chili d’Allende n’était peut-être pas encore devenu assez socialiste » [23]. McNamara serait resté de glace. Ce sont donc manifestement des considérations politiques qui décidèrent la Banque à entamer des relations étroites avec la Roumanie. Il s’agit de déstabiliser l’URSS et le bloc soviétique dans le contexte de la Guerre froide en entretenant des relations étroites avec la Roumanie. Le manque de démocratie interne et la répression policière systématique n’ont pas l’air de dissuader davantage la Banque dans ce cas comme dans d’autres.

Au contraire, la Roumanie devient un des plus gros clients de la Banque qui finance des grands projets (mines de charbon à ciel ouvert, centrales électriques thermiques) dont les effets négatifs en termes de pollution sont facilement décelables. Pour l’exploitation des mines de charbon à ciel ouvert, les autorités roumaines déplacent des populations qui, jusque là, étaient actives dans l’agriculture.

En résumé, d’une part, la Banque mondiale a soutenu les alliés stratégiques des États-Unis dans les différentes régions du globe —même les pires dictatures— pour renforcer la zone d’influence états-unienne. D’autre part, la Banque mondiale a prêté de manière conditionnelle à des pays qui tentaient d’appliquer des politiques en rupture avec le modèle capitaliste dominant, afin d’acquérir un droit de regard sur les politiques économiques pratiquées par ces pays. McNamara s’efforce donc de stopper le développement de politiques indépendantes et de ramener dans le giron des grandes puissances industrielles nombre de dirigeants qui avaient pris leurs distances (Nasser en Égypte, N’Krumah au Ghana, Manley en Jamaïque, Soekarno en Indonésie…). Quand des dirigeants du Sud refusaient de s’y plier, les puissances du Nord n’hésitaient pas à les renverser en mettant en place des dictatures (assassinat de Lumumba dans l’ex-Congo belge en 1961, d’Olympio au Togo en 1963, d’Allende au Chili en 1973) ou à intervenir militairement, par exemple au Vietnam justement [24]. La Banque mondiale venait ensuite à la rescousse des dictatures avec des financements massifs, très souvent détournés.

Les données géopolitiques constituent donc la toile de fond du processus d’endettement des pays du Sud. Au début des années 1980, les pays du Sud, surendettés, subissent de plein fouet la hausse brutale des taux d’intérêt et la dégringolade des cours des matières premières, qu’ils produisent de plus en plus pour rembourser leur dette, mais pour lesquels ils se font concurrence alors que la demande n’a pas augmenté au Nord. En cours de jeu, les règles changent brusquement. Les conséquences seront terribles pur les peuples du Sud qui sont contraints par le FMI et la Banque mondiale de se saigner aux quatre veines pour rembourser de riches créanciers.

Rien n’a été fait pour amortir le choc et le risque qu’une crise de la dette survienne était connu très tôt des grands argentiers. Malgré cela, ils ont poussé pour accroître l’endettement des pays du Sud et annihiler ainsi toute forme de développement. En fait, la Banque mondiale était en concurrence avec les banques privées pour octroyer un maximum de prêts le plus vite possible. Jusqu’à l’éclatement de la crise en 1982, la Banque mondiale tient un double langage : l’un, officiel, destiné au public et aux pays endettés dit qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter et que les problèmes éventuels seront de courte durée ; l’autre, alarmant, est tenu à huis clos lors des discussions internes.

Par exemple, McNamara écrit en 1973 : « À la fin de 1972, la dette s’élevait à 75 milliards de dollars et le service annuel de la dette dépassait 7 milliards de dollars. Le service de la dette a augmenté de 18% en 1970 et de 20 % en 1971. Le taux moyen d’augmentation de la dette depuis la décennie de 1960 a représenté presque le double du taux de croissance des revenus d’exportation avec lesquels les pays endettés doivent assurer ce service de la dette. Cette situation ne peut continuer indéfiniment » [25].Dans le même temps, il maintient la pression sur les pays du tiers-monde afin qu’ils accroissent leur endettement.

Dans un mémorandum interne de la Banque mondiale rédigé en octobre 1979, on peut lire que si les banques perçoivent que les risques augmentent, elles réduiront les prêts et « nous pourrions voir une grande quantité de pays se retrouver dans des situations extrêmement difficiles » [26]. Dans son Rapport sur le développement dans le monde 1980, la Banque mondiale présente pourtant l’avenir de manière optimiste, prévoyant que les taux d’intérêt réels vont se stabiliser au niveau très bas de 1 %, ce qui était totalement irréaliste. Grâce à des historiens de la Banque mondiale, nous apprenons que dans la première version non publiée du rapport, figure une deuxième hypothèse basée sur un taux d’intérêt réel de 3 %. Cette projection montrait que la situation serait à terme intenable pour les pays endettés. McNamara a demandé qu’on retire ce scénario noir de la version à publier [27] !

Dans le Rapport sur le développement dans le monde publié en 1981 quelques mois avant le départ de la présidence de McNamara, on peut lire : « Il semble très probable que les emprunteurs et les prêteurs vont s’adapter aux conditions changeantes sans précipiter une crise générale de confiance [28]. » Le 20 août 1982, après avoir remboursé des sommes considérables au cours des sept premiers mois de l’année, le Mexique annonce qu’il n’est plus en mesure de continuer les paiements. La crise se répand comme une traînée de poudre. Les pays en développement en paient encore les conséquences aujourd’hui.

McNamara est coresponsable des crimes commis par le gouvernement des États-Unis au Vietnam, il est également largement responsable de la politique de la Banque mondiale qui a soutenu systématiquement les dictatures et mené les pays du Sud à un surendettement tragique. L’action de McNamara pendant 20 ans avait deux objectifs qui ont été mené à bien : reprendre l’avantage à l’égard de pays qui avaient affirmé leur volonté d’indépendance et augmenter le degré d’exploitation des peuples du Sud.

Damien Millet

Damien Millet est secrétaire général du CADTM France (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Dernier livre publié : Dette odieuse (avec Frédédric Chauvreau), CADTM/Syllepse, 2006. .


Les articles de cet auteur


Éric Toussaint

Président du CADTM Belgique (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Dernier livre publié : Banque du Sud et nouvelle crise internationale, CADTM/Syllepse, 2008.


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[1] Robert McNamara, Avec le recul, La tragédie du Vietnam et ses leçons, Seuil, 1996.

[2] A comparer avec la nomination en 2005 de Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint à la Défense, stratège de la guerre contre l’Irak et l’Afghanistan, à la tête de la Banque mondiale alors que la stratégie politique et militaire de Washington était en échec.

[3] Robert McNamara, Cien países, Dos mil millones de seres, Tecnos, 1973, p. 29

[4] Robert McNamara, Cien países, Dos mil millones de seres, Tecnos, 1973, p. 139-140.

[5] Rapport 2000 de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale sur Les activités et le contrôle du FMI et de la Banque mondiale.

[6] « L’Autre mondialisation », Arte, 7 mars 2000.

[7] Voir Eric Toussaint, La Banque mondiale, le Coup d’État permanent, CADTM-Syllepse, 2006, chapitre 6, p. 88.

[8] Détails dans Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. The World Bank, Its First Half Century, Volume 1, p. 274-282

[9] World Bank, “Notes on Brazil Country Program Review, December 2, 1971” in Détails dans Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. op.cit., p. 276.

[10] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. op.cit., p. 276.

[11] D. Kapur, J. Lewis, R. Webb, 1997, op. cit., p. 558.

[12] Voir Cheryl Payer, 1991, p. 82

[13] Les historiens de la Banque mondiale rendent public un compte-rendu interne d’une réunion au plus haut niveau entre McNamara et ses collègues : “Une réunion plutôt surprenante ! En effet, il n’y a plus été question des critiques des premières années relatives à la politique, à la corruption et à l’inégalité des revenus mais elle a plutôt montré un sentiment généralisé d’assentiment pour l’augmentation des prêts. Et l’équipe du département qui avait préparé un document prudent concernant les Philippines (Country Program P) était sidérée. L’ordre du jour de la réunion est de travailler à l’intérieur du système. (La politique du gouvernement philippin n’est pas nécessairement pire qu’en Thaïlande mais elle fait l’objet de plus de publicité). Nous devons avoir pour objectif de prêter en moyenne 120 millions de dollars par an pour les prochaines années de 1974 à 1978, 50% de plus que ce qui était prévu ». (World Bank, “Notes on the Philippines Country Program Review, July 28, 1972,” prepared by H. Schulmann on August 15, 1972, cité par D. Kapur, J. Lewis, R. Webb, 1997, vol. 1., p. 303) (World Bank, “Notes on the Philippines Country Program Review, July 28, 1972,” prepared by H. Schulmann on August 15, 1972, cité par D. Kapur, J. Lewis, R. Webb, 1997, vol. 1., p. 303) (…)“Un miracle s’est produit aux Philippines. Il est cependant philosophiquement gênant que ce miracle se soit produit sous les auspices d’une dictature militaire. Monsieur Cargill a dit qu’il ne pensait pas que le miracle allait continuer « mais tant que c’est le cas et seulement tant que c’est le cas, continuons à le soutenir » lança McNamara ».Memorandum, Alexis E. Lachman to John Adler, December 27, 1973, with attachment, “Philippines Country Program Review, December 19, 1973, cite par D. Kapur, J. Lewis, R. Webb, 1997, vol. 1., p. 304)

[14] En 1980, la Banque mondiale prêta 400 millions.

[15] « 1965 : Indonésie, laboratoire de la contre-insurrection », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 25 mai 2004.

[16] Voir Cheryl Payer, The Debt Trap : The International Monetary Fund and the Third World, Monthly Review Press, 1974.

[17] Voir Devesh Kapur, John P. Lewis, Richard Webb, op. cit.

[18] ARTE, Les mercredis de l’histoire : Massacre en Indonésie, Australie, France, Thirteen WNET New York, Arte France,YLE TV2 Documentaires, Australian Film Finance Corporation, Hilton Cordell/Vagabond films production, BFC Productions, c.2001.

[19] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. op.cit., p. 467-471

[20] Idem, p. 469.

[21] Ibid., p.470.

[22] Ibid , p. 493.

[23] Van de Laar, Aart. 1980. The World Bank and the Poor, Martinus Nijhoff Publishing, Boston/The Hague/London, p.40.

[24] Voir Damien Millet et Eric Toussaint, 60 Questions 60 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, CADTM-Syllepse, novembre 2008.

[25] Robert McNamara, Cien países, Dos mil millones de seres, Tecnos, 1973, p.94.

[26] D. Kapur, J. Lewis, R. Webb, 1997, op. cit., p.599.

[27] Ce scénario, bien que plus proche de ce qui se passa réellement, était pourtant encore trop optimiste.

[28] Cité par Nicholas Stern et Francisco Ferreira, « The World Bank as ‘intellectual actor’ », 1997, in Devesh Kapur, John P. Lewis, Richard Webb, The World Bank, Its First Half Century, Volume 2, 1997, p.559.



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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:55

Derrière la visite d’Obama au Ghana
par Manlio Dinucci
*

Après avoir tendu la main aux musulmans (tout en tentant de déstabiliser l’Iran), avoir tendu la main aux Russes (tout en continuant à préparer l’installation en Europe de l’Est de missiles pointés sur eux), le président Obama tend la main aux Africains. Partout, il propose de refonder les relations avec les États-Unis sans solder les crimes du passé. Manlio Dinucci révèle ce qui se cache derrière cette soudaine sollicitude.




12 juillet 2009

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italiano

Pays
États-Unis
 Ghana

Thèmes
Contrôle de l’Afrique
 Administration Obama : le changement dans la continuité

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Le président états-unien Barack Obama accueilli par son homologue ghanéen John Atta Mills, le 10 juillet 2009 à Accra. (photo Xinhua).

Le G8 de L’Aquila (Italie) terminé, sur le thème « Afrique et sécurité alimentaire », le président Obama est parti pour Accra, capitale du Ghana, où il a prononcé, le 11 juillet, un discours fondé sur l’idée que les Africains sont responsables pour l’Afrique et doivent être aidés à développer leurs propres capacités économiques en assurant la démocratie [1]. Il n’est pas arrivé les mains vides : c’est lui, dit-on à la Maison-Blanche, qui a persuadé le G8 d’attribuer 20 milliards de dollars, distribués en trois ans, pour la « sécurité alimentaire » dans le monde. Les « Grands de la Terre » et les aspirants à ce grade, se présentent ainsi comme des bienfaiteurs, promettant de destiner à la lutte contre la faim, en une année, ce qu’ils dépensent en armées et armements en deux jours. Les pays du G8 élargi totalisent en effet plus de 80 % de la dépense militaire mondiale qui a dépassé les 1 500 milliards de dollars annuels, dont plus de la moitié est constituée par la dépense états-unienne.

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, en Afrique, les États-Unis ont fondé leur politique sur l’instrument militaire. L’administration Bush a créé un commandement spécifique pour le continent, l’AfriCom [2], qui a ses deux sous-commandements en Italie : le US Army Africa, dont le quartier général est à la Caserne Ederlé de Vicence, et le commandement des forces navales AfriCom, situé à Naples. Le quartier général de Vicence opère sur le continent africain avec des « petits groupes », mais il est prêt pour des opérations de « riposte aux crises » avec la 173ème brigade aéroportée. Le commandement de Naples s’occupe des opérations navales : parmi celles-ci l’ « Africa Partnership Station », dont la mission est le déploiement de navires de guerre le long des côtes de l’Afrique occidentale, avec, à bord, du personnel provenant aussi d’autres pays, y compris des officiers italiens et français. À travers les programmes d’entraînement et de manœuvres, l’AfriCom prend appui sur les élites militaires pour amener le plus grand nombre de pays africains dans la sphère d’influence états-unienne.

Dans ce cadre, le rôle du Ghana est important. Ses officiers se sont formés au Centre d’études stratégiques pour l’Afrique, institué par le Pentagone, et dans divers programmes de l’US Army, en particulier l’Acota, à travers lequel ont été entraînés 50 000 soldats et instructeurs africains. L’armée de terre et la marine US ont aussi eu accès aux bases militaires et ports du pays. Le Ghana contribue ainsi à la « sécurité » du Golfe de Guinée, d’où provient une part croissante du pétrole importé par les USA (15 %, qui devraient monter à 25 % en 2015). En même temps, les forces armées du Ghana sont utilisées pour des opérations de « maintien de la paix » non seulement au Soudan (Darfour) [3], au Congo et dans d’autres pays africains, mais aussi au Liban, au Kosovo, et jusqu’en Géorgie. De façon parallèle, la présence économique s’est accrue au Ghana, où elle a cependant une forte concurrence chinoise. Comme en informe le département d’État, la découverte de grosses réserves pétrolières dans les fonds marins a attiré au Ghana de nombreuses compagnies états-uniennes, pendant que d’autres opèrent dans les secteurs minier et agricole. Le pays est riche en or, diamants, bauxite, manganèse, dont il est un des plus grands exportateurs. C’est aussi un des principaux exportateurs de cacao, produit par un million et demi de petites et moyennes entreprises agricoles. L’agriculture ghanéenne n’assure pourtant pas l’autosuffisance alimentaire. Et comme l’exploitation des ressources agricoles du pays est contrôlée par les multinationales, le bilan commercial du Ghana est en forte perte. Obama, dans son discours, n’a pas dit comment il pourrait être rééquilibré.

 Manlio Dinucci

Géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Geograficamente. Per la Scuola media (3 vol.), Zanichelli (2008) ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, DeriveApprodi (2005).


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Traduction Marie-Ange Patrizio
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Cet article a été originellement publié dans l’édition de samedi 11 juillet 2009 de Il manifesto, sous le titre : « Oggi Obama in missione in Ghana, sede del comando Usa AfriCom »



 

[1] « Entretien du président Obama avec AllAfrica.com », Réseau Voltaire, 2 juillet 2009.

[2] « Africom : Control militar de EEUU sobre la riqueza de África », par Bryant Hunt, Red Voltaire, 1er avril 2008. « Triste activation pour l’AfriCom », par Stefano Liberti, Réseau Voltaire, 6 octobre 2008.

[3] « Africom’s Covert War in Sudan », par Keith Harmon Snow, Voltaire Network, 11 mars 2009.



http://www.voltairenet.org/article160997.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:49

La Russie se tourne
vers la Chine




22 juin 2006

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Moscou (Russie)

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Pays
 Russie (Fédération de)
 Chine

Thèmes
 Pétrole et ressources énergétiques

Pendant longtemps, les compagnies chinoises n’ont pas eu accès au sous-sol russe, selon le quotidien Vedomosti.

Elles ont été contraintes de renoncer à participer à la privatisation de Slavneft, à l’appel d’offres pour Youganskneftegaz et à l’achat de la compagnie Stimoul. Cependant, cette année, la compagnie publique Rosneft a fait savoir son intention de créer une coentreprise avec la CNPC, compagnie nationale chinoise de pétrole et de gaz. Ces jours-ci, on a eu vent d’une transaction entre China Petroleum & Chemical Corp. (Sinopec), Odmourdneft et Rosneft.

Dmitri Orlov, directeur général de l’Agence de communications politiques et économiques : la décision de construire une ramification de l’oléoduc du Pacifique vers Daquing a changé la donne, faisant passer le partenariat avec la Chine d’un simple dialogue à un renforcement sérieux. On peut l’interpréter comme un signe de la diversification de la stratégie énergétique. Nous ne pouvons pas dépendre d’un seul consommateur ou d’un petit groupe de consommateurs.

Alexandre Konovalov, président de l’Institut d’analyses stratégiques : on en parle sans cesse depuis le « triangle » de Primakov : Russie-Inde-Chine. Mais ce ne sera pas le cas à moyen terme. Cependant, des facteurs objectifs obligent les pays à écarter ou oublier leurs contradictions. A présent, nos rapports avec la Chine sont excellents, ils sont meilleurs qu’à l’époque de Staline. Mais la Chine restera longtemps un facteur d’incertitude : les rapports avec ce pays seront tantôt meilleurs, tantôt pires. Quant au sous-sol, il vaut mieux le contrôler ou le reprendre.

Serguei Sanakoïev, chef du Centre russo-chinois de coopération commerciale : effectivement, un important virage vers la Chine a eu lieu. Mais il ne s’est pas produit instantanément. Dès 2003, la possibilité éventuelle de la participation de compagnies chinoises à l’extraction et au transport des hydrocarbures russes avait été discutée au niveau des chefs d’État. Certes, les compagnies russes ont leur propre intérêt commercial et un tel concurrent n’est pas à leur avantage. Mais les intérêts de la Russie prévalent sur ceux de certaines compagnies. La Chine est importante pour la Russie en tant que partenaire stratégique avec qui on peut concerter les projets de développement de divers secteurs, y compris ceux de haute technologie.

 Source Ria Novosti (Fédération de Russie)
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http://www.voltairenet.org/article141150.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:45

Eurasie
La Russie musulmane

par Akhmet Yarlykapov
*


La Fédération de Russie n’est pas seulement un État européen à population orthodoxe, c’est aussi un État asiatique à population musulmane. Alors qu’une partie de la classe dirigeante russe campe sur des positions monoethniques intransigeantes et entretient la guerre en Tchétchènie, le président Poutine et son bras droit, le Tchétchène Vladislav Surkov, tentent d’insérer la Russie dans le concert des États islamiques. Le professeur Akhmet Yarlykapov analyse la position des Russes musulmans.




28 juin 2005

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Moscou (Russie)

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Pays
Russie (Fédération de)

Thèmes
« Choc des civilisations », racisme
 Renaissance de l’Asie

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Mosquée de Kazan, Russie.

A la fin du mois de juin le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, prendra part aux travaux de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Depuis quelques années Moscou intensifie ses contacts avec cette organisation étant donné que cela est indispensable pour les près de 20 millions de musulmans peuplant le pays. Les musulmans en Russie, ce sont des habitants de souche. Quant à l’histoire de l’islam, sur son territoire ses racines sont encore plus profondes que celles de l’orthodoxie. Par conséquent, la Russie est pleinement fondée de considérer qu’elle est impliquée dans le sort du monde islamique et elle participe activement à l’examen de ses problèmes. Il faut relever ici que de nombreuses questions d’actualité pour les musulmans dans le monde - depuis l’extrémisme jusqu’à l’islamophobie - le sont aussi pour les Russes. C’est la raison pour laquelle même le débat des problèmes du monde musulman qui a lieu au sein de l’OCI est déjà utile pour la Russie.

Quels sont les problèmes les plus brûlants auxquels la communauté musulmane de la Russie est confrontée de nos jours ? Tout d’abord, c’est l’absence d’unité. Traditionnellement, l’islam russe est composé de représentants des courants sunnites dans l’interprétation donnée par les écoles religieuses et juridiques hanafite et shafiite (mazhab). Les adeptes de la mazhab shafiite vivent essentiellement en Tchétchénie, en Ingouchie et au Daghestan. Les habitants du Caucase du Nord-Ouest, du Tatarstan, de la Bachkirie et d’autres régions relèvent de la mazhab hanafite. Une bonne partie des Azerbaïdjanais pratique le Chiisme. Cependant, ces derniers temps un grand brassage s’est produit dans la communauté musulmane russe : du fait de la migration assez massive d’habitants des républiques du Caucase du Nord vers d’autres régions de Russie et de la venue en Russie d’un grand nombre d’immigrés musulmans en provenance de pays de la Communauté des États indépendants (CEI) il se produit au sein de la communauté musulmane des tiraillements entre les différents groupes ethniques et culturels.

Mais ce n’est pas là la seule raison des désaccords internes. Dans beaucoup de régions le conflit des générations s’exacerbe, les jeunes musulmans sont contraints de créer des structures parallèles qui sont immédiatement dénoncées comme « wahhabites » par leurs adversaires. En outre, il y a aussi le problème du leadership. Le Grand mufti de Russie et président de la Direction spirituelle centrale des musulmans de Russie, Talgat Tadjoutdine, et le président de la Direction spirituelle des musulmans de la partie européenne de la Russie, Ravil Gaïnoutdine, se livrent à une lutte sans merci pour savoir lequel des deux accédera à la tête de la communauté musulmane du pays. Quant aux muftis des républiques du Caucase du Nord, en 1999 ils avaient créé le centre de coordination des musulmans du Caucase du Nord, dans une bonne mesure pour contrecarrer les tentatives de Talgat Tadjoutdine et de Ravil Gaïnoutdine de les rallier sous leur bannière. Des contradictions déchirent aussi le Conseil des muftis de Russie. À tout cela il faut encore ajouter la crise traversée par les Directions spirituelles des musulmans (DSM). Fondées au XVIIIe siècle à l’époque de Catherine II en tant qu’instrument destiné à faciliter l’administration des musulmans citoyens de l’Empire russe, elles sont restées à l’état de structure bureaucratique. L’influence exercée localement par les DSM est pratiquement inexistante.

Dans l’ensemble on observe une absence de dialogue permanent entre l’État et les forces politiques du pays, d’une part, et les personnalités et organisations musulmanes, de l’autre. Ce qu’il faudrait, c’est que ces contacts tiennent compte de la diversité des forces représentées au sein de la communauté islamique de la Russie. Pour le moment, seuls des contacts ont été établis entre les autorités et les directions spirituelles.

Un autre problème : l’extension du radicalisme et de l’extrémisme parmi les croyants. Pour combattre ces phénomènes, il est primordial de former des ministres du culte compétents. La Russie ne possède toujours pas de système d’enseignement islamique cohérent, à même de former des mollahs et des imams capables de neutraliser la vulgarisation des idées radicales et extrémistes. Les démarches entreprises dans cette direction ne reposent sur aucun système et sont souvent incompréhensibles : par exemple, une université islamique fonctionne en Karatchaevo-Tcherkessie, mais par contre on a fermé la quasi-totalité des mektebas (écoles primaires près les mosquées) et les medersas (établissements d’enseignement secondaire).

La situation est aggravée par le développement inégal de la vie religieuse dans les régions où l’islam est pratiqué. Plus de 1.700 mosquées ont été construites au Daghestan, on y recense une bonne dizaine d’établissements d’enseignement supérieur islamique et des centaines de mektebas et de medersas. Par contre, en Adyghée on dénombre moins de 100 mosquées et pas un seul établissement d’enseignement islamique n’y a été créé. Bien évidemment nous sommes loin d’avoir énuméré tous les problèmes auxquels la communauté islamique russe est confrontée. Ces problèmes sont naturels, ils sont dus à la logique du processus de renaissance de la vie religieuse des musulmans croyants. En quinze années de renouveau islamique en Russie beaucoup a été fait, mais ce n’est que le début du chemin. La coopération avec les communautés islamiques d’autres pays, avec les organisations musulmanes comme l’OCI est indispensable.

 Akhmet Yarlykapov

Chercheur à l’Institut d’ethnologie et d’anthropologie relevant de l’Académie des sciences de Russie, collaborateur de l’agence RIA Novosti


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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:39

Washington piège Karimov
L’Ouzbékistan paye son changement d’alliance
par S. Djamal
*


Jusqu’à présent allié et protégé des États-Unis, Islam Karimov est soudain stigmatisé par la presse occidentale. C’est que « notre homme en Ouzbékistan » s’était lassé des manœuvres des Anglo-Saxons dans son pays, qui n’hésitaient pas à y créer des difficultés intérieures pour rendre leur aide indispensable. Il avait alors décidé de changer d’alliance et de se tourner vers la Russie et la Chine. Immédiatement, il s’est trouvé confronté à des violentes émeutes, qu’il n’a pas manqué de réprimer durement selon son habitude. Mais, cette fois, le président Islam Karimov se retrouve stigmatisé comme un tyran.




17 juin 2005

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Pays
Ouzbékistan

Thèmes
Renaissance de l’Asie

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Vladimir Poutine (au premier plan) et Islam Karimov

L’écrivain britannique Rudyard Kipling avait décrit l’affrontement par peuples interposés des empires tsariste et victoriens en Asie centrale comme un « grand jeu ». La partie a repris à trois joueurs : les États-Unis, la Chine et la Russie. Après le renversement des talibans en Afghanistan, le pouvoir vacille en Kirghizie, l’opposition est en ébullition au Kazakhstan, on parle de massacres en Ouzbékistan. La presse occidentale évoque une possible « révolution verte » (c’est-à-dire islamique) et d’un chaos total dans la région.

L’Ouzbékistan fait partie du « bassin de la Caspienne », une zone riche en gaz et en pétrole. Les CARs (c’est ainsi que les anglophones désignent les républiques d’Asie centrale, Central Asian Republics) reproduisent un schéma typique des pays du tiers-monde producteurs de pétrole, où le secteur des hydrocarbures fonctionne en marge de la société, creusant les inégalités au lieu de favoriser une richesse collective.

Les Bermudes sont ainsi le 1er destinataire des exportations kazakhs avec 16 % du total, tandis que pour l’Ouzbékistan, la Suisse arrive en 2ème position avec 8,3 % [1]. Des chiffres qui s’expliquent par l’implantation off-shore, dans des pays à fiscalité réduite, de sociétés pétrolières actives sur place.

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Après avoir adapté la théorie du Rimland de Spykman au nouveau contexte politique résultant de l’écroulement de l’URSS, le stratège états-unien Zbigniew Brzezinski préconisait l’établissement de relations spécifiques avec trois pays : l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan. « Les hydrocarbures de la Caspienne sont un instrument pour aspirer géopolitiquement et économiquement l’Asie Centrale et la Transcaucasie sur le marché mondial et empêcher toute possibilité de réintégration impériale post-soviétique », écrivait-il pour résumer les objectifs de Washington dans la région [2].

Si les deux premières parties d’échecs (Ukraine, Azerbaïdjan) semblent avoir été gagnées, la troisième (Ouzbékistan) pourrait bien être perdue par les faucons de Washington.

L’Ouzbékistan n’a pas connu de thérapie économique de choc, ni suivi la globalisation. Si cela avait été le cas, il aurait déjà été pillé par des oligarques comme en Russie. Le système local est un capitalisme d’État de type fin de période soviétique qui s’accomode d’une agriculture semi-féodale.

C’était déjà l’un des plus grands centres de l’islam au temps de l’URSS, il y avait des madrasas à Tachkent. Compte tenu de la répression des partis politiques, ce sont des formes radicales de l’islam, généralement non-violentes, qui se sont imposées comme principales forces politiques, comme dans de nombreux pays arabes et asiatiques. D’origine palestinienne, le Hizb ut-Tahrir est devenu l’organisation la plus influente dans les CARs.

Après les évènements des 12-13 et 14 mai 2005 à Andijan, les émeutiers n’ont plus fait parler d’eux, leur identité est encore incertaine, le pouvoir se contentant de les qualifier d’islamistes et de criminels. Aujourd’hui, le pays est contrôlé par deux clans, celui de Samarkand et celui de Tachkent. Le clan de la Ferghana, qui était très influent par le passé, a été écarté du pouvoir. Il semble cependant qu’il ait noué une alliance avec des groupes musulmans pour retrouver son importance.

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Gulnara Karimova

Il se heurterait à gourmandise de la fille du président, Gulnara Karimova, dont l’empire industriel (société « Zéromaks » notamment) grandit de jour en jour et qui joue de facto le rôle de n°2 du pouvoir.

Quoi qu’il en soit, le président Islam Abduganievitch Karimov est aujourd’hui plus préoccupé par l’image que les médias occidentaux donnent de lui que par une éventuelle instabilité du pays. Sur ce point, il a une conscience très aiguë de l’importance cruciale de la vallée de Ferghana. D’autant que c’est à la suite d’émeutes dans cette vallée qu’il a été catapulté président avec l’aide des élites locales. Toutefois, Shukuralla Mirsaidov, le leader de la vallée avec qui il avait fait alliance, fut discrédité quand il soutint le coup d’État de 1991 contre Michail Gorbatchev. Karimov se retrouvant isolé fit évoluer son gouvernement vers un despotisme oriental, sa tyrannie se nourrissant d’exemples dans l’histoire locale.

Les affrontements à Andijan

Les premières émeutes musulmanes à Andijan remontent à 1898, c’était contre l’armée du tsar. Les violences contre les Arméniens et les juifs sont fréquentes, les heurts entre musulmans aussi. Des massacres de Turcs Meskhets ont eu lieu en 1989-90 dans la vallée. Des manifestations violentes, quoi que non armées, sont chose courante dans la ville.

Les violences de la mi-mai 2005 ont fait la « une » de tous les journaux de la planète. L’emballement médiatique, qui les accompagna, fut digne des plus grandes manipulations de la fin du XXème siècle avec les épisodes de Raçak et Timisoara. Les rapports de la presse sont à l’évidence très éloignés de la réalité même si, comme nous allons le montrer, cette réalité n’est aujourd’hui encore que partiellement établie.

La première émeute, qui a suscité la répression, visait à libérer vingt-trois chefs d’entreprise emprisonnés depuis quelques mois, tous membres d’une confrèrie politico-religieuse, l’Akramia. Selon Alexeï Makarkine, elle illustre l’alliance entre des islamistes et le clan mafieux de la Ferghana, préoccupé de retrouver son autorité perdue.

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Des témoins affirment qu’une centaine de personnes armées de fusils automatiques, de fusils à lunettes et de pistolets Makarovs (arme de point de fabrication russe) ont attaqué la prison et tué 52 gardes. Ils ont alors pillé l’arsenal de la base militaire toute proche qui contenait 150 kalachnikovs et 300 vieilles grenades à fragmentation RGD-5. Puis, ils ont attaqué la préfecture et occupé le bâtiment en prenant des otages. Pour une description plus précise des faits, on peut se reporter au témoignage anonyme d’un des détenus libéré de prison par les assaillants publié sur le site ferghana.ru [3] et repris par Turkisk Weekly, l’hebdomadaire du think-tank turc d’obédience laïque « International Strategic Research Organisation » [4]. Le témoin rebaptisé « Roustam » évoque la présence de membres de son mouvement réfugiés à la frontière kirghize et préparant des opérations d’envergure, un « djihad » pas totalement assumé. Des sources proches du ministère de la Défense russe ont déclaré qu’une cinquantaine d’étrangers venants de pays asiatiques, y compris de la CEI, figuraient parmi les personnes tuées ou capturées pendant les affrontements.

Le séparatisme a toujours été puissant dans la vallée de Ferghana. Il est d’autant plus fort que cette zone fonde traditionnellement son économie sur les drogues. Il est surtout provoqué par le découpage géographique des frontière voulu par Staline. Pour se faire une idée plus précise de cette subtile imbrication, on peut consulter le rapport annuel de l’OGD (Observatoire géopolitique des drogues) de 1997. Chaque capitale d’Asie centrale est adossée à la frontière du pays voisin et « surveillée » par la capitale de ce dernier ou une ville de garnison.

Aucun pays n’est en mesure de garantir l’intégrité de son territoire, une frontière internationale ou une frontière géophysique infranchissable sépare toujours la capitale de la seconde ville du pays. La gestion de l’eau pose aussi de nombreux problèmes dans ces régions désertiques et augmente l’interdépendance des États. Les drogues peuvent arriver d’Afghanistan ou du Pakistan. La route suivie commence en Kirghizie, à Och [5] (où débuta les « révolution des tulipes »), puis passe en Ouzbékistan, obligatoirement par Andijan qui n’est qu’a 50 km, pour aller ensuite vers Tachkent. Le Xing Kiang chinois, riche en pétrole (appelé aussi « Turkestan Oriental » par ceux qui luttent pour son détachement de la Chine ), n’est lui qu’à 200 km. Son indépendance est inacceptable pour Pékin. Selon Ding Peihua, un spécialiste de l’Asie centrale de l’Académie des Sciences de Shangaï, de nombreux séparatistes sont basés en Ouzbékistan.

Andijan est une ville plutôt prospère, les entrepreneurs de l’Akramia y avaient d’ailleurs institué un salaire minimum, plusieurs fois supérieur à l’officiel. Ce qui leur vaut entre autres d’être accusés par le gouvernement de « mise en péril des bases constitutionnelles de l’Ouzbékistan ». Le commerce traditionnel, informel, présente un danger de destabilisation dans ces régions riches en trafics en tous genres, marquées par le clanisme et l’influence des confréries religieuses secrètes.

Le président Karimov a dénoncé une « attaque médiatique » contre son pays. Viatcheslav Ivanov, président de Politika, semble partager son avis [6]. Pour lui, l’information selon laquelle des manifestants pacifiques ont été pris pour cible est infondée. Le politologue parle de 300 islamistes-akramistes très organisés, ayant lancé la première attaque contre la prison. Pour lui, l’absence d’impact sur le bâtiment vitré jouxtant la place centrale démontre que la plupart des victimes ont été tuées ou blessées quand des corridors ont été mis en place pour permettre aux boïevikis d’évacuer les lieux. L’ancien rédacteur en chef des Izvestia, Vitaly Tretiakov [7], s’est aussi rendu dans ce pays qu’on dit en Russie faire partie de l « étranger proche ». Il confirme : « Il n’y a eu aucun coup de feu sur des manifestants pacifiques. 95 % des reproches faits au gouvernement ouzbek sont absurdes et non-basés sur des faits réels ».

Bakiev , dont la coalition vacille actuellement et qui bien qu’auréolé de son statut de démocrate sans tâche a subi une tentative de renversement vendredi 17 juin, continue lui aussi à soutenir les autorités du pays voisin. L’International Crisis Group, ainsi que Human Right Watch et la Freedom House, affirment que les gens étaient désarmés et invitent le président George W. Bush à suspendre les négociations sur les bases militaires US. L’Ouzbékistan a ordonné une enquête et a de son propre chef invité les grandes puissances régionales a y participer, ce qu’elles ont accepté de faire contrairement aux États-Unis. Dans l’Asia Times, M. K. Bhadrakumar se demande justement : « Pourquoi la Maison-Blanche a-t-elle évoqué la doctrine de l’intervention humanitaire alors qu’elle s’est illustrée par une absence de telles préoccupations à Fallujah ? » [8]

Le Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération ou HT)

Les communautés d’entraide économique et religieuse comme l’Akramia, dont faisaient partie les vingt-trois hommes d’affaires arrêtés le 23 juin 2004 et jugé à Alatankul lors des violences, sont courantes chez les soufis tarîqa. Nombres d’entre elles sont devenues puissantes, ainsi le Refah Partisi (Parti de la prospérité) est-il désormais au pouvoir en Turquie. Le mouvement tirait à l’origine une partie de sa popularité du pan-turquisme qu’il affichait, l’islam a pris le dessus comme vecteur d’unification. Près de 7 millions de Turcs sont originaires de Transcaucasie et d’Asie centrale, ils constituent un lobby influent en Turquie. Le pays a lancé une chaîne de télévision, Avrasia TV qui diffuse dans toute la région.

Selon B.Raman, [9] le Hizb ut-Tahrir propose une démocratie dans laquelle Allah est souverain et une version islamique de l’économie de marché. Le HT a été fondé en 1953 par Sheikh Taqiuddin an-Nabhani Al Falatani, un juge de la cour d’appel de la Sharia à Jérusalem. Le bureau central, situé à Londres, est dirigé par Sheikh Omar Bakri Muhammad, un syrien de 42 ans. Le HT revendique l’usage unique d’agit-prop pour répandre ses idées. Le mouvement compterait 20 000 membres actuellement en Ouzbékistan, dont 8 000 en prison. Leur leader est Vahid Omran. Il s’agit d’un réseau clandestin organisé en cellules autonomes de 5 personnes, que ses détracteurs présentent comme une vitrine politique d’Al Qaïda. L’organisation étend son influence actuellement en Afghanistan, au Pakistan et au Xing kiang. L’IMU, l’autre mouvement islamique important de la région, était plutôt composé d’anciens soldats de l’armée soviétique, le HT a une large proportion d’étudiants post-91, d’entrepreneurs et de membres des forces de sécurité. L’IMU est classé parmi les organisations terroristes par les États-Unis, pas le HT. D’après Ahmed Rashid [10], l’IMU s’est réorganisé à partir des zones à forte densité de peuplement au Pakistan.

L’Akramia, le groupe dont faisait partie les vingt-trois hommes d’affaires emprisonnés avant le massacre, est considérée par les analystes ouzbeks comme dissident du HT, dont il contesterait le refus de la violence. D’autres auteurs le rpésentent comme la vitrine politique du HT. À partir de l’indépendance en 1991, la construction de mosquées financées par les Saoudiens et le pèlerinage sont autorisés, mais depuis 1995, avec l’émergence du HT, cette politique est inversée. Pour K.Gajendra Singh [11], ce sont les politiques néfastes des États-Unis, des Saoudiens et des Pakistanais qui ont apporté le wahhabisme dans les CARs. Notons que le terme de wahhabisme désigne ici plus un islam financé par des Saoudiens qu’une réplique de la religion saoudienne, de toute manière en opposition à un islam libéral imprégné de la mystique soufie.

La répression s’est accentuée après les vagues d’attentats de 1994 et 1999, dont on ne connaît toujours pas précisément les commanditaires [12]. Ils ont servi les intérêts de factions nationales et de puissances étrangères qui convoitent les richesses du pays. D’après B. Raman, le HT mène des campagnes virulentes contre le gouvernement ouzbek, contre les États-Unis, mais aussi contre la communauté juive, parlant même de Karimov comme d’un traître juif [13]. La majorité des juifs new-yorkais originaires de Boukhara, émigrée au début des années 90, continuent d’ailleurs à soutenir Karimov. Rafael Nektalov, l’éditeur en chef du Boukharian Times, affirme que les juifs restés sur place (ils sont environ 12 000) partagent cet avis.

Les Anglo-Saxons

L’administration états-unienne a été saisie d’une véritable schizophrénie devant le tyran ouzbek. Le département d’État le critique, tandis que celui de la Défense le soutient. Donald Rumsfeld souhaite même implanter des bases permanentes dans le pays. C’est sans doute pour cela qu’il s’oppose à une enquête internationale sur la répression. En juin 2004, le département d’État avait annulé une aide de 18 millions de dollars, geste aussitôt désavoué par le chef d’état-major interarmes, le général Richard Myers, qui compensait deux mois plus tard cette sanction par une aide militaire de 21 millions de dollars.

L’Ouzbékistan est l’un des dix États où la Coalition a transféré des suspects pour qu’ils soient torturés par les services locaux [14]. Les diplomates du département d’État tentent de convaincre le Pentagone et la CIA d’adopter une politique plus nuancée. Ils préconisent d’utiliser l’aide apportée pour négocier des réformes.

Un oligarque pro-états-unien, Sanjar Oumarov vient d’être élu récemment à la tête d’une alliance hétéroclite d’hommes d’affaires appelée « Serkouech Ouzbékistonim » (Ouzbékistan ensoleillé). Il propose d’ouvrir tous les secteurs de l’économie ouzbèque aux investissements étrangers et soutient un projet d’oléoduc financé à 100 % par les États-Unis. Dans une lettre à Condoleeza Rice, il demandait récemment une intervention plus ferme auprès du leader ouzbek pour qu’il réforme le pays et change de gouvernement. Un autre membre de l’opposition ouzbèque, Muhammad Salikh, le leader du parti « Erk » se rendra à Washington promouvoir ses idées du 27 au 30 juin.

Craig Murray, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Ouzbékistan, a été lourdement sanctionné par le gouvernement de Sa Majesté pour avoir dénoncé la torture sous-traitée par la CIA états-unienne et le MI-6 britannique. Il avait au grand désespoir des autorités fait autopsier le cadavre d’un détenu ébouillanté, qu’il avait fait transférer en Écosse. D’après lui, depuis 2002 et le début des critiques d’ONG concernant les droits de l’Homme, l’aide financière apportée à l’Ouzbékistan est prélevée sur les fonds secrets du Pentagone [15]. Il affirme aussi qu’il y a quelques semaines, des sociétés états-uniennes ont été engagées pour construire un pipeline reliant l’Asie centrale à la mer d’Arabie par l’Afghanistan.

Dans l’Asia Times, [16], le docteur Imran Waheed du bureau du Hizb ut-Tahrir à Londres, dénonçait aussi les multiples tortures et même l’injection par les geôliers ouzbeks de sang infecté par le virus du sida aux détenus qui continuent à prier et qui refusent de demander pardon à Karimov.

Le 2 juin, les États-Unis ont conseillé à leur personnel non-essentiel et à leurs familles de quitter l’Ouzbékistan. Ils connaissent avec précision la situation du pays car ils ont eux-mês formé et entraîné les forces impliquées dans la répression du soulèvement d’Andijan [17]. Certains membres des unités spéciales de contre-terrorisme, les « Bars » par exemple, ont suivi un entrainement en Louisiane en 2004. Des officiers de la sécurité ouzbèque ont aussi reçu des cours de gestion des conflits et de commandement tactique au Nouveau-Mexique, en 2003. Il semble que ces unités aient participé à l’intervention sanglante.

Cela fait longtemps que les Anglo-Saxons utilisent l’islam politique comme un instrument pour changer la région. Leur position est toujours aussi ambiguë, Ils réduisent l’aide à l’Ouzbékistan pour cause d’absence de progrès en matière de Droits de l’Homme, mais dans un même temps, ils augmentent les aides militaires, qui elles-mêmes sont justifiées par la présence de terroristes islamistes. Philip Zelikow, très proche collaborateur de Condoleezza Rice n’a pas hésité à déclarer que Bush est conscient de la possibilité de l’arrivée au pouvoir de forces islamistes et qu’il est prêt à « courir le risque ». En mars de cette année, c’est le représentant du Foreign Office qui a vu sa visite annulée par Karimov pour avoir soulevé la question des droits humains.

Des informations contradictoires circulent actuellement au sujet des bases aériennes états-uniennes de Karsh-Khanabad (les anglophones les appellent « K2 »). Washington parle de restriction par les Ouzbeks de leur usage et dit craindre que ces restrictions ne deviennent permanentes. Cependant, les Ouzbeks ont peut-être sur-estimé l’utilité des bases K2 pour les États-Unis et leurs alliés. Celle-ci est indiscutable dans l’optique d’investissements dans le pays, elle l’est moins du point de vue du maintien de la stabilité en Afghanistan. Une partie des aéronefs initialement stationnés a déjà été relocalisée à l’extérieur du pays. Un autre intérêt, très peu évoqué incite les États-Unis à rester à Karsh : la présence à proximité d’une des plus grosses usines de traitement de l’uranium de l’ex-URSS [18]. Si des troubles venaient à éclater dans la région, les États-Unis seraient peut-être « obligés » de maintenir leur base.

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Finalement, Islam Karimov s’est lassé des manoeuvres anglo-saxonnes. L’ancien fonctionnaire du ministère du plan de l’URSS, qu’il est, s’est donc spontannément tourné vers la Chine et la Russie qui sont elles-mêmes en train de se rapprocher l’une de l’autre. Le modèle de développement économique chinois et son pouvoir fort lui plaisait depuis toujours. Il a été chaleureusement accueilli à Pékin, en « vieil ami », juste après les violences du 13 mai 2005 à Andijan. Il a été honoré du tapis rouge et d’une salve de 21 coups de fusils. Les deux États ont signé un traité de partenariat amical et de coopération ainsi que 14 accords dont une joint-venture de 600 millions de dollars dans le domaine pétrolier entre Uzbekneftegaz et la China National Petroleum Corporation. Ayant scéllé cette alliance avec la Russie et la Chine, Karimov pouvait adopter une position dure à Andijan sans prêter attention à l’Occident ; un comportement qui agace profondément les États-Unis.

Le revirement de Karimov remonte en fait à l’invasion de l’Irak à la fin 2002. Il soutenait auparavant les Anglo-Saxons pour renverser les Talibans. Il s’est par la suite rapproché de l’Organisation de coopération de Shanghai [19] et a même insisté pour que son centre anti-terroriste soit basé à Tachkent. Une rencontre avait justement eu lieu le 3 juin à Astana, juste avant le début de la campagne médiatique...Ces États semblent décidés à intensifier leur coopération pour assurer la stabilité et la sécurité de la région. Ils souhaitent aussi intensifier leur collaboration avec l’ASEAN et la CEI. Un statut d’observateur a été accordé à l’Inde, à l’Iran et au Pakistan, le but est de damer le pion au GUUAM [20] et à l’OTAN [21]. L’Iran qui fait face aux velléités dominatrices US, s’est jointe à la Chine et à la Russie, désireuses de lutter contre l’unilatéralisme et les intentions hégémoniques états-uniennes.

L’Inde, bien que partenaire du tout nouveau projet de gazoduc à 4 milliards de dollars pour transporter le gaz iranien chez elle, en passant par le Pakistan, est omnubilée par le problème du Cachemire et reste attentive aux tentatives pakistanaises de trouver une profondeur stratégique en Asie centrale. D’après le politologue Boris Eisenbaum [22], « reconnaître une influence dominante russe en Asie centrale permet aux autorités iraniennes d’instaurer de bonnes relations avec Moscou qui s’engage à leur livrer de l’équipement militaire et une centrale nucléaire ». La Chine, elle aussi, est grande consommatrice de produits militaires russes [23].

Certains guerriers à Washington se sentiraient orphelins s’ils devaient quitter le champ de bataille d’Asie centrale. Renverser le gouvernement ouzbek et mettre en place un oligarque obéissant semble être l’un des plans étudié outre-Atlantique, mais il n’est pas impossible que des scénarios plus périlleux aient été envisagés.

Viatcheslav Khamisov, de l’Institut international d’études stratégiques à Bichkek pense que : « L’Occident n’a pas aidé suffisamment l’Afghanistan après la guerre, de ce fait il a perdu l’initiative stratégique en Asie centrale ».

Le rôle important joué par les Ouzbeks dans le gouvernement de Kaboul et dans les provinces est susceptible d’augmenter les tensions du fait des solidarités ethniques. Pour le président afghan, Hamid Karzaï, qui tient son autorité exclusivement de la présence militaire US, les problèmes de l’Ouzbékistan sont une bonne occasion pour obtenir des bases états-uniennes permanentes sur son sol. Il peut espérer ainsi à la fois se maintenir au pouvoir et protéger son pays des velléités d’expansion ouzbèques. Islam Karimov a en effet de grandes ambitions géopolitiques, c’est un grand admirateur de Tamerlan, plus pour sa qualité d’ impitoyable conquérant d’ailleurs que pour ses qualités de grand administrateur. C’est sans doute pour satisfaire à ses ambitions qu’il avait choisi de s’allier aux États-Unis. Le voilà revenu à une alternative pacifique. Il a sans doute gardé en tête le sort réservé à de nombreux régimes dictatoriaux soutenus où même mis en place par Washington par le passé.

En Russie, des manifestations de jeunes « Eurasistes » en soutien au président Karimov ont eu lieu devant l’ambassade ouzbèque. L’eurasisme, cette adaptation de la théorie du Heartland de Mackinder, séduit aussi bien des membres de la droite dure, des libéraux que des démocrates. Elle se fonde sur un sentiment d’unité avec le monde turco-persan. La Russie est toujours bien implantée dans la région. Elle a pratiquement le monopole de l’industrie du gaz au Turkménistan. Le Kazakhstan est resté très proche à cause de son importante population russe et des liens stratégiques entre les deux pays, le nucléaire et la base spatiale de Baïkonour notamment. Le ministre des finances Alexeï Koudrine avait annoncé en février 2005, que les banques chinoises avaient fourni 6 milliards de dollars sur les 9,3 milliards que Yuganskneftegaz a coûté à Rosneft. C’est la plus grosse participation étrangère dans le secteur très gardé du pétrole russe. Gazprom gagne aussi du terrain grâce à sa politique de corruption ouverte de fonctionnaires ouzbeks. Des exercices militaires ont aussi eu lieu cette année entre les deux pays, les premiers depuis 1958 !

L’Organisation de coopération de Shanghai est en passe de devenir une véritable organisation politico-militaire régionale, il ne reste plus qu’à intégrer des États ouest-européens à la structure pour avoir les bases de la première organisation politique eurasienne.

Il s’agit d’un véritable échec pour les États-Unis qui considèrent l’Ouzbékistan comme l’un des points stratégiques pour sécuriser le « Grand Moyen-Orient », cette ceinture de pétrole et de gaz qui a aussi l’avantage de provoquer un encerclement de la Russie et une pression sur la Chine tant redoutée. Sans l’Ouzbékistan, les États-Unis n’ont plus que l’enclave afghane sous leur contrôle, or ce pays ne représente un intérêt que pour le transit des hydrocarbures venants d’Asie centrale. Pour le moment, elle ne sert à rien sinon à la production massive d’héroïne. On est loin de l’eldorado pétrolier envisagé...

Le 14 mai, le département d’Etat, plein de bonne volonté, vantait encore les « progrès substantiels et continus » du pays vers la démocratie. Maintenant que la rupture est consacrée, les méthodes de déstabilisation maintes fois éprouvées par les États-Unis vont être utilisées sans aucun doute. Leur envergure sera à la mesure des investissements déjà effectués dans la région. On évoque dans certains milieux une élimination physique de Karimov, ou un simple renversement. C’est un grand coup que l’homme fort de l’Ouzbékistan a porté aux positions de l’OTAN et des États-Unis en Asie centrale et sa trahison appelle une revanche. La répression de l’opposition interne, même manipulée par les États-Unis, lui convenait car elle lui permettait d’asseoir son pouvoir. Cela ne l’a pas empêché de flirter discrètement avec ses voisins. Les violences permettaient jusqu’ici de justifier la présence US, d’où une suspicion permanente quant aux véritables commanditaires. Le départ des forces alliées laisserait le champ libre à la contestation qui cette fois ne serait pas dirigée contre elle. Au ministère des Affaires étrangères d’Ouzbékistan on offre une autre explication : les limitations imposées aux États-Unis étaient décidées depuis trois mois et les évènements d’Andijan ne seraient qu’une conséquence directe de leur décision d’arrêter de se plier à leurs exigences.

Henry Kissinger lançait il y a peu lors d’une rencontre de l’US-India Business council « le grand jeu est en train de reprendre, il serait ironique que la direction des pipelines et leur emplacement devienne l’équivalent moderne des disputes coloniales du 19ème siècle ». Il semble que les puissances locales s’entendent actuellement pour une redistribution des cartes et l’exclusion d’un des joueurs qui avait la particularité de fixer les règles du jeu tout en les enfreignant de façon éhontée.

S. Djamal

Collaborateur du Réseau Voltaire à Paris


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[1] Boris Eisenbaum, « Guerres en Asie centrale », luttes d’influence, pétrole, islamisme et mafias 1850-2004. Grasset, 2005

[2] The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, BasicBooks, 1997. Version française : Le Grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde, Bayard, 1997

[3] Ferghana.ru a été créé par Daniil Kislov, un Russe originaire de la ville de Ferghana, soutenu à ses débuts par Georges Soros et basé à Moscou. C’était le seul média disposant d’un correspondant sur place, à Andijan, lors des événements. Ses rapports étaient les seuls témoignages en direct sur lesquels pouvaient se baser les médias étrangers. Les visites du site sont montées à 60 000 par jour durant la répression. La consultation de ce site est devenue passible d’une amende de 10 000 soms, soit deux fois plus que pour la consultation d’un site pornographique.

[4] L’International Strategic Research Organisation est basée à Ankara. Elle publie aussi le Journal of Central Asia and the Caucasus.

[5] L’OGD signalait déjà en 97 que dans cette ville, le parc de voitures allemandes était proportionnellement le plus important d’Asie centrale...

[6] Cf.une interview à la radio « Échos de Moscou », reprise par le site ferghana.ru.

[7] Vitaly Tretiakov est actuellement éditeur du journal La Classe Politique .

[8] «  Into the valley of death ... », par M. K. Bhadrakumar, Asia Times, 16 juin 2005.

[9] B.Raman est ancien secrétaire et chef de cabinet du gouvernement indien. Il est actuellement directeur de l’Institute for Topical Studies de Chennai (Madras). Cf. The Andijan Uprising, part 1 et The Andijan Uprising, part 2.

[10] Djihad, the rise of militant islam in central Asia par Ahmed Rashid, Yale University Press, 2002. Version française Asie centrale, champ de guerre : cinq républiques face à l’islam radical, éd. Autrement, 2002.

[11] K. Gajendra Singh, ancien ambassadeur, est actuellement directeur de la Fondation pour les études indo-turques.

[12] Cf. « Le despote ouzbek s’achète une respectabilité » par Arthur Lepic, Voltaire, 2 avril 2004.

[13] « jewish stooge ».

[14] La loi états-unienne interdisant la torture, les États-Unis ne la pratiquent officieusement que dans les bases extrateritoriales de Guantanamo et Bagram. Les capacités de celles-ci étant limitées, ils font sous-traiter des interrogatoires par des tortionnaires étrangers.

[15] « What drives support for this torturer », The Guardian, 16 mai 2005, cf. notre analyse.

[16] « Islamic blame game ».

[17] « Uzbek Ministries in Crackdown Received U.S. Aid » par C. J. Chivers et Thom Shanker, The New York Times, 18 juin 2005.

[18] Le NGMK, Navoïski gorno-metallurgitcheski kombinat traite notamment l’or, dont l’Ouzbékistan est le 4ème producteur mondial.

[19] L’Organisation de coopération de Shanghai rassemble la Russie, la Chine, le Kazhakstan, le Kirghiztan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

[20] Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Moldavie, créée par les États-Unis pour l’indispensable sécurisation politique des investissements US. L’Ouzbékistan s’en est retiré le 5 mai 2005 en affirmant que l’organisation avait « changé » de manière significative ses tâches et objectifs.

[21] L’Ouzbékistan a claqué la porte de plusieurs réunions de l’Organisation dernièrement.

[22] Op. cit.

[23] Les Chinois ont acheté pour 2 milliards de dollars d’armement russe en 2004. Les échanges non-militaires doivent passer de 20 milliards de dollars en 2004, à 60 milliards en 2010.




http://www.voltairenet.org/article17307.html
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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:22

Bloc continental
L’alliance Inde-Iran
par Arthur Lepic
*


(article plus ancien, mais passionnant  - Eva)

Face aux menaces d’agression états-uniennes et israéliennes, Téhéran construit un ensemble cohérent d’alliances diplomatiques, économiques et militaires. Après avoir conclu de vastes accords commerciaux avec la Chine et s’être fait livrer des missiles de croisière par la Fédération de Russie, il vient de signer un traité avec l’Inde. Habilement, l’Iran a mis au point un système de coopération simultanée avec l’Inde et le Pakistan, entraînant ces deux États dans une dépendance réciproque qui les protège mutuellement de la guerre.




17 février 2005

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Renaissance de l’Asie

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Le président indien Abdul Kalam (à gauche), avec le président iranien Mohammed Khatami (au centre), lors de sa visite à New Delhi en 2003

L’Iran est aujourd’hui le cœur de cible du bellicisme états-unien, qui vise l’ensemble du « croissant chiite », c’est-à-dire à la fois le Hezbollah libanais, la Syrie, des groupes de la résistance irakienne et l’Iran. Pour provoquer un casus belli, le président Bush accuse Téhéran de fabriquer une arme nucléaire pour annihiler Israël, ainsi qu’il l’a répété au cours de sa conférence de presse du 17 février 2005. Ces imputations ayant été démenties par les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie, Washington se préoccupe d’éliminer son directeur, Mohamed ElBaradei et de le remplacer par un expert plus influençable.

Dernier développement d’une série de manœuvres médiatico-psychologiques, la « mystérieuse » explosion rapportée le 16 février 2004 dans la province de Bushehr, à une centaine de kilomètres du chantier de construction par les Russes d’une centrale nucléaire. Les explications confuses des autorités iraniennes, ainsi que l’écho médiatique provoqué par cet incident, suggèrent qu’il s’agissait là d’une mise en garde adressée à Téhéran. En effet, les États-Unis et Israël ne peuvent ni mener une grande offensive militaire, en raison de la situation militaire critique en Irak et du surdéploiement des troupes, ni une opération-éclair contre les installations nucléaires iraniennes, du type de celle menée par Israël contre la centrale irakienne Osirak en juin 1981, car la présence d’ingénieurs russes sur les lieux et les probables dégâts collatéraux les en dissuadent. Contrairement aux ingénieurs français en Irak, qui avaient évacué les lieux afin de permettre à Tsahal de détruire la centrale et même disposé à cet effet une camionnette à l’emplacement des installations souterraines, les Russes ne semblent manifestement pas prêts à trahir leurs accords avec Téhéran pour l’intérêt d’Israël.
L’explosion, après le passage remarqué d’un appareil non loin des installations nucléaires, n’a pas fait de victimes et n’a donc pas provoqué de remous diplomatiques conséquents, mais constitue néanmoins un avertissement clair sur les intentions des puissances hostiles à Téhéran.

Outre cette marge de manœuvre limitée en termes militaires, les États-Unis et Israël sont confrontés à d’autres obstacles, cette fois dans leur tentative d’isoler l’Iran régionalement et de « ramollir » cette cible, de la même manière que le régime de sanctions de l’ONU avait affaibli l’Irak et rendu l’invasion terrestre possible. L’Iran vient en effet de se trouver avec l’Inde un partenaire stratégique de choix dans la région, et de surcroît ce partenariat implique la coopération du Pakistan, ennemi juré de l’Inde, ce qui mettrait les deux pays dans une situation de coopération / dissuasion économique qui rendrait un affrontement d’autant moins probable. Ces accords, qui portent notamment sur la livraison à l’Inde de gaz naturel par l’Iran, qui en possède près de la moitié des réserves mondiales, représente sans aucun doute une douloureuse épine dans le pied de Washington. Parallèlement à une attitude raisonnée de l’Europe et de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA), une coopération amplifiée dans cette direction est même susceptible de freiner considérablement l’agenda impérial.

Des affinités culturelles et une convergence d’intérêts

L’Iran et l’Inde sont les deux principaux pays musulmans chiites dans le monde. Historiquement, leur affinités culturelles remontent encore plus loin avec des traces du culte de Mithra, à l’ère pré-chrétienne. En fait, les habitants de l’Irak moderne, du Sud de l’Iran, ainsi que ceux de l’Ouest et du Nord-Ouest de l’Inde venaient de la même région, ce qui a un jour conduit le pandit Nehru à déclarer : « Peu de peuples ont été aussi étroitement liés par leurs origines et à travers l’histoire que ceux de l’Inde et de l’Iran. ». On trouve ainsi dans les collines du Baloutchistan un peuple, les Barhuis, qui bien que de culture iranienne parlent une langue dravidienne proche de celles parlées dans le Sud de l’Inde. Le nom Iran lui-même est d’origine sanskrite airya (noble), comme le mot aryen, et inversement le nom Inde a évolué en passant par le Perse ancien.

Sur le plan énergétique, l’Inde est confrontée à un problème majeur d’approvisionnement en raison de sa démographie galopante et de son développement économique rapide, en deuxième position après la Chine. Malgré ses importantes réserves en charbon, sa consommation de pétrole a doublé entre 1987 et 1999, alors que la production nationale restait à peu près stable, ce qui a rendu le pays plus dépendant vis-à-vis de l’approvisionnement extérieur. Dotée d’un ministre du pétrole visionnaire et entreprenant en la personne de Mani Shankar Aiyar, l’Inde a d’ores et déjà approché la Russie, avec qui elle a signé d’importants accords, et la Chine dans une moindre mesure.

Mais c’est l’Iran, qui est à la recherche de partenaires à l’Est après avoir été classé dans l’ « Axe du Mal » par l’administration Bush, qui pourrait devenir son principal associé. Une première étape cruciale fut franchie, le 26 janvier 2003, lorsque le président Mohammed Khatami prit place en tant qu’invité d’honneur à la parade de la fête nationale indienne, ce qui est réservé aux plus proches partenaires de New Delhi. Les deux pays signèrent à cette occasion la Déclaration de New Delhi les engageant à étendre leur partenariat économique, dans le domaine énergétique, mais aussi stratégique et militaire. Depuis lors, ce partenariat n’a cessé de se renforcer alors que, parallèlement, les relations de l’Inde avec Israël et les États-Unis s’amélioraient sensiblement ; ce qui tend à conférer un rôle de tampon à l’Inde dans le cadre de la crise du nucléaire iranien.
Sur le plan militaire, les relations indo-iraniennes restent limitées, mais croissantes. Les deux pays ont entrepris des exercices navals conjoints, en mars 2003, probablement motivés par le déploiement anglo-saxon dans le Golfe persique. L’Iran a par ailleurs sollicité l’Inde, qui est équipée de chasseurs MIG russes et a développé une expertise technique exceptionnelle dans ce domaine, pour assurer une partie de la maintenance de sa propre aviation [
1].
En janvier dernier, un premier accord a été signé entre l’Iran et l’Inde pour la livraison de 7,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, sur une période s’étalant sur 25 ans, pour un coût d’environ 50 milliards d’euros [
2].

Un projet dont (presque) tout le monde sortira gagnant

Le méga-projet de gazoduc partant du gisement de South Pars, en Iran, jusqu’en Inde, via le Pakistan, a aussitôt été évoqué comme possible base de cet accord. Estimé à environ trois milliards d’euros, celui-ci devait permettre de répondre à une partie de la demande indienne anticipée pour les décennies à venir, à condition de surmonter un obstacle majeur : il était resté à l’état de projet depuis de nombreuses années, notamment parce que New Delhi craignait que le Pakistan interrompe l’approvisionnement en cas de conflit entre les deux pays et assèche ainsi l’économie indienne. Une solution avait bien été imaginée, qui consistait à immerger un gazoduc le long des côtes pakistanaises, mais son coût était prohibitif. Certes, le Pakistan a assuré qu’il ne s’opposerait pas au projet, mais seule une dépendance économique mutuelle assurée par une contrepartie côté pakistanais, à un niveau stratégique égal, pouvait écarter définitivement ce risque et permettre à l’Inde de se procurer du gaz naturel à prix modique.
C’est exactement le rôle que peut jouer le projet du barrage de Baglihar au Cachemire, accompagné de plusieurs petits projets hydroélectriques dans la région de Chenab. Il sera bientôt achevé et permettra à l’Inde d’assécher une région agricole vitale pour le Pakistan, dans l’éventualité que celui-ci coupe l’approvisionnement en gaz de l’Inde, ou à l’inverse de détruire les défenses pakistanaises de la province de Silakote en vidant son réservoir [
3].
Dans une telle situation d’équilibre des menaces, non seulement les risques de conflit entre l’Inde et le Pakistan diminueront, ainsi que l’escalade militaire et les risques de prolifération, mais la région du Cachemire profitera également des retombées économiques d’un projet initié à New Delhi, ce qui atténuera les velléités d’indépendance de cette province à majorité musulmane, qui sont au centre des tensions indo-pakistanaises.

Les gouvernements indien et iranien ont franchi aujourd’hui, le 17 février 2005, une nouvelle étape dans cette direction par la signature finale de l’accord sur le gazoduc [4]. La Compagnie nationale d’exportation de gaz iranienne a en effet accepté le tracé du gazoduc, et New Delhi devra simplement fournir une étude de faisabilité, puis conclure un accord tarifaire lors de la visite de son ministre du pétrole Aiyar à Téhéran en juin prochain, pour que la construction démarre.

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Le Général Pervez Musharaff

Quelle va être la réaction de Washington à cette initiative qui contrecarre ses efforts visant à isoler l’Iran de la région ? Les néo-conservateurs sont pris entre deux feux. Depuis le 11 septembre 2001, ils cajolent le régime du général Musharraf, au Pakistan, afin que celui-ci l’accompagne dans la « guerre au terrorisme », à coups de milliards d’aide économique et de livraisons de F-16 à capacité nucléaire, ce qui a obligé l’Inde à réviser toute sa politique de défense. Le général Musharraf a jusqu’à présent été bon élève ; il a protégé Ben Laden, Hamid Kharzaï et le traffic de l’héroïne afghane. Bush va-t-il l’inciter à revenir sur l’accord de principe concernant le gazoduc et à renoncer ainsi aux importantes royalties de transit, de même qu’à un potentiel instrument de pressions sur l’Inde ? On sait, depuis les récentes révélations de Seymour Hersh qui n’ont pas été infirmées par Washington, qu’en ce qui concerne le nucléaire iranien, Washington a dû consentir un compromis douloureux en renonçant à faire interroger A. Q. Khan, « père » de la bombe atomique pakistanaise, pour qu’en contrepartie le Pakistan l’épaule dans les opérations d’espionnage et de déstabilisation menées contre l’Iran à partir de l’Afghanistan. En effet, A. Q. Khan avait admis avoir transmis des documents essentiels au programme nucléaire iranien, mais la CIA n’est guère en mesure de mener des opérations à partir de l’Irak qui est en grande partie contrôlé par la Résistance, ce qui ne laissait guère d’alternative.

L’Inde, qui cherche surtout l’apaisement avec le Pakistan pour pour pouvoir s’approvisionner en gaz à bas prix, est d’autant plus inquiète après les déclarations de Condoleezza Rice devant les sénateurs en janvier dernier. La secrétaire d’État leur a expliqué que les États-Unis avaient pris le contrôle de l’arsenal nucléaire pakistanais pour éviter que les fondamentalistes ne s’en emparent s’ils parvenaient à renverser Musharraf, qui a déjà échappé à plusieurs tentatives d’assassinat ces derniers mois [5]. New Delhi craint donc que Washington mise encore davantage sur le Pakistan pour atteindre ses objectifs dans la région, qui incluent la réquisition du gaz iranien pour ses propres besoins pressants, et ruine l’alliance naturelle de l’Inde avec l’Iran.

 Arthur Lepic

Journaliste français, spécialiste des questions énergetiques et militaires.




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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 04:14

La réalité de classe et la propagande impériale
Iran : le bobard de l’« élection volée »

par James Petras
*


L’analyse des résultats de l’élection présidentielle iranienne, au vu des votes précédents et des sondages commandés sur place par les États-Unis, ne laisse pas de doute : Mahmoud Ahmadinejad est largement réélu. Ceci n’est guère surprenant, observe le professeur James Petras : le peuple a voté pour un national-populiste, tandis que seules les élites occidentalisées ont voté pour le candidat libéral, chouchou des médias occidentaux. Le même phénomène a déjà été observé dans d’autres pays.




19 juin 2009

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New York (États-Unis)

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Pays
République islamique d’Iran

Thèmes
Action secrète
 Contrôle du « Grand Moyen-Orient »

« Pour les pauvres, le changement, cela signifie avoir à manger et avoir du travail ; ça n’est une question ni de code vestimentaire branché, ni de récréations mixtes… En Iran, la politique a énormément plus à voir avec la lutte des classes qu’avec la religion »
Editorial du Financial Times, 15 juin 2009.

Il n’est quasiment pas d’exemple d’une élection dans laquelle la Maison-Blanche ait eu un intérêt important, et dans laquelle la défaite du candidat pro-US n’eût été dénoncée comme « illégitime » par l’élite politique et médiatique (occidentale) dans son entièreté… Dans la dernière période, la Maison-Blanche et l’arrière-ban de son camp ont crié au scandale après des élections entièrement libres (et supervisées par des observateurs internationaux) au Venezuela et à Gaza, tout en fabriquant allègrement un « succès électoral » au Liban, en dépit du fait que la coalition emmenée par le Hezbollah y a recueilli plus de 53 % des suffrages.

Les récentes élections, le 12 juin 2009, en Iran sont un classique du genre : le président sortant nationaliste-populiste Mahmoud Ahmadinejad a recueilli 63,3 % des suffrages (soit 24,5 millions de voix), tandis que le candidat de l’opposition libérale soutenue par l’Occident, Hossein Mousavi, a recueilli 34,2 % des suffrages (soit 13,2 millions de voix).

Cette élection présidentielle a motivé plus de 80 % de l’électorat, avec notamment un vote outre-mer sans précédent de 234 812 électeurs, dans lequel Mousavi a remporté 111 792 suffrages, et Ahmadinejad, 78 300. L’opposition, emmenée par Mousavi, n’a pas accepté sa défaite, et elle a organisé une série de manifestations de masse, qui ont pris un tour violent, entraînant l’incendie et la destruction d’automobiles, de banques, de bâtiments publics, ainsi que des affrontements armés avec la police et d’autres services d’ordre. C’est la quasi-totalité du spectre des décideurs politiques occidentaux, y compris tous les principaux médias papier et électroniques, les principaux sites ouèbes libéraux, radicaux, libertaires et conservateurs qui ont fait écho à l’allégation faite par l’opposition iranienne d’une fraude électorale généralisée. Les néoconservateurs, les conservateurs libertariens et les trotskystes ont joint leurs voix à celle des sionistes, saluant les protestataires de l’opposition iranienne, voulant y voir une garde avancée d’on ne sait trop quelle « révolution démocratique ». (Aux États-Unis), les Démocrates et les Républicains ont condamné le régime actuel en Iran, refusant de reconnaître le score de ces élections et saluant les efforts des protestataires visant à en renverser le résultat. Le New York Times, CNN, le Washington Post, le ministère israélien des Affaires étrangères et toute la direction du Conseil des Présidents des Plus grandes Associations Juives Américaines (Presidents of the Major American Jewish Organizations) en ont appelé à des sanctions renforcées contre l’Iran, proclamant l’ouverture faite par Obama en vue d’un dialogue avec ce pays « morte et enterrée ».

Le bobard de la fraude

Les dirigeants occidentaux ont rejeté les résultats des élections iraniennes parce qu’ils « savaient » que leur candidat réformiste ne pouvait perdre… Depuis des mois, ils publiaient quotidiennement des interviews, des éditoriaux et des reportages depuis le terrain, « passant en revue » les échecs de l’administration d’Ahmadinejad ; ils citaient le soutien de clercs, d’anciens responsables gouvernementaux, de commerçants du bazar et, par-dessus tout, de femmes et de jeunes bobos urbains parlant couramment l’anglais, comme gage de la victoire inéluctable de Mousavi, dont ils nous annonçaient qu’elle serait de l’ampleur d’un raz-de-marée. Une victoire de Mousavi nous était présentée comme une victoire « des modérés », telle était tout du moins la présentation de ce cliché vide de sens dont la Maison-Blanche nous a gratifiés. Des universitaires libéraux éminents en ont déduit que les élections avaient nécessairement été bidonnées, le candidat de l’opposition, Mousavi, ayant été mis en minorité dans son enclave ethnique, parmi les Azéris… D’autres universitaires ont prétendu que le « vote de la jeunesse » - en se basant sur leurs interviews d’étudiants des classes supérieure et moyenne habitant dans les quartiers huppés du nord de Téhéran étaient, dans leur écrasante majorité, favorables au candidat dit « réformiste ».

Ce qu’il y a d’étonnant, dans la condamnation occidentale unanime du résultat de cette élection, présenté comme frauduleux, c’est le fait qu’il n’y ait pas le commencement du début de la moindre preuve, ni sous forme écrite, ni sous forme d’observations, qui nous ait été présentée, ni avant, ni une semaine après le dépouillement des bulletins de vote. Durant toute la campagne électorale, aucune accusation crédible (ni même, d’ailleurs, aucune accusation douteuse) de tripatouillage électoral n’avait été émise. Aussi longtemps que les médias occidentaux ont continué à croire à leur propre propagande concernant une victoire immanente de leur candidat-fétiche, le processus électoral a été présenté comme hautement libre, animé de débats publics enflammés et de niveaux sans aucun précédent d’activité publique, sans aucune entrave attribuable à un excès de prosélytisme public. Les dirigeants et les mass media occidentaux étaient à ce point persuadés d’avoir affaire à des élections totalement libres et ouvertes qu’ils étaient persuadés que leur candidat chouchou ne pouvait que gagner.

Les médias occidentaux se sont reposés sur leurs reporters couvrant les manifestations monstres des partisans de l’opposition, ignorant et minimisant l’énorme score réalisé par Ahmadinejad. Pire : les média occidentaux ont ignoré la composition sociale des manifestations opposées, celles des partisans d’Ahmadinejad – le fait que le candidat élu bénéficiait du soutien de la classe bien plus nombreuse des ouvriers pauvres, des artisans et des fonctionnaires, alors que l’essentiel des manifestants de l’opposition appartenait aux étudiants de la haute et de la moyenne bourgeoisies, ainsi qu’à la classe des hommes d’affaires et des professions libérales.

De plus, la plupart des leaders d’opinion et des journalistes occidentaux basés à Téhéran ont extrapolé leurs projections à partir de leurs observations dans la capitale – ils sont très rares à s’aventurer dans les provinces, dans les villes, petites et moyennes, et dans les villages où Ahmadinejad bénéficie de l’essentiel de ses soutiens. S’ajoute à cela le fait que les partisans de l’opposition constituent une minorité agissante d’étudiants facilement mobilisables pour des manifs dans les rues, alors que les soutiens à Ahmadinejad se situent dans la majorité de la jeunesse ouvrière et chez les femmes au foyer, qui allaient pouvoir s’exprimer dans les urnes et n’avaient ni le temps ni l’envie de se lancer dans la politique de la rue.

Un certain nombre de mandarins de la presse, dont Gideon Rachman, du Financial Times, avancent en guise de preuve qu’il y a eu fraude, le fait qu’Ahmadinejad a remporté 63 % des suffrages dans la province turcophone peuplée par des Azéris, ce, au détriment de son adversaire, Mousavi, qui est lui-même d’origine azérie. L’on a affaire, là, à ce présupposé simpliste selon lequel l’identité ethnique ou l’appartenance à un groupe linguistique (et non les intérêts sociaux, ou de classe) seraient les seuls facteurs possibles permettant d’expliquer un comportement électoral…

Un examen plus approfondi des résultats relevés dans la région orientale azerbaïdjanaise de l’Iran révèle que Mousavi n’a obtenu la majorité que dans la seule ville de Shabestar, dans les classes moyenne et supérieure (et avec seulement une faible marge), alors qu’il s’est fait laminer dans les zones rurales, bien plus importantes, où la politique de redistribution sociale du gouvernement Ahmadinejad avait aidé les Azéris à se désendetter, à obtenir des crédits à des taux modiques et, pour les paysans, à accéder sans difficulté à des prêts. Mousavi a effectivement gagné dans la partie occidentale de la région de l’Azerbaïdjan iranien, en se servant de ses attaches ethniques pour conquérir les votes des citadins. Dans la province très fortement peuplée de Téhéran, Mousavi a battu Ahmadinejad dans les centres urbains de Téhéran et de Shemiranat grâce aux voix des circonscriptions où habitent les classes moyennes et supérieures, alors qu’il a été laminé dans les banlieues ouvrières voisines, ainsi que dans les petites villes et dans les districts ruraux.

L’accent mis de manière brouillonne et délibérément fallacieuse sur le « vote ethnique », invoqué par des journalistes du Financial Times et du New York Times afin de justifier le fait qu’ils qualifiaient la victoire électorale d’Ahmadinejad d’ « élections volées » n’a d’égal que le refus arbitraire et délibéré, par les médias, de reconnaître un sondage d’opinion publique effectué à l’échelle de tout l’Iran et de manière scientifiquement rigoureuse par deux experts états-uniens, trois semaines seulement avant le vote, qui montrait qu’Ahmadinejad avait une avance telle qu’il pouvait remporter plus du double des voix de son adversaire —c’est-à-dire une marge encore plus importante que celle de sa victoire électorale, le 12 juin—. Ce sondage montrait que chez les électeurs d’origine azérie, Ahmadinejad bénéficiait de deux fois plus de voix que Mousavi, ce qui démontrait à quel point les intérêts de classe incarnés par un candidat sont capables d’occulter l’identité ethnique de l’autre [1]. Le sondage a également démontré à quel point les questions de classe, en fonction des groupes d’âges, avaient plus d’influence sur la formation des préférences politiques des personnes interrogées que des considérations de « style de vie » de telle ou telle génération. Selon ce sondage, plus des deux-tiers des jeunes Iraniens étaient trop pauvres pour avoir accès à un ordinateur, et ceux ayant entre 18 et 24 ans « constituaient le bloc électoral le plus puissant en faveur d’Ahmadinejad, parmi toutes les autres catégories d’électeurs » [2]. Le seul groupe qui soutenait avec constance Mousavi était celui des étudiants d’université et des diplômés, des entrepreneurs et de la classe moyenne supérieure. Le « vote jeune », que les médias occidentaux nous encensent en nous le présentant comme « favorable aux réformistes », représentait une minorité nette, atteignant moins de 30 % des intentions de vote, mais originaires de milieux sociaux très privilégiés, très largement anglophones, bénéficiant d’une sorte de monopole dans les médias occidentaux. Leur présence envahissante dans les informations présentées en Occident a généré ce qui a pu être qualifié de « Syndrome de Téhéran-Nord », partie de la capitale où se trouve l’enclave de la classe supérieure friquée dont la plupart de ces étudiants sont les enfants. Ces bobos ont beau avoir la langue bien pendue, être tirés à quatre épingles et parler l’anglais d’Oxford, ils ont été totalement balayés, dans le secret des urnes.

De manière générale, Ahmadinejad a fait de très bons scores dans les provinces pétrolifères dotées d’industries chimiques. Cela peut être un reflet de l’opposition des travailleurs de la pétrochimie à un programme « réformiste », qui comportait des propositions de « privatisations » d’entreprises publiques. De la même manière, le président élu a eu de très bons résultats dans toutes les provinces frontalières, en raison de son insistance sur le renforcement de la sécurité nationale contre les menaces américaines et israéliennes, dans le cadre de l’escalade des attaques terroristes transfrontalières sponsorisées par les États-Unis, venant du Pakistan, et des incursions soutenus par Israël depuis le Kurdistan irakien, qui ont entraîné la mort de dizaines de citoyens iraniens. La sponsorisation et le financement massif des groupes responsables de ces attaques terroristes sont une politique officielle des États-Unis, héritée de l’administration Bush, mais que le Président Obama n’a nullement répudiée ; de fait, cette politique a connu une escalade durant les semaines ayant précédé les élections.

Ce que les commentateurs occidentaux et leurs protégés iraniens ont ignoré, c’est le puissant impact que les guerres et les occupations désastreuses des États-Unis en Irak et en Afghanistan ont eu sur l’opinion publique iranienne : la position extrêmement forte d’Ahmadinejad en matière de défense contrastait avec la posture de défense molle de la plupart des propagandistes de l’opposition, dans ces élections.

L’immense majorité des électeurs du président actuel ont probablement eu le sentiment que les intérêts de leur sécurité nationale, l’intégrité du pays et le système de sécurité sociale, en dépit de tous ses défauts et de ses excès, seraient mieux défendus et améliorés avec Ahmadinejad au pouvoir, qu’avec de jeunes technocrates des classes aisées, soutenus par l’Occident, qui placent leur style de vie égoïste boboïsé au-dessus des valeurs et de la solidarité partagées par le peuple iranien.

L’analyse démographique des électeurs met en évidence une réelle polarisation de classe, qui dresse des individus bénéficiant de hauts revenus, partisans du libre marché, capitalistes et individualistes, contre une classe laborieuse ayant de faibles revenus, fortement solidaires entre eux, partisans d’une « économie morale » dans laquelle l’usure et le profit sont strictement limités par des préceptes religieux. Les attaques ouvertes d’économistes oppositionnels contre les dépenses sociales du gouvernement, contre sa politique de crédit accessible et de très généreux subventionnement des produits alimentaires de première nécessité ne les ont pas vraiment fait apprécier par la majorité des Iraniens, qui bénéficient de ces programmes sociaux du gouvernement. L’État était considéré (par ceux-ci) comme le protecteur et le bienfaiteur des travailleurs pauvres contre le « marché », qui représentait à leurs yeux la richesse, le pouvoir, les privilèges et la corruption. Les attaques de l’opposition contre la politique étrangère « intransigeante » du régime et contre ses positions « lui aliénant » l’occident n’ont trouvé d’écho qu’auprès des seuls étudiants ultralibéraux et des affairistes de l’import-export. Aux yeux de l’immense majorité des Iraniens, la mobilisation et la menace d’escalade militaires du régime ont évité à l’Iran une attaque armée des Etats-Unis et/ou d’Israël.

L’ampleur du retard électoral de l’opposition devrait nous dire à quel point cette opposition est totalement coupée des préoccupations quotidiennes vitales de son propre peuple. Cela devrait rappeler à ses membres qu’en se rapprochant de l’opinion occidentale, ils ne font que s’éloigner d’autant de l’intérêt quotidien de ceux qui vivent moins bien que la classe moyenne et en-dehors des grilles du campus hyper-privilégié de l’Université de Téhéran pour leur sécurité, leur logement, leur boulot et les prix des produits alimentaires subventionnés qui leur rendent la vie tolérable.

La victoire électorale d’Ahmadinejad, vue sous une perspective historique comparative, ne saurait nous surprendre. Dans des contextes électoraux similaires, opposant des nationalistes-populistes à des libéraux pro-occidentaux, ce sont toujours les populistes qui l’ont emporté. Les exemples passés incluent Peron en Argentine et, plus récemment, Chavez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie et même Lula da Silva au Brésil, qui, tous, ont fait preuve d’une capacité à s’assurer près de 60 % des voix, voire davantage encore, lors d’élections parfaitement libres et démocratiques. Les majorités d’électeurs, dans ces pays, préfèrent le bien-être social à la liberté débridée des marchés, ils préfèrent la sécurité nationale à l’alignement sur tel ou tel empire militaire.

Les conséquences de la victoire électorale d’Ahmadinejad peuvent désormais faire débat. Les États-Unis peuvent en conclure que le fait de continuer à soutenir une minorité, certes fort en voix, mais néanmoins battue à plate couture, ne présage rien de bon en matière d’obtention de concessions sur l’enrichissement d’uranium ou l’abandon, par l’Iran, de son soutien au Hezbollah et au Hamas. Une approche réaliste consisterait plutôt à ouvrir un débat extrêmement large avec l’Iran, et à reconnaître, comme l’a fait observer récemment le sénateur Kerry, que le fait d’enrichir de l’uranium ne saurait représenter une menace vitale pour qui que ce soit. Cette approche différerait du tout au tout d’avec celle des sionistes américains infiltrés dans le régime Obama, qui suivent leurs chefs, en Israël, qui poussent à une guerre préventive contre l’Iran, et recourent à l’argument ô combien spécieux selon lequel il n’y aurait pas de négociation possible avec un gouvernement « illégitime », à Téhéran, « illégitime », puisqu’il aurait « volé son élection » !..

Des événements récents indiquent que les dirigeants politiques en Europe, et même certains d’entre eux, à Washington, n’acceptent pas la version des mass médias sionistes, selon laquelle les élections en Iran auraient été « volées ». La Maison-Blanche n’a pas suspendu son offre de négociations avec le gouvernement nouvellement réélu, elle s’est plutôt focalisée sur la répression contre les protestataires oppositionnels (et non pas sur l’élection elle-même). De la même manière, les vingt-sept pays membres de l’Union européenne ont exprimé leur « sérieuse préoccupation au sujet de la violence en Iran », et ils ont appelé à ce que « les aspirations du peuple iranien soient satisfaites par des moyens pacifiques » et à ce que « la liberté d’expression soit respectée » [3]. A l’exception du président « français » Sarkozy, aucun leader européen n’a remis en cause le résultat des élections iraniennes.

Le joker, au lendemain de ces élections, c’est la réaction israélienne : Netanyahu a signalé à ses partisans sionistes aux États-Unis qu’ils devaient recourir au bobard de la « fraude électorale » afin d’exercer une pression maximale sur le régime Obama et de le contraindre à mettre un terme à tous ses projets de rencontrer le régime Ahmadinejad récemment confirmé par les suffrages populaires.

Paradoxalement, ce sont les commentateurs états-uniens (de gauche, de droite et du centre) qui ont gobé le bobard de la fraude électorale en Iran qui ont, par inadvertance, fourni à Netanyahu et à ses pantins états-uniens les arguments et les falsifications qu’ils diffusent abondamment : là où ils voient des guerres religieuses, nous voyons des luttes entre classes ; là où ils inventent une fraude électorale, nous constatons une tentative de déstabilisation impérialiste…

 James Petras

James Petras est professeur émérite de sociologie à l’université Binghamton de New York. Intellectuel emblématique de la gauche américaine, il est l’auteur de nombreux ouvrages. James Petras est membre de la conférence « anti-impérialiste » Axis for Peace organisée par le Réseau Voltaire.


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Traduction Marcel Charbonnier
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[1] Washington Post, 15 juin 2009

[2] Washington Post, 15 juin 2009

[3] Financial Times, 16 juin 2009, p. 4.



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