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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 02:22

publié par roland (Dazibaouebmaster) le 29/08/2009 11H04

Prise de la BastillePar C.S.P

Philippe Bilger est parfois très amusant, mais c'est toujours sans le vouloir. La preuve :



"L’hétérogénéité des mondes, aujourd’hui, explique ce passage d’une opposition syndicale traditionnelle à une guerre où le désespoir et les revendications autorisent tout, à une bataille que les contestataires de chaque entreprise menacée veulent sans règles ni pitié, à la disparition du fair-play que même la lutte des classes permettait . A tort ou à raison, une fracture est née puis s’est agrandie qui n’a plus placé face à face le travail des uns et le travail des autres, même pas le travail et le capital, mais le travail et ses contraintes confrontés à l’inutilité spéculative. D’un côté il faut gagner sa vie, de l’autre il faut gagner. D’un côté le travail est ce qui reste pour éprouver encore la sensation et la dignité d’exister, de l’autre on joue. Certes tout n’est pas aussi caricatural dans la réalité financière et économique d’aujourd’hui. Pourrait-on au moins accepter que les entrepreneurs d’hier avaient en partage avec leurs salariés le travail comme exigence commune, défi et souffrance, de sorte qu’une communauté se légitimait ainsi ?

Aujourd’hui, même la lutte des classes est défaite qui impliquait tout de même l’existence d’un rapport, d’une hostilité mais d’une négociation possible. Il est triste de se dire que les salariés en péril sont prêts pour leur cause à tout mettre à feu et à sang, en état de désordre et de destruction, simplement parce qu’ils ne peuvent plus respecter celui qui certes gagnait trop mais travaillait comme eux, plus qu’eux."

En face d’eux, ils n’ont plus que de l’argent. Ils perdent la tête. Il n’y a plus de sens."

J'aimerais beaucoup vivre dans le monde de Philippe Bilger. Ça doit être très reposant. Ou en tout cas, assez confortable pour l'esprit. Puisque si avoir des prétentions à penser la société consiste à se contenter d'aligner poncifs réactionnaires sur lieux communs de bourgeois soi-disant éclairé, l'effort à produire ne doit pas être bien conséquent.

Philippe Bilger découvre avec un effarement sans nom que les possédants ont déclaré une guerre sans merci aux prolos, et ça le laisse baba. Conséquemment, il s'inquiète - à fort juste titre - du désespoir auxquels ces derniers sont acculés. Ensuite, ce genre de chose s'appelle exploitation et captation de la plus-value par la spoliation du travail, et ce n'est pas tellement nouveau. Mais là ou s'alarme Philippe Bilger, ce n'est pas tellement par rapport au principe même de la chose qu'il ne se hasarde certes pas à remettre un tant soit peu en question, non, faut pas déconner, ce qui lui donne des angoisses, c'est le saut qualitatif dans la brutalité patronale qui pousse le salarié à faire des bêtises...

Et Philippe Bilger de se prendre d'une forme de nostalgie pour une lutte de classe old-fashioned, où quand même, hein, le patron, il respectait les ouvriers, et puis les ouvriers, même si ils aimaient pas le patron, y'avait du respect, et le respect ben c'est important, ah la la ma bonne dame, tout fout le camp...

Où l'on voit donc que Philippe Bilger ne sait absolument pas de quoi il parle et dit des conneries grosses comme le congélateur d'Alexandre Adler.

En effet, on serait fort curieux de connaître cet éden disparu où des braves et bons prolétaires à moustaches, bourrus mais au coeur tendre comme il se doit, se mettaient à travailler dans la joie et la bonne humeur sous la conduite bienveillante mais sévère d'un patron qui savait mouiller le maillot et, brave homme lui aussi - pour le réactionnaire, le passé n'est composé que de braves gens sympathiques et courageux, c'est proprement ébouriffant ; à croire que le salaud ordinaire ou l'ordure intégrale et vicieuse ne sont qu'une invention récente et fâcheuse qui trancherait avec un passé auréolé de saines valeurs - n'exploiterait ses salariés qu'avec un pincement du à sa conscience d'honnête homme et savait à l'occasion se montrer pétri d'une humanité déchirante...

Conséquemment, dans cette vision idéalisée des rapports sociaux, tout n'allait pas toujours pour le mieux, c'est bien dommage mais la nature humaine est ainsi faite, n'est-ce pas... - autre tarte à la crème réac : il n'y a pas de rapports de domination, mais une "nature humaine" pondue d'on ne sait trop où, ce qui évite de se poser quelque déplaisantes questions du genre : est-il bien normal qu'une arrogante minorité brise les reins de la majorité ? En quoi se genre de choses est-elle "naturelle" ? Mais poser la question comme ça finirait par des têtes au bout des piques -, mais au moins, ben y'avait de la considération dans chaque camp, allez...

Et là, patatra : la méchante Spéculation arrive, et ce bel ordre des chose d'avant, il est tout cassé. Vilaine, vilaine Spéculation, alors qu'avant, dans l'exploitation ordinaire, tout allait tellement mieux et les salariés fermaient leurs gueules. Au lieu que de livrer à présent et le passage mérité d'être cité puisque valant son pesant de mépris de classe, à :

"du chantage, de la violence et des exactions brandis comme menace ou réels."

Parce que oui, remettons les choses à leur place : ce sont les ouvriers qui se livrent à "du chantage, de la violence et des exactions brandis comme menace ou réels". Les patrons eux se contentent d'exagérer un peu et de ne pas être gentils, tout de même...

Gageons que si Philippe Bilger avait existé au XVIIIème siècle, il n'aurait pas fait faute de tenir un journal où il déplorerait l'outrecuidance de la populace qui fait n'importe quoi en prenant des Bastilles, tout en admettant du bout des lèvres qu'il faudrait peut-être moraliser l'aristocratie...


Source: C.S.P


image ajoutée par Dazibaoueb

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5774

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