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18 février 2008 1 18 /02 /février /2008 00:00



1968-mai-Information-libre.jpg

Bonjour, 

Dans mon blog
http://r-sistons.over-blog.com , je n'ai cessé de dénoncer la désinformation, la collusion des journalistes avec le Pouvoir. Même Reporters sans Frontières, qui devrait être un organisme indépendant,  est soumis au Gouvernement. Ménard dénonce sans cesse les atteintes aux libertés à Cuba, et passe sous silence celles qui ont lieu en France.  Nombreux, d'ailleurs, sont ceux qui évoquent ses liens avec la CIA. On y reviendra, bien sûr.  En tous cas, entre les pressions, les menaces, les intimidations, la peur, l'auto-censure... ce n'est pas facile de faire son métier de journaliste, aujourd'hui. Sarkozy cadenasse tout !

Quand j'ai travaillé pour une grande chaîne de télévision publique, on a juste rejeté (censuré !) mon interview de la Présidente de l'Association internationale des Femmes pour la paix..  J'étais jeune, je ne savais pas, alors, que les médias étaient souvent la propriété des marchands d'armes. Et je me demande toujours pourquoi on mélange les genres, les armes et l'information. Mais c'est un autre débat.

En attendant, je voudrais vous dire qu'il existe encore des journalistes intègres, indépendants, uniquement préoccupés du souci de la vérité. De moins en moins nombreux, certes, parce qu'ils risquent gros. Ces professionnels sont l'honneur de la presse. Dans ce blog, j'en évoquerai quelques-uns, dont j'ai pu apprécier moi-même l'honnêteté courageuse. Je pense en particulier à Philippe, à Michel, à Thierry (Meyssan), à Olivier (Bonnet).... Michel (Collon) est actuellement accaparé par la rédaction d'un livre, il a promis de répondre prochainement à mes questions. Je viens de prendre contact avec les autres. 

Pour le reste, FR2-télé communautariste va encore mettre à l'honneur la question juive, il y a quelques jours c'était à travers l'histoire d'une famille russe persécutée, demain ce sera le tour des résistants qui ont sauvé des Juifs. Tout est prétexte à parler d'eux. 

Entre temps, on aura vu défiler toutes sortes de pseudo intellectuels sionistes sur les différentes chaînes, comme s'il n'y avait plus qu'eux, au micro d'animateurs ou de journalistes sionistes également, ou proches d'eux.  Enfin, quelle overdose ! On aura eu droit au dîner du CRIF auquel se pressait toute le "bonne" société, tous les courtisans du monde politique au premier rang duquel, pour la première fois, se trouvait Sarko-sioniste. Ce qui nous a valu des déclarations indignes d'un homme censé représenter l'ensemble des Français.  Cultivons la mémoire des martyrs juifs, n'est-ce pas, et oublions tous les autres, passés ou présents ! 

Je ne reconnais plus la France. Elle est couchée. Privée de son indépendance. Ligotée. Défigurée.

Merci au journal Marianne, une fois de plus, et merci, aussi, à Simone Veil. J'étais en pétard contre elle quand elle a apporté son soutien à un homme comme Sarkozy, son attitude me réconcilie quelque peu avec sa personne. Vous pourrez lire demain son intervention dans mon blog
http://r-sistons.over-blog.com (parution d'un nouvel article, sur la Shoah.... des Tsiganes, ces fils du vent qui ne revendiquent jamais rien). Simone Veil aura fait entendre une voix forte, sage, lucide, comme on les aime.  Quant à Sarkozy, il aura même réussi l'exploit de diviser les Juifs entre eux. Bravo monsieur.

Cet homme est dangereux. Pour la neutralité de l'Etat, pour la paix sociale et civile. Il est temps de l'envoyer au Texas rejoindre son copain Bush, et de lui interdire de rentrer en France. Persona non grata. Wanted. 

Votre Eva



Gilles Caron : Pour la liberté de la presse

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Airy Routier : 
Du journalisme poubelle ? 
Ou un  journaliste peut-il tout dire ?



Michel, rédacteur à Come4news :  l'autopsie d'un "journaliste" méprisant le secret de l'instruction !


" Le choix de l'item me parait couler de source. Airy Routier, le virtuose du ciseau et grand amateur de rumeurs, illustre parfaitement cette rubrique.

Jérome Kerviel, l'homme que tous les "journalistes" ont odieusement sali, en publiant allégrement sa photographie, tête d'affiche d'une dérive journalistique sans précédent.

Une petite citation pour étaler la conscience des "charognards" :

"La liberté de la presse s'arrête où l'honneur de l'accusé commence".

  Je ne vais pas revenir sur le triste épisode du SMS, le journalisme "poubelle" a encore de beaux jours devant lui. Airy Routier, du haut de son poste de rédacteur en chef, d'un grand quotidien comme devrait l'être le Nouvel Observateur, s'enfonce dans le paradoxe. L'affaire Jérome Kerviel témoigne de son absence totale d'éthique, et transpire son grand vide juridique. A force de vouloir du sensationnel, Routier sombre dans le pathétique.

Monsieur s'insurge des accusations, son interview paru dans le Nouvel Observateur est révélatrice et m'a fait sourire. Le titre de l'article incriminé :

"Jérome Kerviel entretenait des relations étroites avec son compère".

Dans une tentative de défense désespérée, Airy Routier se couvre de ridicule.  Sans la moindre vergogne, le sieur claironne qu''à aucun moment (le tout sans rire), nous ne parlons d'une quelconque complicité. Alors la, Monsieur Routier vous tombez dans la médiocrité, qui vous caractérise. Le mot "compère", définition exacte du Petit Larousse : complice en tromperie...

Alors je m'interroge. Soit Monsieur Routier vous maniez le verbiage, en faisant fi de toute notion de la langue française, étonnant pour un rédacteur en chef. Soit vous mentez avec un aplomb stupéfiant. Chacun se fera son opinion, et je ne soulève même pas la pitoyable allusion à une possible reconversion de Kerviel à l'Islam, suite à la découverte du Coran dans son appartement. Tout simplement édifiant cette déduction et complétement hors sujet.

En déballant cette conversation, où le SMS semble devenir obsessionnel, en précisant (la on tombe dans le délire journalistique) que vous tenez vos informations, "de sources proches du dossier". Quelques petits coups de ciseaux, pour clarifier ces messages, et nous voila partis pour un scoop bien nauséabond.

Aprés, Monsieur Routier veut se dresser en apôtre de la sacro-sainte liberté de la presse, se victimisant avec outrance, alors que le sieur se complait dans l'incivisme le plus parfait. J'oublie les accusations "de faux et d'usage de faux" et je reviens sur le chapitre qui nous intéresse. La publication de cette correspondance.

Monsieur Routier, l'égarement dont vous faites preuve m'interpelle. Je lis à droite et à gauche, que vous êtes devenu l'homme à abattre, quel cynisme pour un délinquant notoire. En publiant cette correspondance, vous étalez votre mépris total du secret de l'instruction, ce qui vous implique, ainsi que vos fameuses sources. La morale de cette histoire est bel et bien votre haine pour Nicolas Sarkozy, d'une part, et votre suffisance dans l'interprétation de la justice.

D' ardents défenseurs s'érigent devant la déferlante, que vous avez créée. Moi je ne vois qu'un pauvre journaliste, imbu de sa personne, avide de scoops, et n'ayant aucun respect pour toute forme d'institutions. Maintenant il faut affronter la dure réalité et faire tomber le carcan de victime que vous voulez endosser. Tantôt affabulateur, toujours méprisant, le portrait-robot d'un journalisme décadent, dicté par une volonté de désinformation pour mieux parader. Tout simplement pathétique, de tels attitudes me font glisser vers l'irrespect  et je conclurais en affirmant, Monsieur Routier vous faites honte au journalisme, que votre plume sent mauvais, remettez-la dans votre fondement, de là ou elle n'aurait jamais du sortir. "

LES  COMMENTAIRES  SONT  REVELATEURS  DU  MALAISE :

Pas facile de commenter, je vais juste dire que votre COLERE, envers ce "journaliste" ( mais est-ce le bon mot ?) est tout à fait justifiée.
Le Nouvel Observateur n'a jamais été ma revue préférée, mais depuis que ce "journal" a diffusé la photo de Simone de Beauvoir, nue, en première page, je ne l'ai plus jamais feuilleté, encore moins lu!!
A cette époque vous aviez déjà à travers un article crié votre indignation et j'avais beaucoup aimé ce que vous disiez!!
Il fut un temps ou on lisait, "Le point", "le Nouvel obs.","l'Express", avec délectation car la qualité de leurs rédacteurs en Chef était indéniable, quelles que soit la façon dont ils traitaient un sujet, selon leur tendance politique, chacun de nous pouvait y trouver ce à qoui il avait envie de croire!!!
La Presse écrite va MAL ? A qui la Faute ????????
February 16, 2008
SOPHY, c'est vrai que la presse va très mal... Cette affaire du SMS le démontre aisément... Le journalisme est en crise !


Il faut savoir que beaucoup de Français lisent de moins en moins, collés qu'ils sont devant leur petit écran. De plus, ils fréquentent moins les salles de cinéma... Et c'est un constat qu'on est obligés de faire...


A quoi cette situation est due ?

- une certaine érosion publicitaire, sachant que certains annonceurs préfèrent s'en aller vers les radios, les chaînes de télévision ou le Web, même si cela peut paraître (à juste titre) plus cher.

- Le quasi monopole de la distribution exercé par les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP) et par les Messageries de Presse Lyonnaise (MLP), qui, pour vendre les journaux et magazines, imposent des règles commerciales très draconiennes et très strictes !
Il faut savoir qu'un directeur de publication paie pour la mise au pilon de son (ses) titre(s) mis au pilon et qu'il ne reçoit qu'une infime partie du prix de vente annoncé sur la Première de Couverture de son journal ou magazine.
Donc, ses principales recettes proviennent de la publicité et des abonnements. Encore faut-il, pour qu'il conserve son numéro de Commission paritaire (véritable sésame pour être distribué dans tous les kiosques de France et de Navarre), et, de ce fait, continue à payer des frais postaux et une TVA réduite, que sa surface rédactionnelle dépasse sa surface publicitaire de plus de 50 %.

- Les coûts exorbitants du papier et de l'impression.

- L'inaptitude, pour les journaux ou magazines, de se rénover, de faire preuve d'imagination éditoriale et rédactionnelle ce, de manière à capter l'attention des lecteurs !
Si on prend l'exemple du fameux SMS reproduit sur le site Internet du "Nouvel Observateur", ou bien celui de la photo de Simone de Beauvoir posant nue, sur la Une de ce magazine, beaucoup de journaux et magazines en ont fait leur Une. Et, on pourrait parler à l’envi de l’interview accordée par la Première Dame de France à "L’express"…
Tout le monde maintenant s’accorde à faire du people… d’autant que des magazines réputés sérieux se sont engouffrés dans cette « pompe à fric »…. La presse féminine, ne faisant, elle aussi, preuve d’aucune imagination, se contente de traiter les mêmes dossiers que "Glamour", "Elle", "Marie-Claire", "Marie-France"...
- l'invasion de la presse quotidienne ou hebdomadaire gratuite, qui, incite le Français à ne se contenter que d'articles courts, qui, souvent, émanent d'agences de presse...

De plus, pour conclure, la faute majeure de cette presse écrite est de n'avoir jamais considéré que la Radio et la Télévision étaient des médias complémentaires.
Dans les pays anglo-saxons, aux USA et au Canada, les citoyens de ces pays, qui sont de grands consommateurs de télévision, passent énormément de temps devant leurs journaux et magazines : ils pensent fort (et leurs médias les ont incités à le faire) qu'une information lancée et largement commentée sur les chaînes de télévision et de radio sera largement et longuement analysée dans la presse quotidienne ou magazine !


Or, les Français ne prennent plus le temps de lire, préférant regarder des émissions insipides et dangereuses comme "Koh Lantah" ou "L'île de la Tentation"...
L'école ne leur a pas donné le goût de lire et c'est bien dommage…
February 16, 2008
... : Nox
Attention à ne pas tomber dans une vision égocentrique du journalisme. Ce n'est pas une "activité" que l'on pratique comme une science exacte. Le "vrai" journalisme, si tant est qu'il y en ait un, n'est pas forcément celui que vous pratiquez. Ce serait s'enfermer dans une vision complètement sectaire du sujet.

Cela fait quelques temps que je lis des commentaires assez méprisants. Je pense qu'il est important de rappeler qu'il y a autant de journalismes que de journalistes et que jusqu'à preuve du contraire, personne n'a l'apanage du domaine, ni ne sert de référence absolue. Même si vous avez du mal avec la déontologie ou les sujets abordés par vos confrères, ça ne fait pas d'eux de mauvais professionnels, comme j'ai pu le lire...

Si certains préfèrent les rumeurs ou le people à l'économie ou à la politique, c'est qu'il y a une demande, et force est de constater qu'ils ne font qu'y répondre, c'est la loi du marché.

Concernant le cas particulier de Airy Routier, je vois une raison importante d'avoir écrit le papier qu'il a écrit : nous prouver que Sarkozy instrumentalise sa vie privée, qu'il manipule les médias et que sa romance avec Carla Bruni n'aurait été qu'une vaste fumisterie mise en scène par l'Elysée, si ce SMS s'avérait vrai, ce que la Justice décidera. J'y vois une information politique importante, là où les détracteurs se sont limités à l'aspect people.
February 17, 2008
Nox : michel
"Une information politique importante" !!
Primo, aucun rapport avec la politique si ce n'est la haine débordante de Routier envers Sarkozy. Secundo, la vision d'instrumentalisation de la vie privée de Sarkozy n'autorise pas la publicaton d'un message privée, si le dit SMS se révéle authentique.
En indiquant que c'est le marché qui dicte l'information, il ne faut pas s'étonner de la désinformation.
Routier n'est pas un exemple, et ne peut prétendre d'aucune sorte "être l'élément révélateur" d'une dérive gouvernementale", illustrée par l'attitude du chef de l'Etat, préférant les paillettes aux faits.
Sarkozy n'est que la devanture des affairistes en tous genre, attisant par son attitude, une multitude de reproches.
On ne juge pas un homme sur sa vie, mais sur les faits, les actions...
Routier ne peut se permettre au nom de la sacro-sainte liberté de la presse, de bafouer toutes les institutions.
Le secret de l'instruction, l'arrogance d'un homme privé de permis et s'autorisant tous les excés, faisant de lui un délinquant "routier", si c'est cela le visage de la presse que vous défendez...
Personne ne posséde la science infuse, mais de la a tomber dans l'ignominie, on ne peut rester que perplexe devant cette déferlante malsaine.
Personnellement je ne prétend nullement être maitre en la matière, et ma conception de l'écrit m'est dictée naturellement et non pas diligentée par un phénomène quelconque. Amitiés.
Michel
February 17, 2008
... : Nox
Tout d'abord, mon commentaire précédent n'était pas dirigé contre vous. C'est juste une ambiance actuelle que je ressens comme un fossé entre deux types de journalistes, les bons et les mauvais, ceux qui parlent économie, politique, et ceux qui parlent People ou rumeurs. Mais l'on retrouve ces cassures au sein de toutes les professions... Bref...

Concernant Sarkozy, je pense que ce SMS dévoile, s'il est vrai, que le Chef de l'Etat se sert de sa vie privée comme d'un écran de fumée, une mise en scène, pire, une diversion. Il sature la Presse avec des rumeurs qu'il alimente, quitte à s'indigner ensuite. Cela devient contre-productif et lui échappe. Pendant ce temps on ne parle pas des nouveaux pauvres, des scandaleuses mesures comme la franchise médicale qui, tout compte fait, est passée comme une lettre à la Poste ! Ou encore du pouvoir d'achat en berne...

Si cela s'avère vrai, alors privé ou pas, cela doit être dévoilé puisque ça regarde chaque français. Quand la politique trouve sa source dans la vie privée, celle-ci devient automatiquement publique. Ce n'est que mon point de vue bien entendu. C'est pour cela que je considère ce SMS comme important.

Bien entendu, si d'autres n'y voient qu'un message d'un mari à sa femme, je comprends que cette publication puisse sembler une atteinte à la vie privée. Pour ma part, j'y vois la confirmation de mon hypothèse, mais on entre là dans l'interprétation...
February 17, 2008

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L’Équipe, l’épique et l’éthique - site Acrimed

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Nous publions ci-dessous des extraits d’un article de Johann Harscoët paru dans Le Monde Diplomatique de septembre 2007. En prévision du « Jeudi d’Acrimed » du 14 février 2008, qui aura l’auteur pour invité et pour thème « Les médias et le business du sport spectacle ». Lire tout l’article sur le site du journal. (Acrimed)

Le sport est de plus en plus dépossédé de ses valeurs pour hypnotiser les supporters et servir des intérêts mercantiles ou politiques. La Coupe du monde de rugby, du 7 septembre au 20 octobre, n’y échappera pas davantage que le dernier Tour de France cycliste. Le quotidien sportif « L’Equipe », malgré son influence majeure, semble avoir renoncé à infléchir cette évolution. Dépassés par la logique marchande imposée en haut lieu, ses journalistes ont clairement perdu la partie.

« Pour l’éternité » ; « Monumental » ; « Héroïques » ; « Magique ! » ; « Le bonheur ! » ; « Historique » ; « Le jour de gloire » ; « Que d’émotions ! » ; « C’est énorme ! » Au siège du journal L’Equipe, situé dans le centre nerveux des grandes chaînes de télévision françaises, à Issy-les-Moulineaux, aux portes de Paris, les grandes « unes » du quotidien spécialisé tapissent les murs, comme autant de scalps dédiés aux triomphes des athlètes nationaux et à la success story du journal sportif le plus influent de l’histoire.

De nombreux records sont tombés ces dix dernières années, des records de vitesse, de longueur, de hauteur, de transferts de joueurs, de matchs disputés... mais aussi de ventes d’exemplaires. L’Equipe, le quotidien français le plus lu (lire plus bas « Florissant groupe de presse »), est en toute logique le porte-voix de tous les supporters français. Logique économique, qui permet à la société en nom collectif (SNC) L’Equipe d’être une entreprise de presse en parfaite santé, à peine ébranlée par la concurrence de plus en plus massive, mais dispersée, de publications spécialisées dans tel ou tel sport.

Les journalistes de L’Equipe – passés d’un effectif de soixante-dix en 1975 à celui de deux cent quatre-vingts en 2007 – profitent très légitimement de cette relative prospérité : de bons salaires (quelques 3 500 euros en moyenne par mois), des conditions de travail confortables (pas de conflits à « couvrir », de drames à relater ou de séjours dans des hôtels à une seule étoile), des conditions de repos... reposantes (un jour sur deux de congé en moyenne dans l’année), un comité d’entreprise généreux, un accès privilégié au théâtre des rêves de tous ceux qui aiment le sport. Et la satisfaction non négligeable d’être lus quotidiennement par des millions de Français de toute génération et de toute catégorie socio-professionnelle.

Pressions psychologiques, intimidations

En réalité, le tableau est loin d’être aussi idyllique. « Depuis quelques années, une très forte hiérarchisation s’est mise en place, affirment dans les mêmes termes de nombreux journalistes travaillant dans des rubriques, des rédactions ou des fonctions différentes. Il n’y a plus d’espace pour la proposition, la réflexion collégiale, ou les vraies questions éditoriales. Tout est désormais très structuré, stratifié, rigidifié, planifié, cloisonné. Les journalistes sont devenus de simples exécutants, et bon nombre d’entre eux rejoignent leur rédaction à reculons. L’ambiance est délétère, mais sourde, parce que personne ne peut ou ne veut l’ouvrir. »

« L’ouvrir », c’est se positionner de facto comme contestataire et mettre en danger un statut enviable. « Nos journalistes ne quittent pas l’entreprise, car ils savent qu’ils ne trouveront pas mieux ailleurs », se plaît à signaler Mme Marie Gérard, directrice de la communication de la société. Enfourcher son cheval blanc peut avoir des conséquences humiliantes ou invalidantes. Certains en ont fait l’amère expérience : mises au « placard » (courantes dans le groupe), licenciements fracassants (nombreux depuis une dizaine d’années). Des pratiques qui ont fait jurisprudence.

Pierre Ballester [1], par exemple, grand reporter à la rubrique cyclisme, arrivé en 1989, licencié en 2001, raconte : « A partir de l’éclatement de l’affaire Festina [2], en 1998, j’ai pris le parti de ne plus être un journaliste de sport, mais journaliste tout court, en me focalisant exclusivement sur le dopage. J’ai d’une certaine façon été, avec quelques autres, un poisson-pilote, car L’Equipe était complètement dépassé par la presse généraliste dans ce type d’investigation. Progressivement, la direction a cherché à évacuer la question. J’ai jugé et affirmé que cette position – ou cette absence de position – mettait en doute la crédibilité du journal. Pour moi, il était intenable de continuer à s’acoquiner avec ce milieu où les vraies personnalités s’étaient révélées. J’ai donc été marginalisé, au même titre que Christophe Basson. » Après avoir publiquement émis des doutes sur les performances de Lance Armstrong, lors du Tour de France 1999, ce coureur cycliste de la Française des jeux avait été pris pour cible par le peloton.

Pressions psychologiques, voire intimidations, ont souvent isolé les « têtes brûlées » qui se réclamaient d’un journalisme indépendant des exigences de profit qui régissent la vie du groupe depuis que le service marketing, situé au sommet de l’immeuble de la rue Rouget-de-Lisle, sous les bureaux de la direction (et au-dessus de l’ensemble des rédactions), s’est vu confier la responsabilité de « faire la jonction entre les lecteurs et les annonceurs ». C’est-à-dire de dicter leurs devoirs aux rédacteurs en chef, puis aux rédacteurs en chef adjoints, « ceux qui ne doivent apporter aucune contradiction, ceux qui font office de tampon avec les journalistes », selon un syndicaliste.

Le tournant se serait produit en 1995. Selon Jean-Yves Viollier, l’ancien rédacteur en chef technique, qui a rejoint depuis Le Canard enchaîné, « à partir de cette époque, il s’est agi de faire de l’actualité heureuse, de ne surtout pas gâcher le plaisir du lecteur, et même de flatter ses instincts. Sous la houlette de Francis Gabet, le patron du marketing, les rédacteurs en chef ont assisté à des projections d’études, de statistiques, de panels de lecteurs à partir desquels ils ont reçu une feuille de route extrêmement précise leur indiquant ce dont il fallait parler, comment il fallait en parler et pourquoi il fallait en parler ».

Président de Manchette Sports, la régie publicitaire de la société, M. Louis Gillet a confirmé en 2004 cet état de fait : « Nous avons réintégré un ton positif plutôt qu’un ton critique systématique. Cela nous a permis de nous réconcilier avec le milieu du sport, avec lequel nous étions fâchés [3]. » Et de signaler que la Fédération française de football et le mouvement olympique, par exemple, reconnaissent que L’Equipe a changé « dans le bon sens ».

Avec le peu de marge dont ils disposent pour établir certains faits, les journalistes du groupe L’Equipe sont conduits à valider, donc à glorifier, les victoires, les titres, les records. Il y a quelques années, bien après l’affaire Valenciennes - Olympique de Marseille (VA-OM) de 1993 [4], un club considéré comme exemplaire a remporté à l’arraché le championnat de France de football, sans que personne, pas même les amateurs, ne fût tout à fait dupe des moyens extrasportifs (financiers) utilisés par l’équipe dirigeante. La fin du match décisif avait semé le malaise. Des joueurs avaient parlé, en « off » bien entendu. Les rédactions de L’Equipe et du bihebdomadaire France Football (appartenant au même groupe) se contentèrent de faire l’apologie du beau jeu, du sérieux et de l’exemplarité du vainqueur les jours suivants.

C’est que, là aussi, il y avait eu jurisprudence, à France Football justement. Avant même l’affaire VA-OM, le journal, alors hebdomadaire, n’avait eu de cesse de s’interroger ironiquement sur les miracles qui permettaient à l’Olympique de Marseille de remporter tous les titres. En juin 1993, en pleine affaire, il fit chaque semaine sa « une » sur ce qui allait devenir le feuilleton de l’été, révélant au passage de nouveaux éléments utiles à la compréhension. Bien que les ventes fussent en hausse, cette politique éditoriale polémiste valut deux ans plus tard sa place au directeur de la rédaction Jacques Thibert, dont le départ entraîna celui de la majorité des reporters, qui qualifient aujourd’hui cette période mouvementée de « grande époque ».

En définitive, personne n’a intérêt à ce que ce genre d’affaire ternisse la machine à rêves que le sport de haut niveau est devenu, avec son calendrier toujours plus étoffé et étouffant. Les rédactions du groupe L’Equipe, bridées par la science exacte du marketing, n’ont tout simplement plus vocation à porter la plume dans la plaie, mais doivent se contenter de relayer et de développer ce que tout le monde sait déjà ou de délaisser ce que tout le monde ne doit pas savoir. Les efforts les plus conséquents en matière d’enquête portent en définitive sur les transferts de joueurs ou sur les psychodrames internes aux clubs.

[…]

Ancien chef de la rubrique football et rédacteur en chef du titre-phare (puis directeur du Centre de formation des journalistes [CFJ], en 2004, et directeur de l’information de la chaîne de télévision M6 depuis août 2007), Fabrice Jouhaud a quitté le groupe au terme d’un désaccord éditorial : « J’avais tout simplement envie de faire du journalisme... L’Equipe n’a pas su prendre ses distances avec la famille du sport. Son rôle devrait être de relater l’événement, et non de l’accompagner comme elle le fait, avec un certain manque de recul. Les journalistes sportifs sont des supporters améliorés ; quant à la presse sportive, et à travers elle L’Equipe, c’est à mes yeux l’exemple le plus frappant de la marchandisation de l’information. »

Cette marchandisation consiste à donner un public à des annonceurs, donc à fidéliser ce public. Principe premier de la fidélisation : satisfaire les pulsions, bien sûr. Porter aux nues les champions qui gagnent et ignorer, moquer, voire attaquer les champions... qui perdent, c’est-à-dire tous ces sportifs de haut niveau qui ont aussi réussi l’exploit rarissime de faire de leur passion un métier : les entraîneurs qui font des mauvais choix tactiques, les footballeurs qui ratent un match, les tennismans qui doutent, les athlètes qui se blessent, les arbitres qui oublient de siffler un penalty...

Pas de place pour la défaite malheureuse, puisqu’elle fait moins vendre que la victoire chanceuse.

Johann Harscoët

- Lire la suite sur le site du Monde Diplomatique


Florissant groupe de presse

Fort de 2,96 millions de lecteurs par jour en moyenne, pour une diffusion totale payée de 365 349 exemplaires (Office de justification de la diffusion [OJD], chiffres 2006), L’Equipe est le seul quotidien sportif au monde à se placer devant l’ensemble de la presse généraliste de son pays en matière d’audience. Son influence dans l’histoire du sport de haut niveau a été majeure : il a créé le Tour de France en 1903 (via son ancêtre L’Auto et son directeur de l’époque, Henri Desgrange) et se trouve également à l’origine, entre autres, de la Coupe d’Europe de football des clubs. Par ailleurs, le trophée le plus prisé de tous les footballeurs, le Ballon d’or, est décerné par France Football, dont la rédaction était commune avec celle de L’Equipe jusqu’à la fin des années 1980. L’Equipe a succédé à L’Auto en 1946, sous l’impulsion de Jacques Goddet, et se trouve sous la coupe du groupe Amaury depuis 1968. Quelques grandes plumes y ont écrit, parmi lesquelles Antoine Blondin, Pierre Chany, Gabriel Hanot ou Denis Lalanne.

Outre le quotidien, la SNC L’Equipe édite L’Equipe Magazine, France Football, Rugby Hebdo, Vélo Magazine, L’Equipe féminine, Sport & Style, Le Journal du golf. Sans oublier le site Internet L’Equipe.fr et la chaîne de télévision L’Equipe TV. Le chiffre d’affaires est tenu secret, mais avoisine les 250 millions d’euros, soit 40 % de l’ensemble du groupe Amaury, qui comprend notamment Amaury sport organisation (ASO), Le Parisien - Aujourd’hui en France et le Futuroscope de Poitiers. La SNC L’Equipe est l’une des rares entreprises de presse française à être bénéficiaire.

Johann Harscoët



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[1] Pierre Ballester est notamment l’auteur, avec David Walsh, de L.A. confidentiel, les secrets de Lance Armstrong, La Martinière, Paris, 2004.

[2] L’« affaire Festina » a marqué le Tour de France 1998 en faisant éclater au grand jour des pratiques de dopage généralisé au sein de cette équipe.

[3] Cf. Marc Baudriller et Amaury de Rochegonde, « L’Equipe voit la vie en rose », Stratégies, Paris, 20 mai 2004.

[4] Le club marseillais, alors dirigé par M. Bernard Tapie, avait été reconnu coupable d’une tentative de corruption de trois joueurs du club de Valenciennes.


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Israël « invité d’honneur » au salon du livre : Mémoire et Amnésie

 

 

Le salon du livre 2008 qui se tiendra à Paris du 14 au 19 mars  a fait d’Israël son invité d’« honneur » pour l’anniversaire de ses soixante ans.

Comment oublier que l’événement simultané de la naissance de cet Etat c’est la Nakba : la « catastrophe » palestinienne ? Rend-t-on sérieusement justice à la mémoire des uns en gommant celle des autres ?  Fait-on reculer la guerre, en renforçant, d’un nouveau tour de verrou, l’asymétrie des droits ?   

 

A moins que l’injonction  implicite ne soit précisément d’oublier, de faire oublier la destruction de la Palestine sur laquelle repose la création de  l’Etat d’Israël. Une destruction qui, loin d’être un souvenir, se poursuit, jour après jour, au mépris  des droits humains comme du droit international : expulsions, confiscations, massacres, assassinats, ghettoïsation, refus d’« honorer » les traités et  accords les plus solennellement signés. Et  pour les Palestiniens citoyens d’Israël : la discrimination, le racisme, la précarité des droits, un avenir toujours menacé en perspective.

 

En quoi cet anniversaire mérite-t-il d’être honoré, alors qu’une guerre d’occupation et de répression sans merci se poursuit sur le terrain ?  Nous nous opposons à ce détournement de l’histoire qui trouve appui, une fois de plus,  auprès d’une Europe sans cohérence et sans courage. 

 

C’est dans cet esprit que  l’Union Juive Française pour la Paix - avec la revue   qu’elle édite « De l’Autre Côté »-  et les éditions La Fabrique  seront présentes au Salon du livre de Paris. Non  pour participer, mais pour résister à cette opération de falsification : « honorer » un Etat qui, sous couvert de démocratie, discrimine ses citoyens non juifs,  ignore toute obligation en tant que puissance occupante, et pratique la punition collective à  l’échelle de tout un peuple.

Notre présence au salon du livre consistera à rappeler la réalité et le sens de la Nakba au travers des voix qui, en Israël, n’ont pas renoncé à dire que la paix ne peut se faire à coup de négation et de mensonge. Des voix qui en appellent à la reconnaissance du passé, la reconnaissance de l’autre.



Programme et auteurs invités :

 

Signatures-rencontres sur le stand La Fabrique/De l’Autre côté (F35)

 

- Samedi 15 mars à 15 heures

Alain Badiou, Petit panthéon portatif - sous réserve (nouveauté à paraître le 20 février)

Eric Hazan, Notes sur l’occupation, Chronique de la guerre civile

 

- Dimanche 16 mars à 15 heures

 

Amira Hass, Correspondante à Ramallah

Amnon Raz-Kratkozkin, Exil et souveraineté

Michel Warchawski, Programmer le désastre (nouveauté à paraître le 20 février)

Eyal Weizman, A travers les murs (nouveauté à paraître le 20 mars)

Jamal Zahalka, La révolution sioniste est morte


 Et la revue « De l'autre côté »  N°4 : « Palestine : l’an 41 »

« La guerre de 67 installa un régime politique, économique et social différencié entre Israéliens et Palestiniens, qui  jamais n'a été aussi discriminant qu'aujourd'hui. Nous développons longuement, et presque cliniquement, la situation qui leur est faite dans les Territoires occupés.

 -   Soirée-débat au Salon du livre

organisée par les éditions de l'Atelier, Buchet Chastel, La Découverte, La Fabrique et Fayard

le mardi 18 mars de 19 h 30 à 21 heures

Vingt ans de « nouvelle histoire » : Israël face à son passé

Alain Dieckhoff, Amira Hass et Michel Warschawski - débat animé par Dominique Vidal

 

  -   Soirée-débat avec les auteurs de La Fabrique

dimanche 16 mars de 18 h 30 à 21 heures

Reid Hall : 4, rue de Chevreuse, Paris, 6e

 

« Israël/Palestine perspectives : un Etat - deux Etats »

avec Amira Hass, Michel Warchawski,   Eyal Weizman (sous réserve)

débat animé par Denis Sieffert


En parallèle aux activités du Salon :

 

  -  ADALA - CCIPPP -  UJFP   organisent une

Rencontre avec des écrivains israéliens

Avec le soutien de la chaire  Moyen-Orient Méditerranée de Sciences Po :

 

Samedi 15 mars de 14h à 17h  à l’Institut de Sciences Politiques (grand amphi)

 

Le statut des intellectuels dans la culture israélienne:Dénoncer ou se taire

Amira Hass –  Yael Lerer - Michel Warschawski – Amnon Raz Krakotzkine – Jamal Zahalka-

 

Inscription obligatoire par mail : inscription15mars@gmail.com entrée  sur présentation  d’une pièce d’identité.

 

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  • Journaliste de profession. Radio,TV,presse,productrice émissions. Auteur de plusieurs ouvrages chez éditeurs de renom. Milite pour une information libre,plurielle,diversifiée, indépendante des grands groupes.
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