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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 15:57
Samedi 5 mars 2011 6 05 /03 /Mars /2011 14:26
Kadhafi : in bed with Tony Blair
5 mars 2011 - 12:21
   

La guerre civile qui se déroule en Libye nous pose une question importante : Pourquoi avait-on oublié que Kadhafi est un dictateur fou ? Dès lors, il faut se demander : qui a bien pu le réhabiliter ? Bienvenue dans les marécages de l’Empire britannique…

Le dictateur blanchi façon Tony Blair

Aux yeux de la communauté internationale, Mouammar Kadhafi était un terroriste jusqu’à ce beau jour de 2004 où le Premier ministre britannique Tony Blair alla lui tendre « la main de l’amitié » en plein désert libyen. A partir de ce 24 mars 2004, Kadhafi allait devenir officiellement un « solide partenaire de l’Occident », selon les paroles de Blair lui-même.

Bien sûr, Blair ne fut pas le seul à vouloir faire des affaires avec la Libye, plus grosse réserve d’hydrocarbures de toute l’Afrique. Tant Silvio Berlusconi que Nicolas Sarkozy s’y précipitèrent – saluons au passage le dévouement d’un Sarkozy qui témoigna lors de la visite parisienne du Colonel en 2007 « de la collaboration des services français avec les services libyens pendant les quatre années où j’étais ministre de l’Intérieur ».

Mais les réseaux de Tony Blair furent les premiers à ouvrir la porte à Kadhafi pour intégrer la Lybie à la sphère d’influence géopolitique de l’Empire britannique ; plus intéressés par l’argent et la luxure que par l’influence mondiale, Berlusconi et Sarkozy ne firent que s’engouffrer dans le sillage des Britanniques.

L’opération « relooker Kadhafi » commença à l’initiative de Sir Mark Allen, le chef du service Moyen-Orient du MI6 – les services britanniques de renseignement extérieur – qui proposa à Blair de réhabiliter le chef libyen. En 2003, il rencontra à plusieurs reprises Kadhafi et la Grande-Bretagne obtint la levée des sanctions économiques contre la Libye. Un an plus tard, Mark Allen démissionna du MI6 pour devenir, avec la bénédiction de Blair, le conseiller spécial du PDG de la Bristish Petroleum. Depuis, BP est devenu un acteur majeur dans l’extraction pétrolière et gazière en Libye, notamment à travers un investissement de 900 millions de dollars pour l’exploration de champs gaziers conclu en 2007. Mark Allen intégra également le cabinet de conseil Monitor Group, en même temps que son chef au MI6, Sir Richard Dearlove. Dès 2006, le Monitor Group fut embauché par la Libye pour « Rehausser le profil de la Libye et de Mouammar Kadhafi », au tarif de 250 000 dollars par mois plus un fonds discrétionnaire de 2,5 millions.

La « London School of Useful Idiots »

L’une des premières missions du Monitor Group fut d’aider Saif Kadhafi, le fils de Mouammar, à obtenir une thèse de doctorat à la prestigieuse London School of Economics (LSE), le principal centre de formation à l’idéologie libérale britannique. Le 2 mars, la LSE annonçait l’ouverture d’une enquête pour répondre aux accusations de plagiats contre Saif Kadhafi et son directeur démissionnait 2 jours plus tard pour avoir accepté de grosses sommes d’argent libyen.

Si le rôle direct du Monitor Group consista à obtenir pour la thèse de Saif une quarantaine d’entrevues avec d’importantes personnalités du monde économique et politique – et Saif n’en fit aucune personnellement –, les réseaux blairistes à la LSE ont joué de tout leur poids.

Dans un article intitulé « La London School of Useful Idiots : Comment la bande à Blair a soutenu Kadhafi en échange de dons », le quotidien britannique Daily Mail révèle que ce sont quatre proches de Tony Blair à la LSE qui sont directement responsables de la promotion de Saif Kadhafi et qui pourraient avoir arrangé sa thèse. Il s’agit de la Baronne Liz Symons, de Jonathan Powell, de Sir David Manning et de… Sir Mark Allen, tous les quatre siégeant à l’Ideas Center de la LSE.

  • La Baronne Symons, ministre déléguée au Foreign Office chargée du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sous le gouvernement Blair, est une proche du régime Kadhafi puisqu’elle siège au Conseil de national du développement économique libyen présidé par Saif Kadhafi et créé en 2007 sur conseil « d’un groupe de cabinets de consultants essentiellement américains et britanniques ». La baronne fut au cœur du blairisme puisqu’elle est l’épouse de Phil Bassett, le conseiller en communication de Blair derrière la propagande mensongère qui mena à la guerre en Irak. Elle joua aussi un rôle clé au sein du cabinet noir de Blair lorsque fut lancée une opération de désinformation contre ceux qui avaient osé dénoncer publiquement les mensonges du Premier ministre sur les armes de destruction massive irakiennes, comme l’inspecteur en armement David Kelly, mais aussi l’américain Lyndon LaRouche, farouche opposant du vice-président Cheney (dont l’épouse Lynne Cheney est une intime de la Baronne Symons) qui était intervenu à deux reprises sur la BBC en 2003.
  • Jonathan Powell est l’ancien chef de cabinet de Blair au 10 Downing Street et dirige actuellement la société de conseil Tony Blair Associates.
  • Président de l’Ideas Center, David Manning était l’ambassadeur britannique à Washington entre 2003 et 2007. Il fut nommé par Blair juste à temps pour le lancement anglo-américain de la Guerre en Irak.

La thèse de Saif Kadhafi portait sur « Le rôle de la société civile dans la démocratisation des institutions de la gouvernance globale : du soft power au processus de décision collective ». L’un de ses deux examinateurs était un autre blairiste, Lord Desai, fondateur de la chair Global Governance de la LSE à qui Saif Kadhafi versa 1,5 millions de livres sterling en 2009. Tous se déclarent aujourd’hui « surpris » de voir Saif professer publiquement la répression du peuple libyen par les armes.

Pour les flingues, allez voir Tony

Selon Saif Kadhafi lui-même, Tony Blair est « un ami personnel de la famille » et tient un rôle de conseil auprès du fond souverain Libyan Investment Authority (LIA), créé en 2006. Le LIA gère 70 milliards de dollars qu’il place à travers le monde, et en particulier à Londres, où il a ouvert des bureaux dans le luxueux quartier du Mayfair en 2009. Le LIA a investi massivement dans l’immobilier commercial de la capitale britannique et détient 3% du groupe Pearson, éditeur et propriétaire du prestigieux quotidien de la City, le Financial Times . Si Tony Blair a nié avoir conseillé le LIA, il a néanmoins voyagé à plusieurs reprises à Tripoli en tant que conseiller pour la banque d’affaire américaine JP Morgan. D’ailleurs, la banque de Wall Street est un partenaire privilégié du Libyan British Business Council créé en 2004, tout comme BP et les acteurs majeurs de la City que sont Barclays et HSBC.

Lors des derniers jours de son mandat de Premier ministre, le 29 mai 2007, Blair se rendit à nouveau en Libye pour signer un partenariat militaire et policier avec Mouammar Kadhafi. Les accords de Sirte, comme le prouve un document secret cité par le Daily Mail , portaient sur la fourniture de fusils, de munitions et d’équipement de police anti-émeutes, ainsi que sur la formation des forces spéciales libyennes par le SAS britannique et la formation d’officiers libyens à l’Académie militaire royale de Sandhurst. Des moyens qui sont désormais employés directement contre le peuple libyen. Rappelons que Tony Blair est le représentant du Quartet – UE, ONU, Etats-Unis, Russie – pour la paix au Proche-Orient…

« Avec son statut royal, Andrew peut lui ouvrir des portes »

Evidemment Blair et ses amis ne pouvaient pas laisser la famille royale sur la touche, celle-ci pouvant être un excellent facteur d’intégration de la Libye dans le haut monde. Selon un ami du prince Andrew, deuxième fils de la reine Elizabeth II et du prince Philip d’Edimbourg, « lui et Saif sont devenu incroyablement proches. Ils adorent prendre du bon temps ensemble et s’amuser. Avec son statut royal, Andrew peut lui ouvrir des portes, et Saif peut lui ouvrir d’autres portes avec l’argent de sa famille. » Le Prince Andrew est officiellement représentant commercial de la Grande Bretagne et s’est rendu à trois reprises en Libye, à l’invitation de Saif. Andrew, Duc d’York, a organisé plusieurs réceptions pour Saif dans les palais royaux de Buckingham et St James, ainsi qu’au Château de Windsor.

L’Attentat de Lockerbie

Pour justifier la réhabilitation de Kadhafi, la diplomatie britannique prétexta avoir convaincu le guide libyen de ne plus recourir au terrorisme. En effet, le Colonel Kadhafi est accusé d’avoir commandité l’attentat du vol Pan Am 103 au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie en 1988. C’est en effet un agent des services libyens, Abdelbasset al-Megrahi, qui a été reconnu coupable et condamné en Ecosse à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre des 270 victimes. D’ailleurs, le ministre de la Justice libyen, qui a démissionné fin février pour protester contre la répression sanglante, a affirmé que Kadhafi était bien le commanditaire et qu’il en détenait les preuves.

En août 2009, Megrahi fut relâché par les autorités écossaises et accueilli en héros à Tripoli où Kadhafi, un tantinet narquois, lui avait préparé une grande fête. A partir de 2007, le gouvernement britannique fit « tout ce qu’il put » pour obtenir la libération de Megrahi, rapporte une enquête diligentée par le nouveau Premier ministre britannique David Cameron. La Libye menaçait de mettre un terme à l’un des juteux contrats d’exploration pétrolière offshore de BP obtenus sous Blair et évalué à 15 milliards de dollars. Selon la presse britannique, peu de doutes subsistent sur le rôle qu’a pu jouer Sir Mark Allen dans ces négociations. Avec le successeur de Blair, Gordon Brown, le gouvernement travailliste ratifia un accord de transfert de prisonniers avec la Libye, lui expliqua comment demander un transfert ou une libération et annonça aux autorités écossaises, seules capables de décider du sort de Megrahi, qu’il n’y avait aucune barrière légale à un transfert. Finalement, Megrahi bénéficia d’une « libération par compassion » puisque des médecins britanniques rémunérés par le régime lybien lui avait diagnostiqué un cancer de la prostate en phase terminale, concluant dans un rapport médical qu’il n’avait plus que trois mois à vivre… 18 mois plus tard, Megrahi est toujours vivant.

Mais les Britanniques n’ont pas oublié que 43 sujets de Sa Majesté avaient péri dans cet attentat.

Britannia delenda est

« La chute de Kadhafi pourrait achever Tony Blair », explique Damian Thompson du Daily Telegraph . « On dirait que le lien avec Kadhafi va permettre ce que même la guerre d’Irak n’a pu réaliser : détruire la crédibilité de Tony Blair sur la scène internationale ». On ne peut que souscrire, d’autant que l’Attorney General de Grande-Bretagne, Dominic Grieve, doit rendre prochainement son avis sur la réouverture de l’enquête sur l’étrange mort de David Kelly…

Mais comme il n’y a pas de fumée sans feu, il n’y a pas de serviteurs sans empire ; et c’est bien l’Empire financier et géopolitique de la City de Londres qui est sur le point de s’effondrer, impuissant face à la révolte mondiale des peuples qui ne veulent plus subir sa mondialisation financière.

Bertrand Buisson
bertrand (at) solidariteetprogres.org
Et les infirmières bulgares alors ?

Peu de mystères demeurent encore autour de la libération « héroïque », obtenue par Nicolas Sarkozy en juillet 2007, des infirmières bulgares détenues par Kadhafi. Elle aurait été arrangée par Sir Mark Allen en personne et finalisée grâce à l’argent obtenu par Sarkozy. Saif Kadhafi s’est dit très impressionné par la « générosité » française puisque, en plus des 72 millions de dollars donnés par le gouvernement bulgare, Nicolas Sarkozy a garanti le versement immédiat de 452 millions d’euros pour « indemniser » les familles des 400 victimes libyennes (à qui les infirmières étaient accusées d’avoir inoculé le VIH). Si cet argent a été finalement déboursé par les Etats-membres de l’UE, Mouammar Kadhafi se plaignait de la lenteur bureaucratique européenne. Alors que les négociations bloquaient, Nicolas Sarkozy passa un coup de fil à son ami Hamad ibn Khalifa al Thani, l’émir du Qatar (qui, une semaine auparavant, était l’invité d’honneur de Sarkozy pour le défilé du 14 juillet), pour qu’il avance intégralement cette somme. Le soir même, l’Emir dépêchait à Tripoli le gouverneur de sa banque centrale avec un chèque de 452 millions d’euros. Le lendemain, les infirmières étaient relâchées. Si Nicolas Sarkozy nie toujours qu’il y ait eu une compensation financière, il faut ajouter que la France était en négociations avec le régime libyen pour la vente de missiles pour 100 millions d’euros, ainsi que d’une centrale électrique française. De surcroît, le France s’engagea à restaurer l’hôpital de Tripoli, et Mark Allen et BP, qui jouèrent les entremetteurs, obtinrent leur contrat d’exploration gazière.

 

 

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