Voilà deux mois bientôt que télévision, magazines, intellectuels, experts et politiciens en rajoutent à tour de rôle sur le sujet de la burqa, du nikab, maintenant du « burqini ». Des variations infinies sont imaginables tant ce type de débats fait leur miel. Et ils ont encore six mois devant eux jusqu’aux conclusions de la mission parlementaire.
Sarkozy a donné le signal de départ dans son discours de Versailles le 21 juin, reprenant au bond la balle envoyée par un certain nombre de députés, dont le quarteron des éléments les plus réactionnaires et populistes de l’UMP.
Ces députés ont soudain découvert la nécessité impérieuse d’une mission parlementaire sur une question qui concerne quelques centaines de cas en France (bientôt plus grâce à sa montée en épingle) et sur laquelle la quasi-totalité de l’opinion s’accorde.
Moi aussi, comme tout le monde ou presque, je suis horrifiée par l’idée que l’on puisse imposer à des femmes le port du voile intégral.
Mais nous devons réfléchir à qui profite la médiatisation de la burqa.
Certainement pas aux femmes menacées par cette agression (ou une autre) dont l’affaire va exacerber les causes.
Certainement pas aux travailleurs qui subissent la politique au service du patronat et de la finance. Leurs soucis sont ailleurs.
En revanche, on note déjà la délectation des religieux de toutes les confessions, de toutes les tendances, même les plus intolérantes (UOIF).
Les voilà transformés en experts sollicités par la République pour dire ce qu’elle doit autoriser ou non, y compris les tenues vestimentaires ! Des éléments extrémistes isolés ne manquent pas d’en rajouter dans la provocation pour faire passer ces « modérés » pour des références.
En bref : « la burqa non, le voile islamique oui », logique nourrissant les prétentions publiques communes à toutes les religions.
Les religieux et le pouvoir sarkozyste ont trouvé un nouveau biais pour attaquer la laïcité. Halte là !
Les Eric Raoult, Thierry Mariani ou Georges Mothron (Argenteuil), ces inlassables recycleurs des « thèses » du Front national, ne masquent pas non plus leur satisfaction. Pour eux, voilà une nouvelle tribune pour répandre à nouveau les idées nauséeuses qui empestent nos quartiers et s’appliquent à casser les solidarités ouvrières.
Avec, en plus, un couvert de laïcité républicaine et une caution de gauche !
En prime, la lutte contre la burqa recouvre d’une mission civilisatrice les actions de guerre de l’armée d’occupation occidentale en Afghanistan.
On comprend que Sarkozy soit content !
Mais, progressistes, ne nous laissons pas piéger par cette tentative de détourner nos réflexes !
Plus que jamais, battons-nous pour l’école laïque et républicaine, pour les services publics, pour le progrès social, contre le capitalisme et ses opiums du peuple !