Blog d'opinion et de résistance. Les médias ne sont pas libres, mais simples outils de désinformation et de propagande pour l'Occident militaro-financier. Pas de liberté d'informer, donc pas de liberté ni de démocratie. La désinformation est l'ennemie Public N°1. Eva, journaliste-écrivain, libre-penseuse, dénonce et interpelle.
Au cours des huit dernières années, on a assisté à une explosion de mythes médiatiques dans la culture américaine. Les grands médias commerciaux, les pontes qu’ils soutiennent, et les politiciens des deux grands partis chantent tous le même refrain : « Depuis le 11 septembre 2001, tout a changé. » Des chaines câblées aux stations de radio en passant par les blogs et jusqu’aux réunions publiques, les Américains entendent sans cesse dire que « nous vivons dans un monde post-11-Septembre ». Bien qu’il y ait une part de vérité dans cette platitude énoncée sur un moment historique capital, les citoyens qui réfléchissent pourraient aussi se demander si de tels messages véhiculés par les mass media ne sont pas des autosuggestions qui finissent par s’imposer. Ceci constitue un point de départ intéressant pour débattre de ce qui a ou n’a pas changé depuis le 11-Septembre. Cet essai aborde le phénomène actuel de la fabrication des mythes par les médias et la manière dont, comme de nombreux Américains l’avaient senti au lendemain du 11-Septembre, certaines choses n’ont pas changé. (1) Les médias institutionnels grand public ont ressuscité de puissants mythes du passé pour modeler la perception que se fait l’opinion publique du présent. À travers le prisme du 11-Septembre, on peut constater comment les grands médias consacrent en réalité plus de temps à fabriquer des mythes qu’à informer. Les auteurs examineront les principaux mythes que les grands médias et même une bonne partie des médias alternatifs ont développés depuis le 11-Septembre. Nous nous proposons d’examiner comment la fabrication de mythes autour du 11-Septembre, par l’exploitation émotionnelle de ces événements, a empêché un examen dépassionné des causes ou des responsabilités. Ni les grands médias ni les médias indépendants n’ont abordé les événements du 11-Septembre avec un esprit ouvert. À quelques très rares exceptions, les grands médias et les médias alternatifs indépendants ont balayé certaines questions essentielles sur le 11-Septembre en les qualifiant de « conspirationnistes » ou « antipatriotiques » [ou en France, « antiaméricaines », NdT]. Même la presse de gauche, dont The Nation, In These Times, Mother Jones et The Progressive, entre autres, a constamment fait preuve de résistance, voire d’hostilité, envers une enquête complète et indépendante sur les attentats. Peut-être certains progressistes empêcheurs de tourner en rond ont-ils oublié les paroles d’une de leurs propres icônes, Emma Goldman, féministe et anarchiste américaine, qui avait noté avec pertinence que : « Le péché le plus impardonnable dans toute société est la liberté de pensée ». À l’instar de leurs pairs des grands médias, les journalistes de la presse indépendante ont souvent mis l’accent sur des personnalités excentriques ou des déclarations extrêmes au lieu de se concentrer sur les éléments troublants soulevés par les sceptiques. De telles pratiques institutionnalisent les actes d’autocensure qui s’appuient sur la mythologie historique américaine, phénomène que nous analyserons plus loin dans cet article. (2) La mythologie traditionnelle américaine fut invoquée pour exalter la version officielle du 11-Septembre, qui est devenue la seule et unique version. Tony Judt, historien à l’Université de New York, a récemment regretté que le discours moderne tournait pratiquement uniquement autour « de versions officielles telles qu’elles sont officiellement formulées et perçues ». (3) Rien n’est plus vrai dans le cas du 11-Septembre. Les grands médias et même la presse progressiste ont constamment adopté la version officielle soutenue par le gouvernement et formalisée dans le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre. Selon cette version officielle, 19 islamistes radicaux ont conspiré et percé les défenses du pays le mieux protégé du monde. Parce que les services de renseignement ont ignoré les nombreuses mises en garde, ces terroristes ont réussi à prendre le système de défense des États-Unis par surprise, détourner 4 avions, et en faire écraser 3 sur des cibles qui symbolisent la puissance économique et militaire des États-Unis. (4) Mais est-ce la véritable histoire, et est-ce là toute l’histoire ? Existe-t-il d’autres versions qui cadrent mieux avec les faits ? Y a-t-il des détails importants qui sont ignorés ? Autant de questions que les grands médias n’ont pas posées et n’ont pas encouragé le public à se poser non plus. La résistance des grands médias, commerciaux et indépendants, a efficacement empêché de véritables reportages, de vrais débats et une analyse en profondeur sur le 11-Septembre. Cette étrange absence a fait du 11-Septembre un sujet qui revient souvent dans les publications de Project Censored. (5)
Nous sommes ici en présence d’une question cruciale : la fabrication de mythes par les médias décourage le pluralisme des points de vue sur la réalité, et induit par conséquent une forme de censure. Une culture profondément enracinée dans ses mythes « Les mythes auxquels on croit ont tendance à devenir des vérités » – George Orwell Au fur et à mesure que leurs besoins changeaient, les Américains se sont racontés de nouvelles histoires. Pour créer une nouvelle république, les Américains devaient créer de nouvelles croyances impulsées par un sentiment de destin national. Au xixe siècle, cet amas d’idéaux finit par s’imposer dans les esprits de la plupart des Américains sous couvert du « destin manifeste ». Ce terme, lancé par John O’Sullivan, un journaliste et mythologue du xixe siècle, se basait sur l’idée que l’Amérique était à la fois exceptionnelle et triomphante dans toutes ses entreprises ; que l’Amérique, par une inspiration divine, était destinée à devenir le phare du monde de la démocratie, et que la nouvelle république n’emploierait les armes que pour défendre ses intérêts nationaux. (8) Puisque les intellectuels, les politiciens, les journalistes, les responsables et autres personnalités médiatiques ont depuis longtemps assimilé ces mythes, ils sont partie prenante de la grande narration de l’histoire américaine. Cependant, il existe d’autres versions plus proches de la réalité historique qui contredisent souvent la ligne officielle. Au lendemain du 11-Septembre : une frénésie de mythes médiatiques En tête du mouvement dans les médias, Dan Rather, le présentateur star de CBS déclara : « Je vais faire mon travail de journaliste, mais en même temps je vais leur accorder [à l’administration Bush] le bénéfice du doute, à chaque fois que ce sera possible dans une telle situation de crise, d’urgence. Pas parce que je crains une réaction du public, mais parce que je veux être un Américain patriote et fier de l’être. » (9) Plus tard, Rather regretta ses propos, mais à l’époque ils renforcèrent le pouvoir du nationalisme aveugle en temps de crise. Dans les grands médiaux commerciaux, la plupart ont abandonné leur rôle de critiques et se sont transformés en simples larbins du pouvoir. Le Président George W. Bush a poursuivi dans la voie de la mythologie nationaliste après les attentats du 11/9 en affirmant que le monde avait changé et était désormais divisé en deux, entre le Bien et le Mal. Les peuples et les nations à travers le monde devaient choisir leur camp. Dans cette conception manichéenne, les « ennemis » ne se trouvaient plus uniquement à l’étranger, ou « là-bas » comme au cours des deux dernières guerres mondiales, mais désormais « ici » aussi, et peut-être même des Américains en faisaient-ils partie. Peu après le 11/9, Bill Maher, animateur de l’émission « Politically Incorrect » sur la chaîne ABC, réagit à une déclaration du Président Bush selon laquelle les terroristes du 11/9 étaient des lâches. Maher répliqua sèchement : « C’est nous qui avons été des lâches. En balançant des missiles de croisière à des milliers de kilomètres. Ca, c’est de la lâcheté. Rester dans l’avion lorsqu’il frappe l’immeuble. Vous pouvez en penser ce que vous voulez, mais c’est tout sauf de la lâcheté. » (10) Peu après, Maher a été viré de son émission sur ABC. En réponse à Maher, le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, avertit que dans un monde post-11/9, les Américains devaient « faire attention à ce qu’ils racontaient ». (11) Un tel néo-McCarthysme montrait le risque encouru par ceux qui prenaient leurs distances avec le discours nationaliste. (12) D’une manière ironique, ce sont les journalistes qui auraient dû mener les débats après le 11/9, tout en veillant au respect du pluralisme. Mais, à l’instar de Dan Rather, beaucoup sont devenus de simples sténographes du pouvoir en place, marginalisant et même diabolisant toute analyse « hérétique » importante. Quelques jours après le 11/9, Bush a ressuscité le mythe de la conquête de l’Ouest pour imposer la guerre contre le terrorisme. Il a fait appel à de faux dilemmes tels que « Vous êtes avec nous ou vous êtes contre nous », et « Il s’agit d’une bataille entre le Bien et le Mal » ainsi qu’à des notions de justice dispensées par des chasseurs de primes avec des phrases telles que « Recherché mort ou vif » pour expliquer sa politique de sécurité nationale. Rares sont ceux dans les médias qui ont dénoncé l’attitude simpliste, emplie de pathos et même de machisme du président. Les références de Bush au Far West ont permis au gouvernement de remplacer les méchants Indiens de l’Amérique, les hors-la-loi et autres stéréotypes d’ennemis dont ben Laden lui-même, par al-Qaïda. Mais, non seulement ben Laden n’avait aucun lien avec l’Irak, selon le FBI, il n’était même pas accusé des crimes du 11/9 par manque de preuves. Néanmoins, une récompense de 25 millions de dollars a été offerte pour sa capture en relation avec les attentats du 11/9, récompense offerte par le « Programme de récompenses pour la Justice », un organisme sans prérogative d’enquête et administré par le Département d’État. Ce qui contredit la position du FBI. (13) De plus, ce mythe de la justice du Far West a préparé le terrain aux justifications des guerres préventives, de la torture, et à considérer la Convention de Genève comme « désuète ». (14) Une fois encore, les grands médias n’ont pas remis en cause cette politique, mais au contraire l’ont présentée comme indispensable dans un monde post 11/9. (15) L’Amérique s’est ensuite lancée tête baissée dans une guerre abstraite contre le terrorisme tout en observant du coin de l’œil un Western mélodramatique. Censure, désinformation et déni grâce à l’amnésie historique collective D’autres interprétations du 11/9 ont rarement pu être exprimées librement dans la presse américaine. Toutes ces hypothèses alternatives suggèrent d’éventuelles complicités au sein même du gouvernement américain : pour pouvoir déclencher une guerre, il fallait laisser les attaques se produire (thèse du laisser-faire), ou même les provoquer (thèse du déclenchement délibéré). Une meilleure connaissance de l’histoire américaine (8) aurait pu aider les journalistes et l’opinion publique à envisager ces éventualités dans un contexte plus large. En examinant l’histoire, on peut voir les attentats du 11/9 comme une provocation de plus parmi tant d’autres. (17) Des précédents historiques pour des interprétations alternatives non officielles « Celui qui contrôle le passé contrôle le futur. – George Orwell Les précédents historiques peuvent servir à mettre les mythes nationaux en perspective. On apprend beaucoup à les examiner attentivement. Les médias institutionnels grand public ont largement évacué tout contexte historique qui pourrait induire un examen critique général des événements tragiques du 11/9 et de la guerre contre le terrorisme. Les faits qui entourent certains événements historiques ont été littéralement effacés de l’histoire. Un retour sur ce « trou noir de la mémoire historique » peut servir d’antidote à un autre type de censure, la censure par omission. Certains pourraient trouver incroyables les événements suivants de la politique internationale des États-Unis, particulièrement lorsque ces derniers ne sont pas contestables. En prenant en compte cette série de provocations, de faux prétextes, de manipulations et d’opérations sous faux-pavillon, les versions alternatives du 11/9 cadrent avec les mensonges habituels des gouvernements, tandis que la version officielle devient une anomalie. Bien que cela ne constitue pas une preuve en ce qui concerne le 11/9, les médias auraient au moins une indication sur la direction que pourrait prendre une véritable enquête de leur part. (18) Voilà quelques exemples : Pearl Harbor est un autre exemple d’une longue lignée de supercheries à travers toute l’histoire des États-Unis destinées à manipuler l’opinion publique en faveur d’une guerre. (22) En faisant appel à la puissance du symbole de Pearl Harbor, le lobby néoconservateur Project for a New American Century (Projet pour un nouveau siècle américain) recourt à cette analogie historique dans son document Rebuilding America’s Defenses (Reconstruire les Défenses de l’Amérique), publié en 2000. Dans ce document, ils émettent des hypothèses sur ce qui pourrait s’avérer nécessaire pour justifier un changement radical de la politique étrangère des États-Unis. Les auteurs expliquent qu’une transformation de la politique US promouvant le recours à la force serait difficile, car « ... le processus de transformation, même s’il devait aboutir à des changements révolutionnaires, serait probablement long sans un événement catastrophique et catalyseur – comme un nouveau Pearl Harbor ». (23) L’administration Bush tout autant que les grands médias ont utilisé les événements du 11/9 pour ressusciter le mythe selon lequel l’Amérique n’attaque jamais en premier et ne combat que pour la liberté. (24) La « riposte » a pris la forme de soi-disant attaques nord-vietnamiennes contre deux croiseurs US. Au mois d’août 1964, le premier navire a été prétendument attaqué par des torpilleurs vietnamiens. (26) Deux jours plus tard, les médias ont annoncé que les Nord-vietnamiens avaient attaqué un second navire américain. Bien que le Pentagone ait affirmé que les assaillants avaient été repoussés, les officiers à bord du croiseur ont révélé plus tard que « nos destroyers ne faisaient que tirer sur des cibles fantômes... il n’y avait pas de torpilleurs devant nous. » (27) Néanmoins, quelques jours plus tard, le Congrès votait la résolution du golfe de Tonkin, sur la base d’événements qui n’avaient pas eu lieu, pour entraîner les États-Unis dans une « opération de police » désastreuse qui allait durer 10 ans, coûter la vie à plus de deux millions de personnes, et couvrir les États-Unis de déshonneur. (28) Remarques : Les médias qui abordent les sujets importants du présent devraient rappeler ces exemples du passé. Au lieu de cela, les événements importants qui contredisent les mythologies officielles américaines sont souvent ignorés. Cette tendance a été formalisée au début du xxe siècle. Tout en analysant le rôle des médias dans la popularisation des mythes auprès du public, continuons à déconstruire les dénis et les supercheries de la version officielle du 11/9. Fabrication instantanée de mythes sur le 11-Septembre 1. Construction immédiate d’une version officielle – John F. Kennedy Le 11 septembre 2001, les officiels du gouvernement et les grands médias ont commencé à construire la version officielle avec une rapidité sans précédent. Avant même la fin des attentats, la division de l’antiterrorisme du FBI disait au conseiller à la Sécurité nationale Richard Clarke que c’était des agents d’al-Qaïda qui avaient attaqué le World Trade Center. Cette version a été adaptée et amplifiée dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi. (30) D’un côté, les hauts responsables affirmaient que les attaques les avaient pris totalement par surprise. Et pourtant, de l’autre, le 11 septembre à 11 heures de matin, le FBI avait déjà commencé à publier les noms, nationalités et photos des 19 pirates présumés. Avant même que se soient dissipées la fumée et la poussière, les mythologues des médias étaient fins prêts pour tout expliquer en faisant largement appel à la mythologie traditionnelle et à l’histoire populaire. Mais si les autorités étaient si peu au courant au point d’avoir été pris par surprise, comment ont-elles réussi à découvrir si rapidement la liste exacte des coupables ? Les services de sécurité avaient-ils gardé ces agents d’al-Qaïda sous surveillance ? Pour en rajouter dans les contradictions, la véracité de la liste s’est révélée suspecte. Dans les semaines qui ont suivi les attaques, plusieurs médias, dont la BBC, ont révélé que certains des individus mentionnés dans la liste étaient encore en vie. (31) Ces révélations auraient dû jeter un discrédit sur la version officielle, ce qui explique en partie la discrétion des médias sur ce sujet. 2. Les grands médias mènent la danse dans la fabrication de mythes sur le 11/9 « L’histoire est le présent. C’est pourquoi chaque génération la réécrit. Mais ce que la plupart des gens croient être l’histoire n’est que son produit fini, le mythe. » – E.L. Doctorow Mais si ces attentats avaient été des attaques surprises, comment le gouvernement et certains médias pouvaient-ils, le jour même, connaître les noms des coupables ? CNN, par exemple, à 16 h 00 le 11 septembre 2001, a accusé ben Laden « sur la base d’éléments nouveaux et précis découverts depuis les attentats ». (34) Les grands médias et le gouvernement ont fait preuve ce jour-là d’une vision étonnante, capable de transpercer les fumées épaisses qui s’élevaient, en créant un méchant plus vrai que nature, en brossant par avance les traits d’une nouvelle politique, générant peut-être ainsi une prophétie auto réalisatrice sur la guerre contre le terrorisme. La nuit suivant les attentats, le Président Bush écrivait dans son journal : « Le Pearl Harbor du xxie siècle a eu lieu aujourd’hui... Nous pensons que c’est Oussama ben Laden. » (35)
Versions alternatives : la suppression des témoignages des secouristes Au lieu d’interviewer simplement un passant, les médias auraient pu interviewer d’abord les secouristes sur ce qui aurait pu provoquer l’effondrement des tours. Mais lorsque les médias ont interviewé les secouristes, ils se sont contentés de raconter leur héroïsme et de relayer l’horreur vécue. Pratiquement sans exception, les médias n’ont relayé aucun des nombreux témoignages des secouristes qui parlaient d’explosions avant et pendant l’effondrement des tours.
En anticipant l’importance de leurs témoignages, certains secouristes se sont enregistrés. Sur ces enregistrements, des dizaines de pompiers parlent d’explosions, particulièrement d’une série de sons « boum, boum, boum » au moment où les tours ont commencé à s’écrouler. En 2002, des rapports similaires de pompiers ont été publiés. Le pompier Thomas Turilli se rappelle que le son était « comme des bombes qui explosaient, boum, boum, boum, peut-être 7 ou 8, puis un souffle immense a surgi et le chef nous a tous jetés à terre et s’est couché sur nous. » (37) Ceci n’est qu’un des dizaines de témoignages similaires de secouristes qui tous parlent d’explosions. Juste après les attaques, la ville de New York a fait saisir les propos enregistrés des pompiers et le service des pompiers a interdit à quiconque d’en parler parce que, selon lui, leur contenu pouvait devenir des pièces à conviction lors d’un procès. Cette suppression d’éléments de preuves perdura sous les maires Rudy Giuliani et Michael Bloomberg. Il a fallu attendre 3 ans, après des pressions des familles des victimes et un procès intenté par le New York Times pour voir la ville communiquer enfin les bandes de ces témoignages. (38) À voir la manière dont les tours se sont désintégrées et sont tombées, certains observateurs ont émis l’idée que les tours ne s’étaient pas simplement « effondrées ». En fait, un présentateur de CBS News, Dan Rather, a annoncé le 11/9 que les effondrements « rappelaient la manière... lorsqu’un immeuble est délibérément détruit par des explosifs placés au bon endroit pour le faire tomber ». L’émission ABC News avec Peter Jennings a souligné aussi cette similitude. Pourtant, depuis le 11/9, personne dans les grands médias n’a jamais fait une telle comparaison de nouveau. (39) 3. Les rapports prématurés sur l’immeuble 7 du World Trade Center Puisque aucun avion n’avait frappé ce gratte-ciel de 47 étages, doté d’une structure d’acier, et puisque les incendies étaient bien plus restreints que ceux des Tours Jumelles, pourquoi quelqu’un aurait-il eu l’idée d’imaginer sa désintégration et son effondrement ? Une fois de plus, les médias ont énoncé ce qui devait devenir la version officielle, et ce avec une avance incroyable, avant même que l’événement ne se produise, et ils l’ont ensuite développé pendant les jours et les mois qui ont suivi. (41) Pourtant, quelles étaient les chances que deux grands médias fassent la même erreur en même temps sur le même sujet ? Nous avons ici l’exemple de reportages dont la chronologie semble hautement improbable ou totalement incroyable. Quelle que soit la conclusion qu’on en tire, la question importante est celle-ci : pourquoi aucun grand média n’a jugé bon d’enquêter là-dessus ? Très récemment, le Financial Times de Londres a publié un des articles les plus détaillés sur le WTC-7 jamais publiés à ce jour dans un grand média commercial. Sinon, très peu ont couvert cette histoire controversée. (42) Dans le contexte de la construction d’un mythe, ce reportage devrait être examiné et débattu dans les médias. Pratiquement personne dans les grands médias et seulement quelques personnes courageuses de la presse indépendante ont enquêté sur ces histoires. Une telle entorse à la déontologie du métier mériterait à elle seule une enquête. Les reportages des grandes chaînes de télévision dès les premières heures ont largement contribué à générer spontanément du mythe. Avec le recul, cela soulève de sérieuses questions. 4. Les derniers instants du vol UA93 : le recyclage d’anciens mythes Le plus connu de ces mythes est celui des passagers héroïques du vol UA93 qui, en se révoltant contre les pirates, auraient prétendument empêché une frappe sur Washington DC. Par leur geste, les passagers ont non seulement fourni un modèle de comportement aux Américains, mais ils ont aussi lancé la première contre-attaque dans la guerre contre le terrorisme. Il est indéniable que se soulever contre les pirates d’un avion constitue effectivement un acte héroïque, mais affirmer que cette action a empêché une autre frappe sur la capitale requiert d’autres présomptions – par exemple, celle d’une défaillance persistante d’un système de défense anti-aérien qui a coûté plusieurs milliers de milliards de dollars. Pour croire au mythe du vol UA93, il faut aussi nier une quantité non négligeable de preuves matérielles, comme la découverte de fragments de l’avion à plus de 13 km du point d’impact. (43) Un scénario d’héroïsme désintéressé pour feuilleton télé Que ces appels aient pu ou non passer, le vol du « Allons-y les gars » (« Let’s Roll »), ainsi qu’il allait être surnommé, a provoqué une éruption instantanée de mythes lancés par les médias. Au cours des quelques jours qui ont suivi, plus d’une dizaine de personnes ont signalé avoir reçu des appels de leurs proches – la plupart étaient des gens qui venaient de perdre leur conjoint lorsque le vol UA93 s’est écrasé près de Shanksville, en Pennsylvanie. Les histoires poignantes racontées par ces survivants s’immiscèrent dans une conscience populaire déjà submergée par le pathos et l’angoisse. À la recherche d’histoires sensationnelles, les grands médias se sont immédiatement focalisés sur la vie et la mort héroïque des passagers du vol UA93. (45) En l’absence totale de preuves matérielles, les grands médias se sont mis à rédiger des scénarios pour les histoires qu’ils avaient l’intention de raconter. Bien que les appels aux proches n’aient pas fait l’objet de vérifications, les grands médias se sont emparés de cette histoire. Plusieurs médias se sont empressés de la diffuser en consacrant un temps considérable aux proches qui auraient reçu ces appels. Les médias ont ainsi imposé de manière indélébile une histoire de sacrifice héroïque. Devant le besoin de se réaffirmer et de s’identifier émotionnellement aux proches des victimes, leurs reportages ont connu des audiences exceptionnelles. Les dernières paroles énigmatiques du vendeur de logiciels Todd Beamer, entendues par un opérateur des téléphones de bord, sont devenues légendaires : « Vous êtes prêts ? OK. Allons-y les gars. » Comme la plupart d’entre nous s’en souviennent, la révolte des passagers a été déclenchée par ce cri de guerre. (46) Tout ceci a eu lieu au moment où le pays était encore sous le choc des images de l’effondrement des Tours Jumelles et n’a fait qu’accentuer le traumatisme dans le public. Ce n’était pas uniquement dû au fait que les images des tours aient été diffusées des centaines de fois aux heures de grande écoute à la télé ; c’était aussi le symbolisme obsédant que ces images véhiculaient. Toujours sensible à l’impact d’une métaphore, le linguiste et psychologue George Lakoff a fait remarquer que de nombreux Américains, en voyant la désintégration des tours et la chute de ceux qui tentèrent de s’échapper en sautant, ont vu leur propre chute ainsi que celle de leurs compatriotes. En termes encore plus imagés, Lakoff a souligné : « L’image d’un avion pénétrant la tour Sud a été pour moi celle d’une balle transperçant un crâne, les flammes qui jaillissaient de l’autre côté étaient comme du sang qui giclait. C’était un assassinat. » (49) Ceci a renforcé le mythe de la version officielle : le 11/9, c’était la liberté même, personnifiée par les tours, qui était attaquée. Comme si les choses avaient été planifiées selon les termes du livre de Naomi Klein, La Stratégie du choc, les images alarmantes du 11/9 ont préparé le public à une nouvelle politique – la guerre contre le terrorisme, le Homeland Security (le ministère nouvellement créé de la Sécurité de la Patrie, NdT), et la loi USA PATRIOT ACT (Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act ou en français : Loi pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme, NdT) – des politiques qui étaient impensables avant le cataclysme psychique du 11/9. (52) La nécessité de héros positifs À cette époque de traumatisme et d’humiliation nationaux, une autre histoire très séduisante est apparue. Elle racontait l’histoire d’une révolte de passagers qui, après plusieurs minutes de lutte, ont repris le contrôle du poste de pilotage et/ou ont fait perdre le contrôle de l’avion aux pirates. (53) Cette histoire de prise de contrôle du cockpit racontait aux Américains que des passagers héroïques avaient non seulement riposté, mais aussi empêché une autre attaque sur Washington. Avant même que l’avion ne se soit écrasé, la première bataille de la guerre contre le terrorisme avait commencé. Les médias persistent à renforcer le mythe du vol UA93 Quelle que soit la vérité sur les derniers instants du vol UA93, ils constituaient un matériel dramatique avec une très forte charge émotionnelle qui avait tout pour plaire. Quatre films ont rapidement été tournés : Let’s Roll : The Story of Flight 93 (2002), The Flight That Fought Back (2005), Flight 93 : The Movie (2006), et United 93 (2006). (57) Les studios et les chaînes ont immédiatement saisi l’énorme potentiel en termes de suspense, de conflit, d’héroïsme et de drames humains. Réécrire l’histoire, réviser le mythe à travers un film Les pourvoyeurs de sensations fortes découvrent l’Histoire pop Certains animateurs d’émission de radio conservateurs (très à droite, NdT) ont découvert l’histoire récente après la diffusion du docufiction de la chaîne ABC/Disney. Ils ont mis en évidence ce que les services de renseignement savaient et ce que la Maison Blanche n’avait pas fait au sujet d’al-Qaïda – mais uniquement pendant les années Clinton. (59) Des porte-parole républicains et les pourvoyeurs de sensations fortes se sont exprimés comme s’ils lisaient le même prompteur. D’un seul coup, les grands pontes discutaient des éléments importants que la Commission sur le 11/9 avait ignorés – des choses qu’ils n’avaient jamais relevées auparavant. Rush Limbaugh a commencé par citer le complot Bojinka d’al-Qaïda en 1994 comme la preuve que c’était l’administration Clinton, et non celle de Bush, qui aurait dû empêcher les attentats du 11/9. Le moment choisi et la présentation biaisée de cet élément historique précis par certaines vedettes de la radio mérite d’être soulignés dans le contexte d’un processus de fabrication d’un mythe. Alors que la fabrication, la révision et la confirmation du mythe se poursuit, il en va de même pour la recherche d’une version qui aurait plus de sens. Bien que les mythes persistent, ils doivent désormais faire face à un développement de l’analyse logique. Alors que les grands médias commerciaux et même une certaine presse progressiste perpétuent les mythes historiques, de nombreux Américains exigent une version basée sur des faits. Un sondage effectué par l’institut Zogby International en 2007 montrait que 51 % des Américains voulaient une enquête sur les rôles joués par le Président Bush et le Vice-président Cheney dans les événements du 11/9, et que 67 % voulaient une enquête sur la Commission du 11/9 qui a complètement ignoré l’effondrement de la tour 7 du WTC. Ce qui laisse penser que de nombreux Américains, malgré le bombardement de mythes par les médias, se demandent encore ce qui a réellement pu se passer le 11/9. (60) Héros et victimes Dans les moments de doute, de vulnérabilité et de peur, la « mythologisation » de l’héroïsme et la victimisation ont agi comme un réconfort pour les Américains, vis à vis d’eux-mêmes et de leurs compatriotes. Les ennemis avaient été identifiés et les chariots placés en cercle, donnant l’impression que tout le monde « était uni ». Ceci fut exprimé d’une autre manière dans la phrase digne d’un slogan pour autocollant : « Nous sommes unis ». Cependant, la fixation sur les héros et les victimes a aussi eu d’autres effets : le renforcement de la notion simpliste d’une bonté naturelle, renforçant le sentiment que l’Amérique n’était qu’une victime innocente – que sa politique étrangère n’avait rien à voir avec l’agression subie. De plus, la préoccupation des médias pour les héros et les victimes a eu pour effet de détourner l’attention d’autres aspects, plus complexes, plus dérangeants, moins enthousiasmants de la catastrophe. Les mythologues des médias ont réussi jusqu’à présent à empêcher tout débat national sur des aspects essentiels du 11/9. Le pouvoir du mythe à écarter toute recherche de la vérité peut se révéler très puissant. Cependant, le mouvement qui cherche à comprendre ces événements et qui propose d’autres versions prend de l’ampleur et fait partie d’un mouvement plus large d’Urgence pour la Vérité. Comme le faisait remarquer le professeur Peter Dale Scott de l’Université de Californie à Berkeley : « … Nous entrons dans un état d’urgence dont les limites exactes sont inconnues, sur les bases d’un événement grave et controversé – le 11/9 – qui demeure encore largement un mystère. » (61) Le pouvoir du recadrage et du renforcement Les fabricants de mythes se contentent rarement du degré de crédulité du public, quel que soit son niveau. Lors de la Convention républicaine de l’été 2008 à Minneapolis, dans l’État du Michigan, la première dame Laura Bush, qu’on peut difficilement qualifier d’observatrice neutre de l’administration Bush, a répété un des mythes les plus opportunistes et douteux du début du xxie siècle : que la guerre contre le terrorisme avait été un succès : « N’oublions pas, » a dit la première dame, « que le Président Bush a préservé la sécurité du peuple américain. » (62) |
De plus, des milliers de soldats américains sont morts et des dizaines de milliers ont été blessés dans des guerres qui n’ont aucun rapport avec le 11/9, en Afghanistan et en Irak. Ce chiffre n’inclut pas le million de morts irakiens estimé par Opinion Research Business en Grande-Bretagne, ni les autres victimes de la région, dont environ 4,5 millions de réfugiés selon le journaliste indépendant Dahr Jamail, provoqués par les guerres au Moyen-Orient après le 11/9. (64) L’administration Bush a échoué non seulement à préserver la sécurité des Américains, elle a aussi provoqué de grandes souffrances pour des millions de gens à travers le monde, faisant sans doute ainsi augmenter les risques pour les Américains. (65) Pourtant, le mythe selon lequel l’administration Bush a réussi à préserver la sécurité des Américains persiste.
Et pourtant les « spin doctors » [faiseurs d’opinion, NdT] du gouvernement, appuyés par les grands médias, nous demandent de croire que les événements du 11/9 étaient si exceptionnels qu’ils ne comptent pas vraiment, que personne n’était responsable à ce moment-là, et donc que personne n’était coupable. Une telle rhétorique implique une réécriture importante de l’histoire dès sa première copie et démontre que la censure est toujours vivace, c’est-à-dire que les mythes sont admis et priment sur les faits. L’analyste politique britannique Mohammed Cohen a fait remarquer que « le plus grand mystère politique du xxie siècle, peut-être de toute l’histoire de l’Amérique est celui-ci : comment les Républicains ont-ils échappé à toute responsabilité pour le 11/9 ? Comment les attaques les plus meurtrières jamais commises sur le sol américain peuvent-elles constituer pour eux un objet de fierté, plutôt que de honte ? » (66)
Les réponses sont complexes et impliquent une réécriture perpétuelle et sans relâche des événements qui se poursuit depuis la retombée des fumées toxiques du 11/9. À part l’expert en contreterrorisme, Richard Clarke, aucun membre de l’administration Bush, de la FAA ou de l’armée n’a eu à rendre des comptes pour les défaillances de la sécurité nationale. C’est comme si le cataclysme était simplement tombé du ciel, comme un éclair dans un ciel sans nuage ou, comme la Commission sur le 11/9 l’a écrit, effectivement : « Tout le monde étant en partie responsable, personne ne sera donc déclaré coupable ». (67)
Ceci est à l’évidence faux, ne serait-ce qu’à cause du Rapport quotidien au Président daté d’un mois avant le 11 septembre 2001 [Presidential Daily Briefing du 6 août, NdT], sans parler de nombreux autres avertissements et exemples historiques. Rice elle-même a témoigné devant la Commission sur le 11/9 que personne n’avait eu la moindre idée qu’une telle attaque pouvait avoir lieu, alors que c’est elle en personne qui avait remis au Président le rapport précisant qu’une telle attaque allait se produire. Nous sommes censés croire au mythe que personne n’est responsable, qu’il s’agissait d’une attaque surprise. De nombreux dirigeants politiques, y compris des Démocrates de la future administration Obama, avaient déjà prévenu qu’Obama serait mis à l’épreuve dés les premiers jours de son mandat. Le futur Vice-président Joseph Biden se trouvait à Seattle lorsqu’il a déclaré : « Écoutez-moi bien. Dans les six premiers mois de son mandat, le monde mettra Barack Obama à l’épreuve comme ils l’ont fait pour John Kennedy. Le monde observe. Nous sommes sur le point d’élire un brillant sénateur de 47 ans comme Président des États-Unis d’Amérique. Et si vous ne deviez vous souvenir de rien d’autre, souvenez-vous que je vous l’ai dit ici, à cet endroit même. Observez, nous allons connaître une crise internationale, une crise sciemment provoquée, pour tester ce gars. » (69) La manipulation et le mythe de non responsabilité se poursuivent. D’autres attaques se produiront. Personne n’en sera responsable. Le « test » sera la réaction, pas la prévention. Cela a bien marché pour l’administration Bush. Le Président Obama a peu de raisons de remettre en cause un mythe qui pourrait aussi bien servir à sa propre administration s’il devait se produire un autre 11-Septembre.
En outre, cette myopie historique a permis à l'administration Bush et à la Commission d’enquête d’éluder les conséquences de non pas un seul, mais deux préalables au 11-Septembre : le premier attentat meurtrier contre le WTC en 1993 et aussi le projet contrecarré du complot Bojinka l’année suivante. Les deux étaient l’œuvre d’al-Qaïda, et ils ciblaient ces bâtiments emblématiques, mais les similitudes vont bien au-delà. Si l’attentat du WTC et le complot avorté Bojinka en 1994 avaient reçu plus d’attention, il serait devenu évident que ces actions antérieures avaient été planifiées par le même groupe, et plus spécifiquement certains des mêmes individus, en utilisant les mêmes moyens, des avions (dans le cas de Bojinka), pour frapper les mêmes objectifs. Les Tours Jumelles ont toujours été au sommet de la liste des cibles pour al-Qaïda et leurs agents ont pris des leçons de pilotage pendant des années. En outre, dans le cas du complot Bojinka ces mêmes terroristes avaient les mêmes objectifs en utilisant une tactique similaire : le détournement d’avions de ligne. Ne connaissant pas cette histoire, le public n’a pas été en mesure de voir ces étonnants parallèles, et le gouvernement a pu éviter de répondre à une bien embarrassante question : comment les terroristes présumés ont-ils pu planifier deux tentatives d’attentats contre les Tours et réussir la troisième ?
Particulièrement révélateur de la politique aux États-Unis est le fait que les Démocrates, historiquement sensibles aux accusations mystificatrices du temps de la guerre froide qu’ils sont « incompétents en matière de sécurité nationale », n’ont jamais contesté cette opinion dans l’ensemble de la période de l’après-11-Septembre, même si les Républicains ont souvent brandi cet argument comme un bâton. Apparemment, fait remarquer Cohen, ils n’osent pas réfuter le mythe « de peur d’être accusés de politiser le 11-Septembre, alors même que les Républicains ne cessent d’utiliser la tragédie de manière partisane ». Pour un public éduqué qui connaît l’histoire, il s’agit là du spectacle incroyable et fascinant d’un ballet entre mythologie et désinformation. « Le refus de l’administration Bush de reconnaître la moindre responsabilité dans ces attaques », affirme Cohen, « est absolument époustouflant. Pas le moindre responsable n’a été limogé dans ce qui est le plus flagrant échec de la sécurité nationale depuis Pearl Harbor ou l’incendie de la Maison Blanche par les Britanniques en 1814. » (70) En fait, plusieurs des principaux responsables de l’administration ont été promus après le 11/9, comme par exemple le général Richard Myers ou la conseillère à la Sécurité nationale Condoleezza Rice, qui devint secrétaire d’État. Il semble que l’incompétence en haut lieu ait en fait été récompensée après ces tragiques événements. Encore une fois, le rapport officiel a choisi de blâmer tout le monde, et par conséquent, personne en particulier. Personne n’a été tenu pour responsable de cette colossale suite d’incompétences et d’échecs. Ce qui soulève d’autres questions. Peut-être l’incompétence n’est-elle pas la seule possibilité ? Peut-être ces mythes devraient-ils être déconstruits pour que la réalité du 11/9 se fonde en toute transparence sur l’information factuelle ?
Tirer les conclusions
« Un gouvernement populaire sans informations populaires ou les moyens de les acquérir n’est que le prologue d’une farce ou d’une tragédie, ou peut-être les deux. La connaissance gouvernera toujours l’ignorance, et un peuple qui entend se gouverner lui-même, doit s’armer du pouvoir que confère la connaissance. »
- James Madison
Deux conclusions se dégagent de ce double examen de la création de mythes par les médias, et des divers récits, officiels et alternatifs, autour du 11-Septembre :
- les médias de masse, mais aussi les médias alternatifs, sélectionnent des éléments d’un passé mythique pour façonner le présent, et
- aux États-Unis, aucune enquête sérieuse n’a encore été entreprise sur le rôle joué par le gouvernement et les grands médias dans l’occultation de la réalité des événements du 11/9.
Pourtant, compte tenu de la façon dont le choc et le traumatisme engendrés par les attentats du 11/9 ont été utilisés pour justifier des changements politiques majeurs au cours des huit dernières années, on serait en droit de penser qu’une enquête sérieuse et transparente aurait été menée à bien depuis longtemps. À la lumière des faits contradictoires établis, il est évident que la Commission d’enquête a essentiellement consisté en un exercice visant à affiner puis à sacraliser un mythe officiel, et non une enquête probante sur les grandes questions (qui, quoi, quand et pourquoi) de ces événements tragiques. Est-il possible d’imaginer que personne, à part les kamikazes morts, n’ait été tenu pour responsable ? (71)
Dans une société démocratique, il est essentiel que les gens puissent être bien informés par le biais d’une presse libre, de manière à ce que le gouvernement, accessible et responsable, soit légitime. Malheureusement, l’examen du 11-Septembre à la lumière des précédents historiques montre à quel point cet idéal est devenu chimérique depuis longtemps. Les médias (US) ont toujours failli à s’acquitter de leurs objectifs pourtant garantis par la Constitution : informer le public avec exactitude et agir comme le véritable quatrième pouvoir.
Les récits alternatifs à l’histoire mythique qui ont été passées sous silence, délibérément ignorées voire censurées, offrent de nombreux chemins de la connaissance pour aider à comprendre le présent. Les mythologues des médias et leurs alliés politiques continuent à projeter sur le monde leurs grandes fictions, ancrées dans la peur, la xénophobie, et l’absence de responsabilité, plutôt que de rendre compte d’une réalité complexe, chaotique, effrayante. Ils présentent ainsi une seule analyse acceptable. Bien que l’Internet devienne sans cesse plus accessible au plus grand nombre, il ne peut remplacer une presse libre dans une société démocratique.
En tant qu’Américains, nous nous devons d’insister pour obtenir (du gouvernement) une enquête franche et honnête, libérée des idéologies, qui ne prenne pas comme point de départ des conclusions préétablies, et n’aura pas peur de la vérité, quelle qu’elle soit. Si nous méritons des médias qui montrent l’exemple, nous avons, plus que jamais, la possibilité de « devenir nos propres médias ». (72) Une étape importante vers la réalisation de cet objectif est de comprendre comment les mythes des médias dominants obscurcissent les perspectives historiques et factuelles alternatives que le public a désespérément besoin d’examiner. En analysant la façon dont les médias fabriquent des mythes, nous pouvons ouvrir la voie vers une présentation de la réalité qui soit plus authentique et pluraliste.
Mickey S. Huff et Paul W. Rea
Fondateurs de Project Censored
Paul W. Rea, PhD, professeur de sciences humaines, donne des cours sur des questions politiques, notamment celles de « la politique à l’ère nucléaire » et de « la science, la technologie et les valeurs humaines », au St Mary’s College en Californie. En 2004, il a publié Still Seeking the Truth About 9/11, [Toujours en quête de vérité sur le 11/9], et termine Mounting Evidence : Why We Need a Serious Investigation of 9/11 [Pourquoi nous avons besoin d’une enquête sérieuse sur le 11/9].
Frances Capell est stagiaire à Project Censored et l’assistante de Mickey Huff au Diablo Valley College. Mme Capell a contribué à la correction de la version en ligne de cet article, initialement publié comme le chapitre 14 du livre Project Censored 2009.
Mickey S. Huff est professeur agrégé d’histoire et de raisonnement critique au Diablo Valley College, chargé de cours en sociologie à la Sonoma State University, et directeur associé de la Fondation de la liberté des médias et de Project Censored. Il enseigne l’histoire récente des États-Unis, l’histoire de la presse américaine, la propagande de l’après-11/9, et la sociologie des médias et de la censure. Il tient un blog à cette adresse : http://mythinfo.blogspot.com et http://dailycensored.com
Autre article de Mickey S. Huff en anglais publié par Mondialisation.ca/Global Research: The Importance of Including Truth Emergency Inside the International Progressive Media Reform Movement, publié le 12 juillet 2009.