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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 12:43
« Israël vise l’annexion de la Cisjordanie et la consolidation du système d’apartheid »
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
Samedi, 2 Août, 2014

 

 

 

photo: APF
Crédit: 
afp
Entretien avec le Dr Mustapha Barghouti. Le climat reste très tendu en Cisjordanie, où un Palestinien de vingt-deux ans a été tué par l’armée israélienne ce vendredi au cours de heurts à Tulkarem. À Hébron, cinq-mille personnes ont manifesté pour réclamer qu’Israël soit traduit devant la justice internationale pour ses crimes de guerre à Gaza. Le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne parle de soulèvement populaire.
De Ramallah (Palestine), envoyée spéciale 
 
Que change cette nouvelle guerre contre Gaza
dans l’esprit des Palestiniens ?

Dr Mustapha Barghouti. Rien ne sera plus comme avant. Israël est en train de commettre à Gaza le pire des crimes humanitaires. Le problème ne se pose pas seulement avec Israël, il se pose avec tous les pays qui se rendent complices de ces crimes. C’est honteux, inacceptable. Les dirigeants du monde devraient venir constater par eux-mêmes qu’Israël a le droit de se défendre, tandis que les Palestiniens ne peuvent exercer ce droit. Ce sont eux, pourtant, qui sont opprimés depuis plus de 70 ans par l’occupation et par un système de ségrégation.  
Nous assistons aujourd’hui à la fin d’une ère, celle du processus d’Oslo. L’approche des Palestiniens est désormais complètement différente, ils réalisent qu’Israël ne comprend malheureusement que le langage de la force. D’importants efforts seront déployés à l’avenir, pour adopter une nouvelle stratégie unifiée, basée sur la résistance, que nous espérons non violente. Il nous faudra aussi renforcer la campagne en faveur du boycott et des sanctions. Enfin, les Palestiniens doivent impérativement s’unir. Les trois formations qui sont encore à l’extérieur de l’OLP, le Hamas, le Jihad islamique et l’Initiative nationale devront y entrer. La direction palestinienne devra être rajeunie et plus attentive aux besoins de notre peuple. Avec cette agression, Benyamin Netanyahou a tenté de faire voler en éclat nos efforts d’unification. Jusqu’ici, nos divisions lui permettaient d’affirmer qu’aucune force n’était représentative des Palestiniens. La constitution d’un gouvernement d’entente nationale l’a rendu fou. Avec le Hamas, nous avons de profonds désaccords idéologiques. Mais ils sont issus de notre peuple, c’est aux Palestiniens de choisir qui les représente. Ces évènements ne feront en définitive que renforcer le Hamas. Il incarne désormais la résistance, au détriment du Fatah, qui apparaît comme incapable de combattre l’occupation.
 
Comment expliquez-vous la complaisance
qui permet à l’armée et au gouvernement israéliens
de violer le droit international, le droit humanitaire,
en toute impunité ?

Dr Mustapha Barghouti. Les Israéliens laisseront derrière eux, à Gaza, un désastre. Toutes les infrastructures sont détruites. Les pertes humaines sont au-delà de toute description. Des civils, des femmes, des enfants sont massacrés. Comment l’armée israélienne aurait-elle pu se permettre de bombarder une école de l’ONU où des civils étaient réfugiés, sans la complicité, sans le silence du monde ? Je constate toutefois qu’il y a un abîme entre les peuples, révoltés par ce massacre, et les gouvernements, soumis aux pressions des lobbies pro-israéliens. Selon la propagande israélienne, cette offensive militaire serait dirigée contre le seul Hamas, qualifié d’organisation terroriste. Mais cette agression vise en réalité tous les Palestiniens ! C’est toute la population qui souffre aujourd’hui à Gaza ! Tous ceux qui se taisent devant cette catastrophe devront rendre, un jour, des comptes. Nous exhortons le président Abbas à porter l’affaire devant la justice internationale et je ne doute pas que des démarches en ce sens seront engagées dans les heures qui viennent. Des commissions d’enquête internationales feront, j’en suis sûr, la lumière sur ces crimes de guerre. 
 
Vous parlez d’un soulèvement populaire
en Cisjordanie…

Dr Mustapha Barghouti. Ceux qui pensaient que la Cisjordanie resterait calme et silencieuse devant le spectacle du massacre à Gaza se trompaient. La manifestation durement réprimée qui a réuni près de 30 000 personnes à Qalandiya le 24 juillet a marqué un tournant. Mais ce qui se passe aujourd’hui à Gaza révolte le monde entier. Aux antipodes des positions honteuses de certains pays, États-Unis en tête, et du silence des Européens, il y a aussi la réaction de ces huit pays d’Amérique latine qui ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël. Quant à la plupart des dirigeants arabes, c’est peu dire qu’ils se sont mal comportés.

 
Pensez-vous à l’Egypte ?

Dr Mustapha Barghouti.   L’Egypte pose des limites à son implication à cause de ses conflits internes avec les Frères musulmans. Nous disons aux pays arabes que la Palestine ne peut être ni le terrain de règlement de leurs affaires interne, ni l’enjeu de compétitions régionales, au prix du sang.
 
Cette nouvelle guerre contre Gaza
permet-elle au gouvernement israélien
de faire oublier la poursuite de la colonisation
en Cisjordanie et à Jérusalem-est ? 

Dr Mustapha Barghouti. Bien sûr. Gaza serait à part, il n’y aurait pas de problème palestinien… En fait, leur jeu vise l’annexion de la Cisjordanie et la consolidation du système d’apartheid. Rappelons que cette guerre a commencé en Cisjordanie, avec l’arrestation de plus de 1000 personnes, avec les actions de punition collective. Les Israéliens poursuivront cette politique tant qu’on les laissera s’affranchir du droit international. À mon avis, le problème ne se résume pas au gouvernement israélien. C’est toute la société israélienne qui a glissé. Un profond racisme s’y exprime désormais ouvertement.  

 

Un pays qui accepte qu’un membre de la Knesset appelle en séance à l’assassinat des femmes palestiniennes pour qu’elles ne puissent plus donner naissance à « des serpents »,  un pays qui tolère que l’un de ses scientifiques de renom appelle publiquement à user du viol comme arme de guerre, un pays où l’écrasante majorité de la population s’oppose au cessez-le-feu est, à mon avis, un pays qui a déjà glissé vers le fascisme.

 

http://www.humanite.fr/israel-vise-lannexion-de-la-cisjordanie-et-la-consolidation-du-systeme-dapartheid-548763#sthash.UyLjVMFM.uxfs

 

 

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« Gaza est le symbole de ce qu'un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire »
entretien réalisé par Rosa Moussaoui
Mercredi, 30 Juillet, 2014
Yonathan Shapira
Yonathan Shapira
Crédit: 
dr
Ancien pilote d’hélicoptère, Yonathan Shapira a été mis au ban de l’armée israélienne en 2003 pour avoir dénoncé ses méthodes. Il soutient aujourd’hui les appelés et les réservistes qui refusent de servir à Gaza.
Tel Aviv, envoyée spéciale 
 
Quel est le sens du combat des refuzniks israéliens ?

Yonathan Shapira. Ces jeunes gens et ces jeunes filles qui rendent public leur refus de servir sont pour nous source d’espoir. Aucun changement ne viendra de ceux qui sont intégrés au système. Ancien pilote d’hélicoptère, Yonatan Shapira  a quitté l’armée israélienne en 2003 après avoir dénoncé ses méthodes. Il soutient aujourd’hui les appelés et les réservistes qui refusent de servir à Gaza.
 
Quel est le sens du combat des refuzniks israéliens ?

Yonatan Shapira. A Gaza, Israël sème la mort et la destruction. Ceux qui refusent de prendre part à cette folie en rendant public leur refus de servir sont une lueur d’espoir. Aucun changement ne viendra de ceux qui sont intégrés au système, qui larguent en ce moment même des bombes sur des enfants palestiniens. Les enfants, les adolescents subissent en Israël un lavage de cerveau orchestré par le système éducatif, par les médias. Mais certains échappent à ce formatage. lls sont comme des nénuphars flottant sur les eaux sales d'un marais d'obéissance et d'ignorance.
 
Ce phénomène prend-il de l'ampleur?

Yonatan Shapira. Des jeunes de plus en plus nombreux évitent le service militaire par différentes techniques. La plupart invoquent des problèmes personnels ou psychologiques. Mais ceux qui déclarent publiquement qu'ils refusent d'aller à l'armée pour des raisons politiques, à cause des crimes de guerre, de l'apartheid, de l'occupation restent encore très  peu nombreux. Il faut dire que ceux qui refusent de servir en dénonçant les massacres sont jetés en prison.
 
Quelles sont les conséquences pour ces objecteurs de conscience?

Yonatan Shapira. Il sont incarcérés sur décision du commandant du centre de recrutement, sans passer devant un tribunal, pour les priver de toute tribune leur permettant d'exposer publiquement les raisons de leur refus. Ils restent deux semaines à un mois en prison et lorsqu'ils en ressortent, ils sont de nouveau incarcérés. L'un d'entre eux est en prison depuis le mois d'avril, avec ce système d'aller retour. Quant aux conséquences à long terme, dans une société militarisée comme la nôtre, certains objecteurs de conscience peinent à trouver du travail. 
 
Pour vous, quel fut le point de basculement?

Yonatan Shapira. Je n'ai pas autant de mérite que ces jeunes objecteurs de conscience. Je me suis engagé dans l'armée, j'ai servi durant de longues années comme pilote d'hélicoptère. Longtemps témoins des méthodes de cette armée, j'ai finalement ouvert les yeux et pris conscience que je me battais du mauvais côté. Je ne voulais plus être l'un des rouages de ce système de violence, qui sème la mort et la destruction. Je n'ai pas, moi même, appuyé sur les déclencheurs qui larguent les bombes. Mais peu importe. J'étais responsable de servir un tel système.
 
Comment jugez-vous la  guerre en cours à Gaza?

Yonatan Shapira. Ce massacre d'innocents est un crime contre l'humanité. C'est pour Israël une façon brutale de tenter de détruire l'unité entre le Hamas et le Fatah, en prenant pour cible 1, 8 millions de personnes. Nous ne devrions pas oublier que cette guerre a été précédée d'une opération folle en Cisjordanie. Des Palestiniens ont été tués, près de 500 d'entre eux ont été kidnappés et jetés en prison, en guise de réaction au meurtre des trois adolescents israéliens. Gaza est le symbole de ce qu'un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire.
 
Dans une situation si grave, comment imaginer encore un chemin de paix? 

Yonatan Shapira.  À  mes yeux, entre le Jourdain et la mer, chacun, qu'il soit juif, chrétien ou musulman, athée,  devrait être libre d'aller et venir, de vivre où il veut, de quitter le pays et d'y revenir. Ce qui fait aujourd'hui obstacle à la paix, c'est cette classe d'Israéliens qui se croit supérieure aux gens qui vivent sur cette terre. Ils appellent cela « démocratie » mais en pratique, Israël contrôle la vie de près de 4 millions de personnes dont les droits sont confisqués. Peu importe la forme, l'essentiel  est que tous puissent vivre sur cette terre en citoyens égaux, qu'il y ait ou non des frontières.
http://www.humanite.fr/gaza-est-le-symbole-de-ce-quun-pouvoir-militariste-et-colonial-peut-faire-de-pire-548684#sthash.vdSw5XAh.vzlXo8gJ.uxfs

 

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