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Les manipulations dangereuses de Caroline Fourest
Pour avoir spectaculairement contesté Caroline Fourest à l'Université Libre de Bruxelles, le chercheur Souhail Chichah va-t-il être bientôt exclu de cette université ? Avant de se faire une opinion, il nous semble indispensable de vérifier les quatre questions posées dans ce dossier spécial : 1. Les médias ont-ils rapporté les faits correctement ? 2. En arrêtant subitement la conférence, certaines forces politiques cherchaient-elles à jouer les victimes ? 3. Fourest est-elle une chercheuse objective ou une serial menteuse, comme l'en accusent Pascal Boniface ("Les intellectuels faussaires") et d'autres analystes ? 4. L'université en général dérive-t-elle vers la dictature du marché et de la pensée unique ?
Grégoire Lalieu et Michel Collon
Burqa Pride à l'ULB
Fourest chahutée à Bruxelles : atteinte à la démocratie, oui mais par qui ? - Grégoire Lalieu
Au nom de la démocratie, il faut exclure le chahuteur qui demandait plus de démocratie...
Clash Chichah/Fourest, l'ULB : Alma Mater ou Matamore ? - Bahar Kimyongür
Un petit fichu agité devant Fourest et c'est le péril vert qui se répand dans nos chaumières.
La méthode Fourest
Oui, certes... mais les Grecs sont quand même des salauds ! - CPPN
La méthode Fourest pour les Nuls...
A propos de « Frère Tariq », de Caroline Fourest - Alain Gérard
L'ouvrage qui a propulsé la carrière de Fourest passé au détecteur de mensonges.
A l'école de la pensée unique ?
Pourquoi je démissionne de l'université après dix ans d'enseignement - Annick Stevens
« Il n'y a plus de temps à perdre à lutter contre une institution qui se trompe d'excellence ».
La pensée critique dans l'enclos universitaire - Pierre Rimbert
« Les intellectuels critiques n'ont pourtant pas disparu. Que font-ils ? »
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Déc. 19 2009
Caroline Fourest, l’obscurantisme sous couvert de la défense de la laïcité (vidéo)
En France, les frères Ramadan sont ostracisés par le puissant lobby islamophobe et ses beni oui-oui d’origine libanaise ou maghrébine. Tout simplement, parce qu’ils n’acceptent pas la diabolisation de l’Islam. Comme tout clous qui dépassent, ils ont donc droit aux coups de marteau des tenants de notre glorieux héritage colonial. Les « inférieurs » doivent « s’écraser » et demander la permission d’exister.
Dans un activisme vibrionnant, Caroline Fourest anime cette mouvance. Tous les médias officiels, presse, radios, TV, lui sont ouverts. Passant pour une spécialiste de l’Islam. Alors qu’elle n’est que l’archétype de l’intolérance islamophobe. Si bien décrite, démontée, dénoncée, dans les livres d’Edward Saïd.
Les USA ont Daniel Pipes. Nous en France, en Europe, nous avons notre grande inquisitrice : Caroline Fourest. Au culot inébranlable. Transbahutant son fonds de commerce islamophobe, baluchon, bric-à-brac d’intolérance, de suspicions paranoïaques, de réquisitoires en sorcellerie.
Elle m’avait amusée, dans une émission de TV britannique vue à Londres, lors du lancement médiatique de la guerre en Irak. Y avaient été invités des “journalistes” de différents pays européens pour justifier l’innommable : détruire un pays, plus d’un million de morts, sur fondement de mensonges. Tout le monde le savait.
Car une guerre se lance comme un nouveau dentifrice sur le marché, par un matraquage publicitaire préalable ou en accompagnement. La propagande, en pleine effervescence, roulait du tambour sur l’hystérie du choc des civilisations : l’Islam une menace pour l’Occident !
Dans sa diatribe anglicisante, Caroline Fourest venait confirmer combien la France était en danger avec des banlieues, des mosquées, des imams propagateurs de la haine de l’Occident…
Elle ne voit l’Islam qu’à travers les stéréotypes des néoconservateurs US. Dans un laborieux copié-collé des argumentaires de propagande, élaborés par les officines de la désinformation des Think Tanks. Même pas retraités. Encore moins repensés. Régurgités, simplement.
Le comble du ridicule : quand elle aborde cette immense mosaïque désignée sous l’appellation de Frères Musulmans ! Variant, évoluant, dans sa composition et ses orientations, d’un pays à l’autre, d’un courant à l’autre, d’une époque à l’autre. Avec ses bons et ses méchants, ses héros et ses dissidents, ses martyrs et ses collabos.
Visiblement, sur L’islamisme et les Frères Musulmans, elle ne s’est même pas donnée la peine de lire l’ouvrage fondamental de François Burgat. Le meilleur spécialiste international sur la question.
Alors, dans ce fourre-tout relooké en Chaudron de l’Enfer, Caroline Fourest vient puiser à la louche tous les amalgames, toutes les thèses et condamnations, contre l’Islam. Hypnotisant un public désinformé. Bien sûr, à l’abri des “appellations-alibis”, boucliers de la rhétorique islamophobe : islam radical, laïcité…
Incapable de lucidité, de courage, d’honnêteté, pour constater, toucher du doigt, dire, que ce ne sont pas des musulmans qui occupent militairement, bombardent, rasent des villages, villes, régions, pays, en Europe ou en Amérique du nord. Dans l’hyperviolence. Depuis des décennies. Mais, le contraire. En Terre d’Islam, ce sont des occidentaux, chrétiens ou pas, laïcs ou pas. Semant quotidiennement la mort, la désolation, la souffrance, le désespoir. Dans la bonne conscience.
Refusant d’admettre que l’Islam est une des grandes religions de l’Humanité et donc de l’Europe, elle et ses sponsors la voudraient invisible. Dans son délire inquisitorial, traquant inlassablement le “double langage”, sur fond de procès d’intention. Ce n’est plus la chasse à la taupe moscovite, mais à la taupe iranienne, « islamofasciste », alqaïdesque…
Multipliant, livres, articles, déclarations, présences médiatiques. Cette “journaliste de gauche” pratiquant avec cynisme le « double langage » qu’elle prétend dénoncer.
L’obscurantisme, l’intolérance, le radicalisme du racisme, le fanatisme, sous couvert de la défense de la laïcité.
Georges STANECHY
Mohamed Sifaoui, l’imposteur (vidéo)
Voir vidéo sur le site
D’après la légende, Mohamed Sifaoui (qui s’appelle en réalité Djamel Schifouna) est un opposant algérien qui a fuit son pays à la fin des années 1990. Mais, quelques mois seulement après avoir débarqué en France, « l’opposant » est bizarrement devenu l’ami de certains haut-gradés algériens, au point de venir soutenir le très sympathique général Khaled Nezzar lors d’un procès qui s’est tenu à Paris en 2002.
Transformé en pourfendeur de « l’islamisme », le dynamique Mohamed est devenu le fournisseur officiel de barbus aux chaînes de télévision françaises qui louent ses services comme on loue ceux d’un traiteur pour une soirée d’anniversaire. C’est ainsi que, dès 2003, son inséparable caméra cachée lui a permis de démasquer, pour France 2 et M6, une prétendue « cellule d’Al Qaida à Paris ». Une étrange affaire qui s’est soldée par « la fuite » du principal protagoniste du « reportage » – un soi-disant militant algérien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) – en… Algérie, pays où le « jihadiste » coule, d’après nos informations, des jours assez tranquilles. Il se passe des choses étranges en Algérie.
Mais l’Algérie est un trop petit pays pour satisfaire les appétits de Mohamed Sifaoui qui, auréolé de ce premier succès télévisuel, s’est rapidement lancé « sur les traces de Ben Laden » au Pakistan, pour M6, manquant le chef d’Al Qaida d’un poil de barbe (2003), avant de traquer Abou Moussab Al Zarkaoui en Jordanie, pour la même chaîne, sans plus de succès (2005). Ces derniers temps, c’est principalement pour l’émission du service public Envoyé Spécial que le journaliste en rangers fait chauffer sa caméra cachée, avec des « enquêtes » au bazooka contre les mosquées de banlieues (2004), contre Tariq Ramadan (2004), contre les « émeutiers » de banlieues (2005), contre les « islamistes » danois (2006), etc. Chefs d’œuvre de manipulation, comme cela a été prouvé dans une édition d’Arrêt sur images sur France 5 en 2006, les reportages de Mohamed Sifaoui font exploser l’Audimat, et ont l’odeur âcre de la terre brûlée.
Ceux qui veulent comprendre ce qui s’est tramé lors de la trop fameuse « affaire des caricatures de Mahomet » [1] qui a défrayé la chronique en février dernier perdront leur temps à lire le nouveau livre de Mohamed Sifaoui, sobrement intitulé L’affaire des caricatures. On n’y apprend rien sur cette affaire qu’on ait déjà lu dans les journaux. Les lecteurs qui, par contre, aiment qu’on leur fasse peur – et qu’on les prenne au passage pour des imbéciles – y trouveront sans doute leur compte (18 euros).
Car l’affaire des caricatures danoises n’est pour Sifaoui qu’un prétexte pour seriner, une fois de plus, ses théories farfelues sur le danger qui menace la planète : l’islamisation du monde. C’est en tout cas ce que l’on comprend quand le grand journaliste nous explique que l’affaire des caricatures n’est que la partie immergée d’une offensive généralisée contre « le monde occidental ». Bientôt, prévient-il à demi mot, les athées ne pourront plus blasphémer, les chrétiens seront privés de porc et le prêt à intérêt sera banni des banques occidentales (p 164-165). Mince !
Ceux qui mènent cette offensive sont, bien sûr, très méchants. La preuve : ce sont des « islamistes », décrète Mohamed Sifaoui qui utilise ce concept creux à 225 reprises (sur 178 pages en gros caractères)… sans jamais l’expliquer autrement que par analogie avec « le totalitarisme », « le fascisme » et « le nazisme ». Un amalgame d’une confondante banalité qui évite d’avoir à trop réfléchir (George Bush, qu’on sait être un fin intellectuel, l’utilise régulièrement pour justifier sa « guerre contre le terrorisme ») et qui permet à Sifaoui de cracher impunément sur tous ceux dont la tête ne lui revient pas. Les imams danois qui contestèrent la publication des caricatures ? Nazis ! Les manifestants qui protestèrent contre les dessins dans de nombreux pays ? Les Frères musulmans ? Tariq Ramadan ? Nazis ! Nazis ! Nazis !…
Par ce subtil jeu d’écriture qui transforme à peu près n’importe qui en représentant du mal absolu [2], Sifaoui peut filer la métaphore ad nauseum. Il radote, c’est la tarte à la crème, sur « l’esprit munichois ». Il parle du « fascisme vert [prêt à] défiler sur les Champs-Élysées » (p 19). Et il rappelle aux « esprit libres » d’aujourd’hui l’« exode d’Européens dans les années 1930, quand d’autres esprits libres ont été contraints de quitter l’Allemagne » (p 172)… Il y a évidemment, dans cette guerre contre « l’islamo-fascisme », des « collabo » et des « résistants ». Sachant qu’« être opposé à la publication des caricatures » vous place mécaniquement « du côté des islamistes » (p 116), on distingue facilement les deux camps.
Et on comprend aisément pourquoi les « munichois » sont si nombreux : tous les journaux qui estimèrent inutiles de jeter de l’huile sur le feu, tous les gouvernements occidentaux qui cherchèrent à calmer le psychodrame et même les services de sécurité européens qui, nous explique Sifaoui, brossèrent les « islamistes » dans le sens du poil (la police, c’est bien connu, adore les barbus)… Face à ce collaborationnisme généralisé, les « résistants » ne peuvent qu’être des héros dont le bon Mohamed, c’est la moindre des choses, salue les noms : Daniel Leconte, Bernard-Henri Lévy, Taslima Nassreen, Salman Rushdie, Caroline Fourest, Ayan Hirsi Ali, Philippe Val, Antoine Sfeir [3] … Autant de personnalités anonymes et méprisés des grands médias auxquels il faut ajouter Guilaine Chenu et Françoise Joly, responsables de l’émission Envoyé Spécial (France 2), qui eurent le courage de diffuser, le 23 mars 2006, une « enquête » sur les caricatures réalisée par… Mohamed Sifaoui.
Car la pénible démonstration de Mohamed Sifaoui n’est en réalité qu’un pathétique plaidoyer en faveur de Mohamed Sifaoui himself. Vivement critiqué au Danemark après la diffusion du « reportage » d’Envoyé Spécial par une chaîne locale – au point qu’il a dû « cacher [ses] rushes en lieu sûr » pour éviter la saisie de la police danoise… (p 149), notre Jean Moulin des temps modernes se dépeint en véritable martyr de la cause « anti-islamiste ». Une posture qu’il affectionne particulièrement, et qui lui servira sans doute d’argument marketing pour continuer à vendre à bon prix ses reportages et ses théories à l’emporte-pièce aux mastodontes de l’audiovisuel hexagonal. Et comme le XXIe siècle « sera celui de la connerie », prophétise Sifaoui, qui est aussi poète (p 20), on ne peut que lui prédire une bonne fortune.
Souleyman al-Arabi
[1] L’affaire des caricatures, dessins et manipulations, Editions Privé, Paris 2006
[2] C’est ainsi que les « vingt-sept associations musulmanes » reconnues au Danemark (p 78) deviennent comme par magie, quelques pages plus loin, « vingt-sept associations islamistes » (p 158).
[3] Les sept derniers cités ont sauté sur l’occasion des caricatures pour signer, le 28 février 2006, un énième « appel » assimilant « l’islamisme » au « totalitarisme » : Ensemble contre le nouveau totalitarisme, l’islamisme.