http://blogs.ac-amiens.fr/etablissements/0601189S_upi_jules_michelet/index.php?post/2010/05/25/Mon-texte-sur-le-film-Nosferatu
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novembre 21st, 2010
Agressivité non maîtrisée, mensonges à répétition, inconséquence fiscale et préparation du terrain pour les lobbies de l’assurance et du BTP
: on pourrait résumer ainsi l’interview télévisée de Nicolas Sarkozy du 16
novembre dernier. Décryptage…
Agressivité non maîtrisée
Tous les spécialistes de la communication vous le diront
: lorsque l’on s’exprime, l’essentiel du message adressé à ses interlocuteurs est transmis à travers les gestes, le positionnement du corps et le ton de la voix. En la matière, l’attitude de Sarkozy lors de cette interview était particulièrement révélatrice
: tendu et cassant, visage fermé, visiblement concentré pour se maîtriser, tout démentait chez lui des propos volontairement décontractés, notamment lorsqu’il évoque le choix de François Fillon comme Premier ministre.
Si, durant les vingt premières minutes de l’interview, Nicolas Sarkozy a réussi à peu près à se maîtriser, tout dérape lorsque les trois journalistes chargés de l’interviewer – pourtant pas une bande de gauchistes – évoquent le fait qu’il n’y a plus de ministres «
d’ouverture
» au gouvernement.
À partir de là, le «
vrai
» Sarkozy se révèle
: incapable d’une véritable argumentation (nous y reviendrons plus loin), l’essentiel de son discours consiste à caricaturer les propos de son intervieweur, à l’intimider ou à lui prêter des idées ou des propos qu’il n’a pas tenus
:
• à Claire Chazal
: «
J’espère que vous ne découvrez pas la complexité des rapports sociaux depuis que je suis Président de la République
», «
Vous avez déjà oublié la réforme des régimes spéciaux de retraite…
», «
Oui ou non, Madame Chazal, la Commission a-t-elle dit “Ce qu’a fait la France est légal”
? Oui ou non
? Je n’ai pas entendu votre réponse
» (à propos des expulsions de Roms)
;
• à David Pujadas
: «
Vous m’expliquerez comment supprimer 30
% des ministres et augmenter le quota de chacun
», «
Vous créez vous-même, les médias, une situation de stigmatisation sur l’attaque d’une gendarmerie où il y avait eu deux carreaux de cassés et où ça a été médiatiquement exploité, déformé
» (sic), «
Vous imaginez que c’est moi qui organise le vol de l’ordinateur portable d’un de vos confrères
?
», «
Vous croyez que les problèmes ne sont pas assez lourds qu’il faille avoir uniquement en pensée des petits intérêts personnels
?
», «
Monsieur Pujadas, est-ce qu’on veut améliorer les choses ou est-ce qu’on veut les compliquer
?
», «
Nul n’est indispensable, Monsieur Pujadas, dans votre métier comme dans le mien
» (en le montrant du doigt)
;
• à Michel Denisot, après avoir affirmé que Mitterrand est le seul Président ayant fait espionner des journalistes
: « Oui ou non, Monsieur Denisot
?
»
;
• à tous
: «
Craignez, pardon de vous le dire (à) tous les trois, que le jour où dans un pays comme la France… vous ne vous étonnerez pas ce jour-là
», «
Si vous croyez que c’est court un an et demi, pour le chef de l’État, c’est que vous n’avez pas encore été chef de l’État
» (là, c’est carrément le comble du ridicule)…
Au fond, Sarkozy ne peut vivre que dans le conflit permanent. Il est totalement incapable d’un raisonnement autre que «
J’ai raison, tu as tort, tu es un con et je vais te mettre minable
». C’est le comportement d’un caïd de banlieue, pas d’un chef d’État.
Mensonges à répétition
De l’affirmation gratuite carrément absurde («
Les lycéens d’aujourd’hui, il y en a un sur deux qui vivra cent ans
») au mensonge pur et simple («
Je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit sur lui (Dominique de Villepin) depuis que je suis Président de la République
») dont la preuve du contraire est rapportée dans l’extrait de l’interview ci-dessous, tout y est passé
:
• «
Le taux d’exécution des décisions de justice de reconduite à la frontière n’a jamais été aussi important
». On attend les preuves avec impatience…
• «
Quand j’ai fait la réforme (des retraites), on ne pouvait plus payer les retraites
!
». Ridicule, évidemment, c’est aussi stupide que d’affirmer que la France ne peut plus payer ses fonctionnaires…
• «
Tous les pays sans exception qui ont allongé la durée de vie au travail (sic) ont en même temps augmenté l’insertion des jeunes dans le monde du travail
». Affirmation totalement erronée, qui ne repose sur aucune statistique…
• «
Les socialistes allemands ont supprimé il y a quelques années l’impôt sur la fortune
». Faux
: cet impôt n’est plus perçu depuis 1997 (alors qu’Helmut Kohl, chrétien-démocrate, était chancelier) compte tenu de sa non-conformité à une décision de la Cour constitutionnelle allemande.
• «
La France a plus d’impôts que les autres pays d’Europe
». Faux, et encore plus mensonger lorsque Sarkozy affirme que le taux de prélèvement en France est supérieur à celui de la Suède ou du Danemark… pays qu’il cite cependant en exemples cinq minutes plus tard…
Quel que soit le sujet, l’argumentaire est bâti sur la caricature ou le mensonge, assénés avec la morgue de «
celui qui sait
» et qui ne supporte ni contradiction ni confrontation aux faits. Car ici c’est bien de cela qu’il s’agit
: par exemple, on peut être ou non partisan d’un impôt sur la fortune mais avancer comme argument pour le supprimer que les socialistes allemands ont pris une initiative de ce type est totalement mensonger et discrédite l’auteur de tels propos, a fortiori lorsqu’il prétend revêtir les habits d’un chef d’État.
Inconséquence fiscale
Elle apparaît au grand jour avec l’annonce concomitante de la suppression de l’impôt sur la fortune et du bouclier fiscal. C’est 2,3
milliards de recettes que Sarkozy raye d’un trait de plume du budget de l’État, aggravant ainsi un déficit qui flirte avec les 150
milliards
! C’est un véritable sabotage des ressources de l’État que Sarkozy organise alors que le même Sarkozy souhaite inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution
! Difficile de trouver plus schizophrène…
Prévoir de remplacer l’ISF par un nouvel impôt sur les revenus du patrimoine dont n’a été défini ni le cadre ni l’assiette n’est évidemment qu’un leurre destiné à camoufler un cadeau fait aux 1
% de Français les plus fortunés
: le nombre de personnes touchées par ce nouvel impôt sera plus élevé que le nombre de contribuables assujettis à l’ISF, d’où aggravation du coefficient de Gini (voir notre billet Connaissez-vous Gini
?) et de l’injustice fiscale.
Le Noël des lobbies
Deux remarques de Sarkozy, lourdes de conséquences et de sous-entendus quand on connaît les intérêts en jeu dans ce type de business
:
• à propos de la dépendance et de la «
concertation de six mois
» qui va s’engager sur ce thème
: «
Faut-il obliger les gens à s’assurer
?
». Vous doutez de la réponse
? Pas les compagnies d’assurance… Nous vous proposons de relire notre billet 2050
: l’odyssée du servage pour mieux apprécier le sens à peine caché d’une telle remarque
;
• à propos de la nécessité «
d’alléger le fatras administratif
» qui prévaudrait dans le domaine du droit de l’urbanisme, de la construction et du logement… Bouygues, Eiffage ou Vinci souhaiteraient certainement avoir les mains un peu plus libres dans ce domaine, et, sous couvert de «
dépoussiérer
» divers textes juridiques, pourraient ainsi avancer leurs pions et faire prévaloir leurs intérêts.
En conclusion, rien de bien neuf sous le soleil de Sarkozy. Chassez le naturel et il revient au galop
: du mensonge et de l’intimidation comme mode de gouvernement jusqu’aux avantages que le Prince accorde à la bande du Fouquet’s, tout y était dans cette interview. On comprend mieux que beaucoup de Français, quelle que soit leur appartenance politique, aient honte pour leur pays de voir cet homme à la tête de l’État et le représenter, de surcroît, à la présidence du G20.
Lundi
© La Lettre du Lundi 2010
http://lalettredulundi.fr/2010/11/21/interview-with-the-vampire/