Des motards collent une contredanse à une femme qui conduisait sous niqab dans les rues de Nantes, et c’est la polémique, conférence de presse, Hortefeux qui s’en mêle, l’ouverture du JDD…Moi, j’ai voulu tester. J’ai encagoulé ma tête comme si je portais une niqab. Comme si, parce que ce voile intégral ne laissant apparaitre que les yeux ne figure dans aucun rayon de la station balnéaire des Côtes d’Armor où j’écoule mes vacances scolaires. De mémoire locale, me dit-on, on n’a jamais vu l’ombre d’une burqa. Tout le barouf autour exaspère d’ailleurs mon ami Jean-Jacques, adjoint au maire. Ce paysan de souche a toujours voté à droite et maintenant, il doute des capacités de Sarkozy à « s’occuper des vrais problèmes ». Chez lui, ce n’est pas la burqa, les immigrés ni la criminalité.
Donc, j’ai testé. Eh bien, pas de problème, la vision est parfaite, sauf à porter des lunettes, parce que la buée sur les verres. Le PV est injustifié. La femme a écopé de 22 euros non pas pour conduite dangereuse, mais parce qu’elle représente un danger public, le péril islamiste.
Tant que la loi anti-burqa n’a pas été votée, cette amende relève du harcèlement. Manière de dire « ne venez pas nous emmerder chez nous ». Un sentiment que je partage. La loi pour une interdiction totale me gêne intellectuellement, mais au fond je me dis « pourquoi pas ? ce truc est abominable » chaque fois que je vois une givrée en burqa expliquer au JT que c’est sa liberté, que cet accoutrement atroce est prescrit par sa religion. Je veux bien respecter les croyances des autres, mais qu’elles ne nous pourrissent pas la vie.
Méfions-nous des religions, des zélateurs du salut spirituel, des rites sacrificiels. L’Ancien Testament et le Coran sont truffés de conseils exécrables, qui pris à la lettre, comme parole révélée de Dieu, par des gens butés, et dieu sait s’il y en a des gens butés, primaires, imbéciles, sont des incitations au crime, au sadisme, à l’infanticide, à la guerre, à la haine, au machisme et au voile intégral.
Oui mais ce fatras de Verbe ne fait pas de la verbalisée une conductrice dangereuse.
Le harcèlement, je n’aime pas. Je ne vois pas de raison légale à ce que le Ministre de l’Intérieur ait aussitôt diligenté une enquête sur la situation familiale de la contrevenante. L’enquête a été vite expédiée. Vendredi, Brice Hortefeux demandait à Eric Besson d’étudier l’éventuelle déchéance de la nationalité française du conjoint. Alléluia, le jack pot pour qui cherche des poux, et clouer le bec masqué du trublion : l’homme, algérien d’origine devenu français par mariage en 1999, serait le stéréotype de l’affreux jojo islamiste: « il appartiendrait à la mouvance radicale du Tabligh, écrit Brice de Paris, et vivrait en situation de polygamie avec quatre femmes dont il aurait eu douze enfants ». Ces femmes « bénéficieraient de l’allocation de parent isolé et porteraient le voile intégral »
Et puis je tique. Le texte, lu à la lettre, est absurde. Il est écrit au CONDITIONNEL. Or il n’y a pas besoin d’être un crack de Sciences Po pour réaliser l’imposture : le Ministre de l’Intérieur n’a aucun motif de saisir son collègue de l’Immigration et de l’identité nationale. A ce stade du conditionnel, l’affaire relève d’abord de la police puis, si les délits sont avérés, de la Justice.
Qu’on vire de mes horizons nationaux le bonhomme ne me gêne pas. Je ne vais pas sympathiser avec un mec qui me crache à la gueule. Mais il y a la loi, qui est notre contrat de confiance, et des procédures démocratiques, à respecter. Sans conditionnel.
Un cauchemar se profile. Deux ans encore avant les présidentielles, et tous les jours, à l’affut du moindre incident, l’équipe Sarkozy, au volant, va vouloir faire mousser son patriotisme et son Autorité. Il n’y a pas que les porteuses de Burqa qui se voilent la face et entrevoient le monde par une fente. PG