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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 04:29

France, Etats-Unis, Italie, Afghanistan... Partout dans le monde, les lois et les pressions politiques entravent la liberté d'informer. Reporter et documentariste, Paul Moreira témoigne.

 

 

Ce qui se joue là ne concerne pas les privilèges d'une caste. Il en va de la liberté d'opinion du public, afin de ne pas remettre aveuglément notre destin entre les mains de ceux qui nous gouvernent. Les pressions s'accumulent, dans une indifférence dangereuse. Contre les journalistes et les citoyens lanceurs d'alerte...

 

Un peu partout dans le monde dit libre, ceux qui ont décidé de parler, de révéler, sont attaqués avec une violence nouvelle.

 

En France, les spin doctors de l'Elysée ont forgé des "éléments de langage" pour décrédibiliser les enquêteurs de Mediapart. Des attaques en rafales contre leurs opinions supposées. Trotskystes... Et personne pour rappeler l'article 19 de la Déclaration des droits de l'homme : "Le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions." Surtout si elles sont de jeunesse et prescrites. Ou alors, il faudrait nommer un par un les anciens néofascistes qui peuplent le camp du gouvernement.

 

Aux Etats-Unis, l'armée vient d'enfermer Bradley E. Manning, un soldat suspecté d'avoir rendu publique une bande vidéo. Il risque soixante-douze années de prison. Que montraient les images ? Un crime de guerre à Bagdad. Un hélicoptère Apache qui abat des civils, des journalistes, des femmes, des enfants. Le film a été diffusé sur le site Wikileaks. Manning croupit maintenant dans une geôle au Koweït pour avoir peut-être révélé ce qui pourrait devenir le My Lay (ce village vietnamien où les civils furent massacrés par l'armée américaine) de la guerre en Irak.

 

Couvrir les conflits militaires de manière indépendante risque d'être de plus en plus dur.

 

En France, encore, une loi votée en juillet menace ceux qui partent dans les zones dangereuses. Ils sont prévenus : s'ils viennent à être pris en otage, le gouvernement leur présentera la note pour leurs frais de libération. Le ministre des Affaires étrangères a rassuré : cette loi ne concerne ni les humanitaires ni les journalistes. Une belle déclaration. Orale. Mais lorsqu'un député socialiste, Hervé Féron, a demandé à spécifier l'exemption dans le texte, il s'est vu opposer un refus.


En mai dernier, je me suis rendu en Somalie. Une de ces fameuses zones dangereuses que nous sommes censés déserter par arrêté préfectoral... Un fonctionnaire européen zélé a eu vent de mon voyage et m'a dénoncé au ministère des Affaires étrangères. Le porteparole m'a envoyé une lettre à en-tête très officielle m'intimant de ne pas partir. Je suis parti. Ma besace pleine de stress.

 

Entre les lignes, j'entendais déjà les admonestations publiques en cas de pépin : "Malgré nos avertissements explicites, il est tout de même parti..." La même ritournelle culpabilisatrice que l'on nous inflige à propos de nos confrères de France 3 coincés par les Talibans en Afghanistan. Au fait, pourquoi partons-nous dans ces trous noirs ? Pour un peu de gloriole com me le suggère avec mépris le discours officiel ? Le frisson du danger ? C'est à cela que l'on voudrait nous réduire.

 

Or, de Somalie, j'ai ramené des images sans fracas et sans héroïsme. Des images que je ne soupçonnais pas. Au milieu des blessés de guerre, j'ai découvert une épidémie invisible de gosses difformes. Le gouvernement somalien désigne les déchets toxiques déversés dans le pays par des Européens peu scrupuleux. Des Italiens, notamment. Il se trouve que des juges italiens ont justement mis sur écoute des réseaux de trafiquants de déchets toxiques. J'ai parlé à ces magistrats, j'ai tenté de récupérer les bandes audio. Mais voilà que dans le courant du mois de juin, c'est en Italie que la liberté d'informer connaissait un recul violent. Berlusconi a fait passer une loi contre la publication des écoutes judiciaires dans la presse. La peine sera sévère. Pour les juges qui les donnent comme pour les journalistes qui les publient. Deux mois de prison et près de 500 000 euros d'amende.


Que voulait dissimuler Berlusconi ? D'après des copains journalistes italiens, il est très ennuyé par une écoute qui circule dans les salles de rédactions. On l'y entend hurler sur le patron de la rédaction du TG1, le journal de 20 heures de la RAI, et exiger de lui qu'il n'évoque pas les ennuis judiciaires de son avocat. Et aussi qu'on ne parle pas au JT d'un repenti mafieux qui le met en cause. Et les journalistes italiens de s'exécuter.

 

Car il faut le dire et le répéter : les pressions et les intimidations finissent par payer. Même si, au début, ça ne se voit pas trop.

 

Suite, liens conseillés, ici :

 

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/48775/date/2010-08-02/article/journalistes-de-tous-les-pays-taisez-vous/

 

 

 

"Plusieurs projets du gouvernement menacent clairement l'indépendance et le pluralisme de l'information.
 
Depuis vingt-cinq ans, quelles que soient les majorités politiques, les réformes concernant les médias, malgré leurs imperfections, ont toutes contribué à renforcer la démocratie et l'Etat de Droit. Et pourtant, notre pays est encore loin d'être exemplaire, comme en témoignent les condamnations dont il fait l'objet devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour violation de la liberté d'expression.
 
Or, non seulement le pouvoir actuel ne poursuit pas ce nécessaire mouvement démocratique, mais il impose à dessein un recul inacceptable de la liberté d'information.
 
C'est évidemment le cas quand il abolit l'indépendance de l'audiovisuel public en accordant au Président de la République le pouvoir d'en nommer et révoquer les PDG. C'est aussi le cas lorsqu'il se mêle directement de l'avenir de la presse écrite en organisant et contrôlant ses Etats Généraux. C'est enfin le cas quand il envisage d'assouplir les dispositifs anti-concentration dans les médias.
 
Il faut d'urgence stopper ces projets et, au contraire, promouvoir le respect du droit moral des journalistes, refuser le mélange des intérêts industriels et médiatiques, préserver l'intégrité du service public de l'audiovisuel, permettre l'accès à toutes les sources documentaires, protéger les sources des journalistes, limiter les concentrations et défendre le pluralisme.
 
Chacun de notre côté, nous nous sommes efforcés de mobiliser nos lecteurs pour faire obstacle à ces projets. La cause nous paraît tellement importante et urgente que nous avons décidé de joindre nos efforts par cet appel commun." (extraits, 17.12.8)
http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/article/lappel-pour-une-presse-libre-1/

Paul Moreira évoque les Etats généraux de la pr

 

 

Six mois que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont otages en Afghanistan. Le 29 décembre, les deux journalistes de France 3 ont été enlevés par un groupe taliban avec leurs trois accompagnateurs afghans. Ils effectuaient un reportage sur la guerre en Afghanistan pour Pièces à conviction. Leur temps de captivité est supérieur à ceux de Florence Aubenas (5 mois en 2005) et Christian Chesnot et Georges Malbrunot (124 jours en 2004).


La mobilisation populaire prend de l'ampleur. Leurs visages s'affichent depuis mi-juillet quotidiennement sur France Télévisions sur demande du comité de soutien (liberezles.net).


Dans un premier temps, le Quai d'Orsay et le ministère de l'Intérieur avaient demandé aux familles et aux confrères de garder le silence sur leur identité, officiellement afin de ne pas faire monter les enchères. Mais parallèlement, les deux journalistes étaient la cible de critiques.


Nicolas Sarkozy et Claude Guéant dénonçaient en début d'année leur "imprudence coupable" et leur "irresponsabilité". Le chef d'état-major des armées Jean-Louis Georgelin avait signifié le coût exorbitant de leur libération. Ces déclarations ont choqué les proches et la profession.


Elles marquent une évolution de la doctrine française qui, jusqu'à présent, soutenait publiquement ses otages, contrairement aux Etats-Unis et à la Grande- Bretagne. Fanny Rousseau, du comité de soutien et cousine de Taponier, ne doute pas que, "en Afghanistan, les forces françaises font ce qu'elles peuvent pour les libérer". Au niveau national, le message est plus ambigu.


Le 13 juillet, lors de son intervention en direct sur France 2, Nicolas Sarkozy a déclaré : "Nous ferons tout pour (les) sortir de la situation où ils se sont mis." Cette tournure de phrase blesse les familles : "Ça faisait froid dans le dos, on avait l'impression d'un retour en arrière", témoigne Fanny Rousseau.

 

Le peu de zèle de Sarkozy à soutenir les journalistes tranche avec son soutien indéfectible et médiatisé à Ingrid Betancourt, Florence Cassez ou encore à l'équipe de l'Arche de Zoé. Un sentiment de malaise encore accentué depuis que le gouvernement veut faire payer aux otages les frais de leur libération. (Et en étant prêt, par contre, à dédommager Ingrid !!!, note d'eva)


Devant le tollé, Bernard Kouchner a précisé que les journalistes ou les employés humanitaires ne seraient pas concernés. Une précision qui ne rassure pas les journalistes. (Précision non écrite, note d'eva) 

 

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/48792/date/2010-08-01/article/otages-en-afghanistan-le-jeu-ambigu-de-letat-francais/

 

 

Les faits sont laissés de côté : les services d’investigation des journaux majeurs ont aujourd’hui été réduits à peau de chagrin.

 

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/article/paul-moreira-evoque-les-etats-generaux-de-la-presse/

 

 

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  • Eva R-sistons
  • Journaliste de profession. Radio,TV,presse,productrice émissions. Auteur de plusieurs ouvrages chez éditeurs de renom. Milite pour une information libre,plurielle,diversifiée, indépendante des grands groupes.
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