L’affrontement Cohn-Bendit — Bayrou.
Dany le Vert
M. Bayrou a répliqué, en disant à M. Cohn-Bendit qu’il trouvait « ignoble d’avoir poussé et justifié des actes à l’égard des enfants que je ne puis accepter ».
Curieusement, cet échange bref mais très violent a soulevé l’indignation non pas, comme on aurait pu s’y attendre, contre M. Cohn-Bendit, contre l’attaquant, contre celui qui a fait autrefois l’éloge de pratiques que l’on assimile aujourd’hui à des actes de pédophilie, mais contre M. Bayrou, l’agressé.
Venues de droite comme de gauche les critiques se sont abattues sur M. Bayrou. M. Xavier Bertrand, président de l’UMP, a déclaré ressentir « du dégoût en entendant les propos de François Bayrou » ; et M. Benoit Hamon, porte parole du parti socialiste, a lui aussi accablé François Bayrou, en l’assimilant à « cette race d’hommes politiques qui sont prêts à tout pour essayer de gratter une petite place sur l’échiquier ».
M. Bayrou ne faisait pourtant que se référer à ce que Daniel Cohn-Bendit, appelé alors "Dany le rouge", avait raconté lui-même dans un livre, paru en 1975 [1], où il écrivait, à propos de la période où il travaillait comme aide-éducateur dans un jardin d’enfants autogéré de Francfort : « Il était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : “Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses ?” Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même » (...) « J’avais besoin d’être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi ».
Il ne s’agit pas ici de prendre parti pour M. Bayrou. Mais de se demander comment il se fait que ces révélations choquantes, n’aient jamais entravé la carrière de M. Cohn-Bendit, député au Parlement européen depuis 1994, ni son élection comme tête de liste des Verts en France en 1999, ni sa nomination comme représentant des Verts allemands en 2004, ni sa position de porte-parole du groupe Vert au Parlement européen ?
Comment se fait-il que M. Cohn-Bendit, coqueluche des médias français, ait toujours réussi jusqu’ici à échapper à la polémique et à sortir triomphant aux yeux de l’opinion publique ? [2]
Comment se fait-il que ce petit « révolutionnaire » de pacotille apparaisse cette fois-ci encore – tout au moins selon la plupart des commentaires de presse – comme le gagnant de l’accrochage qu’il a lui-même provoqué ?
Peut-on reprocher à M. Bayrou d’avoir remis les pendules à l’heure ?
Bien que M. Cohn-Bendit se définisse lui-même comme « libéral-libertaire », nous pensons qu’il appartient en réalité à cette classe de politiciens opportunistes, assoiffés de pouvoir et de célébrité, qui ne sont ni de droite ni de gauche, mais simplement du côté des intérêts de leur carrière. [3]
Prétendu défenseur de l’écologie, l’avez-vous jamais entendu, dénoncer les guerres et l’usage des munitions à l’uranium appauvri, qui vont continuer de dévaster et polluer pour des millénaires les eaux et les terres de pays entiers, en Serbie [4], Irak, Afghanistan, Gaza, Liban ? Il ne l’a bien sûr jamais fait, pas plus d’ailleurs que son ami écologiste Joschka Fischer.
Il serait temps que les gens se réveillent et voient ce personnage trouble tel qu’il est.
Silvia Cattori
Post scriptum du 11 juin 2009
L’article "Dany le Vert", a suscité de nombreuses réactions de la part de lecteurs choqués qu’aucun média ni parti politique n’aient condamné le comportement agressif de M. Cohn Bendit. Nous avons le plaisir de porter, à la connaissance de nos lecteurs, quelques unes d’entre elles.
Commentaire de M-A. C. ; 10 juin 2009
"Dans son édition du mardi 10 juin, page 12, le quotidien parisien « Le Monde » affirme que l’altercation télévisée, entre Daniel Cohn Bendit et François Bayrou, survenue sur le plateau de France 2, aurait électoralement « coûté très cher » au MoDem : « trois à quatre points » précise « Le Monde » ; ce qui représenterait plusieurs centaines de milliers d’électeurs perdus.
Cette hypothèse - qu’aucune étude sérieuse ne démontre - est désormais communément admise par la classe politique et médiatique française (à tel point que François Bayrou, qui s’est livré à un mea culpa public, semble s’en être lui même persuadé). En revanche, je note que personne ne parle des électeurs qui, au contraire, auraient été incités à voter pour les listes soutenues par François Bayrou précisément à la suite de cet « incident » médiatique tant commenté.
Personnellement, je m’apprêtais à m’abstenir pour protester contre l’échec désormais patent (et scandaleux) de la construction européenne dont nos mauvais dirigeants s’efforcent - de plus en plus difficilement - de masquer le caractère irrémédiable derrière des rideaux de fumée.
Mais quand survint l’épisode du « pugilat » Daniel Cohn Bendit –Bayrou, cela m’a finalement convaincu d’apporter ma voix aux candidats du MoDem !
Dans cet épisode, c’est en effet clairement François Bayrou qui a été agressé verbalement par un Daniel Cohn-Bendit arrogant et vulgaire. Cependant, le président du MoDem eût gagné à être plus précis et cinglant dans sa réplique car, à ma connaissance, Daniel Cohn-Bendit est le seul homme politique européen d’envergure à avoir reconnu explicitement s’être laissé masturber par des enfants ! Il est tout de même pour le moins étonnant que des faits aussi graves n’aient eu aucune conséquence fâcheuse sur sa carrière politique, quand d’autres - par exemple son compatriote Rudolf Scharping - ont vu la leur compromise pour des actes, certes peu reluisants, mais beaucoup moins répréhensibles.
En conclusion, je trouve assez incroyable que, dans cette histoire, ce soit l’agressé (Bayrou) qui doive humblement s’excuser de son légitime emportement, tandis que son agresseur (Cohn-Bendit) au comportement trouble demeure plus que jamais entouré d’une aura médiatique que rien ne semble devoir entacher".
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Commentaire de M.T. ; 11 juin 2009
"Certes, il y a deux poids deux mesures dans cette affaire. Les relations sexuelles adultes-enfants sont aujourd’hui considérées comme le crime absolu, sauf lorsqu’il s’agit de Daniel Cohn-Bendit.
Cependant, il y a quand même un problème pour François Bayrou. Son ascension, lors de l’élection présidentielle s’expliquait par sa capacité à rassurer face à "Sarko-l’agité" et à "Ségo-l’effrontée". En changeant de registre, il a cassé son image et perdu des électeurs de la présidentielle. Il est redevenu un démocrate-chrétien moralisateur.
Au-delà, il est intéressant de noter comment fonctionne le système médiatique. Sarkozy le manipule ; mais il était déjà pro-Daniel Cohn-Bendit avant l’arrivée de Sarkozy ; car beaucoup de journalistes audiovisuels sont d’ex-soixante-huitards. Donc, le milieu médiatique, prompt à réaliser des émissions trash sur la pédophilie, défend de façon épidermique Daniel Cohn-Bendit.
Je me demande comment les citoyens réagissent face à ce comportement".
Cohn-Bendit en débat (12.06.2009), voir les vidéos :
http://www.numerama.com/magazine/13133-Dailymotion-remplace-une-video-de-Cohn-Bendit-par-une-moins-compromettante.html
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/daniel-cohn-bendit-le-hasch-et-les-enfants_766524.html
Voir également, sur Daniel Cohn-Bendit :
http://www.les-attentats-du-11-septembre-vus-par-une-conspirationniste.com/article-32976873.html
[1] Le Grand Bazar. Belfond, 1975.
[2] http://www.linternaute.com/0redac_actu/0102_fev/010223cohnbendit.shtml
[3] M. Daniel Cohn-Bendit a été sévèrement critiqué pour sa position « ni gauche ni droite » lors de sa participation à la majorité municipale de droite CDU à Francfort.
[4] Pour le désastre écologique causé par les bombardements de l’OTAN en Serbie, voir le rapport de l’Institute for Energy and Environmental Research
http://www.silviacattori.net/article848.html