Par Luc Mandret (Le blog politique de Luc Mandret)
Il y a quelques jours j'affirmais que les socialistes en était arrivés à un tel stade de violence entre eux que l'on pouvait parler de "l'été meurtrier du Parti Socialiste". Mais à bien y regarder, ce n'est guère mieux à l'UMP. Deux exemples : les cas Boutin et Jégo.
L'ex-ministre du Logement Christine Boutin, évincée lors du récent remaniement, balance ce qu'elle a sur le coeur. Malheureusement pour elle, son flair en politique se rapprochant tellement de la qualité de ses résultats comme Ministre, elle ne comprend pas qu'elle vient de se griller en l'espace de quelques jours. Dans Le Point, elle vide son sac : sur François Fillon elle lâche un "Fillon n'est pas un courageux, il avale tout, il a tout renié". On se demande pourquoi Madame Boutin souhaitait donc continuer à faire partie de l'équipe du Premier Ministre. Sur Sarkozy et le logement (le ministère dont elle était en charge, elle tape fort : "le logement n'intéresse ni Fillon ni Sarkozy. Le mot logement n'a été prononcé dans aucune conférence de presse du président. Et je ne parle pas des sans-abri. Parce que là, c'est encore pis ! Jamais il n'en a parlé, sauf lorsqu'il y a eu les morts de Vincennes". Autrement dit, Christine Boutin ne servait à rien. Olivier Bonnet a raison de s'interroger sur son blog : "elle peut bien aujourd’hui faire l’aveu que ce problème n’intéresse ni Fillon, ni le président, mais pourquoi donc a-t-elle accepté ce portefeuille quand on ne lui donnait pas les moyens d’agir de façon satisfaisante ?". Hein, Christine, pourquoi ?
Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer malheureux durant la crise des Antilles, s'il se paye ouvertement la tête de François Fillon, garde au moins l'intelligence de préserver Nicolas Sarkozy, sait-on jamais. Sur son blog même, il retranscrit une interview donnée au Figaro, dans laquelle on peut notamment lire sa considération envers François Fillon : "avec François Fillon, en revanche, je n’ai eu aucun contact ni lors du remaniement, ni depuis, ce qui confirme sans doute que c’est lui qui ne voulait plus de moi dans son équipe". Une belle pique pour nuire à celui que les Français (selon les sondages) préfèrent au Président de la République. L'image du mec sympa, un peu bonhomme, bosseur mais humain de François Fillon pourrait en prendre un coup. Et pire encore, il flingue le professionnalisme de François Fillon, qu'il décrit comme un Premier Ministre aux abonnés absents, cette fois dans une interview au Parisien : "depuis que je suis rentré des Antilles en février, je n’ai eu aucun contact avec le Premier ministre". Ambiance, ambiance. A se demander si Yves Jégo assistait aux conseils des ministres du mercredi ...
Etrangement, si les heurts du Parti Socialiste trouve un écho tonitruant dans les médias français, ceux de la droite française semble les intéresser un peu moins. Il ne faudrait pas en tirer des conclusions hâtives sur une certaine presse leader d'opinion aux mains du pouvoir, car l'on pourrait également trouver une explication dans le fait que l'UMP se porte dans l'ensemble plutôt bien. Contrairement au PS qui ne fait parler de lui que pour ses camaraderies incendiaires, le parti de Nicolas Sarkozy peut compter sur une armée dans l'ensemble plutôt soudée (et effrayée) autour du Président de la République.
D'ailleurs, si Christine Boutin tacle Nicolas Sarkozy, la grande partie de ses attaques, et la totalité de celles d'Yves Jégo, ciblent François Fillon. Un Premier Ministre plus populaire que son Président, qui pourrait à terme devenir dangereux pour Nicolas Sarkozy en vue de 2012. Un homme à abattre pour la sarkozie. Et un changement de Premier Ministre annoncé pour 2010 après les régionales. Evacuer un Premier Ministre trop populaire serait forcément mal perçue par l'opinion publique. Comme le raconte l'ancien ministre et actuellement sénateur Alain Lambert sur son blog, les évictions de ministres ont des raisons que la raison ignore : "comme il n’y a aucune solide raison qui justifie votre nomination, il n’en existe pas davantage pour votre éviction. Elle se produit comme l’épluchure d’un fruit qui se gâte progressivement.". Bienvenue dans le merveilleux monde de la politique française.
Source: Le blog politique de Luc Mandret
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