Bernard Gensane
Tout comme ses prédécesseurs, ce numéro 19 du Plan B montre la soumission de la presse au monde capitaliste.
On peut commencer par Éric Revel, « fils du peuple devenu directeur de LCI ». La simple citation d’extraits de son autobiographie est à vomir : « Aujourd’hui, j’ai changé de vie. Les beaux quartiers, les amis célèbres. Les stars des médias, de la politique et du business. Une belle famille, une vie bourgeoise. […] Quelques VIP trouveront toujours notre porte ouverte. La stature d’un Richard Branson, le rôle d’un Jean-Claude Trichet ou les responsabilités d’une Christine Lagarde les dispensent de nous solliciter pour venir sur le plateau quand ils le souhaitent. » À douter, cependant, que Ségolène Royal trouve porte ouverte à LCI : en avril 2009, Revel avait jugé sur son blog le discours prononcé à Dakar par Ségolène Royal « démagogique ». Il avait été menacé de sanctions par la direction de TF1. […] [lorsque j’ai reçu la Légion d’honneur], j’ai été ému, moi le fils et petit-fils d’ouvrier, de recevoir les petits mots, les félicitations du grand patronat français. J’ai été flatté qu’Henri de Castries, le brillant président d’Axa, prenne un peu de son temps pour m’écrire que ” ce ruban rouge venait reconnaître la qualité de mon parcours ”. »
À lire attentivement la double page sur les connivences du Canard Enchaîné avec le pouvoir Sarkozyste via l’ex-mannequin milliardaire. Le Canard qui « se dandine plus qu’il ne canarde. »
Surprise : Jean-Michel Baylet, PDG de La Dépêche du Midi, n’a pas été sollicité pour le gouvernement Fillon IV. Est-ce à cause des nombreux « pépins judiciaires qui pleuvent » sur lui depuis des années, et dont les lecteurs de son quotidien ne savent rien ?
Un article très intéressant sur la « boîte à choix » (ou « choice box ») de Bruxelles (coût : 14 millions d’euros). Comment faire voter les Européens dans le bon sens avec le concours de journalistes amis et de publicitaires, alors que, selon les sondages, 70% de ces mêmes Européens ne « perçoivent pas » l’aspect démocratique des institutions européennes ?
Une approche novatrice d’un problème désormais topique : “ Terrorisme et pains au chocolat ” : « Des victimes, un coupable, du suspens : les “ séquestrations ” de patrons ont enchanté les médias. On en recense moins d’une douzaine ? Aucune importance. Leur mise en scène permet de cacher la violence économique ordinaire derrière un faux débat sur la violence ouvrière. »
Un bon conseil pour les journalistes en herbe : « vidanger un nième sujet sur “ les bons plans anticrise ”. »
Ono-dit-Bio, du Point, pris en flagrant délit de brossage de chaussures de son patron François Pinault. Il nous parle du musée que le milliardaire français a acquis à Venise avec la sueur de ses employés. Pour lui, cette évocation est orgasmique.
Le Plan B évoque cet épisode méconnu de l’histoire de France quand, après la Première Guerre mondiale, les directeurs des grands journaux parisiens trouvèrent un moyen ingénieux pour mater les imprimeurs en grève : fusionner toutes leurs feuilles de chou en une seule. Cela donna La Presse de Paris, au tirage de 3,5 millions d’exemplaires.
Dans son procès fictif, Le Plan B fait dire à Denis Olivennes qu’il est passé du trotskisme à l’économie de marché « sans perdre ses valeurs, et qu’il a fait tellement de compromis qu’il « ne se serrerait pas la main à lui-même. »
http://www.legrandsoir.info/La-Plan-B-no-19.html
http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-33226563.html