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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 07:52


publié par
roland (Dazibaouebmaster) Avant-hier 07H18

PropagandeDe Article 11

Dans l'effroyable combat que se livrent quotidiennement le Bien et le Mal, Le Figaro a choisi son camp. Et le journal, menant pied à pied la lutte contre le laxisme sécuritaire, ne rate pas une occasion d'apporter son soutien au régime et à ses exécutants les plus fidèles, les hommes en bleu. La preuve aujourd'hui, avec un article joliment mensonger sur les rapports entre police et population.


La propagande du régime est un apostolat quotidien.

Et je ne doute guère que ses soutiers les plus zélés remettent quotidiennement leur ouvrage sur le métier, pressés par un constant souci du perfectionnisme et motivés par l'ardent désir de toujours mieux servir le pouvoir, soucieux de prêter main-forte aux audacieux réformateurs qui dirigent ce pays et disposés pour cela à fouler aux pieds quelques principes de pacotilles, qu'il s'agisse d'une quelconque rigueur intellectuelle ou d'éventuelles - et superfétatoires - règles déontologiques.

Ainsi des journalistes du Figaro, dont il se murmure que certains posséderaient même une carte de presse.

Et qui - rendons à la propagandstaffel ce qui revient à la propagandstaffel - ne mégotent pas leurs efforts pour seconder Nicolas Sarkozy.

Faisant preuve d'une inventivité si remarquable en la matière qu'on n'en trouve l'équivalent que dans quelques nations en pointe - in Kim Jong Il memoriam.

Et prouvant avec talent combien une totale absence de scrupules est la meilleure des garanties de réussite professionnelle.


A l'aune de ces considérations générales, gageons que le prétendu journaliste Christophe Cornevin ne devrait pas tarder à atteindre les plus hautes fonctions dans l'appareil gouvernemental de communication.

Tant cet employé du Figaro a su traiter la délicate question des rapports entre police et population avec autant de tact que d'à-propos, qualités si évidentes qu'elles ne saurait manquer d'arracher à son big boss, Serge Dassault aka l'homme-qui-agitait-des-liasses-de-biftons-à-l'oreille-des-électeurs, le sourire de satisfaction complice du meneur d'hommes enchanté de vérifier combien l'équipe qu'il s'est constituée abat un boulot d'enfer, bravo mon petit, ça c'est balancé !

L'article est titré Les plaintes contre des policiers diminuent.

S'appuie sur la publication - aujourd'hui - du rapport de l'Inspection générale de la police nationale.

Évoque notamment le recul de 30 % en cinq ans des enquêtes de la police des polices.

Et dresse un tableau si enthousiaste de l'action policière qu'il donne envie de faire remarquer à son auteur que là, oui juste là, oui au coin des lèvres, il lui reste encore un petit peu de ce truc blanc qui fait - quand même, c'est étrange… - furieusement penser à du liquide séminal.

« Tableaux et courbes à l'ap­pui, le patron de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), Dominique Boyajean, a ainsi révélé que ses services ont ouvert l'an­née dernière 1 348 en­quêtes, soit 30 % de moins qu'en 2004 », se félicite Christophe Cornevin, qui poursuit un peu plus loin : « Le bilan met en évidence que les soupçons de violences visant les po­liciers ont chuté de 19,5 %, passant de 727 en 2007 à 585 l'année dernière. "On vise le zéro défaut, c'est-à-dire une police efficace et irréprochable, confie-t-on à l'IGPN. Pour ce faire, nous sommes de plus en plus pointilleux, dès le recrutement, sur l'idée de déontologie." »

Une police « efficace », dit l'IGPN ?

Une police « irréprochable », dit l'IGPN ?

Mieux, répond le plumitif du Figaro : « Désormais, le moindre dérapage d'un policier, que ce soit dans son métier mais aussi dans sa vie privée, n'est plus guère toléré. »

Avant de souligner que « pas moins de 3 423 sanctions ont été infligées en 2008, soit 3,2 % de plus que l'année précédente ».

Et de terminer par un joyeux cocorico tricolore : « Aujourd'hui, la traque du "dé­rapage" s'exprime sous toutes les formes. »

Chouette !


Le lecteur du Figaro ne saura manquer d'être convaincu par la belle dialectique de l'auteur de l'article.

Lequel mène - reconnaissons-le - brillamment sa barque.

Puisqu'il réussit cet épatant raccourci, que vous ne manquerez pas de savourer à sa juste valeur :

A : S'il y a moins d'enquêtes de la police des polices,

+ B : C'est bien la preuve qu'il y a

+ C : Moins de violences causées par les policiers

+ D : Et

+ E : S'il y a plus de sanctions infligées

+ F : C'est bien la preuve qu'il y a

+ G : Moins de tolérance à l'égard des flics qui font un usage inconsidéré de la matraque, lesquels se trouvent par ailleurs être de moins en moins nombreux. (retour à la proposition A, c'est reparti pour un tour)

Rien à dire : c'est du beau boulot.

Chapeau !


Bien sûr, il se trouvera quelques esprits chagrins - ceusses qui auraient entendu parler de la multiplication de mises en cause de flics d'autant plus enclins à la violence qu'ils savent bénéficier d'une jolie impunité et qui n'ignorent pas combien il est désormais difficile aux citoyens de porter plainte contre des pandores dégainant immédiatement l'accusation d'outrage - il s'en trouvera, disais-je, pour mettre en doute la conclusion du journaliste du Figaro.

Et il s'en trouvera aussi - je n'en doute pas - qui auront la curiosité de consulter quelques autres articles sur ce rapport de l'Inspection générale de la police nationale.

Ces derniers auront une sympathique surprise, celle de constater que la tonalité du papier diffère totalement dans les autres médias.

Pour l'excellente raison que les autres journalistes ont mis l'accent sur la hausse du nombre de sanctions [1], laquelle laisse au lecteur le sentiment justifié que les dérapages policiers ont augmenté, quand Christophe Cornevin a préféré s'appuyer sur la baisse du nombre de plaintes, laquelle pourrait laisser au lecteur le sentiment mensonger que les dérapages policiers ont diminué.

Ainsi que pour la non moins excellente raison que les autres plumitifs ont mis au conditionnel ou au style indirect les grands cris de satisfaction poussés par la hiérarchie policière, quand Christophe Cornevin les a repris à son compte.

En clair : c'est juste un gros pipotage de première.


Vous me direz : rien de neuf sous le soleil de la sarkozye.

Puisque Le Figaro a toujours excellé à faire reluire ces chiffres maquillés dont le régime considère qu'ils sont sa meilleure publicité.

C'est vrai.

Mais ça n'empêche pas de distinguer le plus méritant des communicants gouvernementaux dans un journal qui en compte beaucoup.

Et un homme capable d'écrire que « le moindre dérapage d'un policier, que ce soit dans son métier mais aussi dans sa vie privée, n'est plus guère toléré » mérite à l'évidence une jolie distinction.

Tant elle va contre cette réalité qu'Amnesty Internationale - entre autres associations et intervenants - ne cesse de dénoncer.

Par exemple dans un rapport publié en avril et intitulé "France : des policiers au-dessus des lois" [2].

Ou dans le "Rapport 2009 sur la situation des droits humains dans le monde" qui constate que « les procédures françaises d'enquête après des mauvais traitements par les forces de l'ordre ne sont pas menées de façon conforme aux normes internationales, ce qui se traduit par une impunité de fait » et « regrette l'impunité de fait des auteurs policiers de violence ».

Mais ça, Cornevin ne pouvait pas être au courant.

Hein…


[1] Par exemple, ici, , ou encore ici.

[2] L'intitulé du rapport est suffisamment parlant, n'est-ce pas ?

 


Source: Article 11

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=4400

 

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