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8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 17:40




Révélée, la corruption financière peut être combattue et sanctionnée. La corruption des idées libérales est plus insidieuse, plus subtile et, à ce titre, d'une dangerosité plus essentielle. Edwy Plenel

Médias : corruption > censure

Du politique au marchand, histoire d'une soumission

jean marc Tonizzo. Oeuvre acrylique. PaysagePour neutraliser l'esprit critique des journalistes, la corruption est supérieur à la censure.

Après des décennies d'assujettissement aux pouvoirs politiques, les médias se sont laissés subordonner par les puissants du marché.

Nous allons essayer de comprendre pourquoi, dans les années 50 à 70, la télévision et la presse, bien qu’inféodées aux politiques, semblaient beaucoup moins prisonnières des pouvoirs et plus proches des populations opprimées.

S'il existait des journalistes corrompus et aux ordres de l'état, la majorité d'entre eux étaient courageux et ont mis leurs talents à la lutte contre le colonialisme, la guerre du vietnam, la pauvreté, le travail à la chaine, les mauvaises conditions de vie, l'oppression des femmes, l'apartheid ...

Cette énergie éthique est tombé depuis la vente des médias au marché. La plus grande partie du journalisme s'est littéralement rangée du coté des puissants et des élites. Leur potentiel critique s'est alors naturellement effondré.

Nous parlons ici d'une ambiance générale. Il existe encore des journalistes courageux, capables de mettre leur emploie et leur vie en danger au nom de la vérité.

Seulement ces derniers ne donnent plus le la de leur profession. L'unité de mesure est fourni par les journalistes de télé, qui, à mon sens et sans exceptions, sont corrompus par le marché.

 

Le journalisme corrompu par le marché

 

un bon journal, c'est une nation qui se parle à elle-même Arthur MillerSi l'esprit critique du journalisme est inférieur sous l'influence du marché, à celui qu'il exerçait sous l'autorité du politique, c'est à la force corruptrice du système marchand qu'il le doit.

En effet, pour neutraliser la volonté combative et l'éthique d'un individu, les moyens de pression utilisant la corruption s'avèrent beaucoup plus efficace que la censure directe. Autrement dit, les journalistes (comme la plupart des hommes), sont plus vulnérables à l'argent, au pouvoir, à l'égocentrisme qu'à la menace ...

Là ou la menace stimule la plupart du temps le courage, la corruption anéantie à tous les coup les forces combatives.

Si les mécanismes de la censure autoritaire sont évident, nous sous-estimons grandement les conséquences de la corruption.
Il est d'autant plus difficile de résister à des "gratifications" qu'elles sembles anodines. Accepter d'un patron de médias quelques récompenses, paraît inoffensif, sans grandes conséquences. En réalité, cela celle l'esprit dans le béton.
L'image de soi s'en retrouve durablement souillée et à partir de cette souillure originelle, un moyen de pression est né, et ne cessera, sans méa culpa, d'augmenter.
En effet, seul un mea culpa public parviendrait à libérer le corrompu de sa propre mauvaise image et du maître chanteur qu'est le corrupteur en puissance.
Sans ce nettoyage violent, le journaliste avance inexorablement vers l'anéantissement total de son esprit critique, vers la soumission à ses maîtres, vers l'assujetissement.

En appliquant ce mécanisme de base à une profession ignorant tout de ce genre de pratique, le marché est parvenu à faire des médias ce qu'ils sont devenu.

 

Mécanique d'une servitude volontaire

Les grands médias sont tombés dans l'escarcelle du marché, dans les années 80.
Les règles du marché sont simple.
Le patron choisit ses employés / Qui ne convient pas au patron, peut être écarté / Le patron décide les grands axes de son entreprise (voila pourquoi le libéralisme, lorsqu'il a accès aux médias, à la justice, à la politique, conduit inévitablement à l'oligarchie).

A partir du moment ou le marché s'est accaparé les médias, il à naturellement écarté les journalistes irréductibles (de façon tout à fait perverse, autrement dit sans choquer), pour conserver les plus malléables, les plus facilement corruptibles (le travail avait déjà été commencé par le politique).

Le marché à dont fini par avoir les hommes qu'ils voulait à la tête de leurs médias, et en les surpayant, en les attirant dans la cour des « puissants », en valorisant leur narcissisme, leur désir d'élitisme, de pouvoir, de secret, de passes-droit, de protecteur influent, le marché est parvenu à éteindre tout velléité journalistique.

L'anéantissement des défenses de la corporation

Après avoir corrompu les élites, le système pyramidal a ensuite fait son travail.

Les directeurs de télé serviles se sont entourés de journalistes serviles, écartant les journalistes éthiques et courageux.

Ce mécanisme à engendré une ambiance de corruption sourde et de mauvaise foi (autrement dit des consciences se mentant à elles-mêmes) au sein des chaînes et des rédactions. Ce climat a progressivement anéanti toute solidarité entre journalistes (chacun pressent qu'en cas de « dérapages » il sera lâché par sa corporation).
Des journalistes voulant aujourd'hui se révolter contre leurs «nouveaux maîtres» ou oser quelques vérités sur leur corporation, ne pourraient s'attendre à aucun soutien de la part de leurs confrères. Au contraire, une quantité de prétendants est à l'affût pour prendre leur place.

Quelques années de ce régime, ont installé une sorte de résignation. Les journalistes se disent : « de toute manière c'est comme ça, je ne pourrais pas changer le système ». « A quoi bon se faire lyncher dans l'indifférence générale ».

Cette chute du courage éthique à ouvert la porte à tous les dérivés de la corruption comme le népotisme, et le népotisme diminue progressivement la qualité globale du journalisme (les meilleurs ne sont pas forcément choisit).

 

L'influence des médias sur l'éthique

Naturellement, dans un monde ou l'éthique et le courage de résister aux tentations, ne sont pas montrée en exemple, au contraire, il est aisé de ne pas être un héros.

L'ambiance actuelle, faiblement spiritualisée et moralisée, construit des hommes facilement corruptibles ... Les journalistes n'y font pas exception.

Le système s'est bien auto ficelé. En passant du coté des nantis, non seulement les journalistes se sont coupés du peuples, mais ils courent le risque, en cas de courage intempestif, de perdre leur standing. Cela donne à réfléchir.

Après des années de soumission aux "puissants" il est difficile de se libérer de son emprise car « le despote» n'est pas extérieur mais en soi-même.

L'oppression stimule le courage

Lorsque les journalistes étaient censurés par le politique, la lutte contre cet oppresseur extérieur stimulait leurs valeurs héroïques, leur solidarité, leur goût pour la liberté, pour l'éthique et la déontologie.

Mais à présent, s'ils voulaient se libérer d'un marché ayant tout simplement utilisé leurs faiblesses, ils devraient au préalable reconnaître leurs défaillances et renoncer à leurs privilèges. Deux choses terriblement difficiles pour tout humain.

Devenus des nantis, les élites journalistiques ont du mal, comme la plupart des nantis, à abandonner les privilèges acquis.

 

Un cercle très fermé

Dans une époque de corruption, l'absence et l'excès de la flatterie sont également dangereux. TaciteProgressivement, comme la religion avant eux, le "dominants" des médias ont glissé du coté des pouvoirs (marché politique). Ils ont alors formé un trio relativement nébuleux pour le plus grand nombre, entraînant sans le vouloir, la société occidentales vers une subtile tyrannie.

La critique des médias et, plus généralement des pouvoirs, restait possible (ex : S. Halimi, les chiens de gardes) mais son rayonnement était volontairement condamné aux émissions de faibles audiences.

La mise en lumière de la décadence des médias n'arrivait jamais vers le plus grand nombre.
En réalité, rares sont les dupes.
La majeure partie du public pressentait cette corruption sans l'a comprendre et retirait naturellement sa confiance aux journalistes (plus de la moitié des citoyens ne leur font plus confiance).
Les journalistes anonymes étaient également conscient des dérives de leur profession mais devaient admettre les règles du jeu.
Même les responsables des médias étaient conscients des déviations, et laissaient parfois (dieu merci) échapper quelques pathétiques vérités (Patrick Le Lay, PDG de TF1 : "Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit".).
Des journalistes étrangers mettaient eux aussi le doigts sur certaines aberration hexagonales

Mais au lieu de profiter de ces moments de lueur pour faire une grande autocritique et rectifier le tir, le système se dépêchait au contraire de le faire oublier.
A l'image de ces familles ou serpente silencieusement un secret, chacun trouvait son compte a ne pas jeter de pavés dans la marre. Seuls quelques héros suicidaires s'y risquaient.

Analogies avec la dictature

Et c'est la ou nous rencontrons de véritables analogies entre les dictatures pures et les démocraties perverses comme celles que nous connaissons aujourd'hui.
Dans une démocratie "normale", comme celles qu'ont connu les années 60 70, si les pulsions des dominants étaient les mêmes, (maîtriser les opposants, empêcher la vérité d'émerger), la vérité pouvait triompher d'une élite (Nixon, par exemple) et les intrépides étaient récompensés (Carl Bernstein et Bob Woodward reçurent le Prix Pulitzer).

Dans les démocraties perverses (comme celles que nous connaissons depuis les années 80), non seulement la vérité se fait jour à guichet fermé, mais ce sont les héros qui paient le prix fort de s'être exprimer ( Jean Hedern Allier, Jacques Glassmann, Jorge Burruchaga et Christophe Robert, le juge mongolfier ou borsalino en italie etc).

Non seulement les mass médias actuels s'arrangent pour casser les veritables héros de l'humanité autrement dit les justes, mais elles parvient à tranformer de véritables malfaiteurs en heros, ou préserver le statue de leurs amis (pendant des années Tapie est sorti comme le véritable héros de toutes ses affaires).

 

La collusion

Les symboles sont légions de la collusion entre le milieu journalistique et les puissants du marché, de la politique ou du star système (livres écrits en commun, amitiés, loisirs, appartenance aux mêmes clubs ...)

Depuis la prise de contrôle direct ou indirect des médias par le marché, une pensée unique s'est imposée, alignée sur les thèses les plus conservatrices des grands patrons et des grands guerriers, aux commandes du monde.

Transformé en simple vassal, les directeurs des médias ont conduit la télé à être plus royaliste que le roi, plus élitiste que l'élite, plus langue de bois que les politiques, plus réactionnaire que la police, plus marchand que les marchands, plus insignifiant que ce qu'on leur demande.

La collusion entre journalistes, marchés et politiques, est préjudiciable à l'ensemble humain, y compris bien sûr au marché et au journalisme. Par exemple, dans la plupart des conflits actuels, le manque d'éthique et la partialité tellement voyante des médias occidentaux, ont rendu l'autre bord quasiment impossible d'accès aux journalistes de terrain, devenus même, des cibles potentielles.

Cette collusion anéantie également, tous les rêves et les idéaux grâce auxquels les journalistes se sont engagés dans cette vocation.

L'humanité future considèrera sans doute les quelques décennies autour de l'an 2000, comme un vaste retour à la propagande ...

En tout cas, elle y lira vraisemblablement de la mollesse journalistique envers les personnes vulnérables de l'humanité.

 

L'exemplarité négative

L'exemple de cette corruption s'est répandu dans l'ensemble de la profession.

La plupart des jeunes journalistes, au contact des anciens et choisi par eux, reproduisent les mêmes schémas (désir de se placer auprès des gens influents, copinage, jugement binaire et réactionnaire, vénération et obséquiosité devant la force, le pouvoir et l'élite, négligence du peuple et des pauvresetc.). Tout cela contribue à faire passer l'ensemble du métier, comme l'écrit Kapuscinski : d'une vocation élevée, noble, à laquelle les intéressés se consacraient pleinement, pour la vie, à une sorte de hobby qu'ils peuvent abandonner, à tout moment, pour faire autre chose.

La faute n'incombe pas aux reporters, ils sont les premières victimes de l'arrogance de leurs patrons, des groupes médiatique et des grands réseaux de télévision. Nul n'ignore que, dans les rédactions des journaux, dans les studios de radio et de télévision, il y a des journalistes sensibles et de grand talent, des gens qui ont de l'estime pour leurs contemporains, qui considèrent que notre planète est un lieu passionnant, qui vaut la peine d'être connue comprise et sauvée. La plupart du temps, ces journalistes travaillent en faisant preuve d'abnégation et de dévouement, avec enthousiasme et esprit de sacrifice, renonçant à la facilité, au bien-être, jusqu'à négliger leur sécurité personnelle. Avec pour unique objectif, de témoigner du monde qui nous entoure et de la multitude de dangers et d'espoirs qu'il recèle.

Cette décadence journalistique, est grave.

Elle laisse à l'abandon des pans entiers de l'humanité. On ne sait plus rien des civils vivant au milieu de la tourmente des guerres. L'afrique, l'enfance en danger, les travailleurs pauvres ... La vie des humains en véritables souffrance est totalement oubliés au profit de l'élite élitiste.

Moins les journalistes braquent leur caméra vers les personnes vulnérables et plus les forces mafieuses assoient leurs dominations.


Des zones de non-droit se construisent peu à peu dans lesquelles les résistants (journalistes y compris), sont tout simplement éliminés avec peu de réactions des médias occidentaux (il est loin le temps des journalistes français soutenant quotidiennement leurs confrères otages).

 

Pour un nouveau journalisme

être bon dans les médias n'est pas le signé qu'on est un bon écrivain Jean d'OrmessonUne prise de conscience des médias sur eux-mêmes, semble nécessaire et vital pour la bonne santé de la démocratie.

Le monde est en train de s'universaliser.

Les lois et le droit international ne sont pas encore suffisamment efficaces pour maîtriser les dérives du marché.

Seuls les médias, parce qu'ils peuvent instruire et relayer les consommateurs et l'opinion publique, ont les moyens de mettre de l'éthique et dans cette mondialisation.
Pour cela il doivent retrouver eux même le chemin de l'éthique, de la conscience, de l'irréprochable, de la critiquer sans copinage, le chemin de l'amour du peuple.

Devenir éthique, cela signifie, se désolidariser du marché pour se re positionner en tant qu'intermédiaire entre les puissants et les citoyens.

D'autre part, la gestion du média par le marché ne serait pas un problème si la cloison entre le monde industriel et le monde journalistique était étanche, si aucune collusion, aucune pression, aucun copinage n'était possible entre eux. Seulement ce n'est pas le cas.

Nous devons donc à mon sens, réfléchir aux moyens de rendre cette cloison imperméable à toute offensive corruptrice pour protéger le monde journalistique.

 

Anticipation vers le passé

De l'influence majeure des médias dans la bonne marche de la mondialisationSi on pouvait mettre Paris en bouteille et si les médias avait obéit à leur vocations, ils auraient permis à la mondialisation d'être un bien pour le plus grand nombre.

Ils auraient évité aux marché et aux politiques les dérives dont ils ont fait preuves et le discrédit naturel qui s'en suit.

Une heure quotidienne aux consommateurs

Si depuis 20 ans par exemple, la télévision était devenu un véritable contre-pouvoir, si les chaînes de grande audience avaient accordé ne serait-ce qu'une heure par jour aux organismes de consommateurs, le marché occidental (dont le but est de séduire le consommateur), aurait réellement permis au monde pauvre de se développer.

Les pays non démocratiques auraient déjà amorcé leur démocratisation. La corruption dans les pays pauvres aurait diminué au lieu d'augmenter. Les pays occidentaux seraient devenus plus éthiques, plus juste envers le reste du monde. L'occident aurait pu servir de modèle aux pays en voie de développement, au lieu de soulever leur colère …

C'est parce que le marché ne rencontre plus d'opposition ni de critique suffisante (pas faute d'esprit critique, mais d'espace accordé à ces esprits), qu'il maintient indirectement le monde pauvre en esclavage et tend à universaliser cet esclavage à l'Occident.

Une heure quotidienne au spirituel

Et si une autre heure quotidienne avait été accordée aux valeurs inverses du vénal et de l'avoir, autrement dit aux valeurs de l'être (l'altruisme, la spiritualité, la philosophie, le bien-être, la fraternité, l'entraide, etc.), l'Occident aurait résolu une bonne partie des problèmes posés à la démocraties par les valeurs du marché (violence, ghéttoïsation, fracture sociale, communautarisme, non-sens, dépression, stress, défaillance éducative etc.)

Nos démocraties seraient alors effectivement enviables pour l'ensemble humain spiritualisé et l'Occident n'aurait pas besoin d'imposer par la force son idéologie démocratique, le désir populaire aurait suffi.




Lu sur 

http://www.mecaniqueuniverselle.net/medias/journaliste-soumis.php

 

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