"On ne peut pas laisser une feuille de chou négationniste mettre à mal le pacte républicain. Nous allons faire en sorte de faire cesser cet affront à la Nation". L'objet du courroux de Nicolas Sarkozy? Le journal Fakir.
Alors que la campagne pour les élections Européennes se déroule dans une salutaire confidentialité, la pravda picarde menace le consensus démocratique, en sortant une édition nationale entièrement consacrée à l'Union Européenne. Un numéro qui affiche comme objectif de "punir (...) l'UMP, le Modem, les Verts, le PS", tous accusés dans un éditorial infamant d'avoir trahi le vote du peuple en ratifiant le traité de Lisbonne. Des accusations qui fleurent bon le "populisme des années 30" comme le regrette le socialiste Vincent Peillon.
Et c'est l'ensemble de la classe politique qui monte aux créneaux, regrettant les basses attaques que doit essuyer l'Europe dans ce "torchon populiste" comme le surnomme François Bayrou. "Les Français ont approuvé à une très large majorité le traité de Lisbonne via le congrès, il est inadmissible de réécrire l'histoire en montant le peuple contre ses élites et en ressuscitant le fantasme de la lutte des classes" tonne le Parti Socialiste dans un communiqué. Il est vrai qu'il peut paraître inconscient de rouvrir les vieilles blessures du passé, à l'heure où la réconciliation nationale se met en œuvre. Car de la division de la gauche de gauche à la reddition d'anciens nonistes, la France semblait aborder cette campagne européenne avec le calme d'une démocratie moderne qui ne craint plus la réforme.
Malheureusement, l'équipe de Fakir, non contente de mettre de l'huile sur le feu social, développe aussi des thèses révisionnistes insupportables qui posent la question de la liberté de la presse. Ces pseudos journalistes vomissent à longueur de pages la "propagande d'une Europe" comme symbole de "paix et de prospérité" et laisse libre cours à leur ridicule paranoïa, dénonçant l'hydre d'une Union Européenne bâtie sur le dos des peuples, faite pour les banquiers par les banquiers et pilotée par les lobbys industriels. Comme si la "liberté de circulation des marchandises et des capitaux" n'étaient pas un préalable nécessaire au bonheur des peuples. En outre, le journal est truffé de parallèles démagogiques entre l'économie libérale prônée par l'Union et la crise financière qui frappe le monde.
Par ailleurs, l'arrivée de Fakir sur le marché de la presse nationale n'est pas faite pour réjouir les grandes enseignes traditionnelles. Car de Libération au Figaro, en passant par l'Express ou Marianne, on réprouve les méthodes utilisées par Fakir. Ainsi, Laurent Joffrin s'indigne de voir "des peigne-culs violer les grands principes constitutionnels. Ils font des enquêtes, vont sur le terrain, recoupent les informations, étayent leurs propos. Bref ils ne respectent aucune des normes en vigueur dans les grands journaux français. Ils enfreignent les lois de la concurrence libre et non faussée. C'est un véritable dumping intellectuel!!" Parole d'expert. De plus, Fakir ne rend de compte à aucun actionnaire majoritaire et n'inonde pas ses pages de publicités. Autant d'entraves à "l'économie sociale de marché hautement compétitive".
Devant cette levée de boucliers, le gouvernement envisagerait de légiférer pour prévenir tout futur dérapage. Ainsi, à l'image de ce qui a été fait pour le drapeau et l'hymne Français, François Fillon voudrait créer un délit d'outrage à l'Union Européenne et aux valeurs ultra-libérales. Cependant, le gouvernement, qui hésite encore à en passer par la loi par peur d'apparaître comme le censeur, pourrait être devancé par la justice anti-terroriste. En effet, Michèle Alliot-Marie annonçait ce soir l'ouverture d'une enquête pour terrorisme à l'encontre de la rédaction de Fakir : on soupçonnerait le journal d'appartenir à la mouvance d'ultra-gauche journalistico-autonome. D'après la ministre de l'Intérieur, "les preuves matérielles s'accumulent autour de la secte Fakir. Beaucoup d'entre-eux se déplacent en train, et je viens d'apprendre à l'instant que Julien Coupat avait souscrit un abonnement".
http://onsefechier-anatic6.blogspot.com/2009/05/elections-europeennes-lelysee-envisage.html
http://bridge.over-blog.org/article-31430072.html
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Pour son premier numéro, le journal « Fakir » version nationale, dirigé par François Ruffin, épingle les liens entre les députés et les lobbys de la consommation.
A quinze mètres de l’entrée principale du Parlement européen, à Bruxelles, se trouve posée une plaque. Avec ce slogan : « C’est par les discours, les débats et les votes que doivent se résoudre les grandes questions, avec détermination, patience et dévouement. »
Tout en bas : « Inaugurée le 6 décembre 2001, par Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen ».
Et avec un logo au milieu : « EAP. Society of european affairs professionnals. Incorporating felpa. Fédération européenne du lobbying et public affairs. »
Derrière le « SEAP », se cachent Unilever, Mac Donalds, Carrefour, Unilever. Ce « lobby des lobbys » est hébergé par un groupe proche de Coca-Cola et Pepsi-Cola.
Cette amitié, affichée, publique, entre lobbys et parlementaires européens ne semble gêner personne. Le journal Fakir a ainsi interrogé, non seulement le président du SEAP, mais également Nicole Fontaine. Qui se montre embarrassée par cette révélation : c’est qu’on imagine mal, à l’entrée des jardins du Luxembourg à Paris, une plaque de Total remerciant les sénateurs ! Quoique…
Le 22 mai prochain à 17 heures, le journal Fakir – en compagnie d’associations européennes et de syndicats belges – inaugurera sa propre plaque à Bruxelles.
Après le Fakir amiénois, sort le Fakir national ! Créé et dirigé par François Ruffin, Fakir est paré d’une équipe d’une dizaine de journalistes passionnés. Le canard, au format pratique et original, est en vente dans presque tous les kiosques de France, de Navarre, et de Belgique depuis près d’un mois. Et est blindé d’enquêtes et de reportages savoureux.
Fakir, disponible dans (presque) tous les kiosques pour 2,80 €.
Fakir en ligne, c’est ici. Mais il y a beaucoup plus à lire dans la version papier !
Lire également le blog de François Ruffin dans Bakchich
http://www.marcfievet.com/article-31473881.html