Un avion dérouté par les Etats-Unis à cause d'un journaliste |
Maxime Vivas |
A cause de la présence à bord du journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina qui se rendait au Nicaragua pour effectuer un reportage pour Le Monde Diplomatique, le Boeing 737 du vol 438 d'Air France na pas été autorisé par les autorités américaines à survoler le territoire des Etats-Unis. La nouvelle a été confirmée ce mardi par Air France.
Cinq heures avant l'escale prévue au Mexique, les voyageurs furent informés que l'avion allait être dévié vers la Martinique pour faire le plein de carburant en raison du refus des autorités américaines de permettre le survol du territoire US. Il faut aussi dénoncer le silence de nos médias qui auraient battu le tambour dès la parution de la dépêche d'agence si (au hasard) la Chine, le Venezuela ou la Russie avaient fait détourner un avion d'Air France au seul motif qu'un envoyé spécial de (encore au hasard) Libération, du Monde, du Figaro ou de France 2 y occupait un fauteuil.
Notes: |
Ca y est, la presse se décide à en parler !
Etats-Unis. Les autorités américaines ont dérouté un vol Air France à cause d’un journaliste du «Monde diplomatique» jugé indésirable
HÉLÈNE DESPIC-POPOVIC
Le samedi 18 avril, le commandant de bord explique aux passagers du vol Paris-Mexico d’Air France que leur appareil n’est pas autorisé à survoler le territoire américain. Parce qu’une personne, qu’il ne nomme pas, «pose un problème pour leur sécurité nationale».
«Terroriste». Le journaliste franco-colombien Hernando Calvo Ospina, en transit pour le Nicaragua où le Monde diplomatique l’envoie couvrir le 30e anniversaire de la révolution, n’imagine même pas qu’il peut être cette personne. Il s’est déjà rendu aux Etats-Unis il y a quelques années. «Dans l’avion, raconte-t-il avec humour sur son site, les passagers se demandent qui peut être ce "terroriste". Deux d’entre eux concluent qu’il ne peut y en avoir puisque "personne n’avait la tête d’un musulman".» «Quand le copilote l’a informé à voix basse qu’il était responsable du détournement de l’avion, forcé d’aller en Martinique refaire le plein, Hernando est tombé des nues», raconte le rédacteur en chef du Diplo, Maurice Lemoine. Le journaliste colombien, écrivain engagé contre le gouvernement d’Alvaro Uribe, figurait sans le savoir sur la «No Fly List» (Interdits de voler) de la TSA (Transport Security Administration), créée après les attentats du 11 Septembre dans le cadre des mesures sécuritaires de l’administration Bush. Washington a réussi à obtenir de Bruxelles que les compagnies européennes communiquent à la TSA la liste de leurs passagers en partance pour les Etats-Unis.
Correspondance. A son arrivée à Mexico, avec quelques heures de retard, le journaliste est interrogé par des policiers qu’il décrit comme «aimables et corrects», puis est autorisé à prendre sa correspondance pour Managua. «Il a été interrogé à la demande des autorités américaines. Parce qu’il est colombien, journaliste et exilé politique. Il a certes rencontré des dirigeants des Farc, mais moi aussi et j’ai pu aller aux Etats-Unis sans problème», s’indigne Maurice Lemoine. L’affaire a aussi ému Air France, dont c’est la première fois qu’un vol est ainsi dérouté. La compagnie «étudie les voies de recours» car cet avion-là ne devait pas se poser sur le sol américain, mais simplement le survoler.
http://www.liberation.fr/monde/0101563927-le-diplo-non-grata-en-amerique