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Etats-Généraux de la Presse
pouvoir et Contre-Pouvoir
Mediapart aura finalement participé aux « états généraux » de la presse. Durant dix-sept minutes! Avant de se retirer d'une procédure qui se confirme être au mieux un jeu de dupes, au pire une menace pour l'ensemble de nos métiers. Nous avions, dès le 13 octobre, fait part de notre inquiétude sur cette initiative présidentielle inédite, consistant pour le pouvoir – le chef de l'Etat et son cabinet – à remodeler ce qu'il est convenu d'appeler « le contre-pouvoir ».
Dans une « lettre ouverte aux états généraux » (à lire en cliquant ici), la rédaction de Mediapart s'inquiétait de cette « procédure monarchique » : « C'est le président de la République qui, seul, décide, choisit, arbitre. Ainsi le pouvoir exécutif s'arroge sans partage le droit de décider ce qui sera bon pour ceux qui, dans ce pays, font profession d'informer. »
Le 1er octobre, veille de l'ouverture de ces états généraux par le président de la République, Bruno Patino, actuel directeur de France Culture, nous invitait à intégrer l'un des quatre groupes d'études créés par l'Elysée et dont il se voyait confier la présidence, groupe intitulé « les nouveaux modèles de la presse face au choc d'Internet ».
Fallait-il y aller ? Oui, bien sûr, pour simplement porter devant ce groupe nos interrogations et nos inquiétudes. Certains, tel par exemple Claude Soula, du Nouvel Observateur, ont cru dans un raccourci audacieux y voir une contradiction (lire son billet de blog du 17.10 en cliquant ici).
Presse: Mediapart quitte les «états généraux»
Nous avons donc accepté et préparé la première réunion de ce groupe qui s'est tenue ce jeudi matin, à 9 heures, rue de Babylone, à Paris, dans une annexe du ministère de la culture. La veille, nous avions adressé aux vingt-neuf membres de cette commission quelques remarques et demandes sur l'ordre du jour (liste complète des membres sous l'onglet "Prolonger").
Nous soulignions tout d'abord l'opposition d'une partie de la profession face à l'initiative présidentielle :
« La prise en main directe de ces états généraux par la plus haute autorité de l'exécutif, en l'occurrence le président de la République, assisté de sa conseillère spéciale, Emmanuelle
Mignon, et de plusieurs membres de son cabinet, a causé une vive inquiétude dans une partie de notre milieu professionnel.»
Vidéo :
http://www.mediapart.fr/journal/france/231008/presse-mediapart-quitte-les-etats-generaux
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Nous sommes journalistes. Notre métier est l’information, c’est-à-dire la libre enquête sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. C’est un travail qui nous oblige, car il est au cœur d’un enjeu qui nous dépasse: la démocratie.
Les droits et devoirs de notre profession ne sont pas un privilège, mais une responsabilité envers les citoyens. La déclaration qui vaut charte déontologique pour les journalistes européens l’énonce clairement : «La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics.» Tout simplement parce que les journalistes sont à la fois dépositaires, instruments et gardiens d’une liberté qui ne leur appartient pas : «Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de l’être humain, rappelle le même texte, adopté en 1971 à Munich par nos fédérations et organisations professionnelles. De ce droit public à connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.»
Nous sommes journalistes, et nous ne comprenons pas ce que divers représentants de notre profession sont en train de laisser faire. Nous ne comprenons pas comment l’avenir de notre métier peut être confié à une procédure qui est la négation même des principes que nous venons d’évoquer. Nous voulons parler de ces Etats généraux de la presse, initiés, convoqués et organisés par le président de la République française dont les quatre groupes de travail commencent aujourd’hui à se réunir.
http://www.mediapart.fr/journal/france/131008/presse-notre-lettre-ouverte-aux-etats-generaux